Alexandrie : une cité entre lumière et ténèbres
Comme vous le savez, en ce moment, je suis vraiment à fond dans mes découvertes vidéoludiques. Le jeu vidéo est et restera ma première passion et j’avais donc envie de vous proposer encore plus de contenus à ce sujet. Mais vous n’ignorez pas aussi que je suis un grand fan de Final Fantasy. Et surtout, j’ai déjà proposé bon nombre d’articles sur cette saga et notamment le neuvième opus qui a eu le droit à deux importantes vagues de chroniques. Après avoir mis un peu de côté cet univers, je me suis dit qu’il était grand temps d’y revenir pour vous proposer la troisième vague. On pourrait alors se demander ce qu’il y aurait d’autres à analyser dans cet épisode et croyez moi, il y a encore beaucoup de choses que je n’ai pas abordé. Cette fois, nous ne nous attarderons pas sur des personnages, mais bel et bien sur des lieux emblématiques de cette épopée. Et quoi de mieux pour commencer celle-ci que de s’arrêter sur la première ville que l’on visite. Je veux bien sûr parler d’Alexandrie et de son rôle dans cette histoire. J’espère donc que vous êtes prêts à contempler une fois de plus cette cité aussi éclatante que sombre.
Un royaume coloré
Que dire pour commencer sur cette chère cité d’Alexandrie si ce n’est qu’elle est la capitale du royaume du même nom et qu’elle est dirigée par la reine Branet. Prenant le chemin d’une monarchie, les seuls membres de la royauté que l’on connaît sont cette souveraine et sa fille Grenat. D’ailleurs, la scène d’introduction de FFIX va rapidement souligner le côté faste et royal de ce lieu en nous faisant basculer de la chambre de la princesse à une vue large du château et de ses environs. Très vite, Alexandrie se montre donc à nous sous une apparence grandiose tandis que l’on voit l’aérothéâtre s’approcher de cette capitale. Mais ce qui est justement très intéressant dans le début de notre épopée, c’est que cet endroit ne va pas dégager la moindre once d’obscurité. Au contraire, tout se veut très lumineux afin de présenter cette cité comme une sorte de havre de paix où il fait bon vivre. Cela est accentué par le fait que l’on incarne rapidement Bibi, un personnage qui ne connaît absolument rien de cette gigantesque ville et qui partage donc notre sentiment de découverte. Il suffit de le voir lever les yeux au ciel pour admirer le vaisseau et le château pour se sentir tout petit face à ça. C’est là que ce neuvième opus frappe très fort d’entrée de jeu. Il nous présente ce lieu comme un endroit qui attire l’émerveillement du joueur. Au contraire d’une ville comme Midgar dans FFVII qui se veut justement bien plus terne, sombre et froide, ici tout semble respirer une douce chaleur réconfortante. En plus de ça, notre épopée commence alors que l’on nous promet un spectacle et que tous les habitants semblent être emportés par cet esprit de fête. Une atmosphère qui va rapidement s’emparer aussi du joueur tandis qu’il guide ce petit bonhomme vers le guichet pour assister au spectacle.
