Shiva : l’impératrice des glaces
Cela fait un moment depuis le temps où je vous ai parlé d’invocations dans Final Fantasy. Après avoir parlé longuement de Bahamut dans une précédente chronique, je vous ai demandé quel serait le prochain à être le sujet d’un article. C’est finalement une entité qui a marqué le parcours de nombreux joueurs qui a été retenu. Une femme dont la présence suffit à glacer tout ce qui se trouve autour d’elle. Il s’agit bien sûr de Shiva, l’eidolon maîtrisant le froid et tout ce qui s’en rapproche. Je me suis longuement posé la question de comment aborder cet être surnaturel étant donné que l’on n’a finalement que peu d’informations sur elle à travers les divers épisodes de la franchise. Cela peut paraître paradoxal, mais il y a autant à dire sur cette créature dans la façon qu’elle a marqué la licence et les joueurs que sur le fait qu’elle n’a finalement été que peu mise en avant à travers la licence. Il est donc grand temps de voir ce qui peut se cacher derrière cette aide non-négligeable dans les diverses aventures de la saga. Une femme resplendissante et qui va s’avérer d’un grand soutien.
Une reine présente depuis longtemps
Quand on entend parler de Shiva pour la première fois, il faut comprendre qu’elle fait partie de ces invocations qui ont été les premières à être introduites dans Final Fantasy. Si l’on avait vu auparavant que Bahamut avait déjà eu le droit à une petite présence dans le premier opus, c’est réellement dans le troisième épisode que ces entités vont prendre part au combat. Ainsi, nous allons faire la connaissance de ces êtres qui vont devenir cultes comme Shiva ou Ifrit. Concernant celle qui est notre sujet du jour, il faut tout d’abord souligner à quel point elle dénote par rapport à ses compères. En effet, là où une grande partie des invocations sont présentées comme des créatures impressionnantes à la puissance destructrice, Shiva se rapproche bien plus de l’être humain. Ayant majoritairement la forme d’une jeune femme séduisante et charismatique, elle se rapproche de l’Homme du point de vue du physique. Mais c’est uniquement par ça qu’elle va être similaire à la condition des mortels. Il ne faut pas longtemps pour comprendre que ce corps recèle un pouvoir extraordinaire et qui fait de la glace l’élément naturel de Shiva. Allant de pair avec son teint bleuté, elle maîtrise cet élément comme si c’était quelque chose d’aussi naturel que de respirer. Là où certaines invocations vont connaître diverses transformations au fil des opus, notre princesse des glaces reste très fidèle à cette apparence qui fut la sienne à l’origine. Dans l’esprit du joueur, elle reste éternellement cette impératrice faisant souffler un vent glacial sur le champ de bataille. Ce qui est intéressant, c’est justement que Shiva est rarement associée seule étant donné qu’elle va très souvent de pair avec son homologue de feu, Ifrit.
Étant en opposition à travers leur élément respectif, ils sont pourtant symbolisés comme des invocations que le joueur va rapidement pouvoir acquérir. Une dualité qui a son importance dans la manière de percevoir ces entités, mais aussi de les représenter dans notre esprit. En effet, plus on est habitué à Ifrit et plus on s’attend à le voir prendre diverses formes bestiales ou même démoniaques qui collent à cette image des flammes infernales qui le constituent. De l’autre côté, Shiva est indissociable de cette élégance et de ce charme naturel qui nous font la percevoir comme une reine que rien ne peut ébranler. Pour ce qui est de sa présence, il faut savoir que cette invocation a toujours eu une présence, plus ou moins importante, dans chaque titre, y compris spin-off, depuis le troisième opus. On va alors pouvoir la découvrir comme simple compagnon d’armes dans la majorité des épisodes. Certaines fois, elle réussit à nous raconter des choses intéressantes comme dans FFVI FFVII Remake ou possiblement dans le futur FFXVI. De même, son attaque signature “Poussière de diamant” est aussi devenue culte autant pour la force qui en résulte que la manière dont elle lance cette redoutable attaque. En fait, quand on y réfléchit bien, Shiva est une entité qui n’a que peu de présence écrite dans toute la saga et qui pourtant est parvenue à s’inscrire dans l’esprit des fans comme un élément culte de Final Fantasy. Mais pourquoi ? Eh bien, il existe plusieurs raisons et l’une d’entre elles n’est autre que tout ce qui façonne l’identité du personnage. Une iconographie autour de cette dernière qui fait qu’il suffit d’un simple regard pour comprendre que l’on est face à Shiva et à personne d’autre. Une reine unique et qui a su montrer bien des visages derrière cette brume gelée qui l’entoure.
