Return Survival tome 1 : se préparer à l’apocalypse
Comme on le sait depuis un moment, le webtoon prend une place de plus en plus grande dans nos découvertes littéraires. S’il est déjà très présent via les plateformes spécialisées dans le domaine, on a de plus en plus de titres qui débarquent au format papier. L’occasion pour moi de découvrir des œuvres que je n’ai pas forcément le temps de découvrir sous leur forme d’origine. Je suis donc toujours intrigué quand une nouvelle œuvre fait son apparition et aujourd’hui on va justement s’attarder sur l’une de ces dernières sorties. Provenant tout droit du catalogue de Kbooks, il s’agit du premier volume de Return Survival qui est sorti il y a seulement quelques jours. Ce qui est intéressant tout d’abord c’est que ce récit veut nous plonger dans une apocalypse zombie. Un genre qui est très présent dans la culture pop, mais qui n’est plus aussi fréquent que l’on pouvait avoir auparavant. Il va donc être prometteur de voir comment cette histoire réussit à s’approprier les codes de ce thème. C’est en me plongeant dans cette lecture que j’ai pu découvrir une intrigue pleine de promesses et qui surtout prend une direction assez surprenante. L’heure est venue de voir comment survivre dans ce futur chaos.
Une seconde chance
Return Survival, dessiné par Kim MuHyeon d’après l’œuvre originale de Yeon WooSol, nous fait suivre le jeune Yohan alors qu’il se retrouve en plein chaos. Le monde n’est plus que ruines après qu’une invasion de zombies ait mis un terme à la civilisation humaine comme on l’a connu. Cela fait maintenant trois ans depuis le début de cet enfer et ce survivant n’a eu de cesse d’échapper aux griffes de ces morts-vivants. Luttant bec et ongles pour voir d’autres lendemains, il a su obtenir de riches connaissances sur la manière de combattre ces créatures, mais aussi sur les événements marquants qui ont suivi cette fin du monde. Aguerri et redoutable, Yohan est devenu un survivant de premier ordre pouvant aisément lutter contre bon nombre d’ennemis. Mais même toute sa force et son savoir ne vont pas lui permettre d’éviter le tragique destin qui a frappé quasiment toute l’humanité. Il finit par devenir la victime de ces morts rampants. Une fin abrupte pour cet homme qui se dit qu’il aurait fait les choses autrement s’il avait su que le plus grand danger dans cet enfer n’est pas le zombie, mais l’être humain. Il semblerait que son vœu a été exaucé, car alors qu’il pensait être devenu l’un de ces monstres, il se réveille six mois avant la catastrophe. Comme si on lui avait offert une seconde chance pour se préparer à la violence qui allait s’abattre sur le monde.
Sans même songer à ce qui a bien pu se passer, il se précipite pour optimiser son temps avant que l’apocalypse ne frappe. En sachant l’avenir de la société, il espère réussir à échapper au destin qui fut le sien précédemment et surtout mettre un terme à ce qui fut, pour lui, le véritable obstacle à sa survie. C’est ainsi qu’il se dépêche d’acheter une maison hautement sécurisée pour servir de futur refuge, mais aussi de faire un maximum de provisions en prévision du grand jour. Mais alors qu’il est encore dans ses préparatifs en ville, il assiste à la première attaque de zombie. Le début de l’épidémie se présente comme bien plus tôt que dans sa précédente vie. C’est donc une course contre la montre qui se joue pour Yohan afin de se sortir de ce mauvais pas et surtout de mettre en place son plan afin de survivre. Le chaos s’empare progressivement des grandes villes et il ne faut que quelques mois pour que tout semble s’écrouler. Si tout est allé bien plus vite que dans ses souvenirs, le combattant aguerri est pourtant déterminé à réaliser son but. Pour cela, il va avoir besoin de compagnons solides et surtout d’empêcher ce qui fut la cause de sa mort. Mais comment réussir à obtenir tout ce qu’il souhaite alors que même ses connaissances de sa précédente existence ne sont pas infaillibles. Il va très vite se rendre compte que s’il a un savoir redoutable pour échapper à ce cauchemar, cela ne signifie pas pour autant que les surprises ne seront pas de la partie. Un avenir loin d’être écrit à l’avance se profile à l’horizon et il ne tient qu’à Yohan de tout faire pour que celui-ci ne se termine pas dans un bain de sang.
