Snowball Earth T1 & 2 : un sauveur ayant échoué

Si vous me suivez depuis un moment, vous savez sûrement que la science-fiction n’est pas forcément mon genre de prédilection. Cela concerne autant le manga que d’autres mediums comme le cinéma ou le jeu vidéo. Cependant, cela ne m’empêche pas d’apprécier certaines œuvres et surtout d’avoir envie de découvrir la richesse de ce style qui a su donner vie à des histoires légendaires. C’est pour ça que je tente toujours de laisser ma curiosité prendre le dessus afin de me lancer dans une épopée futuriste. Voilà comment j’ai pu m’attarder sur le titre dont on va parler aujourd’hui et qui nous provient tout droit du catalogue de Panini. Il s’agit de Snowball Earth dont les deux premiers volumes sortent aujourd’hui. J’étais intrigué, de par les couvertures et le synopsis, de ce que cette histoire allait raconter autour de son personnage central. Après lecture attentive de ces tomes, j’ai alors pu déceler beaucoup d’éléments intéressants. Une série qui veut autant nous plonger dans un milieu hostile et glacial que nous attarder sur la personnalité de ce héros qui a toujours vécu en marge de la société. Il est grand temps de découvrir une Terre bien différente de celle que l’on connaît.

Le dernier rempart de l’Humanité

Snowball Earth, imaginé par Yuhiro Tsujitsugu, nous plonge dans un récit où la Terre est en grand danger. En effet, cela fait maintenant plus d’une dizaine d’années que la planète doit faire face à des attaques incessantes de la part de créatures venues des confins de la galaxie. Des monstres avec lesquels ils semblent impossibles de communiquer et qui n’ont pour unique but que l’éradication de l’espèce humaine. Loin d’être prêts pour faire face à une telle invasion, les diverses nations tentent au mieux de lutter face à ces gigantesques extraterrestres. Mais personne n’aurait imaginé que le salut viendrait d’un petit garçon. Ce dernier, répondant au nom de Tetsuo, a su prendre les commandes d’un robot géant intitulé Yukio. Dès lors, ce tandem a su faire face à tous les ennemis qui se dressaient sur sa route. En seulement quelques assauts, les deux compères sont parvenus à repousser ces attaques galactiques. Il n’en fallait pas plus pour la population afin de hisser Tetsuo au rang de héros de la planète. Un statut très lourd à porter pour un gamin qui plus est pour un enfant aussi timide que lui. Il n’arrive même pas à parler correctement face à ceux qui croisent sa route malgré toute sa bonne volonté pour se faire des amis. Coincé entre son incapacité à se rapprocher des autres et ce rôle éprouvant de protecteur du monde, Tetsuo va pourtant lutter dix ans face aux diverses attaques adverses.

Une lutte qui dure depuis si longtemps et dont les assauts adverses ne font que se renforcer. D’ailleurs, il s’apprête à se confronter à la plus grande troupe qu’il n’ait jamais vue. Malgré le fait qu’il est en infériorité numérique, la peur ne l’envahit pas. Il espère que cette dernière virée dans l’espace sera l’occasion de mettre un terme à cette épée de Damoclès qui plane au-dessus de la Terre. Les hostilités sont lancées tandis que l’adolescent et son comparse robotique luttent vaillamment pour empêcher qu’un seul de ces monstres ne passe entre les mailles du filet. Réussissant, au prix de nombreux sacrifices, à repousser cette invasion, Tetsuo se met à errer dans l’espace au sein d’une capsule de sauvetage. Il finit par revenir sur Terre et se demande déjà comment il va réagir face aux gens qui clameront haut et fort son nom. Quoi qu’il arrive, cela symbolise enfin la conclusion de son éprouvant combat qui aura duré plus de dix ans. Enfin ça, c’est ce qu’il espérait. En sortant de son module de sauvetage, il découvre une planète qui n’a plus rien à voir avec ce qu’il a connu par le passé. La Terre est devenue une gigantesque sphère glacée et il ne reste que des ruines de ce qui fut autrefois la société. Ne trouvant pas la moindre trace de vie, Tetsuo se met à paniquer. Il va découvrir que sa mission fut loin d’être une réussite et qu’il va devoir survivre dans ce milieu hostile où chaque pas peut être le dernier. Existe-t-il encore une trace d’humanité au cœur de ces steppes gelées ? Pour cela, l’ancien héros va devoir prendre son courage à deux mains et avancer.

