Le bleu du magicien tome 1 : quand l’art se transforme en magie
On le sait, il y a des licences qui parviennent à transcender le simple divertissement pour devenir des œuvres cultes et mémorables pour tous ceux qui se jettent dedans. Parmi cette longue liste se trouve une saga assez récente qui n’est autre que The Ancient Magus Bride. De par ses sublimes dessins, son histoire prenante et ses personnages captivants, le manga s’est rapidement hissé comme un incontournable. Il n’est donc pas surprenant de voir l’arrivée d’un spin-off à cette série. Toujours édité chez Komikku, celui-ci se nomme Le bleu du magicien dont le premier tome est arrivé la semaine dernière. Si l’on sait qu’il est toujours risqué de créer des histoires annexes qui puissent être pertinentes sans pour autant juste surfer sur le succès de l’oeuvre originale, force est de constater que l’on a ici un premier jet très réussi. Une virée dans un Paris où l’art et la magie se rencontrent pour un rendez-vous des plus prometteurs. Un duo naît alors et s’apprête à frapper un grand coup pour notre plus grand plaisir. Il est donc grand temps de rêver un peu en compagnie d’un jeune peintre et d’une épouse fort singulière.
Des fiançailles pour le bien de tous
Le bleu du magicien, scénarisé par Isuo Tsukumo, dessiné par Makoto Sanda et supervisé par Koré Yamazaki, nous plonge en plein coeur de Paris. La capitale de la France semble tout à fait ordinaire et la vie des habitants de cette ville coule paisiblement tel un long fleuve tranquille. C’est en ce lieu que l’on fait la connaissance d’un jeune orphelin répondant au nom de Ao. Passant son temps à peindre et à essayer de peaufiner son art, il doit malheureusement subir le courroux de ceux qui gèrent ce foyer. En effet, il possède un don qui semble plus être une malédiction concernant la couleur bleue. A chaque fois qu’il cherche à l’utiliser, sa peinture semble prendre vie et devenir incontrôlable. Il a donc interdiction de l’utiliser malgré son attrait et son désir de pouvoir exprimer sa créativité par cette couleur. C’est alors qu’il va être chargé d’une mission peu ordinaire. Il est engagé pour faire le portrait d’une personne préférant dissimuler son visage. Malheureusement, le jeune garçon va braver l’interdit et essayer de manier ce tube qu’il lui fait tant de l’oeil. Le sort se répéta ainsi et vint même attaquer la cliente dont le voile fut déchirée. Après avoir calmé la situation, cette dernière ne put cacher plus longtemps son identité.
Il ne s’agit nul autre que d’une sorcière très puissante dont les capacités n’ont rien à envier à ceux de Thorn. Sa présence en ces lieux n’est pas anodine, car le temps était venu pour elle de se trouver un époux. Réitérant un cycle sans fin, ses fiançailles sont là pour maintenir un équilibre déjà précaire entre les différents groupes qui dirigent le monde de la magie et aussi afin de calmer l’afflux d’énergie pouvant submerger les environs. En voyant le pouvoir dont est capable ce jeune garçon, elle va prendre une décision fort surprenante et qui va totalement faire trembler l’ordre établi. En effet, celle que l’on surnomme Reine Gisèle, la souveraine des monstres, va choisir Ao comme époux. En plus de vouloir l’éveiller à ses capacités latentes, cette créature voit aussi en lui un potentiel qui pourrait totalement briser ce cycle éternel de mariages. Ainsi va débuter leur collaboration qui va autant permettre à ce jeune garçon de se libérer de cette prison qui l’étouffait que de s’épanouir au contact de sa femme. Cette dernière ne sera pas en reste, car elle pourrait bien découvrir à travers ce garçon une nouvelle vision de ce monde et surtout connaître une existence bien plus joyeuse que ses précédentes vies de couple. Une existence qui, telle une toile vierge, va s’enrichir à travers chaque action de ces artistes.
Ce qui est remarquable au sein de cette franchise et qui est pleinement palpable dans Le bleu du magicien, c’est l’importance que revêt l’art. Une manière poétique de nous faire voyager et qui prend ici la forme d’un pinceau que l’on essaye de retenir et qui va finalement pouvoir s’exprimer. Si l’on est intrigué par tout le scénario qui se met en place autour de notre duo, on a surtout grandement apprécié la symbolique de ces toiles qui prennent vie et contribuent à nous faire rêver. Une immersion d’une grande beauté qui permet à notre esprit de s’évader.
Un monde ayant besoin de couleurs
Au même titre que la série d’origine, Le bleu du magicien est un manga qui flirte parfaitement avec les notions de poésie et d’art. Si l’on a bien sûr le droit à un premier aperçu de l’intrigue et d’être intéressé par celle-ci, ce n’est pas la force principale de ce premier volume. En effet, ce qui nous avant tout marqué tout au long de ce périple n’est nul autre que cette envie de l’auteur de transformer son récit en une gigantesque fresque où se marierait un nombre incalculable de couleurs. En réalité, on est énormément interpellé et curieux de voir jusqu’où Ao va pouvoir exprimer son talent et s’il va ainsi maîtriser d’autres peintures que ce bleu qui l’a tant fait cauchemardé. Ainsi, notre regard va énormément se porter sur ce jeune homme qui gravit les échelons un à un et qui nous fascine de par sa vision des choses combiné à la douceur dont il fait preuve. Il a beau avoir grandi dans un environnement qui lui était hostile et où on l’écartait tout simplement parce qu’il n’était qu’un étranger, l’arrivée de Gisèle va changer la donne. Dès qu’elle va le prendre sous son aile, c’est comme si l’oisillon qui avait toujours vécu en cage pouvait enfin voler dans l’immensité du ciel. D’ailleurs, celui-ci a aussi un rôle prépondérant dans le développement de nos héros. Une mer céleste dont l’étendue représente parfaitement tout le potentiel enfoui chez ce garçon.
