Le village de Dali : un lieu bien trop paisible
Il est grand temps de partir explorer un tout nouveau lieu de Final Fantasy IX, un opus qui regorge d’endroits emblématiques et captivants à décortiquer. Comme je l’ai dit dans les précédentes chroniques, j’avais envie de m’axer sur le déroulement classique de notre aventure en reprenant un par un les divers lieux que l’on visite. Ainsi, on pourrait penser tout naturellement que je vais parler de la caverne de glace. Malheureusement, contrairement à la Forêt Maudite, ce court donjon n’a pas tant de choses à raconter mise à part son côté froid et envoûtant ainsi que notre rencontre avec Valseur 1. Voilà pourquoi j’ai décidé de me tourner vers l’arrêt qui suit et où il y a effectivement beaucoup de choses à dire. Je veux parler du village de Dali. Un lieu hautement symbolique en ce début d’épopée et qui va amener pas mal de révélations concernant Alexandrie et le personnage de Bibi. Et vous allez voir que j’ai eu un contact assez particulier avec cette zone du jeu la première fois que je l’ai découvert. Derrière le calme apparent de cette sympathique bourgade se cache un danger qui s’apprête à faire trembler tout le continent. J’espère que vous êtes prêts pour réveiller pas mal de souvenirs.
Mais où sont les adultes ?
Voilà sûrement la question que l’on va rapidement se poser quand on arrive dans ce petit village en apparence paisible. Assailli rapidement par plein d’enfants, on se questionne sur le fait qu’il n’y ait quasiment aucun adulte en ce lieu au même titre que nos protagonistes. Mise à part la vieille femme qui s’occupe de son champ et du réceptionniste de l’auberge, tous les autres habitants sont, pour la majorité, des gamins ou des adolescents qui s’occupent au mieux de tenir les commerces. Malgré tout, nos premiers pas dans cet endroit sont loin d’être oppressants étant donné que tout est pensé pour nous mettre à l’aise. Entre ce petit cadre chaleureux, la musique qui nous accompagne et cette présence humaine, tout est réfléchi pour créer un petit cocon réconfortant. Après tout, le joueur vient tout juste d’enchaîner deux zones particulièrement dangereuses avec la Forêt Maudite et la caverne de glace. C’est donc pour nous l’occasion de souffler un peu. Et là, je dois vous parler de mon ressenti global la première fois que j’ai exploré cette zone. En fait, le village de Dali est une partie de FFIX que je n’appréciais pas forcément plus jeune, car la coupure entre ce que l’on venait de vivre et cet instant se montrait assez radical. Sans oublier aussi la venue de ce rythme lent qui, finalement est l’une des grandes forces de cet opus. Mais à cette époque, j’étais beaucoup plus centré sur l’action en elle-même ou sur ce qui pouvait se manigancer autour de nos héros sans forcément voir ce qui était en train de se construire dans l’ombre de cette bourgade. Et c’est justement une chose très importante que je tenais à souligner avec cette analyse de Dali et qui fait partie intégrante de cet épisode de la saga. Final Fantasy IX est sûrement l’un des épisodes qui prend le plus son temps pour construire son univers et le destin de ses protagonistes.
Et ce passage en est une parfaite représentation. Ce neuvième opus nous montre l’importance de ces instants où le calme prend le pas sur le reste et permet aux membres de l’équipe de réfléchir sur la suite de leur voyage, leurs inquiétudes, mais aussi de commencer progressivement leur introspection. C’est en étant confronté à cette tranquillité surprenante qu’ils vont pouvoir faire leur point et ainsi approfondir énormément leur écriture. On peut d’ailleurs le remarquer à merveille à ce moment de la partie, car chaque personnage va partir dans son coin. Ainsi, ils vont tous vivre un petit truc de leur côté qui peut sembler anodin au premier abord, mais qui va impacter leur avenir. On peut penser à Grenat et sa tentative de paraître moins “noble” ou bien Bibi qui se questionne sur sa propre personne. Cette pause peut sembler nuire au rythme qui fut installé jusqu’ici au vu de cette pression constante que l’on avait depuis que l’on avait quitté Alexandrie. Pourtant, elle est cruciale pour bien d’autres aspects et va ainsi nous habituer à cette lenteur qui ne sera pas l’unique moment du jeu comme ça. On prend notre temps pour explorer chaque recoin de ce village tout en observant ce que nos camarades vivent de leur côté. Et c’est fantastique de voir comment les développeurs ont su donner cette atmosphère si spécifique à cet endroit. Tout nous semble si beau et tranquille que l’on a du mal à se dire que tout ça ne cache pas autre chose. Après avoir connu l’effroi et l’action, le simple regard sur cette chambre d’auberge qui paraît si chaleureuse est une sorte de récompense en soi. Une parenthèse qui permet de nous arrêter et de souffler un peu avant de reprendre de plus belle quand on prend conscience de l’ombre qui plane sur cette zone.