Ce qui est génial, c’est que l’on sent ce côté plein de vie qui nous donne envie d’explorer chaque recoin de cette capitale. On s’émerveille sur la place principale, on s’arrête quelques instants à la taverne et on fouille chaque maison. Encore une fois, on est ici dans un terrain de jeu qui est totalement différent de ce que l’on a pu connaître précédemment. Cette fois, on n’a pas un sentiment de danger immédiat pour le joueur. Au contraire, tout commence lentement pour mieux préparer ce qui arrivera par la suite. Ainsi, la simple idée de se retrouver à devoir jouer de ruse pour observer la pièce de théâtre en compagnie de Puck sonne comme une petite aventure. De même, l’idée de pouvoir apprendre le Tetra Master et commencer des parties avec certains habitants appuie ce divertissement bon enfant que l’on peut connaître depuis le début. Même quand on prend de nouveau les commandes de Djidane, toute la partie consacrée à l’enlèvement de la princesse est amenée avec un soupçon d’humour et de dérision. Cela nous permet aussi d’explorer certaines parties du château et d’admirer une fois de plus le luxe de cette bâtisse et ce côté impressionnant qui déborde de chaque facette d’Alexandrie. On rit de bon cœur au sein de cette ville qui cache pourtant de lourds secrets. Une zone de départ qui arrive à nous offrir un sentiment d’évasion et de légèreté jusqu’à ce qu’arrive le moment fatidique venant tout faire basculer. La resplendissante Alexandrie, dirigée par une reine aux allures clownesque, va finalement montrer un visage bien plus terrifiant dès lors que cette dernière n’hésite pas à tirer sur l’aérothéâtre pour le détruire, et même à y expédier un bombo pour qu’il explose. Le rideau se baisse sur Alexandrie l’éclatante pour dévoiler une cité où les ambitions d’une femme sont la priorité absolue. Un changement qui va s’opérer progressivement au fil de nos retours dans ce lieu.
Le berceau de la guerre
En fait, après notre séjour du début à Alexandrie, on va mettre beaucoup de temps avant de pouvoir de nouveau fouler son sol. Dès l’instant où l’on s’enfuit pour aller explorer le reste du monde, la rayonnante capitale va peu à peu s’estomper pour être corrompue par l’esprit de sa reine. Et c’est là que l’on remarque un formidable travail de mise en scène dans la manière de transformer cette ville autrefois rayonnante. Dès lors que l’on va découvrir la vérité sur les ambitions de Branet, Alexandrie n’est plus la joyeuse cité où l’on s’amusait à déambuler dans ses somptueuses ruelles. Elle devient le bastion de notre ennemie du moment et elle sera aussi synonyme de conflits et d’actes ignobles à l’égard des autres royaumes. Ainsi, les quelques moments où l’on va revenir au sein du château d’Alexandrie concernent certaines interventions de cette dirigeante qui complote contre le reste du monde. La majorité du temps, tout se passe de nuit comme si la lumière du soleil ne pouvait plus éclairer ce lieu autrefois éclatant. Mais surtout, Alexandrie va devenir la zone synonyme de prison, d’enfermement, de pièges et de danger avec le retour de Grenat et ce qu’elle subit de la main de sa mère et de ses sbires. On revient donc entre ces murs non pas pour profiter du cadre ambiant, mais pour une situation d’urgence où la vie d’une camarade est en jeu. Tout se précipite et ce que l’on voyait autrefois comme un château éblouissant devient une geôle écoeurante symbole d’un pouvoir ayant chuté dans les abysses. D’ailleurs, on peut remarquer que quasiment toute notre seconde escapade dans cette demeure royale va se passer dans ses souterrains.
Ces derniers sont loin d’être aussi accueillants que ce que l’on pouvait voir aux niveaux supérieurs. Un changement d’environnement alors que l’on est pourtant dans le même lieu qu’au début. Il est remarquable d’avoir su opérer ces changements de manière logique et surtout en adéquation avec la progression du joueur dans l’histoire. Le monde qui s’offrait à nous pouvait paraître fantastique et plein de charme avant de finalement nous dévoiler sa part sombre où guerres et manipulations sont le quotidien de ces nations. Un revirement qui s’inscrit directement dans le cœur d’Alexandrie et qui ne va plus la quitter avant un long moment. En fait, c’est même tout au long du règne de Branet que la capitale va rester ancrée dans ce sinistre voile qui lui fait perdre son aura d’antan. Alexandrie, que cela soit la capitale ou bien le royaume dans sa globalité, n’est plus synonyme de fêtes ou bien d’amusement. La vue de ce château nous rappelle toutes les horreurs commises par celle qui réside en son sein. Que ce soit Bloumécia, Clayra ou même Lindblum, tous ont fait face à la fureur de cette nation pouvant se montrer impitoyable. Il faudra attendre la disparition de la mère de Grenat pour qu’arrive autant une lueur d’espoir pour cette ville qu’un très lourd prix à payer pour celle-ci. En changeant de dirigeante, cette capitale s’apprête à repartir sur de nouvelles bases, mais va aussi nous dévoiler une facette bien plus inattendue. Que ce soit dans notre premier contact avec elle ou bien après, elle a toujours su conserver son aspect imposant et surtout ce côté implacable nous donnant la sensation que rien ne pouvait l’ébranler. Et pourtant, afin de retrouver sa splendeur d’antan, Alexandrie va devoir connaître la destruction pour qu’une nouvelle graine apparaisse.
