Pour le pire tome 1 : un mariage fatal
On le dit assez souvent, mais il est toujours génial de laisser sa curiosité prendre le dessus par moment. Cela permet de faire de très belles découvertes que l’on n’aurait jamais imaginé apprécier au départ. Il peut autant s’agir d’être interpellé par une couverture, un auteur ou tout simplement le synopsis. Un premier contact essentiel pour nous donner envie de franchir le pas. C’est exactement ce qui est arrivé avec le titre dont on va parler aujourd’hui et qui nous provient du catalogue de Glénat. Il s’agit de leur dernière licence en date qui n’est autre que Pour le pire. Alors que son premier volume vient tout juste de sortir, on a rapidement été séduit par son illustration avant d’être finalement convaincu par son résumé. Ignorant totalement si on allait adhérer ou non au contenu, on s’est décidé à tenter l’expérience. Le résultat fut absolument incroyable et pour de multiples raisons. Porté par des dessins sublimes, on se retrouve plongé dans une affaire sordide où le mensonge pourrait bien se transformer en réalité et l’inverse aussi. L’heure est donc venue de rendre visite à une demoiselle aussi impressionnante qu’effrayante.
Une visite bouleversante
Pour le pire, imaginé par Taro Nogizaka, nous plonge dans un Japon contemporain où l’on fait la connaissance d’Arata Natsume. Cet homme un peu bourru s’avère être un employé au service d’aide sociale. Passant le plus clair de son temps à aller d’un appel à l’autre pour venir en aide aux enfants, ses méthodes souvent brutales lui causent de nombreux désagréments. En plus de ça, il a aussi beaucoup de mal en amour et est toujours célibataire à trente ans passés. Ayant une certaine incompréhension de cette volonté de se marier ou de partager sa vie avec quelqu’un d’autre, il préfère tout donner au service de son boulot. Cependant, il est bien loin de se douter que sa vie entière s’apprête à être chamboulée. Convoqué un beau jour par Takuto, l’un des enfants qu’il suit, celui-ci lui demande une requête invraisemblable. Son père s’avère avoir été la victime d’une tueuse en série ayant fait beaucoup de bruits. Une affaire sordide où de nombreux morts sont à déplorer et ayant donné naissance à une meurtrière impitoyable passant le plus clair de son temps à découper ses proies. Cette dernière a finalement été arrêtée et condamnée à la peine capitale. Le jeune garçon souhaite qu’Arata rencontre Shinju Shinagawa, la femme ayant commis ces atrocités, afin d’avoir des réponses concernant la dépouille de son père. Une mission folle que personne n’accepterait en temps normal. Cependant, ce grand gaillard ne peut s’empêcher de vouloir venir en aide à son protégé et surtout à lui éviter tout contact avec cette criminelle.
Celle que l’on surnomme “Bozo Shinagawa” est donc maintenant la seule pensée qui lui traverse l’esprit. Comment réussir à faire avouer les secrets de ces meurtres à une tueuse en série qui se déguise en clown ? Il ignore totalement comment s’y prendre, mais ne peut s’empêcher de se diriger vers ce parloir qui pourrait bien se transformer en un véritable champ de bataille. Se faisant déjà le film de leur rencontre dans sa tête, Arata s’attend à voir devant lui un monstre n’ayant pas la moindre once d’humanité. La vérité pourrait bien le surprendre. Lui qui n’a jamais su dire non à un enfant dans le besoin, le voilà à devoir se frotter à une ennemie redoutable. Cependant, sa réaction pourrait aussi étonner son opposante qui ne s’attend clairement pas à croiser le chemin d’un homme aussi buté. Les bruits de pas résonnent dans cet endroit lugubre. La porte s’apprête à s’ouvrir tandis qu’une aura néfaste englobe la pièce. Le duel a commencé avant même que leur regard se croise. Attention cependant Arata de ne pas devenir le jouet d’un clown sachant parfaitement jouer la comédie. Les apparences peuvent être trompeuses au même titre que les émotions. Voilà le récit de ces deux âmes qui se confrontent dans un affrontement psychologique intense. La tueuse fera-t-elle une nouvelle victime ou bien finira-t-elle par avouer ce qu’elle sait ? Ce qui est sûr, c’est qu’un feu intense brille dans son regard alors que la mort l’entoure.