Un village inquiétant
Si vous connaissez bien FFIX, vous savez très bien que Dali n’est pas uniquement un village paisible. Il y a quelque chose de bien plus sinistre qui se cache en dessous de ces maisons. Mais pour bien comprendre l’efficacité de ce changement de ton, il faut d’abord s’attarder sur le ressenti que l’on a initialement. Comme je l’ai dit précédemment, cet endroit se présente avant tout comme une halte réconfortante pour le groupe et le joueur qui tentent de se remettre de tout ce qu’ils ont vécu jusqu’ici. Le premier réflexe va donc être tout naturellement d’apprécier ce que l’on a devant nous et surtout de s’imprégner pleinement du calme apparent pour se reposer un peu. Mais une fois que les premières minutes de relaxation ont lieu, on va rapidement sentir que quelque chose ne va pas. Pour commencer, comme je l’ai évoqué en début de chronique, le fait que quasiment tous les adultes aient disparu provoque une certaine inquiétude. On se demande bien ce qu’il s’est passé et où ils peuvent être. De même, l’étrange attrait que certains enfants semblent avoir pour Bibi n’est pas là pour nous rassurer. Comme s’ils avaient le sentiment de le connaître et les quelques mots que l’on entend le concernant vont amener la méfiance à l’égard des habitants. On peut aussi citer les propos de l’aubergiste qui sont très étranges surtout quand on observe ce qui se passe quand l’équipe n’est pas là. Tout ceci va créer quelque chose de très intéressant en matière d’expérience pour le joueur. La tranquillité que l’on pensait avoir trouvé finit par se fissurer alors que l’on n’est même pas témoin directement de choses angoissantes. Tout est supposé et cela montre à quel point cette partie sait jouer sur notre esprit quand on découvre ce village pour la première fois.
Alors que l’on pensait avoir déniché un petit havre de paix, on a plus le sentiment de s’être jeté dans la gueule du loup. Un sentiment encore plus appuyé quand on assemble toutes les pièces du puzzle que l’on peut récolter. Quelque chose se trame au sein de ce village et le fait de ne pas savoir de quoi il s’agit accentue encore plus ce sentiment d’insécurité. Et c’est là que l’on touche à quelque chose de très important et prouvant la qualité de ce passage. Jusqu’ici, le danger a toujours été direct. Quand on voit la Reine Branet lancer ses forces aux trousses des Tantalas, on se doutait que cela pourrait finir ainsi. Pareil pour la Forêt Maudite qui nous plonge justement rapidement dans l’horreur pour ensuite nous étouffer un peu plus au fur et à mesure que l’on progresse. Même la caverne de glace suit un déroulé classique avec des ennemis à abattre tout au long de notre parcours et le boss qui apparaît alors que le groupe est victime de son sort. A Dali, c’est une autre approche qui est créée en nous poussant justement à baisser notre garde. La fatigue des derniers événements se ressent et alors que l’on a envie de retrouver la civilisation, ce petit hameau se présente comme une oasis au milieu du désert. Ainsi, il y a tout un travail de préparation en amont pour accentuer ce besoin de repos qui va faire tomber nos défenses pour qu’elles se réveillent finalement quand on sent que l’on se rapproche d’une sinistre vérité. C’est une fois que l’on découvre la disparition de Bibi que l’on se met à paniquer. Cette zone colorée montre un autre visage qui va d’un coup nous faire tomber dans une sorte de panique tandis que l’on recherche notre cher mage noir dont les quelques pleurs sont le seul indice pour trouver où il est retenu prisonnier.
La vérité de cette campagne
Une fois que l’on avance suffisamment dans l’histoire autour du village de Dali, on va avoir accès à une zone qui va radicalement changer de ce que l’on connaissait jusqu’ici. Comme pour souligner le fait que ce lieu ait deux visages, le contraste entre le rayonnant hameau et ce qui se trouve sous celui-ci va frapper les esprits. C’est en parvenant à découvrir l’emplacement de Bibi que Djidane et Grenat vont trouver un accès permettant d’explorer les sous-sols de cet endroit. Et là, quelque chose d’assez spécial va se passer dans l’esprit du joueur. Dès lors que l’on arrive dans cette nouvelle zone, l’ambiance change radicalement et l’on ressent cette oppression que l’on peut avoir en explorant un donjon alors qu’il n’y a même pas d’ennemis au départ. Avec la musique qui se veut plus sinistre, les étranges machines qui parsèment ces galeries et la présence des adultes que l’on pensait disparu, tout se veut plus angoissant. Un peu comme si on venait de découvrir un secret qui pourrait nous coûter cher si cela se savait. On avance lentement le long de ces sinueux couloirs où sont entassés tout un tas de ressources, de machines et d’éléments qui semblent ne rien avoir à faire ici. En effet, le décalage entre le côté rural de Dali en extérieur et cette partie très mécanique et industrielle contribue à rendre le joueur et les personnages confus. Les questions fusent tandis que l’on avance, car on se demande bien comment un tel hameau perdu au beau milieu d’un plateau peut cacher une telle installation. De même, les fameux adultes que l’on ne trouvait pas à la surface semblent s’activer à faire marcher tout ça pour le compte d’Alexandrie et de la Reine sous prétexte que cela leur rapporte bien plus que le travail aux champs.
