VEGA-Dupuis

Valse des nouveautés – VEGA-Dupuis

Comme j’ai pu le dire dans les précédents articles, janvier est vraiment un mois déjà très chargé avec énormément de nouvelles licences qui sortent ou vont sortir. Je me suis donc dit, comme il arrive souvent que plusieurs nouveautés fassent leur apparition chez un éditeur, que j’allais regrouper certains avis au sein d’une même chronique. Cela tombe bien étant donné que ce mois se montre assez prolifique du côté des éditions VEGA-Dupuis où j’ai pu me lancer dans deux séries inédites. La première est The World is Dancing, qui a lancé le bal des nouveautés de l’éditeur, et Cicatrices qui arrivera dans quelques jours. Deux œuvres très différentes et qui ont pourtant beaucoup de choses à nous dire au vu de ce que leur premier tome nous offre. Entre une recherche de la raison des gens pour danser et une représentation tragique de ce que la nature humaine peut offrir, on va être face à deux aventures centrées sur les gens. Il est donc grand temps de voir ce que nous propose cette petite vague de sorties qui a déjà de quoi nous envoûter. L’heure est venue de s’attarder sur ces deux titres qui vont nous faire vivre des débuts prometteurs.

The World is Dancing

The World Is Dancing Vol.1The World is Dancing, imaginé par Kazuto Mihara, nous plonge en pleine période Muromachi où l’on fait la connaissance du jeune Oniyasha. Ce garçon fait partie d’une troupe d’artistes qui se représente un peu partout dans le pays et dont la renommée n’est plus à faire. C’est notamment grâce à son père, Kan’Ami, qui s’avère être un grand maître de l’art du sarugaku. Il s’agit de l’ancêtre du théâtre nô et il cherche absolument à ce que son fils suive ses traces et soit surtout à la hauteur des attentes qu’il place en lui. Mais pour ce dernier, tout semble si incompréhensible. Il se questionne sur la nécessité de la danse pour l’homme et si le corps de celui-ci est vraiment fait pour cette activité. C’est la raison pour laquelle il n’arrive pas à s’investir dans ses leçons, ses représentations et qu’il ne cesse de subir le courroux de son père. Malgré tout, il continue dans cette voie étant donné que c’est la seule qu’il connaît. Il ignore alors qu’une simple rencontre va totalement changer sa vision de cet art qui peut transmettre tellement de choses. C’est en faisant connaissance avec une femme misérable qui s’adonne à une danse maladroite qu’un sentiment étrange va envahir Oniyasha. Alors qu’il n’avait jamais rien ressenti en voyant les autres danser, le voilà qui se met à entrevoir tant de possibilités via ces mouvements loin d’être parfaits. Il ouvre alors les yeux sur ce que cet art peut offrir et surtout à quel point il s’inscrit dans le vécu de chacun. S’il se met à avoir envie d’approfondir son savoir sur la danse, il est encore très loin d’avoir trouvé toutes les réponses qu’il recherche. Mais il est à présent persuadé que c’est en explorant cette combinaison du corps et du mouvement qu’il pourra dénicher la vérité. Il s’apprête ainsi à écrire sa légende qui viendra inscrire à tout jamais le théâtre nô en tant que pierre angulaire de la culture japonaise.

Je l’avoue, je ne savais pas trop au départ dans quoi j’allais me lancer avec The World is Dancing. Une œuvre que j’ai découvert avant tout par curiosité et je dois dire que ce premier volume a été fort surprenant à bien des égards. Au départ, on ignore où veut vraiment en venir le récit avant que l’on ouvre les yeux sur ce qui fait sa principale force. En fait, si l’aspect historique est bien retranscrit et joue un rôle important dans l’appréciation globale de ce premier volume, c’est avant tout dans sa réflexion autour de la danse que le manga va se démarquer. En amenant cette interrogation dans une époque bien précise et surtout au contact d’une figure aussi emblématique du théâtre nô, cela donne un cocktail fabuleux qui va nous pousser aussi à nous questionner sur ce sujet. Oniyasha est un protagoniste très intéressant dans la manière qu’il a de voir le monde et le fait qu’il semble marcher sur un sentier qu’il est le seul à prendre. Très terre-à-terre, il a du mal à comprendre l’utilité de la danse et surtout si l’être humain est vraiment fait pour ça. Il n’arrive pas à savoir pourquoi tout le monde semble si enthousiaste à l’idée de regarder d’autres danser ou bien de participer à de telles festivités. Mais c’est en voyant une représentation imparfaite d’une dame isolée qu’il prend conscience de ce qui fait tout l’intérêt de cet art. En fait, plus que de faire des mouvements éblouissants qui vont capter l’attention du public, c’est avant tout ce que la danse peut retranscrire comme émotions qui va frapper le lecteur et le protagoniste. A travers de simples gestes, on crée une chorégraphie qui transmet ce que l’on peut éprouver et qui n’a donc pas besoin de mots pour toucher les gens. On danse quand on est heureux, mais on peut aussi se laisser aller à quelques pas pour chasser sa tristesse ou simplement exprimer ce que l’on a sur le cœur. Il va être captivant de voir comment ce récit va évoluer autant sur la question de cet art que dans le développement de sa figure centrale.