Pour le pire cache très bien son jeu à travers ce synopsis qui peut sembler étrange au premier abord. Cependant, dès lors que l’on s’aventure dans cette histoire on se rend compte à quel point on a un scénario aussi tordu que brillamment écrit. Voici les prémices de ce qui pourrait donner un excellent thriller où émotions, sujets graves, mais aussi manipulations sont de la partie. Un duel d’un nouveau genre qui est habilement mis en scène au sein de ce premier contact. On découvre alors deux individus qui vont nous fasciner par rapport à leur personnalité, mais aussi à leurs interactions avec l’autre.
Un savoureux thriller
Disons le clairement, on ne s’attendait pas du tout à ce que ce premier volume de Pour le pire s’empare autant de nous. En réalité, l’auteur parvient à créer une ambiance incroyable et qui va se façonner petit bout par petit bout. Une construction narrative qui fait exprès de proposer un départ calme et un peu lent pour que l’on s’imprègne du personnage principal avant que l’on rentre dans le cœur du sujet. D’ailleurs, toute cette introduction va sans cesse jouer entre ce que l’on nous dit et ce que l’on voit réellement. Il n’y a qu’à prendre l’exemple de notre tueuse en série pour comprendre ça. Elle nous est décrite, au départ, comme une personne impressionnante physiquement et dont les capacités intellectuelles sont assez limitées. Une image qui s’incruste dans notre esprit au même titre que pour Arata et qui va justement provoquer un gros décalage dès lors qu’on rencontre Shinju. On découvre une jeune fille mince, semblant assez calme de prime abord et qui est loin de ce visuel de clown meurtrier que l’on nous dépeint. Ainsi, toute cette pérégrination va s’axer entre ces deux discours diamétralement opposés et qui vont nous faire nous poser tout un tas de questions. C’est aussi dès son entrée en scène que cette jeune femme va faire totalement basculer le récit dans une oeuvre plus angoissante. Que ce soient ses réactions, ses propos inquiétants et risqués ainsi que son comportement, on se sent mal à l’aise même si l’on sait qu’elle est en prison. La peur de la voir sortir à tout moment plane donc dans notre esprit et c’est très malin. On sent ainsi une profonde tension qui s’abat sur nos épaules et sur ceux de son visiteur.
Si le travail d’ambiance est remarquable, le mangaka ne s’arrête pas là. La confrontation qui se joue entre nos deux personnages principaux est aussi formidablement bien orchestrée. On a ce sentiment qu’il y a une lutte qui se joue entre ces deux partis et son déroulement est fantastique tant elle contrebalance avec la situation présentée. En effet, on nous montre une criminelle accusée de nombreux meurtres et condamnée. De ce fait, on se sent protégé, comme Arata, derrière cette vitre qui empêche cette dernière de lui sauter à la gorge. Pourtant, plus le temps passe et plus l’avantage au sein de cette confrontation semble changer. Même au sein de cette prison sécurisée et de ce verdict qui peut accentuer cette bulle protectrice, on ne se sent pas confiant. On est totalement dans l’affrontement psychologique et c’est là qu’on voit à quel point l’adversaire en face est remarquable. A la fois terrifiant et rusé, tout est pensé pour briser cette sécurité bien ancrée en nous. L’inquiétude est permanente par la suite et l’on se demande alors comment tout ça va évoluer. Une œuvre qui réussit donc à merveille son démarrage et se permet même de traiter d’un sujet peu connu, mais qui est intéressant concernant cette relation naissante entre nos deux protagonistes. Un combat qui semble provoquer quelque chose de bien plus grand et qui nous prend aux tripes du début jusqu’à la fin du tome. On est totalement happé par ce face-à-face qui a toutes les qualités requises pour donner quelque chose d’encore plus grand.
