Red Flower tome 1 : le vrai sens du combat

S’il est vrai que l’on a le droit à une déferlante de mangas qui envahit nos librairies, il faut aussi voir ce qui se fait en dehors de la sphère japonaise. En effet, il n’est pas rare d’avoir des artistes européens qui proposent des histoires captivantes et originales. On peut souvent avoir l’habitude de se tourner vers les créations qui viennent du Japon, mais il existe aussi de belles surprises bien plus proches de chez nous. C’est notamment le cas de la série dont je vais vous parler aujourd’hui et qui fait ses débuts dans le catalogue de Glénat. Il s’agit de Red Flower dont le premier tome vient juste de sortir et qui est un manga français. J’ai été intrigué par cette série lors de son annonce notamment par sa couverture qui avait su m’interpeller. Cependant, je me demandais dans quelle direction allait nous emmener le récit au niveau de son intrigue. Finalement, j’ai pu découvrir cette lecture et j’ai été fasciné par tout ce qui se mettait en place au fil des cases. Un voyage qui nous fait déjà vivre beaucoup d’émotions en très peu de temps. Le temps est donc venu de suivre le parcours d’un jeune homme pour devenir un vrai guerrier.

Le rêve d’un jeune garçon

Red Flower, imaginé par Loui, nous conte l’histoire de Kéli. Ce jeune homme provenant d’une tribu vivant en harmonie avec la nature ne rêve que d’une chose. Il désire ardemment passer l’épreuve du Katafali afin d’être considéré comme un homme par les autres membres du clan. Pour cela, il fait de son mieux pour s’entraîner en cachette et faire étalage de sa force dès qu’il en a l’occasion. Malheureusement, son caractère impétueux et surtout sa vision étriquée de la puissance rendent Kéli réellement impossible de comprendre la philosophie du village. Pour le roi et ses sujets, leur art martial n’est pas là pour attaquer, mais simplement pour défendre tout en laissant une chance à la paix et la réconciliation. Un peuple pacifique qui a fait de son mieux pour éviter les querelles depuis des années sans pour autant être considéré comme faible. Mais pour un adolescent comme Kéli, tout cela est bien trop obscur et il considère que tout ce qui compte est de réussir à faire plier son adversaire. Ce regard sur le monde qui l’entoure a le don d’énerver son père qui n’est autre que le roi de la tribu. En plus de ça, le jeune garçon ne peut s’empêcher de se comparer à son grand frère qui vient tout juste de rentrer de son pèlerinage et qui affiche une force presque surhumaine. D’ailleurs, ce dernier s’apprête à entamer la dernière étape pour devenir un potentiel garde du roi. 

Un rôle crucial qui apporte beaucoup de prestige, mais aussi une profonde admiration de l’ensemble de la tribu. Ne pouvant observer cela sans rien faire, Kéli se dit que c’est l’occasion ou jamais de rattraper son aîné en suivant le même chemin que lui. Mais malgré toute sa bonne volonté, il ne remarque même pas les dégâts qu’il fait tout autour de lui. Se questionnant alors sur ce qui fait réellement la puissance d’un guerrier, il s’apprête à entendre des mots qui vont profondément changer le cours de son existence. Anansi, le sorcier du village, annonce avoir une vision du futur qui se présente comme apocalyptique pour l’ensemble de la tribu. Il déclare que des étrangers vont venir jusqu’à eux et provoquer un véritable massacre avec leur pouvoir aussi mystérieux que meurtrier. Tous ceux qui entendent cette prophétie sont terrifiés à l’idée que leur existence pourrait bien s’arrêter du jour au lendemain. Heureusement, leur roi est là pour les unir et leur dire que leur voie est déjà toute tracée tant qu’il reste fidèle à leur pacifisme. Malgré ses dires, certains sentent que cette possible future invasion pourrait causer de grands dommages au sein du clan. Kéli ne le sait pas encore, mais il va justement se retrouver au cœur de ce conflit et va être tiraillé entre ce qu’il pense initialement de la force et les valeurs que son père souhaite lui inculquer. Finira-t-il par devenir un adulte assoiffé de sang se jetant dans la mêlée ou bien un être prônant la paix ? Il est le seul à pouvoir décider du chemin qu’il va suivre.

