Univers & Secrets : l’effrayant manoir de Nibelheim
Il est grand temps de repartir à la découverte d’une autre facette d’un univers vidéoludique. Nos pas nous ramènent cette fois-ci dans Final Fantasy VII. Après avoir parlé en détail de la ville de Midgar, j’avais envie de m’attarder quelques instants sur un lieu très symbolique du jeu et qui est porteur de nombreuses histoires. Il s’agit tout bonnement du manoir Shinra qui se trouve à Nibelheim. Ce lieu est un incontournable pour tous ceux qui ont cherché à décortiquer tous les secrets de cet opus. Mais il ne s’agit pas uniquement d’une bâtisse qui va servir à en apprendre plus sur certains personnages et sur l’intrigue. C’est aussi une zone qui va capter l’attention du spectateur par bien des aspects et pas uniquement propre à l’écriture ou à la narration de l’histoire. D’ailleurs, il est important de noter que si l’on parcourt ce bâtiment au cours d’un flash-back obligatoire, on peut tout à fait passer à côté au moment où l’on revient dans le village natal de Cloud et Tifa. Une partie du jeu qui est donc à la fois importante et facultative ce qui en fait une expérience bien singulière dans notre aventure. L’heure est donc venue de franchir les portes de ce manoir qui a tout pour effrayer ceux qui osent y pénétrer.
Un lieu dénotant avec le paysage
Quand on découvre pour la première fois le manoir de la Shinra à Nibelheim, c’est durant le flash-back de Cloud quand on arrive à Kalm. Un passage permettant de mieux comprendre l’origine de notre héros, de son amie d’enfance, mais aussi le moment où tout a basculé pour Sephiroth. S’il y a une première chose qui retient notre attention, c’est à quel point cet endroit dénote par rapport à tout ce que l’on peut voir. En effet, Nibelheim est un tout petit village qui semble se satisfaire à lui-même et qui présente un côté très rural avec son réservoir d’eau au centre de la place. Ce n’est qu’en s’éloignant un peu de celui-ci que l’on tombe face à cet impressionnant édifice qui contraste de par sa taille et son allure avec le reste des maisons. Un lieu qui se veut donc volontairement à part et qui montre que cet endroit garde la trace de la Shinra et de sa propension à voir les choses en grand. Là où Nibelheim est un petit hameau au cœur des montagnes, le manoir symbolise un peu cette volonté de cette entreprise d’asseoir son pouvoir. D’ailleurs, dans FFVII, il y a un petit effet très particulier qui appuie ce côté “supérieur” de ce bâtiment par rapport au reste. En effet, il se trouve au nord de la zone et donne l’impression qu’il surplombe le reste des habitations. Un reflet assez marquant et courant de cette position qu’a la Shinra à l’égard du reste du monde comme si cette société était au-dessus de tout. Cela s’exprime donc rapidement dès lors que l’on pose les yeux sur cette dernière.
Même si l’on est accompagné à ce moment précis du SOLDAT légendaire, on ne peut s’empêcher d’avoir un sentiment de malaise à l’égard de cette bâtisse. Il faut dire que le fait que le manoir soit abandonné appuie cette sensation. Alors que l’on a déjà l’impression que Nibelheim n’est pas une ville pleine d’énergie, ce lieu dans lequel on va séjourner quelque temps est totalement dénué de vie. Un vestige d’une époque qui semble lointaine et qui pourtant cache bien des secrets. C’est donc un rapport très intéressant qui va se mettre en place entre cette zone et le joueur. Un lien qui va aussi être influencé par ce qui va se passer durant tout le flash-back. Dans notre esprit, le manoir Shinra était initialement un vestige de l’empreinte de cette entreprise sur des lieux aussi reculés que Nibelheim. Après ce retour en arrière dans les souvenirs de Cloud, il devient l’antre de la folie de Sephiroth qui a totalement basculé pour finir par anéantir tout le village. Quand je parle au départ du fait que cet endroit dénote, c’est justement parce qu’il va être la représentation d’un lieu causant bien des tourments. Tout ce passage se présente alors comme une descente aux enfers qui va être magistralement décrite tout au long de notre voyage entre ces murs. Ce dernier est très important pour souligner à quel point cette bâtisse réussit à s’inscrire dans l’esprit du joueur comme un lieu macabre et particulièrement funeste dans ce qu’il représente. Une virée cauchemardesque qui n’aura pas attendu la déchéance de Sephiroth pour donner bien des frissons.