Cicatrices

Cicatrices Vol.1 - VEGA-DupuisCicatrices, imaginé par Brandon Arias, nous fait suivre Kyonosuke. Ce jeune garçon s’avère avoir une particularité qui est la présence d’une imposante cicatrice parcourant son visage. Ayant déjà subi bon nombre de brimades depuis sa plus tendre enfance, il a fini par rester chez lui pour suivre des cours et ainsi éviter la pression de l’école et du regard des autres. Malheureusement, ce quotidien n’est plus possible et il doit retourner en classe maintenant et donc faire face aux moqueries de ses nouveaux camarades qui ne se retiennent pas de le harceler. Prenant un maximum sur lui et étant surtout terrifié par ces derniers, Kyonosuke se dit que cela finira par passer en sachant pertinemment que ce sera loin d’être le cas. Mais heureusement pour lui, il va faire une connaissance qui va apporter un peu de lumière dans son monde si sombre. Il s’agit d’Akira, une jeune fille qui va rapidement entrer en contact avec lui et même prendre sa défense face à ses agresseurs. Une force qui va redonner du courage à son nouvel ami qui ignore totalement ce qu’elle subit en dehors des murs de cette école. Battue par son père et ne faisant partie d’aucun groupe au sein de l’établissement, elle est une solitaire qui a vu en Kyonosuke une personne comme elle. En plus de ça, la jeune fille cache aussi un autre lourd secret qui pourrait bien être encore plus terrible si tout le monde venait à l’apprendre. Partageant tant de souffrances communes, les deux jeunes gens vont nouer une profonde et puissante relation qui va les amener à tout faire pour fuir cet environnement toxique. Un combat de chaque instant au vu de comment certains sont prêts à tout pour asseoir leur autorité sur ces deux âmes esseulées. Face au reste du monde, ce tandem va tout faire pour créer leur propre histoire et surtout enfin accéder au bonheur qu’il souhaite.

Voilà sûrement ma plus belle découverte parmi les deux titres dont je parle aujourd’hui. Cicatrices est une œuvre particulièrement dure et éprouvante dans ce qu’elle nous raconte. Si l’on part initialement sur la question du harcèlement scolaire et de tout ce qui gravite autour, on se rend compte que l’auteur va bien plus loin que ça. Il n’est pas uniquement question ici de s’attarder sur le quotidien des personnages au sein de leur établissement. En fait, c’est toute leur vie qui va nous être montrée avec les nombreuses cicatrices qu’elle engendre. Car oui, si Kyonosuke affiche une impressionnante balafre sur le visage, les plus violentes blessures peuvent aussi être invisibles à l’œil. C’est justement ce que va nous montrer avec brio ce premier volume qui nous dévoile des acteurs et actrices qui ont tous été marqués, d’une manière ou d’une autre, par cet environnement dans lequel ils vivent. Même le garçon endossant le rôle de bourreau au sein de cette école va progressivement nous montrer les raisons de son attitude et à quel point tout ça est un cercle vicieux et sans fin. Il est autant question de l’attitude destructrice que les élèves peuvent avoir entre eux que le comportement des parents qui peut être absolument honteux et qui va éveiller la colère chez le lecteur. En plus de tout ça, il est aussi question dans cette série de parler de l’acceptation des sentiments et de nous-mêmes malgré tout ce que peuvent dire les autres. On va ainsi parler de relations amoureuses qui sont considérées comme effroyables par certains alors qu’il s’agit simplement d’un amour réel et puissant. Tout ceci fait que l’on s’implique énormément dans la quête de liberté de nos personnages et ce qu’ils vont entreprendre pour se libérer des entraves de ce monde qui est le leur. Un récit qui peut se montrer difficile, mais qui expose des problèmes bien réels tout en nous donnant envie de voir notre tandem réussir pour être simplement heureux.

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