Un dragon dans ma cuisine T1 : la beauté de l’imaginaire
L’imaginaire et la fiction ont su créer des créatures devenues cultes aujourd’hui. Des monstres ou animaux mythiques qui n’ont eu de cesse de se multiplier au fil des récits et histoires que l’on peut découvrir. Le manga n’est pas en reste dans ce domaine étant donné que bon nombre d’entités liées à la culture pop ou même à la fantasy de manière générale ont été au cœur de multiples récits. Mais alors que l’on ne compte plus ce type d’aventures, on peut se demander si l’on peut encore être happé par l’apparition de telles créatures. Et pourtant, il peut encore y avoir de belles surprises comme c’est le cas pour le manga que je vais aborder aujourd’hui. Il nous provient tout droit du catalogue de nobi nobi, il s’agit de la nouveauté Un dragon dans ma cuisine. Le premier volume vient tout juste de sortir et dès que j’ai vu la couverture, j’ai été attirée par ce titre qui semblait tout mignon. Mais en m’aventurant dans cette introduction, j’ai surtout pu découvrir une formidable cohabitation entre le réel et l’imaginaire. Il est donc l’heure de découvrir un mystérieux oeuf qui va changer la vie d’une artiste.
Un oeuf recelant un être extraordinaire
Synopsis
Alors que Nono, une étudiante japonaise, trouve un œuf étrange, voilà que de celui-ci émerge un petit dragon.
La jeune fille l’élève dans sa cuisine, à l’insu de tous. La créature grandit alors doucement, mais sûrement…
Découvrez le quotidien paisible et attendrissant de la jeune fille et du dragon, dans la petite cuisine d’une maisonnette nichée au coeur d’un pays à l’histoire foisonnante.
Dessin : Miyoshifurumachi
Scénario : Riri Shimada
Ce qui va retenir initialement notre attention dans Un dragon dans ma cuisine va justement être l’invitation de cet être réservé aux contes dans la vie banale d’une jeune artiste. Une rencontre surprenante, mais qui va donner vie à une petite fresque où chaque jour devient une petite aventure sans pour autant partir dans le surnaturel le plus total. Au contraire, c’est ce petit dragon qui va s’acclimater à un environnement qui n’a rien à voir avec ce que l’on pourrait imaginer le concernant. Ainsi va naître une tendre relation entre ces deux êtres vivant à l’écart du reste du monde.
Une cohabitation donnant le sourire
Si vous avez décidé de vous lancer dans Un dragon dans ma cuisine, vous pouvez vous demander en quoi le titre arrive à se démarquer. En fait, nous sommes ici avant tout dans une tranche de vie qui va s’axer autour des journées que vont partager notre protagoniste et son nouveau colocataire. La première chose qui nous frappe immédiatement est cette utilisation du fantastique qui ne va nullement effacer la réalité et au contraire paraître encore plus isolé par rapport au reste. On nous montre un être qui est, pour l’imaginaire collectif, réservé à la fiction et aux légendes tandis que l’on suivait l’histoire d’une jeune artiste tout à fait banale. Le manga ne souhaite donc pas faire basculer l’ensemble de son intrigue dans le surnaturel, mais voir comment un élément hors du commun peut réussir à se faire une place dans un quotidien où les contes ne sont que des fables à destination des plus jeunes. Evidemment, on va être rapidement touché par le lien qui va se forger entre nos deux principaux acteurs. Alors que notre étudiante en art a trouvé un lieu reculé pour vivre tout en étant dans un pays dont elle ignore quasiment tout, elle va voir sa solitude être brisée par l’apparition de ce petit dragon. Ainsi, son temps libre va autant être dédié à peindre ses toiles qu’à s’occuper de ce petit compagnon qui a tant à découvrir. Si ces petits moments de complicité nous donnent le sourire et arrivent à retranscrire merveilleusement bien l’alchimie entre les deux, ce titre va aussi amener quelque chose d’encore plus profond.
Pour ça, il faut s’attarder sur cette notion d’art qui fait partie intégrante de la vie de notre héroïne. Alors qu’elle cherche à élargir ses horizons et surtout à comprendre ce qu’elle souhaite faire et transmettre à travers ses œuvres, c’est en rencontrant cette créature magique qu’elle va prendre conscience d’un élément important. L’art, s’il est nourri par toutes les inspirations que l’on peut trouver autour de soi, est avant tout un terrain de jeu pour les artistes afin d’exprimer toute leur créativité. En étant directement avec un être que tout le monde pense comme étant irréel, Nono comprend que sa vision ne doit pas s’arrêter à ce que tout le monde pense. C’est justement en enfonçant des portes et en repoussant les frontières de sa propre créativité qu’elle peut réellement trouver ce qu’elle cherche. Une jeune femme qui était un peu perdue et qui après avoir accueilli ce dragon trouve autant de la joie, du réconfort et une formidable source d’inspiration. De son côté, son jeune ami découvre un foyer chaleureux et où il est le bienvenu alors que le monde extérieur aurait beaucoup de mal à l’accepter. Dans cette maisonnette coupée un peu de tout, ce tandem se forme un petit cocon où chaque jour est une chance de s’émerveiller de ces petites choses qui nous entourent et surtout d’approfondir le lien entre cette humaine et cette créature imaginaire. Une lecture qui apporte un peu de chaleur et de tendresse tout en soulignant l’importance de se laisser porter par ses rêves.
