Chat de Yakuza tome 1 : ne pas se fier aux apparences
C’est assez connu que nos amis les bêtes sont toujours une grande source d’inspiration pour certains mangakas. Cela est encore plus vrai quand il s’agit de chats, car les œuvres sur ces derniers n’ont eu de cesse de se multiplier au fil des mois. Souvent comiques, parfois émouvants, mais toujours attachants, ces mangas font de leur mieux pour créer des épopées qui nous touchent à travers ces animaux de compagnie. On peut ainsi tomber sur de belles surprises et c’est pour ça qu’aujourd’hui on va s’attarder sur une toute nouvelle licence de ce genre. Provenant tout droit du catalogue de Doki-Doki, il s’agit de Chat de Yakuza dont le premier volume vient tout juste de sortir. Rien qu’avec un tel titre et sa couverture, on arrive très bien à cerner ce qui nous attend entre ces pages. Une lecture qui respire l’humour et compte bien jouer sur l’opposition entre cet homme au visage effrayant et ce mignon petit chaton. Mais derrière cet aspect comédie, qui se ressent avant même de tourner la première page, la série cache aussi d’autres éléments à ne pas négliger. Il est donc l’heure de rendre visite à un duo qui s’apprête à conquérir notre cœur.
Un sauveur effrayant
Chat de Yakuza, imaginé par Riddle Kamimura, nous emmène au Japon où l’on fait la connaissance d’un pauvre chaton abandonné. Grelottant dans le froid, il fait de son mieux pour survivre et attirer l’attention des quelques passants qui défilent devant lui. Tout ce qu’il souhaite est de pouvoir connaître un quotidien paisible et heureux au sein d’un foyer accueillant. Mais il ne s’attendait pas à ce que sa vie prenne une telle tournure à la suite d’ une simple rencontre. C’est un soir de pluie que son existence va basculer. Trempé et frigorifié, il cherche à tout prix à trouver un peu de réconfort. A cet instant, une ombre se dresse à côté de lui. Aux yeux du petit chat, ceci est une occasion rêvée pour se sortir de ce carton qui lui sert d’abri. Bien décidé à faire appel à toutes ses techniques pour faire fondre le cœur de cet inconnu, il se tourne vers celui-ci. Son visage change tout de suite d’expression en voyant un jeune homme balafré à l’air patibulaire qui se tient au-dessus de lui. Sa joie de trouver un possible réconfort disparaît aussitôt devant un individu qui a tout l’air d’un yakuza. Mais malheureusement, il ne peut rien faire face à ce garçon qui le prend avec lui pour le ramener à la maison. Envisageant déjà des tonnes de scénarios pour la suite, le petit animal craint pour sa vie. Après tout, il est évident à ses yeux que son bienfaiteur ne peut qu’être qu’un gangster au vu de son attitude et de l’aura qui se dégage de lui.
Jin, cet inconnu angoissant, va totalement le surprendre en prenant soin de lui. Est-il vraiment aussi mauvais qu’il semble l’être ? Il va même jusqu’à donner le nom de Sabu à son nouveau compagnon. Mais ce dernier ne tombe pas dans le piège. Il est persuadé que ce comportement amical cache en réalité un plan machiavélique pour se servir de lui. Ainsi débute une colocation explosive entre les deux où le nouvel arrivant va tout faire pour échapper aux griffes de son maître. Sabu ne pense pas une seule seconde qu’il se fait des films sur toute cette situation. A ses yeux, le voilà aux prises avec la pègre et chaque jour se présente comme un combat pour survivre. Peu importe les papouilles, les caresses et autres jouets pour l’amadouer, rien ne trompera l’attention de ce chaton. Enfin ça, c’est encore à voir, car il est loin de se douter de ce qui l’attend. Ses souvenirs de l’extérieur semblent déjà bien loin maintenant qu’il vit entre ces murs et doit s’acclimater à cet environnement qui lui semble fort dangereux. Les situations aussi étranges que désopilantes vont s’enchaîner pour cette boule de poil toute mignonne qui alterne entre découvertes, moments de bonheur et plusieurs craintes. Comment être serein avec un tel maître qui dégage une telle oppression rien que par son regard ? Il ne s’attendait pas à ce que ce foyer si chaleureux qu’il espérait soit aussi celui qui lui fasse faire tant de cauchemars ! Difficile de mener la résistance quand ils succombent aux câlins de Jin.
