Pourquoi j’aime #34 : Sounds of Life
En cette période chargée, j’avais quand même envie de prendre le temps de m’attarder sur une série qui a déjà bon nombre de tomes à son actif. Voilà pourquoi j’ai décidé de dédier un tout nouveau numéro de “Pourquoi j’aime” à ce titre qui est, à mes yeux, une véritable pépite à lire. Un concentré d’émotions qui nous touche en plein cœur et cela même si on n’est pas forcément connaisseur en matière d’instruments japonais. Vous l’aurez donc compris, aujourd’hui on va parler de Sounds of Life dont le tome 18 vient tout juste de sortir chez Akata. Et c’est justement en voyant ce dernier paraître que je me suis dit qu’il était grand temps de se focaliser sur ce manga. Car si je l’ai découvert en premier lieu avec l’anime disponible sur ADN, j’ai ensuite enchaîné avec le manga qui fut un pur bonheur à lire. Une œuvre à la fois musicale et humaine qui ne faiblit jamais. Il y a énormément à dire sur cette tranche de vie qui n’a absolument rien à envier aux grands noms du genre. Soyez donc prêts à faire la connaissance des membres d’un club qui vous tendent les bras. C’est parti pour cinq raisons qui font de cette série un énorme coup de cœur.
A la découverte du koto
Évidemment, impossible d’évoquer Sounds of Life sans parler du sujet principal du manga qui est le koto. Cela peut donner à sourire quand on ne connaît pas cet instrument, car on se demande bien comment une histoire peut réussir à tourner autour de cet art. Et pourtant, cette œuvre y arrive avec maestria et parvient à remettre en avant le koto et surtout à nous donner envie de nous y intéresser. Au fil des nombreux tomes, on va être épatés par tout ce qui peut ressortir de cet instrument à cordes et de la complexité qui s’en dégage pour arriver à maîtriser chaque note. C’est aussi ça qui est génial avec la série, car elle prend vraiment le temps de nous apprendre et de nous imprégner de tout ce qui gravite autour de celui-ci. On admire les prouesses de ces étudiants qui, pour la plupart, n’y connaissent aussi rien en la matière et qui vont apprendre, en même temps que nous, les divers secrets qui entourent cet objet. C’est fantastique d’avoir su donner un aspect aussi instructif à ce manga alors qu’il va aussi briller par tellement d’aspects. Nous ne sommes pas uniquement dans un titre cherchant à tout décortiquer du koto et à partir dans une direction très scolaire. Au contraire, tout se fait de manière fluide et notre attrait se renforce en même temps que l’on partage ces moments en compagnie des personnages de ce récit. Et naturellement, qui dit œuvre musicale dit aussi capacité à nous faire ressentir les sons qui vont se dégager de chaque accord. Là encore, c’est une franche réussite surtout quand on aborde les représentations où l’on a vraiment l’impression d’être bercé par la mélodie qui est jouée. Une prouesse qui montre que l’artiste a su insuffler de la vie à son trait pour que la frontière entre la fiction et le réel soit fine.
Un club où l’on s’épanouit
Ce que je tiens à présenter aussi au sein de cette chronique est la symbolique que représente ce club. Il ne s’agit pas uniquement d’un lieu où des étudiants vont se rassembler autour d’une passion commune ou d’une même activité. Il est surtout question ici pour des étudiants qui n’arrivent pas forcément à trouver leur place ailleurs afin d’enfin avoir un lieu où ils puissent s’épanouir pleinement. Et cela se ressent dès le départ avec nos protagonistes pour finalement s’étendre à l’ensemble des membres pour donner vie à un véritable esprit de groupe. C’est ce qui est formidable avec cette série, car il n’y a une grande part d’humanité qui se dégage de cette histoire. On voit à quel point on est face à des adolescents qui sont, pour la plupart, blessés, brisés ou meurtris par de profondes blessures psychologiques. Et c’est là que le club de koto se présente à eux comme un refuge leur permettant d’échapper au monde extérieur, mais pas uniquement. Il n’est pas question de s’isoler des autres, mais simplement d’avoir un endroit où il est possible de souffler, mais surtout de faire face à ses craintes en compagnie de véritables amis. Il y a un esprit d’équipe remarquable qui va se dégager de cette petite salle et pas uniquement autour des entraînements. En effet, plus que la musique, ce club est là pour mettre à l’honneur l’entraide, la camaraderie et surtout le fait de pouvoir être soi-même au contact de gens qui s’apprécient sans le moindre artifice. Une magnifique leçon de vie qui donne aussi envie de les rejoindre pour simplement partager des moments de rire et d’amusements avec eux. Une véritable lueur d’espoir pour ces lycéens qui se sont réunis autour de cet instrument pour finalement construire quelque chose d’encore plus grand.
