Sounds of Life tome 1 et 2 : une mélodie qui vise en plein coeur
Comme on a pu le dire un peu plus tôt cette semaine, il y a des titres que l’on attend à chaque fois avec beaucoup d’impatience après avoir découvert l’adaptation anime. Cette dernière peut se transformer alors en une formidable invitation à découvrir un univers dont on ne sait rien et qui va ensuite éveiller notre intérêt pour la découverte de l’œuvre originale. Parmi ces séries qui nous ont marqués, il y a Sounds of Life que l’on avait pu découvrir sur ADN. Notre joie fut alors immense en voyant Akata faire l’annonce de l’arrivée du manga chez nous. Une information qui a illuminé le visage de bon nombre de fans qui attendaient une telle nouvelle. C’est ainsi que cette série est arrivée il y a quelques jours dans nos librairies au travers de ses deux premiers tomes. Voulant nous emmener dans l’univers du koto, un instrument japonais, cette saga va se présenter comme une remarquable odyssée humaine où l’on va être envoûté par le destin de tous ces étudiants. Un voyage qui se veut autant sublime dans la forme que souvent dramatique dans son fond. Le temps est donc venu de s’installer et d’écouter attentivement les morceaux joués par les membres de ce club.
L’avenir du club de koto
Sounds of Life, imaginé par Amu, nous emmène à la rencontre du jeune Takezô qui fait partie du club de koto de son lycée. Après avoir malheureusement dû faire ses adieux avec ses aînées, le voilà maintenant être le seul membre encore actif. Une nouvelle année qui commence donc avec un défi de taille étant donné que le temps lui est compté pour trouver de nouveaux membres. Il lui faut quatre autres personnes pour permettre au club de perdurer sinon il sera obligé de mettre un terme à ses activités. Malgré sa grande timidité et le peu de confiance qu’il a en lui, il est porté par l’héritage de celles qui lui ont tellement appris autour de cet art. Mais même sa passion pour un tel instrument se heurte à de terribles obstacles qu’il ne peut régler seul. Pour commencer, le local du club s’avère être réquisitionné par certains délinquants qui en ont fait leur QG et qui n’hésitent pas à chasser Takezô dès que celui-ci tente vainement de leur dire de partir. A cela s’ajoute aussi la vision des autres étudiants concernant le koto. Pour eux, cette activité est d’un autre temps et personne ne semble intéresser pour pratiquer un art aussi traditionnel. Des murs bien hauts que le président du club veut surmonter, mais où il finit immanquablement par chuter devant tant de résistance. Dans son esprit commence à paraître l’idée de devoir faire ses adieux à cette salle chargée de tant de souvenirs. A cette simple idée, les larmes lui montent aux yeux tout autant que sa colère envers les autres, mais aussi à l’égard de sa propre faiblesse.
Mais il ignore alors qu’une simple rencontre va venir bouleverser son quotidien. Au sein de cette école se trouve en effet une personne qui est au cœur de bon nombre de ragots. Répondant au nom de Chika Kudô, ce jeune homme est connu pour être un bagarreur ayant déjà eu des ennuis avec les forces de l’ordre. Les histoires qui courent à son sujet peuvent, pour la plupart d’entre elles, se montrer particulièrement violentes en le dépeignant comme un voyou irrécupérable qui ne fait qu’apporter le chaos dans son sillage. Tout le monde préfère l’éviter afin de ne pas finir comme l’une de ses victimes. Si Takezô a déjà entendu parler de lui, il n’a jamais eu l’occasion de le croiser et il est bien décidé à ce que cela continue. Malheureusement pour lui, le destin peut se montrer facétieux. En effet, c’est alors qu’il tente une nouvelle fois de demander aux gens ayant investi le local du club de partir qu’il va se retrouver en mauvaise posture. Sur le point d’être agressé par ces voyous, il est sauvé in extremis par Chika qui fait une entrée pour la moins fracassante. En seulement quelques instants, cette bande finit par partir en ne laissant derrière eux que Takezô et Kudô. Pour le premier, la peur augmente en se disant qu’il se retrouve seul avec cet individu peu fréquentable. Cependant, la surprise est de taille quand celui-ci lui donne sa fiche d’inscription et annonce qu’il compte rejoindre le club. Tout se bouscule alors dans la tête du président. Voilà une demande qui va signer de grands bouleversements pour le club ainsi que tous ceux qui rejoindront leurs rangs.