La maîtrise de l’horreur
Voilà sûrement l’un des aspects du manoir dont j’ai toujours été le plus captivé. On n’y fait peut-être pas gaffe quand on s’y aventure pour la première fois et pourtant on la ressent pleinement en avançant dans ces sinistres couloirs. Il s’agit de l’incroyable adaptation des codes horrifiques à ce lieu et tirant même sur un aspect presque infernal dans la mise en scène. Pour expliquer ça, il faut s’attarder sur chaque élément composant notre exploration des lieux. Tout d’abord, et cela s’entend rapidement, il y a la musique d’ambiance. Celle-ci est écrite de manière à nous donner un sentiment d’insécurité. Comme si on venait d’entrer dans une zone interdite et hantée. Ces quelques notes, qui accompagnent chacun de nos pas, suffisent à instiller en nous une petite inquiétude qui va grandir au fur et à mesure que l’on s’aventure plus loin dans le manoir. Ainsi, si l’ambiance sonore appuie l’horreur de ces ruines, il y a aussi la partie visuelle du manoir. Quand on pénètre dans le hall, ce qui nous saute aux yeux c’est justement le fait qu’il n’y a pas le moindre signe de vie. Même en sachant que le lieu a été en quelque sorte abandonné, on a l’impression que cela fait bien plus longtemps que ces pièces ont pu connaître un semblant de vie. Avec ses diverses notes éparpillées un peu partout, les teintes très sombres de ces murs et ce craquement que l’on peut entendre représentent bien la décrépitude de ce bâtiment. C’est encore plus flagrant quand on franchit le passage secret menant au sous-sol.
Rien que la manière dont est présenté l’escalier nous emmenant dans cette partie secrète est intelligente. La perspective nous donne le sentiment de nous engouffrer non pas dans une cave, mais dans un antre où l’effroi est palpable. Telle une chute dans les enfers, cet escalier en colimaçon nous serre le cœur au fur et à mesure que l’on voit notre personnage devenir tout petit au fil de sa descente. D’ailleurs, toute la zone se trouvant sous le manoir semble tout droit sortie d’un cauchemar avec cette ambiance macabre, cette légère brume et ces quelques zones angoissantes. Mais un autre élément qui va jouer aussi un rôle important vient des créatures qui ont élu domicile ici. Si l’on a l’habitude de voir dans FFVII des monstres particulièrement horribles, ceux du manoir ont été pensés pour coller à ce lieu sordide. Que dire des étranges fantômes à tête de citrouille ou bien l’étrange combattant se balançant au bout d’un pendule tranchant. Même le boss “Numéro Perdu” que l’on doit affronter dans le coffre pour recruter Vincent a tout d’une expérience ratée qui a muté et qui est totalement difforme. Mais le pire de tous se trouve au sous-sol quand on explore la zone en dehors du flash-back. Il s’agit de Ying et Yang, un être siamois qui peut se montrer assez difficile à vaincre initialement. Titubant et ayant tout l’air d’un zombie, il se présente comme une sorte de petit croque-mitaine ayant élu domicile dans cette cave. Tout ça contribue à donner une identité propre à ce lieu qui va marquer le joueur et surtout lui offrir une expérience qui change drastiquement par rapport à ce qu’il a pu connaître auparavant. Même la quête de Vincent joue un rôle dans notre ressenti global de cette visite étant donné qu’il s’agit littéralement d’un vampire que l’on réveille de son sommeil éternel en ouvrant son cercueil. Le manoir de la Shinra devient alors une véritable attraction horrifique qui va pourtant susciter notre curiosité quand on arrive au bout du chemin.
Un lieu contenant un savoir interdit
Bien évidemment, il est impossible de ne pas évoquer l’importance du manoir de la Shinra dans l’enrichissement de l’histoire de FFVII. Comme j’ai pu le dire plus haut, ce lieu est très singulier dans la trame narrative de cet opus, car on y passe forcément à travers le flash-back autour de Sephiroth, mais que l’on peut totalement ne pas y retourner quand on arrive à Nibelheim. Quand on écoute l’histoire de Cloud, cet endroit symbolise la déchéance du mythique SOLDAT tout en étant porteur de nombreux souvenirs néfastes. Malgré tout, c’est au joueur de décider d’y pénétrer de sa propre volonté pour découvrir tous les secrets qui s’y cachent. Cela est très important, car cela reflète une direction bien spécifique propre à cet épisode. En effet, on peut totalement se contenter de la trame narrative qui nous amène jusqu’à la confrontation finale contre cet ennemi inoubliable. Pourtant, si l’on veut réellement cerner tout le lore, mais aussi les origines de ce qui a pu y avoir autour de tous ces personnages, il faut que le joueur pousse l’exploration au maximum. On nous donne juste suffisamment d’éléments pour nous donner envie d’en savoir plus. Tout repose ensuite entre nos mains afin de savoir si l’on préfère continuer notre route ou faire quelques détours. Par exemple, Vincent Valentine est un personnage facultatif et qui pourtant donne tellement de révélations sur ce qui a pu se passer avant toute cette épopée. D’ailleurs, il est étroitement lié à notre sujet du jour étant donné que c’est dans le sous-sol du manoir que l’on peut le recruter.