Ce qui est déjà très intéressant à noter avec Red Flower est le fait que l’on se centre sur des coutumes, un peuple et des éléments qui sont rarement présents dans le milieu du manga. Cela donne rapidement un sentiment de fraîcheur et d’évasion avant que l’on soit réellement face au cœur de cette œuvre. On découvre alors une série qui a un immense potentiel et qui nous délivre un premier acte à la fois divertissant, spectaculaire et très touchant. Une histoire où chaque personnage va avoir son rôle à jouer et qui va servir à écrire le développement de notre protagoniste.

Une réflexion intéressante des arts martiaux

Comme je l’ai dit en introduction, je me suis un peu aventuré dans Red Flower sans savoir ce qui m’attendait. Cela m’a permis d’être grandement surpris par tout ce que proposait ce premier volume. En effet, il faut tout d’abord souligner à quel point cette introduction regorge d’éléments captivants. Pour commencer, il y a l’environnement dans lequel se passe l’action. On se rend rapidement compte que l’on nous offre un décor assez unique et qui surtout est très peu fréquent dans le milieu du manga. Cela donne un sentiment de dépaysement dfès les premières pages tant on est plongé dans cette tribu et ses coutumes. A noter que l’auteur va appuyer encore plus l’immersion du lecteur au sein de cette culture en séparant ses divers chapitres avec des pages informatives sur les divers objets, rites et autres spécificités de ce peuple. Il y a donc un réel sentiment de découverte qui s’offre à nous et qui rend cette aventure très instructive en plus de son côté divertissant. Il faut alors parler d’un autre atout central du manga qui n’est autre que le personnage de Kéli. Autant le dire tout de suite, ce protagoniste est pensé pour éveiller tout un tas d’émotions chez le lecteur. Là où on a l’habitude d’avoir des héros pour lesquels on a de l’admiration, ici on est face à un enfant qui n’en fait presque qu’à sa tête. Cela va éveiller en nous par moment une colère au vu de son comportement face à son entourage, mais aussi à cet entêtement dans lequel il s’enfonce par rapport à sa vision du guerrier. 

C’est loin d’être une mauvaise chose, car on sent que c’est voulu afin que l’on puisse apprécier pleinement chaque petite évolution dans son caractère. Mais surtout, cela symbolise aussi le fait que l’on est face à un jeune garçon qui n’a pas encore toute la maturité que peuvent avoir ses aînés. Une représentation de la fougue de la jeunesse qui laisse place à l’action plutôt qu’à la réflexion. Cette attitude se comprend rapidement par rapport à ce sentiment qu’a Kéli d’avoir constamment vécu dans l’ombre de son frère. Cela le pousse à se tromper sur sa voie et la colère des premiers instants se transforme en une forme d’empathie à l’égard d’un garçon qui a juste voulu faire bonne figure auprès des autres. On touche alors à un autre sujet capital du manga qui n’est autre que l’essence même des arts martiaux. Si Kéli pense que la force est tout ce qui compte, cela va en totale contradiction avec ce que nous raconte le roi de ce peuple et les principes liés à leur style de combat. Ici, on veut nous montrer qu’un guerrier n’est pas grand par ses muscles ou sa puissance, mais par sa capacité à tendre la main même face à un adversaire. On est alors saisi en voyant à quel point le discours entourant ce sujet va venir sublimer l’ensemble de l’œuvre, car à travers celui-ci, c’est tout un conflit d’idéaux qui se joue. On nous montre des valeurs fortes, mais qui ont du mal à être comprises par ce protagoniste encore trop jeune et inexpérimenté. Un élément qui vient renforcer notre immersion dans cette histoire tout en étant un autre facteur important venant contribuer au principal message de cette aventure.