Sounds of Life réussit autant à nous donner envie d’en apprendre plus à travers son synopsis qu’il parvient à ne pas trop en dévoiler. Ce qui va rapidement sauter aux yeux en se lançant dans ces deux tomes, c’est à quel point chaque protagoniste va être travaillé avec soin de la part de la mangaka. Des adolescents qui, pour la plupart, ignorent tout de ce qui les attend en intégrant ce club. On va alors être pleinement absorbé par leur apprentissage de cet art, mais aussi par les nombreuses péripéties qu’ils vont vivre au contact des autres étudiants ainsi que du corps enseignant.
Une galerie de personnages fantastique
Il est évident que la première chose qui va frapper le lecteur, avant même l’aspect musical, est l’importance de chaque personnage dans la construction du récit. Cela peut sembler classique de façonner une histoire autour de protagonistes qui nous seront plus ou moins attirants en fonction de leur écriture. Cependant, Sounds of Life va frapper un coup encore plus fort en faisant de son récit un formidable terrain de jeu pour ces individus qui vont s’ouvrir peu à peu à nous. En fait, il ne faut pas longtemps pour que l’on se rende compte que le manga cherche en priorité à nous raconter à quel point des mots peuvent détruire une personne que l’on ne connaît finalement pas. Pour prendre un très bon exemple ici, il suffit de se pencher sur Chika. On nous le présente comme un voyou sans le moindre scrupule ayant commis bien des actes effroyables par le passé. Cependant, tous ces dires proviennent de personnes tierces qui n’ont jamais réellement connu ce jeune homme. On cherche à incruster en nous une image néfaste de ce garçon alors que l’on n’a même pas encore pu le voir en action. On nous montre avec brio à quel point l’être humain peut être facilement influençable par l’avis des autres sans même chercher à connaître la vérité. C’est exactement ce qui arrive avec Takezô qui tremble à l’idée de voir un tel individu rejoindre le club. Pourtant, on va rapidement nous prouver que ces propos, qui obscurcissent le jugement, sont très loin de ce qu’il a vraiment vécu.
S’il est vrai qu’il peut se montrer brutal et qu’il a eu un passé mouvementé, ce n’est qu’en discutant avec la personne et en écoutant sa version que l’on obtient toutes les pièces du puzzle. Ce manga est avant tout l’histoire de personnages qui sont peu acceptés par leur entourage ou qui ont le sentiment de ne pas être à leur place. En intégrant le club de koto, ils découvrent un lieu où ils n’ont pas à faire semblant. Une chance de se faire accepter des autres, mais aussi de s’accepter soi-même en appréciant qui on est. Dans un sens, quand on prend du recul sur ces deux premiers volumes, on ouvre les yeux sur le profond malaise qui assaille ces protagonistes. Ayant chacun leurs propres démons à affronter, ils tentent tant bien que mal d’avancer. C’est finalement en se lançant dans cette activité artistique qu’ils vont faire le point sur ce qu’ils éprouvent et surtout réussir à exprimer ce qu’ils ont sur le cœur. Cela peut autant être leur tristesse, leurs joies et leurs rêves qui vont entrer en résonance avec cet instrument. On ne peut alors qu’être fasciné par ces gens qui nous touchent profondément. A travers eux, on peut facilement s’identifier et retrouver des moments difficiles que l’on a pu connaître. Ce qui rend cette épopée aussi belle, c’est la sincérité et l’honnêteté qui se dégagent de ce groupe au milieu de ce flot de haine incessant qu’il peut y avoir dans une école. Une bouffée d’air frais qui ne cesse de prendre de l’ampleur à mesure que nos amis retrouvent le sourire et s’améliorent dans cet art qu’est le koto.