En seulement quelques secondes, Chat de Yakuza nous plonge au centre de cette relation singulière entre ce yakuza et son nouveau camarade. Point intéressant, on ne suit pas leur cohabitation du point de vue de cet être humain, mais de celui de ce chat qui va se faire bien des frayeurs. On va alors enchaîner les scènes comiques et les quiproquos qui vont transformer le moindre événement banal en une source d’amusements. Et pourtant, derrière les rires se trouve aussi un message captivant qui va donner encore plus de poids à cette relation inédite entre nos deux protagonistes.
Une cohabitation mouvementée
Il ne faut pas longtemps à Chat de Yakuza pour dévoiler ce qui va former le cœur de son récit. L’ensemble du manga repose sur cette opposition entre Jin et Sabu. Le premier point important est que cette lecture se passe du point de vue du chat et non de son bienfaiteur. Même si on est témoin de ces échanges et réactions, on ne sait jamais justement ce qu’il compte faire ou bien ce qu’il a en tête. Une excellente chose, car cela permet de se positionner parfaitement à la place de cet animal qui réagit instinctivement devant les agissements de son nouveau maître. Il est vrai que cela peut paraître assez risqué de reposer son intrigue sur un running gag et pourtant cela fonctionne très bien pour ce premier volume. La raison est qu’il y a un juste équilibre qui est trouvé entre l’aspect humoristique de ces quiproquos et la bienveillance qui se dégage du manga. En effet, Jin est un personnage qui a tout pour faire peur au vu de ses cicatrices et de son attitude qui porte à confusion. Mais on se rend ensuite compte qu’il n’a pas de mauvaises intentions. Au contraire, il prend soin de son nouvel ami et on passe donc des inquiétudes de ce dernier à une situation d’une grande douceur. Le simple fait de voir Sabu passer de la peur à un profond plaisir devant les caresses de Jin nous fait décrocher un sourire. Cela est possible, car on peut aisément comprendre les réactions de cet animal avant qu’il ne nous délivre une expression adorable et en totale contradiction avec ce qu’il se passait il y a quelques cases en arrière.
Et ce qui est intéressant est que l’on reste dans ce schéma où Sabu reste dans la méfiance. Ce point est très important, car il va aussi servir à mettre à l’honneur des thématiques pertinentes par cette association des deux personnages. En effet, on est avant tout au contact d’un chaton qui ne connaît rien du monde et qui se retrouve face à cet individu qui lui semble menaçant. Une crainte fondée par son ignorance, mais aussi par rapport à cette attitude qu’il peut avoir. Une manière de montrer qu’il ne faut justement pas juger sur les apparences, mais c’est plus fort que lui. Il est craintif, car il ne sait que peu de choses et c’est pour ça qu’il se méfie d’objets dont on sait directement qu’ils sont avant tout là pour son bien. Le contraste est là pour nous faire rire, car on nous montre un milieu mafieux qui arrive pourtant à faire preuve d’une grande bienveillance. C’est encore plus vrai quand on aborde la seconde moitié du tome qui va servir à lancer pleinement le contexte à venir et aussi développer le futur environnement dans lequel va évoluer Sabu. Une série qui mise sur cette répétition pour traiter de l’abandon des animaux, l’importance d’être attentionnée à leur égard et surtout que derrière un visage pouvant sembler hostile peut se dissimuler un être ayant particulièrement bon fond. Au final, on s’attache pleinement à ce duo qui se forme et où s’entremêlent tentatives de survie à des menaces imaginaires et un rapprochement tout mignon entre cet homme et son nouveau compagnon de route. Une lecture qui nous apporte cette dose de bonheur dont on a tous besoin.
