Freyja : une combattante guidée par l’amour
Après un mois d’octobre qui fut sous le signe de l’effroi et de l’angoisse, il est grand temps de reprendre un de nos rendez-vous autour du jeu vidéo. Vous l’aurez compris, on va continuer notre vague sur les protagonistes de Final Fantasy IX, un opus que l’on adore de cette grande saga de Square Enix. Après avoir abordé le cas d’Eiko, je me suis longtemps questionné quel serait le personnage qui pourrait venir juste après. Il faut dire que parmi les trois derniers que je n’ai pas encore traité, il y a largement de quoi faire. Et pourtant, mon choix a fini par se porter tout naturellement sur la guerrière à la lance. Freyja est un sujet que j’avais hâte d’aborder tout en craignant de réussir à bien cerner tout ce qui fait sa force. Après tout, on est sûrement devant l’une des combattantes les plus intéressantes à analyser de toute l’équipe au vu de son parcours et de son passé. Cette redoutable assaillante n’était pas forcément mon personnage préféré lors de ma première découverte et c’est, comme pour beaucoup, en refaisant le jeu que j’ai pu déceler toute la force qui se cache derrière. L’heure est donc venue d’accompagner Freyja dans sa quête du grand amour qui ne conduira qu’à des larmes.
Une redoutable guerrière
Avant d’attaquer le cœur de notre sujet, il est important de s’attarder sur notre premier contact avec cette représentante de Bloumécia. Ce chevalier dragon apparaît alors que l’on séjourne à Lindblum et que Djidane se rend dans une taverne pour se détendre. C’est là qu’il retrouve ce qui semble être une vieille connaissance en la personne de Freyja. Ce qui est bien dès cet instant, c’est que l’on nous montre qu’il semble y avoir un petit passé commun entre les deux sans pour autant que l’on ne sache réellement comment notre héros et sa camarade ont pu se rencontrer. Juste en faisant ça, on forme un background alors même que l’on ignore totalement ce qui a bien pu se passer. Cela donne une vie à ces personnages dont l’existence ne commence pas uniquement au moment où le joueur fait leur connaissance. En plus de ça, cela nourrit le côté mystérieux de la jeune femme qui va réellement montrer de quoi elle est capable lors de la fête de la chasse. C’est elle qui va jouer le rôle de sérieuse concurrente pour obtenir la première place de cette compétition. Une occasion aussi de voir ses talents en tant que chevalier dragon, un rôle bien connu des fans de la franchise. Le fait de la voir rivaliser avec Djidane conforte le joueur concernant l’atout qu’elle pourrait devenir au sein de l’équipe. Une démonstration de ses compétences qui va préparer le terrain étant donné que l’on va ensuite l’avoir au sein du groupe pour un très long moment. En effet, dès lors que l’effervescence de cet événement redescend, la triste réalité de ce monde rattrape nos héros avec l’annonce de l’attaque d’Alexandrie à l’égard de Bloumécia. Ce lieu n’est autre que la terre natale de Freyja et l’on comprend donc qu’à peine a-t-elle rejoint nos rangs que l’on va déjà avoir un fort développement de son histoire.
A cet instant où l’on s’apprête à partir pour la caverne de Guismar, on ignore totalement ce qui nous attend et surtout la violence qui s’apprête à frapper le groupe en étant au centre de ce conflit. Tout ce que l’on voit entre notre départ de Lindblum et notre arrivée dans cette grotte est la façon dont elle peut aisément venir à bout de ses opposants. Dans notre esprit, on a ici une guerrière qui peut frapper très fort et dont les capacités uniques peuvent l’amener à se protéger pendant un tour avant de faire un assaut ravageur. Là où Dagga avait avant tout un rôle de soutien, Freyja devient une arme supplémentaire pour terrasser les plus gros ennemis que l’on rencontre. Un élément qu’il ne faut pas négliger, car il faut comprendre qu’à ce moment précis de l’histoire, Steiner n’est plus là et que la principale force brute réside chez Djidane tout en gardant la puissance magique à Bibi. Si l’on peut recruter Kweena à ce moment de l’intrigue, Freyja va justement représenter un juste équilibre entre agilité, puissance et techniques efficaces. D’un point de vue purement vidéoludique, cette combattante représente un ajout considérable pour le groupe qui va devoir se confronter à bien des adversaires. Mais l’écriture de Freyja va prendre un tout autre tournant dès lors que l’on arrive aux abords de Bloumécia. On va alors comprendre que par rapport à l’ensemble des personnages jouables, elle est sûrement celle qui a perdu le plus de manière directe. Là où l’on nous conte les stigmates de chaque protagoniste qu’ils ont pu vivre par le passé, ici nous sommes au contact de ces pertes qui vont détruire ce chevalier dragon qui, même si elle a quitté sa patrie depuis des années, continue de se battre pour les siens.