Ainsi, Sounds of Life se démarque dans un premier temps par l’humanité qui se dégage des protagonistes que l’on suit. Un petit groupe qui se forme et dont on apprécie énormément la compagnie tant elle nous paraît chaleureuse et réconfortante, malgré tout ce que les autres peuvent dire sur eux ou leur instrument. On va aborder une partie importante de cette saga qui n’est autre que ce savant mélange entre le récit humain et la fresque musicale. Une combinaison qui va parfaitement exprimer tout ce qu’elle désire que ce soit en dehors ou sur scène. Une tranche de vie où le koto est autant un instrument fascinant qu’un moyen pour ces lycéens d’extérioriser ce qu’ils ont sur le cœur.
Une aventure humaine et musicale
Si l’on a pu aborder la force du casting et aussi de cette forte aventure humaine qui s’exprime au sein de ces deux premiers volumes de Sounds of Life, il ne faut pas oublier que l’on est devant un manga qui a aussi pour thème la musique. Cet aspect aussi est soigné tout du long de ces chapitres tout en contribuant à sublimer ceux qui jouent du koto. Pour mieux cerner ça, il faut d’abord comprendre qu’il y a deux camps qui vont vraiment se dissocier au sein de cette lecture. D’un côté, on a les joueurs expérimentés et de l’autre les novices où l’on va très souvent se retrouver. Ainsi, il arrive souvent que la série se montre pédagogue à travers le savoir des plus connaisseurs pour nous transmettre la subtilité de cet instrument, mais aussi ce qui le rend si unique. Si l’on va être subjugué par certaines planches qui représentent toute la splendeur de certains morceaux, le koto va surtout être utilisé comme une extension des émotions de nos personnages. Bien évidemment, il va y avoir un aspect théorique et scolaire dans les premiers échanges. Cependant, on va rapidement se tourner ensuite vers ce que cet art peut amener pour ceux qui se lancent dans cette aventure. On observe avec attention ce qu’ils cherchent à transmettre par ces quelques notes qui résonnent à nos oreilles alors que tout reste finalement sur le papier. Il va alors se passer quelque chose de très fort tout au long de cet apprentissage du koto.
On va être autant ébloui par la prestation de ces membres que touché par ce qu’ils racontent au rythme de ces notes. Il y a une véritable volonté de présenter cet instrument traditionnel comme un art pouvant capter toute l’attention du public tout comme un remarquable moyen d’expression. Si l’on n’a pas encore attaqué les grandes représentations, il y a quelque chose de fascinant à simplement suivre du regard les entraînements de ces adolescents. Chacun de leur progrès sonne comme une petite victoire retentissante à l’égard de leur maîtrise de cet art, mais aussi face à ce monde qui méprise autant leur activité que ceux qui la pratique. Plus le temps passe et plus on est le témoin privilégié de ce que cette équipe est capable de concrétiser par leur cohésion, mais aussi leur entraide. Même s’il y a certains conflits qui ont lieu, cela est finalement plus du fait de ces fortes personnalités qui n’ont jamais vraiment su comment se comporter avec d’autres personnes. Il suffit de voir notre trio principal pour cerner cela. Ils ont tous connu des défis terribles ou un passé éprouvant qui ont fini par jouer sur leur relation avec le monde qui les entoure. En entrant dans ce petit local qui ne paie pas de mine, ils trouvent un foyer réconfortant et souvent mouvementé, mais qui leur apporte tellement sur le plan personnel. Un bonheur sans nom s’exprime en contemplant tout ce petit groupe se construire et se renforcer au fil de ces répétitions qui vont leur servir à donner vie à des morceaux qui toucheront en plein cœur leur auditoire.
Sounds of Life partait déjà avec beaucoup d’attentes de notre part au de notre appréciation de l’anime. Le charme a fonctionné à merveille tant on a retrouvé avec joie tous ces personnages si attachants et réconfortants que l’on a appris à aimer. Même si leurs premiers échanges sont loin d’être sous le signe de la camaraderie, on entrevoit ce qu’il y a réellement derrière toutes ces chamailleries. Des adolescents qui n’arrivent pas à exprimer pleinement ce qu’ils ont sur le cœur et qui vont finalement réussir à s’ouvrir aux autres à travers cette activité commune. Les premières notes d’un morceau qu’ils sont les seuls à pouvoir créer.
