Ma collection RPG #24 : Eternal Sonata

Je profite pleinement de cet été pour prendre le temps de regarder à nouveau ma bibliothèque de jeux. Cela permet autant de trouver de nouveaux sujets que de réveiller de précieux souvenirs en retombant sur certains titres. Et justement, j’ai eu envie aujourd’hui de revenir sur une aventure qui n’est pas forcément la plus connue, mais qui m’a pourtant profondément marquée lors de ma découverte à l’époque. Je parle bien sûr de Eternal Sonata qui, si vous n’êtes pas très familier du genre RPG, a pu totalement passer en dehors de votre champ de vision. Et pourtant, il y a énormément à dire sur ce titre que j’avais envie de lancer pour plusieurs raisons à sa sortie. La première était sa direction artistique vraiment sublime et qui surtout donnait un cachet vraiment unique à l’épopée qui m’attendait. Mais au-delà de ça, je dois surtout reconnaître que c’est le pitch de départ qui m’a totalement convaincu de franchir le pas. Une œuvre originale dans son fond et qui sublime suffisamment sa forme pour coller parfaitement à tout ce qui est traité durant ces heures manettes en main. Préparez-vous à entrer dans le songe d’un compositeur de génie.

Une dernière valse

Pour ceux qui ne savent pas, Eternal Sonata est un jeu vidéo développé par le studio Tri-Crescendo et est centré sur le célèbre compositeur Frédéric Chopin. Un artiste mort très jeune et qui, dans ce titre, nous plonge dans ce qui sera son dernier rêve avant de lâcher son dernier soupir. Voilà un postulat de départ qui change beaucoup de ce que l’on a l’habitude de voir et qui, surtout, propose ainsi une narration captivante mêlant personnage réel et monde fantastique. Car oui, toute l’aventure va se concentrer sur cet autre univers provenant des songes de Chopin où il est lui-même un personnage jouable et conscient de ce que représentent ces terres pour lui. Et on touche déjà à quelque chose qui m’avait totalement séduit lors de ma première session. Les environnements dans lesquels évolue le joueur ont beau être absolument magnifiques et féériques, il y a constamment une certaine mélancolie et tristesse qui s’expriment tout au long de notre périple. On sait que l’on est face à un monde qui est au bord de la destruction et dont la fin signifiera le repos éternel de Chopin dont on va découvrir, à chaque interlude, ce qu’il se passe réellement dans le monde réel alors qu’il est alité et entouré de ses proches. Une idée audacieuse, car le thème principal de ce jeu est justement la mort et tout ce qui entoure l’héritage que pourra bien laisser cet homme après sa fin. Et en tant que grand fan de musique classique, j’étais aussi très curieux de voir comment allait être amené la figure qu’est Chopin au sein d’un JRPG. Et je dois dire que j’ai été bluffé de bout en bout. Comme expliqué, les thèmes abordés sont plus que réussi et font que l’on a un sentiment bien singulier qui nous anime tandis que l’on progresse dans cette histoire.

En effet, plus on sympathise avec les personnages composant notre équipe et plus on est encore plus attristé de ce que pourrait signifier la fin de ce périple. Mais en dehors de ça, le jeu en lui-même était aussi une très bonne réussite sur bien des aspects. Visuellement, l’ensemble des décors est magnifique et colle tellement à ce côté rêve, mais aussi très artistique. D’ailleurs, je trouvais aussi particulièrement réussi le fait que chaque individu important de cet univers avait un nom en référence au domaine de la musique, et notamment des différents courants musicaux. Et à cela s’ajoute aussi un gameplay à la fois simple à appréhender, mais pouvant être complexe à maîtriser notamment par rapport aux spécificités de chaque personnage. Pareil pour toute la dimension rythmique qui a aussi une influence sur les dégâts infligés aux ennemis. Et même si l’aventure en elle-même peut sembler classique au sein de cet univers fictif, cela est efficace du début jusqu’à la fin. La raison à ça est que tout rentre en adéquation avec le fait qu’il s’agit avant tout d’un rêve et que la question est de savoir si ces figures imaginaires peuvent finalement prendre le contrôle de leur propre existence ou bien disparaître en même temps que leur créateur. Une très belle réussite en matière d’écriture qui va aussi se confronter à un challenge plus que corsé. Je me rappelle très bien à quel point certains passages et surtout certains boss pouvaient se montrer particulièrement retors. Surtout quand on arrive à la seconde moitié du jeu et que l’on se met à avoir des statistiques impressionnantes. Des défis de taille qui ont su combler le joueur que j’étais sans pour autant me rebuter tant j’avais envie de connaître le fin mot de tout ça. 

Eternal Sonata propose un somptueux requiem

Eternal Sonata fait clairement partie de cette catégorie de RPG qui n’a pas eu l’aura qu’il aurait pu avoir. Mais il était important, à mes yeux, de remettre la lumière sur ce titre qui m’a longuement accompagné à l’époque sur ma PS3. Une épopée qui m’a autant plongé dans l’histoire et les compositions de Chopin qu’elle a su m’offrir une histoire qui m’a profondément bouleversée. Car au final, on est sur un jeu vidéo qui met à l’honneur la créativité et l’imaginaire que chacun peut avoir et qui permettent, même dans les moments difficiles, de s’évader un peu. On souligne ici l’importance de rêver et surtout à quel point notre rapport à la fiction et l’art peuvent avoir un grand impact sur notre manière d’appréhender le réel. J’ai encore le cœur serré quand je repense à ce changement de ton que le titre proposait dès lors que l’on quittait cet univers pour la réalité de ce compositeur qui ne pouvait même plus répondre à ses proches. Et je trouve ça fort d’avoir su utiliser le fantastique pour justement souligner des thématiques bien concrètes et pouvant finalement parler à n’importe qui. Et même au-delà de l’aspect purement écrit de cette œuvre, Eternal Sonata est un JRPG qui a largement de quoi séduire rien que par son gameplay simple et efficace, ses nombreuses subtilités et surtout tous ces environnements à découvrir ainsi que leurs secrets.

Une expérience riche en émotions tout en gardant avec joie l’importance de rêver même quand tout semble aller mal. C’est ce qui permet aussi d’apporter un peu de douceur et de magie dans une vie pouvant se montrer souvent injuste. Voilà en tout cas un petit billet sur ce jeu qui n’est clairement plus sur le devant de la scène, mais qui mérite amplement qu’on reparle de lui même si ce n’est que de temps en temps. Car par ses messages, Eternal Sonata nous offre une fable brillante, tragique et mélancolique autour d’un homme qui s’est consacré à son art et pour qui l’imaginaire a beaucoup compté. La preuve qu’il existe des œuvres qui n’ont pas forcément donné lieu à de grandes séries, mais qui ont tout de même su séduire le cœur de nombreux fans. Et si vous êtes aussi un passionné de musique classique, alors vous serez sûrement intéressé par voir comment cette figure majeure de ce domaine a pu être interprétée par le prisme d’un jeu vidéo. N’hésitez pas à me dire dans les commentaires ce que vous avez pensé de cette aventure vidéoludique ou bien si vous découvrez son existence à travers ces lignes. Quoi qu’il en soit, je vous réserve encore pas mal d’escapades au sein de l’univers RPG, car il y a encore beaucoup de titres dont j’aimerais parler.