Pour le pire sait comment capter l’attention du lecteur. Il suffit de poser le regard sur cette jeune femme pour sentir un profond malaise. Comme si tout ce qui nous était raconté était prévu et que notre nouvel ami serait juste en train de danser dans la paume de sa main. Une dimension psychologique qui sublime cet ouvrage et permet de poser d’excellentes bases pour la suite. Ces quelques visites au parloir auront largement suffi pour autant nous effrayer que nous procurer un désir étrange de vouloir connaître la suite. On souhaite continuer d’être le témoin de ce duel qui pourrait très vite déboucher sur une grande surprise.
Pour le pire débute sa partie d’échecs
Vous l’aurez aisément compris au vu de ces quelques lignes, mais on a adoré ce premier contact avec Pour le pire. Une plongée aussi angoissante que captivante au contact d’un duo atypique. Jouant à merveille sur le plan psychologique entre ces deux individus, le mangaka installe de fantastiques bases pour la suite de la série. En plus de ça, le dessin sublime à merveille ce sentiment d’oppression que l’on peut avoir face à cette jeune femme inquiétante. Tout est pensé pour nourrir cette peur qui fait une grande partie de la force de ce manga. En plus de ça, ce premier contact n’est pas uniquement tourné vers cette dualité, mais aussi vers d’autres thématiques tout aussi intéressantes. Que cela soit au niveau de ces sentiments étranges qui assaillent Arata, la maltraitance des enfants et la conséquence d’un tel traitement, cet ouvrage parvient à rassembler tous ces éléments pour que le titre soit aussi divertissant qu’important dans sa réflexion. Une saga qui débute à peine, mais qui a déjà créé un antagoniste à l’énorme potentiel. Chaque rencontre avec elle ne fait qu’appuyer encore plus cette impression que tout ça est un jeu pour elle. Un état de fait qui se renforce au fil des minutes et nous laisse sur un suspens insoutenable. Une invitation pour un périple qui nous a rapidement marqués et a surtout ancré profondément dans notre esprit l’image de cette jeune femme dont le simple sourire suffit à nous glacer le sang. Un rythme maîtrisé collant parfaitement à l’ambiance souhaitée.
Sincèrement, on était intéressé par ce titre à la base rien que par sa sublime couverture. Ce n’est qu’une fois qu’on a pris le temps de se lancer dans cette aventure que l’on a pu constater à quel point cette lecture avait de quoi atteindre des sommets. Un thriller effrayant et bien maîtrisé où l’on reste sans voix devant la dualité qui nous est présentée. C’est donc avec beaucoup de joie que l’on recommande Pour le pire. Une aventure littéraire qui plaira à tous ceux qui désirent s’attarder sur un conflit avant tout psychologique et où la tension monte crescendo. Un scénario prenant couplé à un trait magnifique et qui apporte énormément à l’atmosphère qui se dégage de chaque page. Des dessins d’une beauté glaçante et qui nous conduisent à un second acte pouvant nous réserver bon nombre de surprises. En réalité, on se dit que tout est possible dès lors que l’on referme ce manga. A présent, il est grand temps de laisser les questions qui hantent notre esprit sortir en attendant des réponses. Quel est le véritable but de Shinju dans toute cette enquête ? Est-elle vraiment comme on l’a décrit ? Arata va-t-il oublier son premier devoir ? Son obsession ne finira-t-elle pas par lui causer du tort ? Comment va réagir son entourage au vu de toute cette histoire ? On peut dire que l’on a hâte de voir ce que nous réserve la suite de ce périple saisissant.
N’hésitez pas à partager dans les commentaires votre propre avis ainsi que votre ressenti concernant ce premier volume de Pour le pire. Avez-vous apprécié cette ambiance malsaine qui se dégage de cette introduction ? Trouvez-vous que le semblant de confrontation qui se joue entre nos deux protagonistes est captivant ? Quel est, à votre avis, la réponse à toute cette affaire qui semble bien plus complexe qu’il n’y paraît ? Pensez-vous que l’on aura le droit à une relation intéressante par la suite entre les personnages principaux de ce récit ? Qu’attendez-vous pour la suite de cette licence ? On reste à votre disposition pour pouvoir échanger, discuter et débattre autour de ce sujet 🙂