Tarask

L’acharnement de Tarask

On se rapproche petit à petit de la conclusion de notre toute première “Vague” gaming dédiée aux protagonistes de FFIX. En effet, il ne nous reste que deux personnages à traiter avant de clore ce chapitre. On était donc tiraillé entre parler de la princesse d’Alexandrie ou bien du célèbre mercenaire à la crinière rouge. Notre choix s’est finalement porté sur ce dernier, car on s’est dit que l’on pourrait garder Grenat comme point final à cette succession d’articles. Cela ne veut pas dire que Tarask a moins à dire. Au contraire, il est très intéressant de voir que même s’il est le dernier combattant à rejoindre le groupe, il arrive pourtant à nous raconter beaucoup de choses. Pourtant, il est vrai que celui qui prend un peu le rôle du ninja dans le groupe peut sembler assez énigmatique et même silencieux sur son passé. Il faut vraiment faire attention à chaque dialogue et débloquer certains échanges pour pleinement prendre conscience de ce qui se cache réellement derrière lui. Un protagoniste que j’ai toujours adoré au départ pour sa puissance et qui a fini par devenir un individu dont j’apprécie son rapport avec les autres. L’heure est donc venue d’accompagner cet homme aux griffes acérées dans son plus gros contrat.

Un ennemi comme allié

Ce qui est important de noter dans un premier lieu, c’est que Tarask ne suit pas exactement le même cheminement de recrutement que les autres personnages. S’il s’inscrit dans l’intrigue principale, il est avant tout présenté comme un adversaire à abattre. Il fait partie de ces mercenaires engagés par la reine Branet en même temps que Lamie afin de récupérer le pendentif de Grenat et éliminer Bibi. D’ailleurs, il prend le temps de demander s’il peut éliminer Djidane. Une demande intrigante, car à ce moment du jeu on ne sait pas du tout s’il peut y avoir un lien entre les deux. Cela ajoute une énigme autour de cet homme qui semble concentrer son attention sur le voleur du groupe. Une première apparition qui éveille donc notre intérêt même si celle-ci est courte et que l’on ne reverra celui qui est surnommé comme “Le Rouge” que bien plus tard. En effet, il faudra attendre d’être à Madahine-Salee pour finalement croiser sa route avec le reste de l’équipe. Dans un sens, ce laps de temps peut presque nous faire oublier son existence étant donné que l’on a déjà eu l’occasion de se battre avec Lamie alors qu’il restait dans l’ombre. C’est finalement en voyant sa congénère mercenaire prendre en otage Eiko que Tarask fait une entrée remarquée. Ce petit passage est important, car si l’on se doute que l’on va se frotter à lui, il fait preuve d’un certain sens de l’honneur en refusant de s’abaisser à ce genre de tactique. Il va même jusqu’à défier en duel Djidane pour régler ça. De ce fait, on commence à voir se dessiner la personnalité de cet homme qui, même s’il est à cet instant un ennemi, nous laisse avoir une forme d’admiration à son égard. Finalement, on arrive à le vaincre et le chef de l’équipe refuse de donner le coup de grâce. 

Cette miséricorde semble incompréhensible pour le vaincu qui a toujours vécu selon la règle du plus fort. C’est à partir de ce moment qu’il va finalement accompagner le reste de la team dans leur périple sans pour autant être totalement rattaché à elle. Il faudra encore attendre bien des épreuves pour qu’enfin il décide de faire partie intégrante de la troupe. Le fait d’avoir imaginé un tel personnage qui passe du statut d’adversaire à celui d’allié potentiel est très intéressant. En effet, on remarque assez rapidement la puissance dont fait preuve Tarask et l’atout qu’il peut représenter pour la suite de l’épopée. Malgré tout, son côté insondable fait que l’on se questionne longtemps sur sa présence finale dans l’équipe. Est-il vraiment un compagnon en qui on peut avoir confiance ou bien un homme prêt à bondir sur Djidane au vu de son intérêt pour ce dernier ? Une situation qui fait qu’instinctivement notre regard de joueur va se porter fréquemment vers cet homme. Une façon intelligente d’amener la lumière sur ce guerrier sans pour autant que l’on puisse en apprendre davantage du fait de son mutisme récurrent. Une énigme qui va nous aider, mais dont on ne peut s’empêcher d’avoir le sentiment qu’il évalue l’ancien Tantalas. Malgré cela, on ne peut s’empêcher de voir en lui un combattant redoutable qui peut se montrer vif et aussi très utile avec sa capacité à lancer des objets. Ainsi, le joueur est tiraillé entre son envie de faire appel à ses services et l’inquiétude de le voir partir un jour du fait de ce rôle si ambigu de Tarask. Cependant, c’est en progressant dans l’histoire que l’on va finir par comprendre la personnalité de cet individu qui a bien des raisons de vouloir connaître l’origine de la force de ce groupe.