Une figure d’élégance et de puissance
Pour en revenir à ce qui fait l’essence même de Shiva, il faut revenir en arrière. Lors de notre première rencontre avec elle, c’est en tant qu’invocation dans Final Fantasy III. C’est cet opus qui a rendu possible l’utilisation de ces êtres qui nous paraissaient incroyables par rapport à ce que l’on a pu connaître par le passé. Il est vrai que la magie a toujours fait partie intégrante de Final Fantasy. Mais là, on se retrouvait à avoir la capacité de faire appel à des êtres dépassant tout ce que l’on pouvait imaginer. Un glacier X peut être impressionnant, mais ce n’est rien face à cette sorte de déesse qui descend sur ces terres pour faire étalage de ses capacités. C’est ce en quoi les chimères sont aussi importantes aux yeux du lecteur. Ils sont une récompense en soi qui donne un sentiment de force pour surmonter les obstacles à venir. Une sensation qui n’a fait que grandir alors que les eidolons n’ont eu de cesse de gagner en importance. Pour en revenir à Shiva, elle dénote très clairement par rapport aux autres de ses congénères comme on a pu le dire auparavant. Là où on a l’habitude de voir des entités impressionnantes, cette fois on se retrouve avec une femme élégante et pourtant dotée d’une force incommensurable. Il y a donc un savant mélange qui se fait entre cette élégance naturelle propre à cette impératrice des glaces et ce pouvoir qui sommeille en elle. Ainsi, le premier contact que l’on va souvent avoir avec Shiva, peu importe l’épisode, est d’être subjugué par la beauté et le charisme du personnage pour ensuite être témoin de ce qu’elle est capable de faire. On est face à un être qui joue aussi sur cette notion de séduction pour attirer le regard sans pour autant que cela soit poussé à l’extrême.
Il y a un juste milieu qui est trouvé afin que l’on ait l’impression d’avoir en face de nous une reine dépassant l’entendement humain et dont il est impossible de détourner le regard. Quand on compare une nouvelle fois avec son homologue de flammes, c’est tout le contraire qui se joue. Ifrit est souvent une boule de muscles qui ne fait pas dans la dentelle et exprime rapidement son désir de destruction. Pour Shiva, c’est un sentiment différent qui se passe et c’est là que l’on entre dans une partie importante de la conception du personnage. J’ai pu parler un peu avant de son côté sublime qui fait partie intégrante de son identité. Pourtant, son iconographie ne se contente pas de ça. Si l’on demande à des joueurs de nous dire ce qui leur vient en premier quand on parle de Shiva, il va y avoir plusieurs réponses qui reviennent. Une femme contrôlant la glace, pouvant à la fois être froide et intouchable quand on pose les yeux sur le premier abord, mais qui arrive à faire preuve d’une certaine étincelle dans le regard. Que ce soit, son apparition, sa posture ou même sa manière de déclencher son attaque, tout va transparaître d’une profonde douceur et élégance qui contraste avec la violence de cette attaque. Une manière de rendre encore plus divine cette entité qui maîtrise la glace. Par exemple, cela peut paraître anodin, mais le simple fait de la voir finaliser son assaut dans certains épisodes avec juste un claquement de doigts est une idée remarquable. Cela reste en mémoire à tel point que ce petit geste s’incruste dans la mémoire du joueur et sert à créer la légende autour de cette figure. Même dans les premiers opus où Shiva a commencé à s’animer, il y avait cette volonté d’en faire une créature qui se veut d’une délicatesse mortelle. Une souveraine qui laisse son empreinte à travers ce froid mordant qui la caractérise.
Un être unique et d’une grande compassion
Il y a un autre élément qui peut caractériser Shiva et qui dénote avec tout ce que l’on peut connaître des invocations et de leur puissance. Nous sommes face à un être qui se montre très souvent comme porteuse d’une certaine compassion à l’égard des humains ou bien des gens qui réussissent à obtenir son pouvoir. Quand on pense à la glace, cela ne nous évoque que très rarement une sensation de joie ou de douceur. Le froid est souvent symbole de peur, de solitude, et même de mort. C’est donc très intéressant d’avoir donné cet élément à une entité qui peut se montrer destructrice, mais qui arrive à exprimer une certaine chaleur dans le visage et son attitude. Tout d’abord, il est important de remettre un peu en perspective ce que l’on peut voir de notre chimère dans certains épisodes. Par exemple, dans FFVI, Shiva est montrée comme une victime, au même titre qu’Ifrit, de Kefka. Totalement sous son contrôle et subissant de sévères violences, cela amène une certaine fragilité à l’égard de ces êtres tout en sublimant la cruauté de cet homme. On force alors le joueur à se confronter à elle ainsi qu’à son comparse afin de pouvoir les libérer. En faisant ça, cet opus est venu apporter quelque chose de très important dans la mythologie des espers. Il s’agit du fait qu’ils ne sont pas invincibles et que ce sont des êtres comme les autres ayant simplement une puissance hors du commun propre à leur espèce. D’ailleurs, il est pertinent de noter que c’est réellement à partir de cet épisode que l’on va pouvoir être témoin d’un plus grand rôle de la part des chimères (excepté FFVII et VIII qui vont les ramener un peu plus à l’état de simple arme) et aussi avoir l’occasion d’être témoin de la déchéance, fin ou même mort de certains.
