L’Amour est dans le thé tome 1 : un arôme envoûtant
Décidément, 2023 aura été une année particulièrement riche en titres provenant de nombreux genres différents. Et si j’ai déjà pu aborder à de multiples reprises certains styles, j’ai à cœur aussi d’explorer des terrains qui ne sont pas forcément ceux que j’évoque initialement. Il faut dire qu’il existe de très belles pépites qui ne sont pas forcément celles qui attirent le regard des futurs lecteurs et qui pourtant regorgent de qualités. C’est justement ce que j’ai pu découvrir au cours d’une de mes lectures récentes et qui provient du catalogue de Glénat. Il s’agit de leur dernière nouveauté en date répondant au nom de L’Amour est dans le thé. J’étais intrigué par ce manga lors de son annonce autant par son envie d’utiliser comme toile de fond la culture du thé que par les thèmes qui pourraient être traités à travers l’histoire de ces personnages. A présent que j’ai pu découvrir ce premier volume, je peux dire que cette introduction sait frapper fort et surtout nous délivrer un premier acte qui arrive à être apaisant de par son changement de cadre et ce qui va y avoir entre nos protagonistes. Il est l’heure de quitter l’effervescence de la ville pour une petite tasse de thé à la campagne.
Un clown pour un peu d’espoir
Synopsis
Poursuivie par son ex-fiancé, Chako est contrainte d’abandonner son travail et son domicile. À 28 ans, elle revient vivre dans la maison familiale, complètement démunie, et tombe nez à nez avec un inconnu et une mystérieuse petite fille.
C’est le début d’une fausse vie de jeunes mariés dans une paisible plantation de thé !
Mangaka : Umebachi Yamanaka
Quand on s’arrête sur le synopsis de L’Amour est dans le thé, on remarque très vite que cette histoire aborde un sujet important lié à un profond problème de société. Avec son héroïne qui ne cesse de prendre sur elle suite aux remarques des hommes l’entourant et de ce que l’on attend d’elle, on aborde ainsi la place de la femme dans un monde qui se veut toujours aussi patriarcal. Un thème qui est toujours autant d’actualité et qui va être parfaitement retranscris ici par le combat constant de cette jeune femme cherchant juste à ce qu’on l’accepte comme elle est et non comme le monde voudrait la voir. Une lutte qui va l’amener à renouer avec son passé et l’héritage de sa famille.
Une plantation donnant de sublimes feuilles
Avant toute chose, il est important de traiter le thème principal de L’Amour est dans le thé. Si son titre nous fait imaginer une histoire d’amour avec pour toile de fond le milieu du thé et de sa culture, c’est rester simplement à la surface de ce que le manga propose. Dès les premières pages, on nous décrit le quotidien de Chako qui fait de son mieux pour prendre sur elle tandis qu’elle mène une vie compliquée entre son boulot et ses fiançailles. Mais rapidement, on voit à quel point le regard des autres impacte son avenir et sa vision de la vie alors que les hommes enchaînent les remarques sexistes et que sa belle-mère lui dit que son rôle est de rester à la maison. Des propos difficiles et qui sont le reflet d’une société qui ne tolère pas que la femme puisse s’émanciper et vivre d’elle-même. On nous expose rapidement et avec efficacité ce problème qui résonne toujours aussi fortement aujourd’hui et qui va finir par guider notre protagoniste à quitter cet environnement pour finalement revenir sur les terres familiales. Et c’est à partir de là que va débuter progressivement une forme de renaissance et surtout une existence diamétralement différente de ce qu’elle a pu connaître. Si sa rencontre et les premiers échanges avec son faux époux sont pour le moins houleux, il y a tout de même un important changement de ton qui s’opère. Cherchant à trouver une forme de refuge, même provisoire, pour s’éloigner de tout ce qu’elle a connu, elle va finalement trouver un cadre qui pourrait être propice à un nouveau départ.
Et cela va venir, en grande partie, de sa rencontre avec cet inconnu et cette petite fille qui se présentera comme sa nièce. Si l’histoire nous amène à ces fausses fiançailles, on est avant tout fasciné par ce qui est en train de s’opérer chez Chako. Plus elle passe du temps sur le domaine familial et plus elle se rend compte des souvenirs qu’elle avait enfouis et qui sont pourtant si précieux. De même, il est important de noter à quel point cette œuvre cherche à proposer un environnement plus propice au calme. Il suffit de voir le contraste entre les premières pages du récit et le moment où notre protagoniste retourne chez elle pour sentir un certain poids qui s’efface. Mais cela ne signifie pas pour autant que ce nouveau quotidien est simple. Au contraire, on sent l’envie de cette jeune femme de montrer qu’elle a aussi sa place ici que n’importe qui d’autre tout en devant faire semblant d’être proche de son cher “fiancé”. Cela va amener des situations souvent drôles, notamment avec sa nièce et cet homme, mais aussi des moments beaucoup plus touchants de par la sincérité qui se dégage des personnages quand il parle de cette culture du thé. On sent leur envie de protéger cet héritage ainsi que de le faire perdurer malgré les difficultés qui se présentent à eux. Entre les nombreux problèmes pouvant nuire à une récolte ou bien les concurrents cherchant à mettre la main sur cet inconnu, les enjeux sont bien là tout en continuant à maintenir cette dénonciation du regard de certains à l’égard du rôle que devraient avoir les femmes. C’est en étant au contact de propos aussi agaçants que l’on a juste envie de voir notre héroïne se battre pour enfin trouver sa place et surtout faire taire tous ceux qui pensent pouvoir lui dicter sa vie.