FFIX - Tarask

Son envie de faire ses preuves

Quand on s’attarde un tant soit peu sur le personnage de Tarask, on se rend compte de plusieurs choses. Tout d’abord, il est clairement un homme qui s’est toujours acclimaté à une vie solitaire plutôt que de compter sur d’autres personnes. Cela est très bien représenté dans sa manière de voir le groupe. Au début, il en fait partie, mais presque comme un observateur ne voulant pas se mêler aux autres. Lui qui a toujours compté uniquement sur ses propres compétences ne peut accepter l’idée que l’on puisse confier sa vie à de tierces personnes. C’est en cela que le mercenaire nous intrigue. S’il est là, ce n’est pas uniquement concernant Djidane. Il veut en apprendre plus sur cette notion d’équipe et surtout comparer ça à cette force qu’il a cultivé pendant des années seul de son côté. A travers lui, on oppose les efforts d’une personne à une avancée collective. Dans un sens, sa vision n’est pas dénuée d’intérêt. Après tout, il montre qu’il faut avoir confiance en ses propres capacités pour s’en sortir. Il est un pro en ce qui concerne le fait de survivre de son côté. Cependant, il se montre assez naïf quand il s’agit de voir l’intérêt d’avoir un entourage. Ainsi, il va être, pendant un long moment, la représentation du guerrier errant qui n’arrive pas à cerner l’attrait de vivre en compagnie de compagnons tant ils peuvent être un fardeau à ses yeux. Il se présente donc comme un observateur silencieux, mais aussi un juge qui n’hésite pas à remettre en cause les actes de Djidane et de ses amis. Cela se voit quand la reine Branet se confronte à Kuja par exemple. Il ne cesse de s’interroger sur la portée de ses actes qui vont à l’encontre de sa propre vision des choses. En tant que joueur, on observe ça et l’on ne peut s’empêcher de voir le fossé se creuser au fil des heures.

Cela nous conforte dans l’idée que tout va finir par se briser entre le mercenaire et le reste de l’équipe. Pourtant, il y a quelque chose de plus fort qui en ressort. Tarask aurait très bien pu partir plus tôt au vu de son refus d’accepter la philosophie du groupe. Malgré tout, il reste et va continuellement chercher à prouver ses capacités et sa supériorité aux autres. Une manière d’imposer son mode de vie, mais surtout de se réconforter dans l’idée qu’il n’est pas dans l’erreur. Voilà pourquoi sa phrase colle si bien à son personnage : Mon désir ? Mes capacités ? Veux-tu que je te les montre à l’instant ? Il est constamment dans cette recherche de l’acceptation de sa valeur. En voulant défier Freyja, il veut montrer qu’il est plus puissant qu’elle et que son chemin est le bon. Pareil dans le château d’Ypsen où il décide de faire cavalier seul afin de montrer qu’il arrivera au bout du donjon sans l’aide de personne. Dans un sens, cela exprime très bien cette incapacité de sa part à être sûr de lui. Ce qu’il pensait comme acquis pendant de nombreuses années finit par être ébranlé au contact de ces personnages qui ne cessent de progresser. Il a du mal à se remettre en question et préfère se renfermer dans ce qu’il croit juste. Quand on ouvre les yeux sur ça, on ne peut s’empêcher d’avoir une certaine empathie à son égard. Il représente cette peur d’être dans l’erreur et de croire que tout ce que l’on a pu construire auparavant n’est finalement pas plus solide qu’un château de cartes. Un homme bourru dont l’assurance visible dissimule en réalité de nombreuses interrogations sur lui-même. Plus on avance dans le jeu et plus il finit par ouvrir les yeux sur la force qu’il peut obtenir auprès de ceux qui combattent à ses côtés. Un combattant qui doit chuter pour mieux se relever en acceptant la main qu’on lui tend.