Des personnages qui évoluent sans cesse
Pour rebondir sur le précédent point, il m’est impossible de traiter de Sounds of Life sans évoquer les nombreux personnages fantastiques que l’on va suivre. En fait, je pourrais passer des heures à traiter de l’écriture propre à chaque protagoniste tant il y a à dire sur le sujet. Par exemple, Takezô, notre capitaine de l’équipe, qui porte les espoirs de ses aînées parties maintenant et qui doit se confronter au regard des autres qui ont beaucoup de mépris pour son art. Malgré ça, il continue d’avancer et va apprendre à voir au-delà des apparences pour découvrir de futurs membres qui vont autant devenir des musiciens accomplis que des camarades précieux. Pareil pour Chika, un délinquant qui a mauvaise réputation et qui, pourtant, va parfaitement trouver sa place au sein du club. La dualité initiale entre les deux va finalement donner lieu à une complicité remarquable où chacun va pousser l’autre. On nous montre qu’il ne faut pas se fier à de simples rumeurs. On voit ici un jeune homme profondément meurtri dans son être par rapport à son passé et qui ne sait juste pas quoi faire pour exprimer ce qu’il ressent. Et c’est aussi le cas pour Satowa qui rejoint ce club alors qu’elle est destinée à un avenir beaucoup plus brillant et qui va finalement y trouver ce qu’elle a toujours cherché dans cet art, le simple plaisir de jouer. Et même les figures un peu plus secondaires sont tout aussi brillantes dans leur écriture. On fait face à des personnages qui sont profondément humains autant dans leurs défauts que leurs qualités. On peut facilement s’identifier à eux et surtout partager leur mal-être dans un monde qui ne cherche pas forcément à comprendre ce que l’on souhaite vraiment. Et c’est pour ça que l’on s’attache autant à eux, car chaque sourire obtenu lors d’une prestation ou en compagnie des autres personnages sonne comme une victoire face à une société qui peut se montrer profondément cruelle. Des amis que l’on se fait et dont on veut observer le bonheur grandir constamment.
Viser en plein coeur
Quand je parle de viser en plein cœur, je veux bien sûr parler de l’émotion ressentie quand on se plonge dans Sounds of Life. J’ai déjà pu évoquer précédemment à quel point les personnages pouvaient nous faire ressentir bon nombre de sentiments à leur contact. Mais je tiens à préciser que ce n’est pas l’unique point où le titre va réussir à frapper fort. En fait, chaque élément est pensé pour toucher la corde sensible et transformer le koto en un moyen de réunir les cœurs de chacun. Par exemple, il suffit de voir les représentations du club pour sentir des frissons nous parcourir l’échine. Sans même le moindre mot, ils arrivent à nous transmettre ce qu’ils souhaitent et cela fonctionne à merveille. De même, les thèmes traités tout au long du manga sont universels et d’une grande importance tant ils peuvent toucher n’importe lequel d’entre nous. Il est question d’exclusion sociale, de façonner son propre avenir, d’amitié, mais aussi de faire face à un entourage qui, souvent, n’arrive pas à comprendre ce que l’on désire réellement. Et c’est pour ça que l’on s’investit autant dans ce qu’il se passe. Il est très facile de faire une projection de nos propres problèmes ou failles sur ces adolescents qui ont souvent de nombreux points communs avec nous. Des êtres qui se débattent face aux regards des autres et qui vont finir par comprendre que le plus important ne réside pas dans le fait d’être en adéquation avec la société, mais de trouver des gens qui nous acceptent tel que l’on est. Voilà pourquoi je trouve que ce titre est une ode à la vie et à l’épanouissement personnel. Une aventure humaine qui ne peut nous laisser de marbre tant tout est traité avec une sincérité bouleversante. Une écriture qui s’écrit surtout avec le coeur et qui se ressent totalement dans chaque page.
Un trait mélodieux
Il est déjà temps de refermer cette petite parenthèse autour de Sounds of Life avec le dernier point. Et il fallait absolument que j’évoque le trait de Amu. L’artiste nous délivre un travail absolument envoûtant depuis le premier tome. En fait, au premier abord, on pourrait croire que l’on est dans un school life assez classique, mais dès que l’on avance un tant soit peu, on est totalement subjugué par les dessins qui se présentent à nous. Ce que j’aime par-dessus tout avec cette série, c’est à quel point la mangaka a su capter et retranscrire toutes les petites émotions qui vont habiter ses personnages. Sans même dire le moindre mot, il suffit de poser les yeux sur leur visage pour comprendre ce qu’il se passe au plus profond d’eux. Un trait à la fois envoûtant et réaliste qui nous montre toute la beauté résidant dans chaque émotion humaine et la manière dont elles s’expriment. Mais au-delà de ça, il y a aussi un très gros effort qui est mis dans le spectacle proposé. Je repars ici du côté des compétitions et autres scènes mettant en avant le koto. En seulement quelques pages, l’autrice arrive à nous plonger dans une douce et agréable berceuse. On a presque l’impression d’être dans le public et d’être ébahi par ce qui se passe devant nous. En fait, à travers son trait, elle réussit à combiner l’essence de cet art à l’humanité de ses protagonistes afin de donner une composition unique qui nous charme à chaque instant. Et même dans les moments de crises, on va ressentir toute la détresse de nos nouveaux amis face à une vie qui ne leur fait pas de cadeaux. Une artiste incroyable qui met brillamment en scène un instrument ancestral à travers son propre art. Et ça amène une symbolique forte et touchante de ce que peut apporter l’art sous toutes ses formes.