Il y a vraiment quelque chose de rafraîchissant quand on lit ce premier volume de L’Amour est dans le thé. Au même titre qu’une petite pause autour d’un thé peut nous apaiser, cette lecture réussit à nous offrir une petite bulle de douceur. On a beau traiter de thèmes forts, tout y est fait avec délicatesse et une petite dose d’humour pour que l’on s’attache à eux. Un voyage à la campagne permettant de se ressourcer et surtout d’offrir un tout nouveau départ à notre héroïne qui pourrait bien y trouver une vie qu’elle n’imaginait pas. C’est en tout cas un très bon début pour cette série aux multiples fragrances.
L’Amour est dans le thé nous délivre une belle pause
J’ai été pleinement conquis par ce premier volume de L’Amour est dans le thé. Chako est un personnage auquel on peut facilement s’attacher de par sa personnalité et son caractère tout en ayant envie de l’encourager dans son envie de montrer de quoi elle est capable. En plus de ça, le début de relation qui commence à se tisser entre nos deux protagonistes promet beaucoup de choses pour la suite. Sans oublier aussi qu’il y a tout un tas d’éléments qui amorcent de possibles intrigues prometteuses à venir pour la suite. On a autant envie de voir comment va évoluer leur lien que d’observer l’avenir de cette culture du thé qui représente tellement pour cette famille. A cela s’ajoutent aussi les autres individus qui gravitent autour d’eux et qui peuvent avoir une certaine influence sur le futur de ce “couple” qui fait déjà des étincelles. On sent qu’il y a énormément de potentiel autour de cette série qui parvient à présenter avec pertinence un problème de société qui est toujours autant d’actualité. Cette histoire n’est pas uniquement celle d’un possible amour naissant. Il s’agit aussi d’une quête personnelle pour faire fi des préjugés et autres idées archaïques du système afin d’assister à la renaissance de cette demoiselle perdue. Umebachi Yamanaka montre son talent pour créer un récit qui nous touche tout en traitant d’un sujet important. Et surtout, il y a aussi une volonté d’offrir une œuvre qui se présente comme un moyen d’évader à un monde souvent trop oppressant pour revenir à un cocon plus réconfortant et chaleureux. C’est en tout cas ce que l’on peut ressentir au travers de ce premier acte réussi.
C’est donc un beau coup de cœur que j’ai eu pour cette immersion dans les débuts de L’Amour est dans le thé. Un manga qui a cette capacité de nous faire passer un bon moment tout en nous amenant à réfléchir sur le monde qui nous entoure. Avec tous les éléments constituant son intrigue, cette nouvelle licence peut être appréciée de bien des façons et j’ai très hâte de voir justement comment tout ça va se développer dans les prochains tomes. Quoi qu’il en soit, on est face à une aventure humaine qui peut donner de l’espoir et qui surtout donne vie à un tandem qui dégage une certaine alchimie envoûtante. Même avec leurs caractères opposés, on sent qu’il pourrait se passer quelque chose et il est surtout possible que les deux réussissent à transformer à jamais le quotidien de l’autre. Nous ne sommes pas uniquement face à une histoire d’amour, mais à une tranche de vie abordant bien des thématiques. Si vous souhaitez une romance ayant du potentiel ou que vous cherchiez une histoire aux sujets pertinents dans un cadre unique alors vous aimerez sûrement cette nouvelle épopée. Évidemment, j’ai énormément de questions qui me viennent à l’esprit maintenant que je viens de clôturer cette lecture. Est-ce que Chako va finalement trouver sa place au sein de ces terres agricoles et de ce domaine familial ? Comment vont évoluer ces fausses fiançailles ? Qu’est-ce que peuvent bien manigancer les autres personnes travaillant dans les champs alentour ? Parviendra-t-elle à changer le regard que peuvent avoir les autres à son égard ? Je serais au rendez-vous pour le second volume.
N’hésitez pas à partager dans les commentaires votre propre avis ainsi que votre ressenti concernant ce premier volume de L’Amour est dans le thé. Trouvez-vous que l’on a devant nous une romance potentielle très touchante ? Appréciez-vous les thèmes qui sont justement abordés tout au long de cette introduction ? Est-ce que vous trouvez qu’il y a une bonne alchimie entre nos deux protagonistes ? Cette lecture est-elle, selon vous, une petite bouffée d’air frais combinant très bien la culture du thé et cette relation qui démarre tout juste ? Qu’attendez-vous pour la suite de cette licence ? Je reste à votre disposition pour échanger, discuter et débattre autour de ce sujet.
© 2020 Yamanaka Umebachi, Kodansha