Sa dualité avec Djidane

Mais il y a un autre élément qui est important à analyser quand il est question de Tarask. Il s’agit de sa dualité avec Djidane. En effet, s’il a une forme d’obsession pour le voleur à la queue simiesque, ce n’est pas pour rien. On apprend, durant notre retour à Tréno, que notre mercenaire était autrefois un employé de la salle aux enchères. Chargé de la surveillance, il avait été confronté à notre héros il y a quelques années et avait fini par être victime d’un de ses tours faisant de lui le bouc émissaire du vol qu’il avait commis. C’est ainsi qu’il est devenu un criminel recherché et que le lien s’est créé entre ces deux-là. Si notre bandit n’a que peu de souvenirs de cette nuit-là, Tarask s’en souvient très bien. Si l’on pourrait croire qu’il y a une certaine rancœur à son égard, le ressenti final est assez différent. Le mercenaire a plutôt une forme de fascination pour ce dernier. Pendant tout ce temps, il a cherché à retrouver la trace de celui qui lui avait joué ce mauvais tour. C’est finalement grâce à ce contrat envers Grenat qu’il peut enfin régler ses comptes. Mais ses retrouvailles vont représenter une dualité qui va nourrir leur relation. D’un côté, on a le mercenaire solitaire et de l’autre un voleur qui a su s’entourer d’alliés remarquables. Tarask veut comprendre d’où il tire toute cette énergie et même en étant devant ce travail d’équipe, il ne peut y croire. Comme on a dit plus haut, il y a cette barrière qu’il n’ose franchir, car cela signifierait qu’il fait une croix sur tout ce qu’il a connu. C’est pour ça qu’il va finalement se lancer dans ce défi au cœur du château d’Ypsen. Ce moment semble signer la scission entre les deux visions de ces deux hommes qui vont se confronter d’une toute autre façon.

Mais ce qui est le plus surprenant, c’est que Tarask va finalement l’emporter en arrivant le premier au bout de ce lieu. Cela donne un sentiment d’échec aux yeux du joueur qui se dit qu’il va devoir faire une croix sur le mercenaire. Pourtant, tout ne se passe pas comme prévu. En effet, c’est en sortant du donjon que l’on se rend compte que le gagnant de ce petit concours n’est jamais ressorti. C’est donc seul que Djidane va partir à sa recherche et va finir par le retrouver blessé. C’est ce petit moment où ils ne sont que tous les deux que l’on prend conscience réellement de ce qu’il craignait. N’ayant jamais fait confiance à qui que ce soit, il a toujours préféré compter que sur lui-même. Au contact des autres, il a pu entrevoir une autre possibilité pour vivre et il accepte l’idée que l’on puisse grandir en étant entouré d’alliés. C’est suite à cette épreuve qu’il finit par devenir un véritable camarade au sein de l’équipe. Même s’il se montre assez maladroit, il s’ouvre petit à petit aux autres et cela dénote énormément avec le Tarask que l’on pouvait suivre jusqu’à maintenant. Cela nous montre qu’en réalité, il est surtout un homme qui n’a jamais vraiment eu de contact rapproché avec d’autres personnes. L’isolement et son envie d’être le meilleur a fini par l’éloigner de toute forme d’échange humain. Ce changement va même avoir un impact encore plus fort quand on voit le revirement de situation qu’il va y avoir entre ces deux rivaux. En effet, alors que Tarask était seul et a fini par trouver une forme de famille, Djidane va faire le chemin inverse en découvrant la vérité sur son existence. L’homme à la chevelure rouge va se dresser face au désespoir de son compagnon pour le ramener vers le groupe. Une transposition diablement efficace qui montre à quel point notre héros a pu offrir une main salvatrice à son ancien ennemi et que c’est maintenant à son tour de lui venir en aide. Une résonance qui rend ce guerrier beaucoup plus touchant que ce que l’on pourrait croire au départ.