Red Flower a su se présenter comme une excellente surprise par bien des aspects de son récit. Je pourrais autant m’attarder encore plus longtemps sur l’écriture des personnages que sur les possibilités se dégageant de cet environnement. Un premier acte plein de promesses et qui sait déjà nous faire vivre beaucoup d’émotions au contact de ce garçon qui est trop enfermé dans ce rêve qui l’empêche de voir autour de lui. On est alors partagé entre l’action de certaines scènes, la découverte de tout ce qui gravite autour de ce peuple et les rebondissements au niveau de l’intrigue qui vont appuyer l’aspect dramatique du manga.

Red Flower s’épanouit rapidement

Nous voilà face à une œuvre qui symbolise très bien tout ce que j’apprécie dans la fiction de manière générale. Red Flower nous conte une histoire à la fois efficace, prenante et apportant de multiples réflexions tout en arrivant à utiliser chaque élément pour sublimer la portée de son message. Une œuvre qui aborde des sujets pertinents notamment concernant cette vision du guerrier et ce qui fait réellement la force d’un individu. De même, tout le travail autour de Kéli est fascinant, car nous ne sommes pas dans l’optique d’un protagoniste que l’on va apprécier d’entrée de jeu. C’est même tout le contraire qui se passe avec ce personnage qui peut éveiller l’énervement chez le lecteur. Ce n’est finalement qu’en progressant dans l’intrigue que l’on va prendre conscience de ce qu’il est au fond de lui et surtout de sa capacité à changer pour être une personne digne de ce titre qu’il convoite tant. Sans oublier que l’auteur réussit à nous amener des rebondissements assez forts dès cette introduction et qui nous pousse à en vouloir un peu plus sur ce qu’il va advenir de cette tribu. Tout cela est combiné à un trait qui fonctionne très bien et qui colle parfaitement à l’ambiance de cette épopée qui nous offre un pur sentiment de dépaysement. Voilà le genre de belle surprise qui donne le sourire et montre toute la créativité qu’il peut y avoir au sein de ce medium par le biais de tous ces artistes remarquables. C’est un terreau fertile que l’on nous propose avec énormément de possibilités pour la suite.

En lisant cette chronique, vous aurez compris que ce premier volume de Red Flower aura été un très beau coup de cœur. Je suis content d’avoir pu découvrir cette introduction qui nous plonge avec brio au sein de cette tribu et de sa culture. De même, le fait d’avoir pensé à mettre des descriptifs de chaque élément entre les chapitres est une excellente idée. Cela donne un aspect encore plus instructif et immersif au manga en plus de son côté divertissant. Mais ce qui m’a le plus séduit, c’est bel et bien le fait que chaque détail de cet univers contribue à porter l’histoire là où l’auteur le désire. Chaque facette de ce récit a quelque chose à nous raconter et c’est un réel plaisir que de comprendre ça au fil des pages. Voilà une série qui pourra plaire à tous ceux qui rêvent d’une belle épopée ou qui veulent se lancer dans une aventure dépaysante aux propos particulièrement forts. A présent, il est évident que j’ai pas mal de questions qui me viennent à l’esprit maintenant que j’ai terminé ce premier acte. Est-ce que Kéli va réellement réussir à changer ? Va-t-il se concentrer sur ce qui l’entoure plutôt que sur sa propre personne ? Quel est son avenir au sein de son clan ? Qui peut bien être derrière cette fameuse ombre devant s’attaquer à ce peuple ? La tribu réussira-t-elle à rester fidèle à ses principes ? Il me tarde déjà de mettre la main sur le second volume de cette saga.

N’hésitez pas à partager dans les commentaires votre propre avis ainsi que votre ressenti concernant ce premier tome de Red Flower. Trouvez-vous que le titre a su poser les bases d’un récit efficace et prenant ? Etes-vous intrigué par le futur qui attend notre protagoniste et son entourage ? Appréciez-vous les thèmes et l’univers traités tout au long de cette introduction ? Pensez-vous que l’on va avoir le droit à encore plus de surprises pour la suite de l’intrigue ? Trouvez-vous qu’il y a déjà pas mal de rebondissements au sein de ce premier acte ? Qu’attendez-vous pour la suite de la licence ? On reste à votre disposition pour échanger, discuter et débattre autour de ce sujet.

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