Les développeurs ont ainsi su brillamment jouer avec la curiosité du joueur pour l’amener à un embranchement dont il sera le seul à décider du chemin à prendre. Et si l’on est finalement interpellé de nouveau par cette bâtisse, on va pouvoir lever le voile sur de multiples mystères. Ce qui est fort aussi, c’est que certaines informations ne seront disponibles qu’une fois que l’on aura suffisamment avancé dans le récit. De ce fait, même en explorant une première fois cet endroit, cela ne veut pas dire que l’on n’aura plus à y retourner. On se rend alors compte que ce domaine est sûrement l’un de ceux où il s’est passé le plus de choses. Une mine de savoir comprenant les ouvrages du professeur Gast et qui va amener Sephiroth à en faire son antre où il déclinera pour devenir celui que l’on connaît. C’est aussi l’endroit qui a vu naître une histoire d’amour dramatique impliquant Vincent, Lucrécia et Hôjo. Un événement qui va conduire à la mort du premier qui sera transformé en une sorte de vampire entre les mains de celui qui lui a tout pris. Mais c’est aussi là que Zack et Cloud vont servir de cobaye aux mains de ce scientifique et qu’ils vont s’échapper pour finalement terminer leur course devant Midgar. Quand on prend conscience de tout ça, on voit à quel point cette visite est cruciale pour pleinement cerner les zones d’ombre de cette épopée. Cependant, une autre chose que l’on remarque, c’est que le manoir Shinra ne révèle que des secrets qui détruisent les gens. Le savoir a un prix et c’est celui de connaître la tristesse de ceux qui ont pénétré dans cette demeure. Désespoir, mort, modifications génétiques et autres expériences caractérisent ces murs et vont ainsi appuyer l’aura néfaste et morbide qui gravite autour de cette ville et de ce bâtiment.
Quand une vérité éclate au manoir de Nibelheim
Il est fascinant de voir à quel point un décor peut devenir culte, que ce soit dans un jeu vidéo, manga ou bien film. C’est exactement le cas ici, car le manoir de la Shinra n’est pas uniquement un lieu que l’on peut explorer pour son bon plaisir. Sans même y aller de notre plein gré, cette bâtisse arrive à marquer les esprits par rapport à tout ce qu’elle dégage. Il suffit d’un flash-back pour découvrir son existence au sein de Nibelheim et surtout être témoin de tout ce qui se passe en son sein. En seulement quelques instants, le studio arrive à nous délivrer un environnement qui nous donne des sueurs froides. Quelques notes suffisent pour nous faire comprendre ce qui nous attend et surtout nous faire réfléchir à chaque pas que l’on va faire dans ce domaine. Une demeure chargée d’histoires, mais qui est aussi le foyer de nombreux monstres et fantômes nous donnant le sentiment de vivre un cauchemar éveillé. Il est aussi l’un des nombreux symboles de ce septième opus montrant la capacité des développeurs à amener une dose d’effroi en plein milieu de cette épopée. A l’image de la Tour Shinra qui bascule dans l’horreur une fois que Sephiroth fait son apparition, ce manoir est lui aussi pensé pour créer un sentiment de malaise. Alors que Nibelheim peut déjà se montrer déconcertante au vu de son histoire, de sa destruction et de ce retour à la normale semblant irréaliste lors de notre séjour, ce bâtiment reste fidèle à ce qu’il est.
Une zone où l’on est à la fois intrigué d’y entrer et méfiant par rapport à ce que l’on peut y découvrir. Mais c’est aussi une destination de rêve et presque nécessaire pour tous ceux qui voudraient pleinement cerner tout ce qui entoure ce monde et le passé de plusieurs personnages importants. Et le fait d’avoir rendu tout ça facultatif mis à part concernant le flash-back est une excellente idée. Cela montre à quel point FFVII est un épisode qui peut se montrer sous un jour différent que l’on se concentre uniquement sur le fil rouge du récit ou bien que l’on cherche à tout connaître. C’est justement en fouillant au maximum que l’on prend conscience de ce qu’a pu subir Sephiroth alors qu’il n’était encore que dans le ventre de sa mère, du rôle qu’aurait pu jouer Vincent ou même de la mascarade entourant Cloud. Si vous n’avez jamais eu l’occasion de fouler le sol de ce manoir, je ne peux que vous recommander de tenter, car même en dehors de l’enrichissement de cet univers, ce lieu est aussi une expérience à part entière au sein de ce jeu. J’espère en tout cas que cette chronique vous aura plu et qu’elle aura su retranscrire tout ce qui fait l’attrait du manoir de Nibelheim. N’hésitez pas à me dire en commentaire ce que vous avez pensé de cet endroit ainsi que votre premier ressenti à son égard. On se retrouve très vite pour de nouvelles chroniques où l’on va explorer tous ces mondes qui nous entourent.