La perte des siens
Ce titre est malheureusement bien réel au vu de ce que le conflit entre Alexandrie et Bloumécia va engendrer pour Freyja. Comme on nous le présente assez tôt dans l’aventure, cette dernière est partie de chez elle dans le but de suivre les traces de son mentor qu’elle a toujours aimé. Un chevalier dragon qui a disparu du jour au lendemain et dont la jeune femme n’a jamais pu oublier le visage. C’est ainsi que l’on fait la connaissance de cette vagabonde qui a préféré suivre un désir personnel que d’accomplir son devoir auprès des siens. C’est finalement suite à l’attaque des mages noirs qu’elle va devoir renouer avec son passé et que son désir de protéger son foyer se fait sentir. Mais chaque avancée que l’on fait, d’abord dans la caverne de Guismar et ensuite Bloumécia, nous montre la triste vérité. Les survivants se comptent sur le bout des doigts et c’est tout un peuple qui se fait éradiquer. Celui de Freyja et malgré la rage qui l’assaille au vu de ce terrible spectacle, c’est avant tout le désespoir qui se fait sentir en elle. A ses yeux, elle se demande constamment si elle n’aurait pas pu empêcher ça ou au moins sauver plus de monde si elle n’était jamais partie de chez elle. Là où les autres protagonistes voient un effroyable massacre, ces corps et ce sang résonnent encore plus fort dans le cœur de cette combattante. Elle a beau lutter de toutes ses forces, elle se sent impuissante face aux souffrances de ses congénères. Même si le parcours du joueur peut l’amener à sauver quelques âmes perdues, cela semble si peu par rapport à l’atmosphère macabre qui se dégage de ces ruines. La destruction de Bloumécia provoque aussi une fissure en cette lancière. Ce qui est encore plus grave pour elle, c’est qu’elle va aussi constamment se comparer à son mentor et amant.
Au fur et à mesure que l’on progresse, le souvenir de Fratley envahit un peu plus l’esprit de son ancienne disciple. En plus de porter le fardeau de toutes ces vies arrachées, Freyja doit aussi supporter sur ses épaules l’ombre de son prédécesseur. C’est cette résonance qu’il y a entre ce qui se passe devant nous et dans le cœur de notre amie qui fait que l’on est autant détruit par ce qui se passe. La guerrière qui semblait invaincue laisse finalement entrevoir une jeune femme pleine de faille, mais qui n’en est que plus marquante tant elle se bat pour dissimuler tout ça et enfin espérer être à la hauteur. Une image qui reflète parfaitement ça est suite à notre défaite face à Beate. Si l’on voit l’ensemble du groupe se retrouver à terre suite à cet échec, c’est bel et bien le plan ou Freyja tente vainement de se redresser qui nous marque. La pluie de son royaume natal s’abat sur elle comme si le poids qui pesait sur ses épaules redoublait d’intensité. D’ailleurs, il est intéressant de voir le petit lien qui peut exister entre Beate et Freyja. Deux guerrières qui ont dédié leur vie à leur art et qui vont finalement être portées par les mêmes valeurs, à savoir l’amour et l’envie de protéger leur pays. On veut constamment, à travers notre avancée, venir briser cette image de combattante imperturbable pour montrer que derrière ces talents martiaux se dissimule une demoiselle en proie à de terribles souffrances. Dans un sens, il est à la fois assez fort et osé d’avoir montré l’anéantissement de quasiment tout un peuple à travers cet opus. On souligne ainsi l’horreur de cette guerre qui ne laisse que le malheur pour ceux qui restent. C’est ce que l’on peut ressentir dans le cœur de Freyja qui, même après avoir décidé de continuer d’avancer, va aussi assister à la destruction du deuxième refuge de son peuple. Face à la perte de Bloumécia et Clayra, Freyja voit son être se déchirer même si ses quelques compatriotes arrivent à survivre. Une effroyable épreuve qui n’est qu’une partie du malheur qu’elle va devoir surmonter pour aller de l’avant.