Snowball Earth peut rapidement susciter notre intérêt au travers de ce synopsis par plusieurs points. Tout d’abord, nous ne sommes pas face à un héros comme on peut en connaître ailleurs. Un protagoniste qui a un lourd poids sur les épaules et qui désire juste avoir une vie normale. De l’autre, nous faisons aussi face à une histoire qui va prendre le parti-pris d’un échec condamnant l’Humanité à un quotidien où le froid et la mort sont omniprésents. Cela donne un mélange plus que prometteur et où le lecteur va être pleinement immergé dès les premières pages.

Tout repose sur les épaules d’un jeune garçon

Il y a beaucoup de choses à dire concernant ces deux premiers volumes de Snowball Earth. Tout d’abord, il est important de souligner le talent de l’auteur en matière de dessin. Si l’on peut avoir l’impression, au niveau des personnages, de ne pas avoir forcément quelque chose qui sort de l’ordinaire, c’est dans tout le reste que le mangaka va frapper un grand coup. Il suffit de voir l’aura qu’il donne à travers son trait aux divers monstres que l’on va rencontrer pour avoir un sentiment d’impuissance face à leur grandeur. A la fois terrifiantes et imposantes, ces créatures donnent réellement un sentiment de n’être qu’un grain de poussière face à eux. Même avec la présence de Yukio, qui a déjà une carrure impressionnante du fait de son statut de robot, on garde quand même cette disproportion au niveau de la taille. Cela contribue à nourrir ce sentiment de peur face à ces envahisseurs qui détruisent absolument tout sur leur passage, mais aussi l’exploit réalisé par Tetsuo d’avoir su les repousser pendant si longtemps. Ainsi, on va rapidement être plongé dans l’action propre au titre et qui se veut aussi intense que lisible à suivre. C’est un vrai régal que d’assister à ces confrontations qui ont tout d’un David contre Goliath. Mais cela nous amène à un autre point très important de cette série qui n’est autre que notre personnage principal. Rapidement, Tetsuo va venir briser cette image que l’on donne de lui d’être un héros que tout le monde admire. 

En seulement quelques cases, l’artiste va nous montrer que derrière ce titre se cache avant tout un adolescent qui rêve d’une vie banale. Désireux de se faire des amis, il se montre aussi maladroit qu’extrêmement timide en abordant quelqu’un. Cela donne un petit ressort comique à son personnage, mais qui va aussi être le symbole de quelque chose de bien plus triste. C’est en avançant un petit peu dans l’histoire que l’on va faire la lumière sur son passé. Mis à l’écart de par sa difficulté à se rapprocher des autres et aussi par rapport à son père, ce n’est qu’en faisant la rencontre de Yukio qu’il va enfin trouver un premier ami. Mais cette rencontre est aussi ce qui va inaugurer son existence en tant que protecteur de la Terre alors qu’il n’est qu’un gamin. On parle ici d’un enfant qui va lutter pendant dix ans pour défendre l’Humanité. Le poids est considérable alors qu’une personne de son âge ne devrait pas risquer sa vie pour les autres. Il y a réellement un côté tragique à ce destin que certains pourraient considérer comme grandiose. En devenant une telle figure d’espoir, il est condamné à ne jamais avoir d’interactions sincères avec les autres. Tout le monde ne voit en lui que le héros sans penser un seul instant au garçon qui se trouve derrière et qui a dû subir une profonde solitude de la part des autres humains. Nous sommes donc autant dans un récit de SF post-apo où l’on va assister à une vraie lutte pour survivre qu’à une épopée beaucoup plus personnelle pour cet adolescent qui n’a jamais eu l’occasion de mener une vie normale. Un héros qui n’a pas voulu l’être, mais qui s’est accroché à ce rôle du fait de cette lourde responsabilité qu’on mettait sur ses épaules.