Chat de Yakuza répond clairement à la promesse qu’il nous fait d’entrée de jeu. Son objectif est de nous faire passer un bon moment en compagnie de ce nouveau tandem qui s’attire rapidement notre sympathie. On prend plaisir à suivre l’imagination très fertile de ce petit chaton devant ce maître qui peut faire peur, mais qui a un grand cœur. On suit une cohabitation idéale pour se changer les idées et savourer ces petits échanges qui jouent sur les apparences pour finalement nous montrer que la vérité est tout autre. Voilà une lecture qui a su utiliser avec brio les spécificités de ses acteurs pour un spectacle drôle et touchant.
Chat de Yakuza nous fait fondre
On se rend rapidement compte que Chat de Yakuza n’est pas le titre qui va nous faire cogiter ou bien nous amener à vivre une grande aventure. Ce n’est pas son but et il faut avouer qu’il excelle dans son objectif premier qui est de faire rire. On fait face à un humour teinté de tendresse qui respire une douceur dont on a tous besoin. Quand on voit ce chaton nous séduire avec ses petites mimiques adorables face à ce qui lui semble être un géant, on ne peut s’empêcher de craquer pour lui. De même, Jin est un personnage qui est justement là pour amener un contrepied au côté attendrissant de Sabu sans pour autant être une figure néfaste. Au contraire, derrière son sourire effrayant et son comportement d’ex-yakuza se trouve un être humain qui a réellement envie de prendre soin de son colocataire. Le gag vient justement de cette communication parasitée par l’imagination fertile de cet animal de compagnie qui vit, sans le savoir, un quotidien qu’il a toujours souhaité et qui pourrait même lui faire vivre de belles petites épopées. De plus, le mangaka ne s’arrête pas en si bon chemin et ne désire pas uniquement que l’on se concentre sur la relation entre ses deux protagonistes. Toute la dernière partie sert à installer avec brio une situation qui nous interpelle pour la suite. On a envie de voir comment va réagir ce petit chat face à ce défi qu’on lui donne. Un récit qui ne se repose donc pas uniquement sur ce contraste entre doux et brutal propre aux deux acteurs de la pièce.
Comme toujours, on fait de notre mieux pour voir quels sont les lecteurs qui pourraient être intéressés par telle ou telle série. Pour Chat de Yakuza, on ne cache nullement le plaisir que l’on a eu de découvrir ce petit instant tranche de vie mouvementée en compagnie de ce chat à croquer et de son maître imposant. A nos yeux, on tient là une licence qui est idéale pour simplement se changer les idées et profiter d’une aventure sans grands enjeux, mais qui brille par sa faculté à nous faire sourire. C’est aussi ça qui peut faire la beauté d’une expérience littéraire. Pas besoin d’une épopée grandiose pour interpeller une personne. Il suffit parfois d’une forme d’alchimie entre certains personnages pour que l’on ait juste envie de les suivre dans leurs péripéties. C’est exactement le cas ici et il n’y a pas besoin de plus pour que l’on apprécie ce que l’on nous propose. Une œuvre qui accomplit son objectif qui est juste de nous divertir et où l’on en redemande tant cela est fait avec douceur et bienveillance. Un gag manga qui a encore beaucoup de choses à nous raconter et à nous faire vivre. Maintenant, on quitte quelque temps ce duo en se questionnant sur le prochain chapitre de leur cohabitation. Est-ce que Sabu va finalement prendre conscience qu’il n’a rien à craindre de Jin ? Ce dernier cache-t-il bien son jeu ? Qu’est-ce qui attend ce chaton pour son futur au sein de ce lieu ? Un petit bonbon que l’on recommande chaudement à tous ceux voulant juste passer un moment agréable.
N’hésitez pas à partager dans les commentaires votre propre avis ainsi que votre ressenti concernant ce premier volume de Chat de Yakuza. Appréciez-vous la dualité qui existe entre notre chat peureux et son nouveau maître effrayant ? Est-ce que vous trouvez que la série parvient à trouver un juste équilibre dans son humour ? Trouvez-vous que l’association des animaux avec cette approche mafieuse fonctionne bien et peut donner lieu à des situations encore plus délirantes ? Le fait de voir toute cette histoire du point de vue de notre petit compagnon est-il, selon vous, une bonne idée ? Qu’attendez-vous pour la suite de la licence ? On reste à votre disposition pour échanger, discuter et débattre autour de ce sujet.