On comprend donc que l’ombre de Branet s’est étendue jusqu’à cet endroit et qu’elle en a même fait un endroit stratégique dans ses plans de conquête. Et c’est justement très intelligent d’avoir amené ça de cette manière. Cela permet d’appuyer le fait que même dans ce qui semble être le village le plus perdu du continent, on n’est pas à l’abri de cette menace qui semble nous coller à la peau depuis l’enlèvement de la princesse. Mais ça ne s’arrête pas là étant donné ce que l’on va découvrir juste après. Accompagné de Bibi que l’on a pu récupérer, on va se retrouver face à d’autres mages noirs qui sont créés justement au sein de cette usine souterraine. Des entités qui semblent façonner à partir de la brume et donc qui se rapprochent des monstres qui font des ravages. Dali n’est alors plus un havre de paix, mais un lieu qui révélera l’une des plus tristes vérités concernant l’identité de notre mage noir préféré. Ce que l’on pensait n’être qu’une halte de quelques minutes se transforme en un passage important pour le scénario et qui va nous amener autant à nous questionner sur tout ce qui entoure Bibi que les motivations de Branet à concevoir autant de ces êtres. La tension monte en flèche tandis que l’on ignore la portée de ce que l’on regarde en voyant ces étranges œufs défiler sur ce tapis roulant pour finalement devenir ces marionnettes enfermées dans des caisses. Sans le savoir, on se retrouve au cœur de la machine de guerre d’Alexandrie qui prépare sa future armée à mettre le continent à feu et à sang. Et c’est finalement en quittant ce sous-sol que l’on va enchaîner ce qui sera l’un des passages les plus poignants de cette aventure avec l’apparition de Valseur 2 et 3. Des “frères” pour Bibi qui ne cherchent qu’à les détruire pour ramener Grenat et qui vont transformer les alentours de Dali en véritable champ de bataille.
Une escale importante à Dali
Comme j’ai pu l’évoquer au tout début de la chronique, le passage dans le village de Dali était un moment que je n’appréciais pas particulièrement lors de ma première partie. Je pense surtout du fait que je n’étais pas conscient à quel point cet arrêt allait profondément chambouler l’histoire de ce neuvième opus. Ce n’est qu’avec les années et un regard différent que j’ai pleinement pu ouvrir les yeux sur l’importance et la pertinence de cette visite. En plus de ça, j’ai fini par remarquer tout le travail fourni pour créer un lieu qui va autant être source de repos pour les personnages que de nouveaux défis. Pouvant être découpé en deux parties bien distinctes, notre séjour dans ce hameau va jouer avec notre fatigue, notre envie d’une pause et surtout l’atmosphère qui s’en dégage. En seulement quelques minutes, on va passer de la quiétude à une profonde angoisse à l’idée de ce que l’on pourrait découvrir. De même, il y a un très bon rapport qui s’organise entre la face visible de ce village qui se veut chaleureuse et ce sous-sol qui dénote totalement avec ça. On change totalement de registre et l’on se retrouve complètement à la merci des révélations que l’on va faire. S’il s’agit d’une étape cruciale pour le développement de Bibi, ce séjour sera aussi un tournant majeur dans le scénario. Un petit pas qui va nous faire descendre une pente sinueuse où le résultat final sera la guerre et le drame. Il y a justement un puissant sentiment qui va naître chez le joueur quand il va comprendre tout ça ou bien qu’il revient dans ce village après avoir été témoin de l’horreur commise par Branet.
Nous nous retrouvons face à des gens qui souhaitaient juste s’en sortir, gagner de l’argent et ainsi quitter l’aspect rural de ce lieu bien trop calme pour eux. Des habitants ignorant totalement ce qu’ils allaient provoquer et qui sont un peu le reflet de ces hommes et femmes qui quittent la campagne pour la grande ville dans l’espoir d’une vie meilleure ou plus palpitante. Sauf que là, c’est le village de Dali qui se retrouve perverti par le désir de conquête d’une personne et qui va faire entrer le loup dans la bergerie. Une transformation qui n’est pas forcément visible de l’extérieur, mais qui se ressent pleinement dès l’instant où l’on descend cette échelle pour faire face à la vérité. C’est remarquable de voir que même un endroit qui pourrait sembler classique et même anodin au premier abord finit par contribuer pleinement au développement de l’intrigue. Une excellente utilisation de ce décor et de ces habitants pour créer une expérience qui surprend autant qu’elle va représenter le rythme si particulier de Final Fantasy IX. J’espère en tout cas que cette chronique vous aura plu et qu’elle aura réveillé bien des souvenirs. Je prends un vrai plaisir à m’attarder non pas sur des personnages ou l’histoire, mais sur ces lieux qui servent de toile de fond à cette épopée que l’on vit. Je serais très curieux de connaître votre propre ressenti sur le village de Dali et sur les événements qui vont avoir lieu pendant notre courte escapade là-bas. Avez-vous été marqué par ce lieu ou bien a-t-il marqué un temps d’arrêt compliqué dans votre avancée de cette histoire ? Je reste à votre disposition pour échanger, discuter et débattre autour de ce sujet.