Sounds of Life résonne doucement à nos oreilles
Il n’y a pas à dire, Sounds of Life a su répondre à bon nombre de nos attentes avec ces deux premiers volumes. Si l’on était déjà familier de l’univers à travers l’anime, on a pu ici pleinement apprécier le trait de la mangaka qui joue énormément sur la beauté de ce récit et sur la portée émotionnelle qu’il a. Il ne faut pas prendre cette licence comme une simple découverte d’un instrument qui nous semble bien loin de tout ce que l’on peut connaître. Si l’aspect culturel et traditionnel est bien présent, il s’agit avant tout d’une œuvre qui utilise la musique comme un moyen de sublimer l’écriture déjà fantastique des nombreux acteurs de cette pièce. On ne peut rester de marbre devant le combat de ces jeunes gens qui auraient très bien pu se contenter de faire leur scolarité sans faire de vagues. Cependant, ils se sont tous réunis au même endroit pour en apprendre plus sur cet art musical et par ce biais faire une introspection sur eux-mêmes. Sans même le savoir, ils finissent par s’attacher à ce groupe qui a beau connaître beaucoup de bas, reste quand même une bulle réconfortante pour chacun d’entre eux. Voilà un manga qui nous conte avec brio la quête personnelle de tous ces êtres qui se sentent perdus dans un environnement qui ne veut pas d’eux. Considérés presque comme des parias, ils finissent par trouver le bonheur dans ce local qui leur ouvre de nouvelles portes. Une remarquable et époustouflante tranche de vie qui s’adresse directement au cœur du lecteur.
C’est donc avec beaucoup de joie que je peux vous dire que Sounds of Life est un très gros coup de cœur. Une excellente série pour débuter l’année et dont il faut souligner d’ailleurs l’excellente décision de sortir les deux tomes en même temps. Cela permet de mieux s’imprégner de l’atmosphère qui règne dans le club, des thèmes propres à chaque personnage et surtout la mise en place du premier gros défi de nos protagonistes. La mangaka a su nous proposer une brochette d’acteurs et d’actrices remarquables et surtout débordante d’une sincérité qui ne peut laisser de marbre le lecteur. On a envie de partager toujours plus de moments en leur compagnie, de les soutenir et aussi de montrer à tous de quoi ils sont capables. Si la partie musicale est bien rythmée et intéressante plaira à certains lecteurs, l’aspect humain de la série quant à elle saura parler à énormément de gens. Que l’on soit familier ou non du koto ou même du manga de manière générale, voilà un ouvrage qui a tout pour séduire le plus grand nombre. A présent, il est temps d’évoquer les multiples questions qui nous trottent dans la tête. Est-ce que le club de koto va réussir à survivre face à toute la haine qu’il semble soulever ? Assisterons-nous à l’arrivée de nouveaux personnages au sein de ce groupe ? Que donnera la première représentation de ces jeunes joueurs face à un public qui n’apprécie guère cet art ? Il nous tarde de voir comment vont s’épanouir tous ces personnages.
N’hésitez pas à partager dans les commentaires votre propre avis ainsi que votre ressenti concernant ces deux premiers volumes de Sounds of Life. Avez-vous été conquis par cette découverte du koto ainsi que par le quotidien de ce club ? Trouvez-vous que l’autrice parvient à retranscrire toutes les nuances et émotions qui peuvent constituer la personnalité de ses personnages ? Avez-vous eu une profonde sympathie pour ce groupe qui partait très mal au départ ? Est-ce que vous avez été convaincu par l’aspect musical de la série au travers des planches de cette artiste ? Qu’attendez-vous pour la suite de la licence ? On reste à votre disposition pour échanger, discuter et débattre autour de ce sujet.
© 2012 Sakura Amyu, Shueisha
Bon je pense que je vais me procurer les deux premier tomes parce que c’est le deuxième article que je lis qui parle de ce manga. Ca me parle bien !
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