Ypsen - Tarask

Tarask balance tout

Ce qui est fascinant avec Tarask, c’est qu’il fait partie de cette catégorie de personnages dont on pourrait croire qu’il n’y a pas tant à décrypter. Pourtant, il y a un véritable travail d’écriture qui se cache derrière celui-ci. Un membre de l’équipe qui nous exprime cette part de chacun d’entre nous qui craint de s’ouvrir aux autres. Alors que le reste du groupe n’a pas tant de mal à discuter, il préfère rester dans ce silence qui le caractérise. Ce n’est pas tant pour enrichir l’image du guerrier froid et implacable. C’est avant tout pour montrer qu’il y a cette frontière qui existe entre lui et le reste de la team. Ce n’est finalement qu’en les côtoyant et en faisant face à une possible mort qu’il ouvre les yeux sur l’importance des amis. Ils peuvent être la source d’une énergie inépuisable permettant de se surpasser. Voilà un guerrier qui, pendant un long moment, à chercher à prouver son talent alors qu’il n’a jamais eu besoin de le faire. S’il est nécessaire d’avoir de redoutables combattants pour avancer dans cette épopée, cela n’a pourtant jamais été un critère pour en faire partie. Après tout, la diversité règne au sein de cette troupe. Il y a de la place pour tout le monde y compris pour un grand gaillard comme Le Rouge qui finit même par avoir du respect pour certains. Il suffit de voir sa relation avec Freyja pour déceler une forme d’admiration pour sa force, mais aussi son courage. En acceptant finalement ses compagnons de route auprès de lui, Tarask devient autant un plus grand guerrier qu’un être plus épanoui.

Comme j’ai pu le dire, j’ai toujours eu un affect particulier pour ce personnage. Bien évidemment, lors de ma première session, je le trouvais surtout charismatique et impressionnant. Un jeune joueur qui s’attardait avant tout sur la première impression sans pour autant creuser en profondeur. Mais avec les années et les diverses parties, j’ai ouvert mon regard pour voir ce qui se trouve au-delà de cette figure du mercenaire solitaire et impitoyable. Là où autrefois le château d’Ypsen était synonyme d’un donjon assez éprouvant, il y a maintenant un passage fort et poignant venant sublimer l’écriture de ce protagoniste. Dans un sens, même s’il garde son aura imperturbable et imposante, Tarask est un individu auquel on peut facilement s’identifier. Il y a toujours un moment dans la vie où l’on peut avoir ce sentiment d’être mis à l’écart. Même s’il représente l’importance de pouvoir compter sur soi-même, il est aussi l’icône de cette solitude qui peut être pesante. Son seul moyen de conserver n’est autre que par la force. Écraser ses adversaires est le moyen pour lui de s’affirmer et il aura fallu la rencontre d’un voleur farceur pour qu’il comprenne que la puissance ne fait pas tout. S’il est important de développer ses propres talents, il est tout aussi crucial d’avoir des gens sur lesquels on peut compter. C’est ce que nous exprime le combat de cet homme qui se retrouve emporté dans cette épopée par un désir purement personnel. N’hésitez pas à me dire dans les commentaires ce que vous avez pensé de Tarask et aussi votre ressenti à son égard. J’espère, en tout cas, que cette chronique vous aura plu et qu’elle vous aura offert un autre regard sur lui.

3 Comments

  • NanaCoubo dit :

    Je suis ravie de lire un article sur Tarask aussi bien détaillé. Comme le souligne l’article, on pourrait croire qu’il n’y a pas grand chose à dire sur lui quand on sait qu’il est le dernier à intégrer l’équipe et sur le tard (fin du CD2 quand même soit la moitié du jeu) mais il est intéressant de s’y pencher. En fin de compte, Tarask est un personnage assez complexe qui, malgré son désir de se prouver sa force, possède une certaine profondeur. Je pense que toute personne ayant un beau soupçon d’arrogance en elle pourrait facilement s’identifier en lui.

    • EspritOtaku dit :

      Merci beaucoup Nana !
      Je suis heureux d’avoir su retranscrire tout ce qui fait l’intérêt et la force de ce personnage bien plus complexe qu’il n’y paraît.

  • NanaCoubo dit :

    Mais au plaisir 😀 !

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