Le bleu du magicien, outre le fait de vouloir nous conter un récit autour de la magie, se présente avant tout comme l’histoire d’un orphelin qui commence tout juste à trouver sa place. Aidé par l’entourage qui se forme autour de lui, ce dernier prend de plus en plus d’assurance et cela fait vraiment plaisir à voir. On peut alors entrevoir toutes ses capacités qui ne se limitent pas uniquement à peindre des toiles somptueuses. Un art à la fois poétique et envoûtant qui va aider son épouse dans sa quête de la vérité. Alors que tout ce qui tourne autour de la trame principale est parfois violent, teinté de manipulations ou même juste de sentiments néfastes, Ao parvient à balayer tout cela. Chacune de ses actions se veut bienveillante et c’est ce qui fait la puissance de ce conte qui nous montre une lumière qui ne vacille jamais. Un titre qui veut avant tout mettre l’emphase sur ces protagonistes qui permettent ensuite l’enrichissement de cet univers déjà gigantesque. Avec ce premier volume, on assiste en premier à la naissance d’un duo grandiose qui n’a rien à envier à la saga principale. Une cohésion, une alchimie et une entente qui réchauffent le coeur et nous fait passer un moment absolument merveilleux au sein de la capitale française.
Le bleu du magicien nous offre une première virée absolument resplendissante et qui parvient à balayer l’obscurité d’un simple coup de pinceau. Qu’il s’agisse des personnages, du suspens ou même de son aspect visuel, le titre se démarque à tous ces niveaux et peut ainsi donner vie à un monde qui dépasse de loin tout ce que l’on aurait pu imaginer. Un voyage qui a beau être dangereux, finit toujours par nous donner le sourire de par la tendresse qui s’en dégage et cette volonté de mettre de la couleur dans un monde pouvant souvent être terne.
Le bleu du magicien nous offre une toile splendide
Dire que l’on a été ébloui par cette lecture serait un bien faible mot. Avec Le bleu du magicien, on a pu retrouver toute cette magie qui peut animer une histoire qui nous divertit, mais qui va aussi bien plus loin. Au-delà de s’amuser en s’aventurant dans cette nouvelle épopée, on a avant tout eu des étoiles dans les yeux en admirant cette douceur, cette tendresse et surtout cette beauté qui vient contrebalancer une menace grandissante. Il n’y a pas un seul instant où l’on n’est pas happé par cet espoir qui est représenté par notre duo et plus fortement par Ao. Le voir grandir, progresser et surtout utiliser ses capacités dans l’unique but d’apporter un peu de gaieté à ce monde n’a pas de prix. Même les pires situations finissent par se renverser en sa présence alors qu’il a autant l’innocence de la jeunesse qu’un pouvoir incroyable permettant de chasser ces nuages noirs recouvrant la ville. L’auteur délivre ici sa propre vision d’une toile où chaque coup de pinceau est tel une arme aiguisée permettant de repousser les ténèbres. Une manière intéressante et passionnante d’utiliser cette forme d’art et de la combiner à une partie bien plus fantastique. Après tout, une peinture est un moyen comme un autre d’amener un peu de magie dans le quotidien des gens. Un sort propre à chaque dessin qui plonge le spectateur dans une autre réalité.
C’est donc avec beaucoup de joie que l’on recommande ce spin-off dont on n’a presque pas la sensation que cela en soit un. En effet, on vit une aventure unique et captivante auprès de ces protagonistes qui ont tous un petit quelque chose qui nous interpelle. Que cela soit l’expérience de Gisèle et son envie de voir son poulain s’épanouir ou bien Ao qui nous illumine de par sa pureté, ce tandem n’a pas fini de nous surprendre. Le bleu du magicien plaira autant à ceux qui aiment l’univers de The Ancient Magus Bride qu’à ceux cherchant une histoire qui puisse autant être plaisant scénaristiquement parlant que visuellement. On a qu’une envie en refermant ce premier volume, c’est de pouvoir se jeter sur la suite en espérant en prendre toujours plein les mirettes. Une expérience littéraire captivante et ensorcelante dont on est curieux de voir où le fil rouge va nous conduire. Bien sûr, il est habituel maintenant de se poser tout un tas de questions en refermant un ouvrage. Est-ce que Ao pourra surpasser ses craintes et maîtriser l’ensemble de cette palette de couleurs qui s’offre à lui ? Qu’est-ce que Gisèle espère en le prenant pour époux ? Que compte faire les autres membres de la communauté ? Il va falloir maintenant prendre son mal en patience pour savoir de quoi il en retourne.
N’hésitez pas à partager dans les commentaires votre propre avis ainsi que votre ressenti concernant le premier volume du Bleu du magicien. Pensez-vous que tout ira bien au sein de ce tandem pour le moins surprenant ? Qu’espérez-vous de cette cohabitation qui devrait changer beaucoup de choses dans l’équilibre des forces ? A votre avis, qui est derrière toute cette histoire de monstres ? Croyez-vous que l’on va continuer à avoir ce parfait mélange entre investigations, magie et poésie ? Qu’attendez-vous pour la suite de cette licence ? On reste à votre disposition pour pouvoir échanger, discuter et débattre autour de cette série. 🙂