En lisant le synopsis de Return Survival, on se rend rapidement compte que le titre prend un parti-pris très intéressant avec ce retour en arrière. On utilise donc ce contexte chaotique pour mettre en avant un protagoniste qui sait déjà ce qui s’apprête à arriver. L’intérêt va alors de voir comment il va se préparer au mieux pour survivre à cet enfer et ne pas connaître le même destin funeste que dans sa précédente existence. Cela amène tout un travail psychologique captivant où, étant conscient du danger, notre personnage principal va rapidement se présenter comme un expert, mais avec des méthodes loin d’être amicales.
Le danger n’est pas mort-vivant
C’est vrai que le genre de l’apocalypse zombie a été traité à de très nombreuses reprises que cela soit en manga, séries, films ou webtoon. Une tendance très forte qui a un peu reculé ces derniers temps pour laisser place à d’autres styles. Mais Return Survival réussit à nous ramener face à ces hordes de créatures avec une certaine originalité. En effet, le fait d’avoir un héros qui a pu déjà vivre ce qui va se passer afin de se préparer au mieux à l’enfer qui arrive est une idée assez intéressante et inédite dans ce thème. On a déjà pu voir ça dans de la fantasy ou de la science-fiction, mais rarement lié au domaine du récit de mort-vivant. Cela va amener différents points qui vont jouer sur notre appréciation de ce premier volume. Tout d’abord, Yohan est un personnage loin d’être lisse dans son caractère. Le fait d’avoir déjà connu une première fois ce cauchemar le rend encore plus méfiant et froid dans l’espoir de survivre à ce qui arrive. Cela va avoir pour conséquence de le rendre assez antipathique aux yeux des autres personnages, mais on comprend rapidement qu’il y a une bonne raison à ça. Ce qui le guide avant tout, c’est le désir de tenir le plus longtemps et éviter cette fin qu’il a pu connaître par le passé. Pour cela, il est prêt à être considéré comme une ordure si cela contribue à sa sauvegarde et aux gens qu’il va accepter autour de lui. Ainsi, il est autant considéré comme un ennemi de par son comportement glaçial, et même tourné vers la manipulation qu’un sauveur étant donné qu’il montre ses capacités à se sortir des pires situations.
Mais c’est justement tout ce qui fait la force de ce titre, car cela nous rappelle que la paix n’existe plus et que chaque jour est un combat éprouvant pour ne pas mourir. Il a beau être dur, il fait aussi ça dans l’optique de pousser les quelques rescapés qui l’entourent à se retrousser les manches afin d’obtenir les ressources nécessaires et contribuer à l’effort de groupe. Et s’il agit comme ça, c’est aussi pour l’autre élément important de l’œuvre qui est la menace installée. Les zombies ont beau être là et avoir causé tant de morts, ils ne sont pas présentés comme le plus grand ennemi à venir. Yohan nous fait bien comprendre assez vite que l’être humain va rapidement s’adapter à ces morts qui marchent et ainsi les divers groupes vont réussir à s’acclimater à cet environnement dangereux. Ils ne sont donc qu’un danger sur du court terme, car le véritable adversaire n’est autre que l’homme. Cette œuvre veut nous montrer qu’en temps de crise, l’être humain est autant capable du meilleur comme du pire et c’est ce dernier qui est représenté ici. Fourbe, calculateur et prêt à tout pour survivre, l’homme va devenir un prédateur pour ses semblables. C’est réellement contre ça que lutte notre protagoniste alors que l’on n’est même pas encore en contact direct avec ces opposants qu’il redoute tant. Cela ne fait qu’alimenter notre angoisse et l’ampleur de cette ombre qui plane sur ceux qui tentent désespérément de tenir. Une épopée sanglante qui nous met en garde contre la part d’ombre qui peut sommeiller en chacun de nous.