Un champ de bataillé mémorable
Ce qui est fantastique quand on s’attarde sur Alexandrie en tant que lieu, c’est de voir à quel point cette cité a subi de nombreux bouleversements au fil de ce récit. Comme j’ai pu le dire précédemment, on a assisté à la chute progressive de ce lieu qui a finalement été le reflet de celle qui s’était perdue dans des ambitions dévorantes. Maintenant qu’elle n’est plus là et que Grenat doit reprendre le flambeau, c’est un long chemin qui commence. Une reconstruction qui va inexorablement passer par la destruction d’une partie de la ville lors de la bataille contre Kuja et ses monstres. Encore une fois, ici tout se passe en pleine nuit comme pour accentuer encore plus l’effet dramatique de cette situation. On assiste et on participe à la mise en place des défenses dans l’espoir de repousser ces assauts, mais surtout de mettre à l’abri la population. Au fil du combat, on assiste à de nombreuses scènes de destruction tandis que des gens comme Steiner ou Beate luttent désespérément dans ces rues qui ont perdu tout leur éclat. Mais pourtant, quelque chose va ressortir de ce champ de bataille. Il s’agit de cette envie de la part de tous ces acteurs de protéger et surtout de faire renaître cette ville qui a depuis trop longtemps sombré dans le chaos. Malheureusement, même avec tous les efforts possibles de la nouvelle souveraine et de ses sujets, l’intervention de Bahamut va engendrer encore plus de dégâts à la ville. Une entité dont on avait déjà été témoin de la puissance et qui semble inarrêtable. Et c’est là que va avoir lieu l’apparition d’une autre lueur d’espoir comme le vestige d’un temps passé. Il s’agit tout bonnement de l’appel de Grenat et Eiko afin de réveiller Alexandre.
On comprend alors que ce château qui nous faisait tant rêver est l’hôte d’une chimère encore plus impressionnante que le terrible roi des dragons. Alexandrie prend littéralement vie devant nos yeux à travers ce représentant dont la puissance dépasse l’entendement. Le voir déployer ses ailes d’un blanc immaculé réveille en nous le souvenir de cette capitale éblouissante du début. Un contraste fort par rapport à l’enfer qui l’entoure et cet agent du chaos qui se dresse devant elle. Nous voilà face à une scène emblématique de cet opus et qui surtout symbolise à merveille cet éclat qui a toujours vécu au plus profond du château et de ses habitants. Une lumière qui éradique le mal en une fraction de seconde et qui semble nous redonner de l’espoir en l’avenir de ce royaume. Et pourtant, malgré cette joie que l’on ressent en contemplant cet être prendre vie et agir pour éradiquer Bahamut, le cours du destin ne peut être changé. Suite à l’intervention de Garland, Alexandre se voit attaqué et finit par disparaître comme si cette résurgence n’avait été qu’une petite parenthèse dans le temps. En réalité, cet acte, aussi terrible qui soit, va entraîner quelque chose de bien plus fort. Une façon marquante pour mettre un terme à l’ancienne Alexandrie à travers la destruction de son plus grand symbole. Même si Kuja a finalement été repoussé, le prix à payer fut lourd et après avoir vu cette capitale à son paroxysme puis sombrer dans le chaos, nous l’observons maintenant en ruine. Un tragique destin, mais qui va pourtant être propice à cette princesse de transformer une nouvelle fois cette cité qui lui est si chère. Au même titre que les autres royaumes ayant été mis à mal, cette nation va se relever dans l’adversité en prenant conscience de ce qui est réellement le plus important.