Nous sommes, avec Snowball Earth, face à une œuvre qui sait comment nous plonger dans son univers particulièrement hostile. On se laisse facilement convaincre par cette quête pour survivre et surtout sur l’écriture de notre protagoniste. Un jeune homme érigé comme un sauveur, mais qui n’était encore qu’un enfant quand l’enfer commença. Une œuvre qui peut aussi compter sur le trait de son auteur qui sait comment souligner l’imposante carrure de ces envahisseurs et le combat éreintant de ces quelques rescapés. Nous voilà face à un récit qui a toutes les cartes pour nous tenir en haleine un bon moment.

Snowball Earth survit en milieu hostile

J’ai bien fait de laisser ma curiosité prendre le pas, car Snowball Earth offre un divertissement plus que réussi, et cela, en seulement quelques chapitres. On a le droit à un rassemblement de plusieurs éléments maîtrisés qui rendent cette aventure futuriste aussi captivante que sombre. J’ai souligné le talent de l’auteur en matière de dessin, mais il sait aussi faire preuve d’une habileté en ce qui concerne l’écriture des personnages. Il suffit de voir le soin qui est apporté à Tetsuo et à l’ensemble des autres acteurs de cette pièce pour s’attacher rapidement à eux. D’ailleurs, j’ai aussi adoré la relation qui existe entre ce protagoniste et son robot géant. Deux êtres diamétralement différents et qui pourtant font la paire tant on a du mal à les dissocier l’un de l’autre. Un véritable sens de la camaraderie et une profonde amitié s’expriment à chacun de leur échange. On a alors autant envie de voir comment va se développer la suite de cette histoire où l’humanité s’est effondrée que la manière dont va évoluer notre jeune héros face aux quelques survivants qu’il va rencontrer. En outre, il y a aussi un soin tout particulier qui est apporté à l’environnement dans lequel on se retrouve. Le changement qui s’opère entre la Terre que l’on connaît et cette planète devenue un caillou gelé est saisissant. La peur s’insinue progressivement à l’idée qu’un de ces monstres puisse apparaître à tout instant. Un début plus que réussi et qui donne envie de s’aventurer plus loin.

C’est donc, comme vous l’aurez compris au fil de la chronique, une belle surprise que j’ai eu pour Snowball Earth. Un récit qui, même s’il ne me parlait pas forcément initialement, a su me montrer toutes ses qualités et surtout le potentiel qui s’en dégage. J’ai juste été bluffé par ce croisement entre le post-apo sur fond d’ère glaciaire et ce récit très centré sur l’humain. Sans oublier que le manga reste aussi un excellent divertissement en proposant un spectacle fantastique notamment dans ses confrontations épiques. Tout cela est ensuite saupoudré d’une petite dose d’humour qui arrive à donner le sourire au milieu de cette épopée brutale. Un excellent compromis entre tous ces aspects qui fait de cet univers une invitation alléchante à vivre encore plus de péripéties. Une licence qui plaira donc aux amateurs de science-fiction, mais aussi à ceux voulant un show spectaculaire tout en ayant un développement réussi des principaux personnages. Il est évident maintenant que j’ai pas mal de questions qui me viennent à l’esprit après la lecture de ces deux tomes. Est-ce que Tetsuo peut encore devenir une lueur d’espoir pour ces rares survivants ? Existe-t-il des monstres encore plus impressionnants sur la surface de cette planète ? Est-il possible de modifier l’avenir de la Terre et des quelques habitants qui y survivent ? Hâte de me plonger dans le futur de cette nouvelle saga.

N’hésitez pas à partager dans les commentaires votre propre avis ainsi que votre ressenti concernant ces deux premiers volumes de Snowball Earth. Trouvez-vous que l’univers proposé peut donner quelque chose d’intéressant sur le long terme ? Appréciez-vous le fait que notre protagoniste soit un personnage très loin de l’image du héros que l’on veut lui donner ? Etes-vous intrigué de voir ce que donnera ce mélange entre SF, combats de robots géants et survie sur une planète glaciaire ? Trouvez-vous que l’environnement proposé se veut prometteur en matière de défis à relever ? Qu’attendez-vous pour la suite de la licence ? On reste à votre disposition pour échanger, discuter et débattre autour de ce sujet.

© 2021 Tsujitsugu Yuhiro, Shogakukan