Avec ce premier volume d’Un dragon dans ma cuisine, on est pleinement plongé dans le quotidien de cette étudiante qui voit la féérie entrer dans sa vie. Une lecture qui ne cherche pas à proposer quelque chose de grandiose, mais une tranche de vie touchante en compagnie de deux êtres si attachants. La relation qui se tisse entre eux est si émouvante qu’on a juste envie de les voir profiter pleinement de ces jours qu’ils passent ensemble. En prenant pour thème un petit dragon, ce récit parvient à nous montrer l’importance de l’imaginaire chez chacun d’entre nous.
Un dragon dans ma cuisine met le feu
Je suis toujours très heureux de voir à quel point le mois d’octobre peut se montrer riche en épopées littéraires mettant l’accent sur le fantastique, surnaturel ou l’horreur. Il faut dire que c’est une période toute désignée pour que ses titres enchantent le public. Avec Un dragon dans ma cuisine, on a le droit à une très belle fresque qui nous raconte avec juste et simplicité la vie de ces deux êtres qui se sont trouvés et qui décident, pour le moment, de partager ce foyer. Tandis que ce dragonnet ne cesse de se questionner sur ce qu’il voit pour la première fois, sa protectrice, quant à elle, ouvre progressivement les yeux sur le monde qui l’entoure. En nous amenant dans un décor où la frontière entre le réel et l’imaginaire est mince, cette histoire va nous délivrer un lieu enchanteur. Sans avoir forcément besoin de partir dans l’épique ou l’impressionnant, ce manga réussit à nous toucher par ces petites scènes du quotidien qui sont chargées d’émotion, de découvertes et de rapprochement. S’il y a encore beaucoup de chemin à faire pour que nos deux protagonistes puissent se comprendre pleinement, ils ont déjà forgé une relation qui nous donne le sourire. Cela peut paraître n’être pas grand-chose, mais le simple fait de les suivre dans leurs petites péripéties quotidiennes suffit largement pour nous divertir. Il y a une telle osmose qui découle de leur rencontre que l’on ne peut qu’être attaché devant ce tandem si sincère dans toutes ses actions. Une œuvre qui donne du baume au cœur et qui, au même titre que notre petit dragon, nous invite à entrer dans cette modeste demeure pour échanger, le temps de quelques minutes, des instants simples, mais précieux.
Oui, Un dragon dans ma cuisine n’est pas une série qui cherche à être ambitieuse. Mais cela n’a que peu d’importance tant les artistes derrière cette courte aventure ont su insuffler tout ce qu’ils désiraient. Que ce soit au niveau de ce que véhicule ce récit ou le trait fin, élégant et adorable donnant vie aux personnages, ces quelques éléments suffisent à nous séduire. La fiction n’est pas forcément là pour nous faire vivre à chaque fois une grande épopée. On peut aussi découvrir des contes qui ont pour objectif de nous faire rêver et surtout de nous faire oublier tout ce qui nous entoure. A chaque page qui défile, cette lecture est parvenue à m’immerger un peu plus dans la douceur de cette maison qui ne paie pas de mine et qui pourtant nous laisse un fort souvenir. En compagnie de ces deux êtres si touchants et bienveillants, on profite d’un instant de répit où notre esprit se laisse porter par la créativité qui a donné vie à cette douce fable. Si vous désirez une œuvre qui saura vous réchauffer le cœur et vous raconter une très belle histoire entre deux êtres totalement différents alors vous devriez être largement convaincu par ce premier volume. Etant donné que la série est prévue en quatre tomes, on peut se questionner sur la manière dont le récit va évoluer dans les prochains chapitres. Va-t-il toujours y avoir une telle complicité entre nos deux figures centrales ? Qu’est-ce qui se passera si quelqu’un d’autre apprend l’existence de ce dragon ? Nono va-t-elle enfin comprendre ce qu’elle recherche à travers ses dessins ? Comment va se passer la suite de sa cohabitation avec cette créature qui n’est encore qu’un nourrisson ? J’ai déjà hâte de les retrouver prochainement.
N’hésitez pas à partager dans les commentaires votre propre avis ainsi que votre ressenti concernant ce premier volume de “Un dragon dans ma cuisine”. Trouvez-vous que le titre arrive à transmettre beaucoup d’émotions au rythme de ce quotidien si particulier ? Est-ce que le tandem qui se forme entre notre héroïne et son nouvel ami a su vous convaincre ? Le titre est-il, selon vous, parfait pour s’évader et surtout passer un petit moment plein de douceur et de joie ? Appréciez-vous la manière dont cette histoire montre l’envie de mettre à l’honneur ces créatures fantastiques ? Qu’attendez-vous pour la suite de la licence ? Je reste à votre disposition pour échanger, discuter et débattre autour de ce sujet.
© 2017 Shimada Riri / Miyoshifurumachi, MEDIA FACTORY