L’oubli, une terrible souffrance
Si l’on a déjà pu évoquer précédemment à quel point Freyja a subi énormément de cicatrices tout au long de notre périple, la plus violente d’entre toutes n’a pas encore été abordée. En effet, s’il y a une chose qui va aussi servir de moteur à notre protagoniste pendant une bonne partie de son périple est son amour à l’égard de Fratley. Ce dernier est considéré comme le plus remarquable des chevaliers dragons. Personne ne semblait pouvoir se mesurer à lui et pour la jeune Freyja, il y avait un mélange d’admiration et de sentiments dès lors qu’elle posait le regard sur lui. Même quand celui-ci s’apprête à partir pour un long et périlleux voyage, elle ne peut refouler ses émotions. Elle clame haut et fort qu’elle finira par le retrouver et être digne de ses talents, mais aussi afin de s’unir à lui. C’est donc pour cet amour qu’elle va laisser derrière elle sa nation et errer pendant bien longtemps sans jamais trouver la trace de son ancien mentor. C’est dans cette quête de recherche de son amant que l’on retrouve donc Freyja à Lindblum. On aborde alors un sujet qui s’avère finalement assez fréquent dans l’univers de FFIX qui n’est autre que l’amour. En effet, si cet opus se consacre à des thèmes complexes comme la guerre, la quête d’identité ou l’existence même, ce sentiment qui fait battre le cœur de chacun est aussi au centre de la tourmente. Il suffit de voir les interactions entre Djidane et Grenat pour le comprendre ou bien même Steiner et Beate. Cependant, dans les précédents cas, il est toujours question de quelque chose de positif là où Freyja va avoir un rapport beaucoup plus tragique avec ce sentiment. Elle n’a quasiment vécu que pour être auprès de l’homme qu’elle aime et sa vie se limitait quasiment à cet unique but.
C’est finalement en arrivant à Clayra qu’elle va retrouver Fratley. Ce qui devait être un symbole de réjouissance au milieu de tout ce chaos pour la guerrière va finalement se transformer en un terrible coup d’épée. Celui qu’elle a poursuivi pendant si longtemps a totalement oublié son passé. Il ne s’agit pas d’une volonté de sa part, mais d’une amnésie violente qui va percer le cœur de la combattante. En fait, que ce soit sur le plan de son devoir ou de son amour, Freyja n’a connu que de redoutables déconvenues. C’est là que sa phrase prend tout son sens : “Rien n’est plus douloureux que l’oubli”. Elle a tenu chaque jour en espérant que ses problèmes disparaîtraient le jour de ces retrouvailles. Malheureusement, tout ce qu’elle voit devant elle est sa moitié qui n’arrive même pas à se rappeler son visage. Au final, Freyja représente cette crainte que plus personne ne se souvienne de nous. C’est à travers les souvenirs qu’un nom n’est jamais oublié et pour cette guerrière, le pire coup qu’elle pouvait recevoir était que l’être qu’elle aime le plus au monde finisse par la chasser de son esprit. C’est vrai que l’on pourrait croire que cela n’est que peu de choses au vu des drames qui ont lieu tout au long de cette aventure. Cependant, cela reflète à quel point Freyja est un personnage débordant d’humanité et dont l’unique lueur d’espoir et de réconfort qu’elle nourrissait dans ce sinistre monde a fini par voler en éclats. Une jeune femme guidée par son coeur et dont l’envie était de subsister à travers les yeux de son amant, mais qui doit finalement trouver une autre voie au milieu de tout ce chaos. La reconnaissance et surtout que d’autres se rappellent de nous sont des sujets bien présents dans toute l’équipe. Bibi cherche à exister et donc à ce que sa vie ait un sens auprès des autres, Grenat doit laisser son empreinte en tant que future reine et même Djidane va finir par se questionner sur ce qu’il laissera derrière lui. Freyja est juste celle qui exprime le mieux cette partie humaine de cet épisode et alors qu’Alexandrie attaque l’arbre géant de Clayra, on ne peut s’empêcher d’avoir une larme pour cette guerrière qui vient de voir son monde s’écrouler en quelques minutes.