On est, avec Return Survival, face à une œuvre qui réussit à s’approprier les spécificités de deux genres bien particuliers pour un résultat plus que satisfaisant. Le fait d’avoir un protagoniste loin d’être un saint car sachant pertinemment ce qu’il faut faire pour survivre est pertinent. Cela permet d’avoir des interactions à la fois difficiles et pourtant réalistes dans la manière de surmonter une telle crise. De plus, si les zombies sont présentés comme une menace, ils ne sont pas le plus gros danger qui subsiste. Ici, il est avant tout question de se préparer au chaos que l’homme va lui-même apporter.
Return Survival consolide sa base
Il peut être très compliqué de réussir à se faire une place dans un marché aussi diversifié et qui nous a déjà proposé tant de manière d’aborder un thème. Pourtant, Return Surival réussit à trouver la formule qui fonctionne bien en nous donnant un sentiment d’être en terrain connu sans pour autant tomber dans une aventure convenue. Au contraire, le titre se permet des idées intéressantes pour son histoire et surtout pour le développement de son protagoniste. On éprouve tout un tas d’émotions à l’égard de Yohan allant de l’admiration à la peur en voyant de quoi il est capable. On comprend qu’il a déjà vu l’enfer et qu’il est bien décidé à tout faire pour survivre coûte que coûte. Et cela passe à ses yeux par se méfier avant tout des autres survivants. Il ne nous met pas en garde contre les zombies dont on finit justement par avoir l’habitude de les voir et de les affronter. Cette première partie est avant tout un avertissement de ce que l’homme est capable en situation de crise et surtout à quel point il peut se montrer plus terrifiant que ces monstres qui rôdent partout. Nous sommes donc face à un premier acte très encourageant pour la suite et qui se veut déjà particulièrement rythmé au vu de l’apocalypse qui s’abat sur le monde. Il faut alors voir ce qui sera proposé par la suite, notamment au vu du groupe qui commence à se former autour de notre figure centrale. Les possibilités sont nombreuses et j’espère que cela donnera naissance à une aventure réussissant à garder son ambition tout en maintenant ses propositions au niveau des thématiques traitées.
C’est donc, comme je l’ai dit plus haut, une belle petite surprise que nous offre ce premier volume de Return Survival. Une interprétation originale de l’apocalypse zombie et qui doit maintenant maintenir son cap pour développer toutes ses idées. Ce qui est sûr, c’est que le divertissement est bien là et que l’on prend beaucoup de plaisir à voir comment Yohan cherche à se sortir de chaque situation. Loin d’être tendre et bienveillant, il prône avant tout la cohésion et surtout l’effort. Un choix compréhensible, mais qui pourrait bien lui amener d’autres problèmes par la suite. C’est justement le fait que tout soit possible qui rend cette épopée aussi prenante. Même en sachant ce qu’il a pu vivre auparavant, il s’est rendu compte que le futur est loin d’être écrit à l’avance et que tout peut changer. Une oeuvre qui plaira aux amateurs d’histoires de morts-vivants et à ceux voulant un parti-pris original concernant ce type de récit. Les questions fusent maintenant dans ma tête alors que je referme ce premier volume. Est-ce que Yohan est sûr de faire les bons choix ? Qui sont ces gens qu’il craint bien plus que les zombies ? Les autres parviendront-ils à lui faire confiance ? Finira-t-il inexorablement par connaître le même destin qu’auparavant ? Il va falloir prendre son mal en patience pour connaître les réponses à tout ça.
N’hésitez pas à partager dans les commentaires votre propre avis ainsi que votre ressenti concernant ce premier volume de Return Survival. Trouvez-vous que le titre parvient à proposer quelque chose d’intéressant autour du genre de l’apocalypse zombie ? Appréciez-vous le fait d’avoir un protagoniste qui est loin d’être l’image du héros cherchant à sauver tout le monde ? Appréciez-vous le fait que l’on soit dans un récit qui met avant tout l’emphase sur le danger représenté par l’humain que par les morts-vivants ? Etes-vous intrigué de comment l’histoire va évoluer ? Qu’attendez-vous pour la suite de la licence ? On reste à votre disposition pour échanger, discuter et débattre autour de ce sujet.
© 2019 Kim Mu Hyeon