La renaissance d’Alexandrie
Après cet effroyable drame qui a frappé la capitale du royaume, il est intéressant de noter le changement qui s’opère. La lumière du jour recouvre de nouveau Alexandrie tandis que tout le monde s’affaire pour reconstruire. En fait, chaque pas que l’on fera à présent entre ces gravats et ces décors que l’on connaît maintenant bien va être porteur de cette renaissance que la ville opère. Sous le règne de Grenat, mais aussi suite à tout ce qu’il s’est passé, cette cité peut de nouveau respirer un peu. Cette fois, il n’est plus question de s’opposer entre nations, mais de faire front commun face à un ennemi commun. Tout ça est magnifiquement représenté dans ce dernier acte de l’histoire et surtout de l’évolution de cet endroit. On a beau observer à perte de vue les nombreux dégâts causés par la bataille, le fait de voir tout le monde s’entraider donne une lueur d’espoir pour l’avenir. Bien sûr, les crimes du passé ne disparaissent jamais vraiment et il faut maintenant que tous avancent pour espérer changer réellement ce monde. Cela passe en premier par Alexandrie qui fut la source de tant de malheurs. Quand on prend donc du recul, cette dernière est celle qui reflète au mieux les multiples bouleversements qui vont frapper nos héros, mais aussi l’ensemble de ces terres. Ce qui était au départ un remarquable terrain de jeu où notre âme d’enfant se réveillait facilement a fini par devenir le symbole de ces adultes rongés par la cupidité, l’ambition et le pouvoir. Ce n’est finalement qu’en connaissant une chute vertigineuse et la disparition de sa plus puissante étoile qu’Alexandrie peut ressusciter des décombres par la volonté de ceux qui restent. Des gens témoins des affres de la guerre et qui désirent plus que tout la paix.
Alexandrie nous montre qu’une ville est avant tout le reflet de ceux qui l’habitent. Voilà pourquoi cet environnement évolue constamment au fil de cette épopée. Tout bonnement parce que c’est l’ensemble de cette population qui va changer, grandir et surtout lutter face à l’adversité. D’ailleurs, un passage très important dans le récit et qui montre bien ce revirement concerne la fameuse scène où Grenat se coupe les cheveux. Face à ce château qui était autrefois signe de puissance, elle décide de souligner sa détermination à changer par ce geste fort. Et avec elle, c’est toute cette cité qui prend une autre voie pour finalement regagner, à la conclusion de cette aventure, cet esprit de fête et de partage que l’on avait pu connaître au début. Ainsi, la boucle est bouclée et l’on a pu être témoin non pas d’un simple décor servant à raconter cette intrigue, mais un lieu qui est aussi un acteur majeur dans notre périple. J’espère en tout cas que cette première chronique spéciale lieux de Final Fantasy IX vous aura plu et qu’elle vous aura donné un autre regard sur ce lieu qui, finalement, nous accompagne une bonne partie de ce voyage. Une très belle preuve qu’une aventure vidéoludique ne se limite pas uniquement à ses personnages ou à son histoire. Parfois, c’est en prenant le temps d’observer ce qui nous entoure que l’on peut admirer un environnement qui vit aussi avec nous ces péripéties. En voilà un excellent exemple tant cette capitale affiche une multitude de nuances et de messages à transmettre. N’hésitez pas à me dire dans les commentaires ce que vous avez pensé de cette chronique ainsi que votre ressenti sur Alexandrie. On se retrouve très vite pour de nouvelles escapades vidéoludiques au sein de cette incroyable franchise.