Une vulnérabilité qui les rend beaucoup plus intéressants, car ils font preuve alors d’une certaine mortalité alors qu’on pouvait les croire immortels. Pour en revenir à Shiva, plus les épisodes passent et plus elle se présente comme une entité qui se veut protectrice à l’égard des protagonistes. Par exemple, dans FFX, c’est elle qui va être utilisée contre le premier combat face à Seymour. Si l’on pourrait croire que ce passage est anodin, il n’en est rien. En plus d’avoir le combat qui se déroule dans son temple, Shiva est la chimère qui facilitera grandement le combat face à Anima. Alors que cette dernière symbolise la souffrance et la mort, notre impératrice des glaces parvient fortement à s’opposer à elle jusqu’à la ramener auprès de son maître. Il y a donc une représentation forte qui se joue entre les deux invocations et qui peut être perçue différemment en fonction des joueurs. Cela appuie aussi le côté bienveillant de Shiva en protégeant le groupe face à un adversaire qui pourrait aisément les terrasser. Dans FFXII, elle est représentée par deux entités distinctes qui seront sous les ordres de Snow. Une camarade plus impétueuse, à l’image de ce personnage, et qui se bat pour réaliser le rêve de cet homme de sauver celle qu’il aime. De même, dans FFXV, Shiva va être amenée comme la dernière invocation du jeu qui va automatiquement se déclencher pour venir à bout d’Ifrit. Prenant la forme d’une multitude de fées, elle n’a jamais été aussi présentée comme une gardienne bienveillante que dans cet opus. Une lueur d’espoir alors que le monde entier sombre dans l’obscurité. C’est aussi pour ce qu’elle représente que l’on est autant attaché à cette figure qui peut autant être classe, envoûtante et meurtrière.
Shiva laisse son empreinte dans la glace
Il est remarquable de voir que Shiva peut être perçue de deux manières différentes. Quand on prend du recul, il est vrai qu’elle est l’une des représentantes les plus anciennes et les plus connues des invocations de Final Fantasy. Pourtant, elle n’a été que très rarement présentée comme autre chose qu’une alliée dont on fait appel uniquement en combat. Ce n’est qu’au fil des épisodes que cela a commencé à se diversifier afin de l’inclure progressivement dans la mythologie de chaque œuvre. Ce fut le cas pour FFX, FFXII et XV et cela s’annonce encore plus fort dans le prochain épisode. Même FFVII Remake, qui la garde sous forme d’invocation que l’on appelle simplement, a su lui donner un peu de background. Il suffit de voir les quelques lignes de sa description. Après tout, il est dit qu’elle est “la manifestation d’une reine qui a pansé la planète avec sa glace et que cela est représentée par le froid qui frappe les alentours de la blessure”. Une référence directe à Jénova, le cratère nord et la région du Glaçon. Cela peut sembler n’être que peu de choses, mais cela montre aussi que cet esper prend un peu plus de place sur le devant de la scène. Car oui, Shiva est une icône de la franchise et qui a justement su créer sa légende avant même d’avoir le droit à une écriture qui lui est propre. Toute sa gestuelle, son attitude, ses attaques et ses facultés en font l’impératrice des glaces ayant conquis le coeur de nombreux joueurs et fans.
Cela montre que si l’écriture est un élément essentiel de toute fiction, ce n’est pas forcément ça qui va rendre un personnage, une figure ou une scène culte. Il suffit d’une iconographie forte et d’une narration visuelle pour que l’image de cette femme apportant le froid s’insinue à jamais dans l’esprit du spectateur. Au même titre qu’un Ramuh qui a toujours gardé les mêmes traits, Shiva est indissociable de tous ces éléments qui l’ont rendu populaire. Il y a des changements qui peuvent s’opérer et même présenter d’autres visages de celle-ci, mais le fond reste sur cette base qui résonne à chaque fois dans le cœur du joueur. Si j’ai fait cette chronique suite à vos suggestions, il était évident que j’avais beaucoup de choses à dire sur cette invocation qui a longtemps accompagné mes périples au sein de la franchise. Il est vrai qu’elle n’est pas forcément la plus dévastatrice au milieu de tous les autres eidolons et qu’elle est perçue comme une invocation de début d’aventure. Malgré tout, elle reste une valeur sûre et qui, progressivement, gravit les échelons pour avoir des rôles plus importants. J’aurais pu parler encore de beaucoup choses, notamment dans la forte dualité qui se joue entre elle et Ifrit, deux chimères finalement assez liées. J’espère en tout cas que cette chronique vous aura plu et qu’elle sera parvenue à cerner au mieux ce qui fait de cette princesse chimérique une figure aussi culte de la licence. N’hésitez pas à me dire en commentaires votre propre ressenti à son égard ainsi que vos propositions pour de futures chroniques.