Freyja et son nouveau but
J’avais très à cœur de parler de Freyja, car c’est un personnage avec lequel j’ai un rapport très singulier. En effet, ma première partie, comme souvent, m’a fait passer à côté de toute l’écriture de ce personnage. Ce n’est qu’au fil de mes sessions que j’ai vraiment pu découvrir toute la richesse se cachant derrière ce membre de l’équipe. J’ai compris et partagé toutes les souffrances qu’elle a pu connaître tout au long de ce périple qui ne laisse personne indemne. On dit souvent que certains protagonistes ont énormément souffert durant cet opus comme Bibi et son parcours déchirant ou bien Djidane et son développement. Mais Freyja est peut-être celle qui a le plus perdu dans cette aventure. Une combattante remarquable, mais qui n’a pu empêcher le massacre des siens et dont l’être qu’elle chérissait le plus a fini par l’oublier. Malgré cela, elle continue d’avancer et de se battre pour une nouvelle cause qui dépasse tout ce qu’elle a connu. Sa lance se dresse face à ceux qui ont commis tous ces crimes et va l’amener à côtoyer d’autres personnes ayant aussi été mises à mal par ce monde pouvant à la fois être beau et dramatique. On partage toutes les souffrances de cette demoiselle qui va pourtant réussir à se relever grâce à ses compagnons et surtout cette envie de croire que derrière ce rideau de pluie se trouve un avenir plus radieux. C’est en touchant le fond qu’elle va prendre conscience de ce qu’elle doit accomplir pour trouver sa place en ce monde.
Elle avait tiré un trait sur sa vie, son passé et son enseignement de chevalier dragon pour suivre un homme. C’est suite à toutes ces déconvenues qu’elle brandit son arme pour enfin être digne de ce titre qu’elle porte et lutter pour ceux qui ne peuvent affronter ces ténèbres. Elle fait une croix sur cet amour perdu, mais conserve la flamme de son mentor. Tout ça dans le but de porter fièrement cet héritage qui fait partie d’elle et qui est sa manière à elle de faire perdurer le souvenir de ces moments perdus. Freyja est une combattante beaucoup plus intéressante qu’on ne pourrait le croire et qui, pendant une longue période de l’aventure, va avancer sur un maigre fil l’empêchant de sombrer totalement dans le désespoir. Il est captivant de voir à quel point son traitement fut soigné tout au long de cette épopée entre son rapport avec les autres membres de l’équipe, son envie de se surpasser et le fait de perpétuer la mémoire de son peuple. J’espère en tout cas que cette chronique sur cette impressionnante dame vous aura permis de vous faire voir d’un autre œil cette recrue au sein de l’équipe. Un personnage qui a tout perdu et qui doit entamer un long et éprouvant combat pour que l’espoir fasse son retour. N’hésitez pas à me dire dans les commentaires vos souvenirs sur Freyja ainsi que votre ressenti concernant ce personnage tout au long de votre propre excursion dans le monde de Final Fantasy IX. Il ne reste plus que deux individus à évoquer avant de clore cette vague.
J’ai toujours aimé Freyja et les moments à la Caverne de Guismar, Bloumécia et Cleyra m’ont bien bouleversée la première fois. Mais à chaque fois que je rejoue à FF9, j’éprouve toujours autant de peine pour le peuple de Bloumécia. Freyja est un personnage génial et touchant. Comme ça été dit dans l’article, elle a tout perdu, son peuple et son amour
et il y a de quoi être brisé, mais elle arrive à aller de l’avant. Quand je vois dans le CD3 qu’elle retrouve deux compatriotes à Lindblum et qu’ils sont remplis d’espoir, ça m’émeu. D’ailleurs, lors de ma dernière partie, j’en ai eu les larmes aux yeux.
Le thème musical de Freyja cerne parfaitement la demoiselle, j’ai voulu en faire un article (je vais d’ailleurs y glisser un lien vers cet article. Ca me fait plaisir et c’est une très belle analyse et présentation de Freyja).
Merci pour ce bel article consacré à notre souris préférée !
Merci beaucoup Nana pour tes mots et je suis heureux que l’article t’ai plu.
J’ai vraiment voulu retranscrire tout ce qui fait la force de l’écriture de Freyja et il est vrai que l’on ne peut s’empêcher d’être ému en voyant son tragique parcours.
[…] conseille également cet article soigné aux petits oignons d’Esprit […]