Kore Kaite Shine

Kore Kaite Shine T1 : S’amuser à travers le dessin

Nous avons eu le droit, depuis plusieurs années, à des mangas qui traitent de manière concrète et réaliste le monde de l’édition ainsi que le quotidien des mangakas. Cela peut être amené d’un point de vue particulièrement instructif et enrichissant. D’autres vont mettre en avant la difficulté d’un tel métier et parfois même de ce que cela implique comme sacrifices. Tandis que certaines œuvres désirent créer une histoire montrant l’ascension de jeunes talents dans ce milieu très compétitif. Si je parle de ça, vous aurez compris que c’est parce que le titre du jour aborde aussi ce sujet. Répondant au nom de Kore Kaite Shine, il nous provient tout droit du catalogue de Panini qui vient tout juste de sortir le premier volume. Dès son annonce, j’ai été très intrigué autant par rapport à l’engouement que la série a eu au Japon que par le thème, mais aussi la proposition scénaristique. En effet, là où j’ai évoqué diverses façons d’aborder ce sujet précédemment, cette nouveauté prend une autre direction. Ici, il est avant tout question de passion et de plaisir. Préparez-vous donc à faire la connaissance d’une adolescente dont la détermination pour écrire des histoires va se confronter à bien des obstacles.

Le rêve d’une adolescente

Il n’est pas rare d’avoir des œuvres qui nous font suivre un protagoniste désireux de trouver sa place dans le monde du manga. Mais Kore Kaite Shine va prendre une direction assez surprenante au fil des pages pour contrebalancer le côté trop “professionnel” pour laisser place au plaisir simple de dessiner sans pour autant effacer totalement la difficulté d’un tel choix de carrière. Justement, c’est en prenant tout ça et en les confrontant que l’on voit où souhaite réellement aller l’auteur. Une œuvre qui va ainsi nous rappeler l’essentiel et surtout montrer qu’il y a aussi une critique à avoir des conditions actuelles de ce métier.

Une voie pleine d’embûches

Il faut comprendre que Kore Kaite Shine souhaite aborder le thème du quotidien et du travail des mangakas, mais par un prisme différent de ce que l’on a l’habitude de voir. En nous présentant Ai, l’auteur nous délivre une héroïne qui va rapidement se montrer pleine d’entrain et d’énergie. On voit ici une adolescente rêveuse pour qui tout tourne autour de ces œuvres de fiction. Elle nous transmet sa passion pour cette forme d’expression et surtout pour ce qu’elle symbolise. En effet, à travers le petit personnage qui l’accompagne et tout ce qu’elle dit, l’adolescente veut nous montrer à quel point ces histoires sont vitales pour construire notre imaginaire. A travers celles-ci, Ai observe le monde avec des étoiles plein les yeux et à le sentiment que tout est possible. Et à son tour, elle veut aussi écrire un récit qui parviendra à toucher le cœur des gens. Un postulat initial qui nous fait avoir beaucoup de sympathie pour ce personnage attachant et qui est tel un rayon de soleil. Mais au fil des chapitres et de la création du club auquel elle va participer, elle va se confronter à la réalité derrière le manga. En seulement quelques cases, ce titre nous montre que pour créer une histoire, il ne suffit pas de le vouloir ou de laisser simplement son imagination faire le travail. Fluidité, narration, objectif final, découpage et tant d’autres choses sont nécessaires pour rendre une idée concrète sur le papier. Et c’est ce que nous démontre cet ouvrage avec brio. On veut confronter la passion de cette étudiante avec les véritables difficultés de cette voie.

Mais cela ne veut pas dire que le titre désire rebuter d’entreprendre un tel rêve. En réalité, tout est pensé pour nous montrer qu’avant même toutes les notions à acquérir et les compétences à avoir, dessiner est avant tout une question de passion. Une notion qui peut facilement disparaître quand on est embarqué dans ce milieu où tout n’est plus qu’une question de deadline. Et à travers ce premier volume, on veut inculquer autant au lecteur qu’à ces demoiselles l’intérêt de préserver cet amour de l’art et de la fiction. Elles sont avant tout à un stade de leur existence où elles se cherchent par rapport à leur avenir et plutôt que de les noyer sous la dure loi de l’édition et du manga, leur enseignante veut qu’elle s’amuse avant tout. Et c’est en gardant cet état d’esprit que le récit réussit à nous offrir une profondeur surprenante et qui se veut autant sérieuse que chaleureuse. D’ailleurs, cela s’exprime autant dans l’écriture des personnages et de leur activité que dans les décors eux-mêmes. Il y a une volonté de donner un cadre apaisant et calme à tout ce scénario. Voilà pourquoi nous sommes propulsés sur une petite île qui est très loin d’être aussi animée que la grande ville. Un environnement parfait pour capter l’instant présent et savourer ces moments où le crayon danse simplement sur le papier pour créer quelque chose d’unique. Et si cela ne suffisait pas, le mangaka veut aussi se servir de tout ça pour souligner l’importance du travail d’équipe dans un métier où l’on a souvent tendance à résumer cela à seulement quelques noms. Si les artistes nous délivrent des aventures inoubliables, cela ne serait pas forcément possible sans les assistants et autres personnes qui sont là pour soutenir le projet. C’est pareil ici avec le travail d’équipe qui s’opère au sein de ce club et qui va aussi permettre d’amener de l’humanité et de l’échange dans un art où l’on est souvent livré à soi-même.

Sans être dans le côté trop lisse, Kore Kaite Shine est une œuvre qui nous rappelle l’importance de s’amuser avant tout quand on dessine. On nous explique que si l’on veut percer dans cette direction, il faut faire des efforts constants, mais sans oublier ce plaisir simple de laisser son imagination dicter le crayon que l’on a dans la main. En parvenant à traiter cela par le biais de ces demoiselles, l’artiste veut montrer que la passion doit animer l’auteur avant même de penser à se professionnaliser. Un besoin nécessaire pour aller de l’avant et surtout pour le bien-être mental de celui-ci.

Kore Kaite Shine partage sa joie

J’ai trouvé ce premier volume de Kore Kaite Shine absolument brillant en plus d’être un excellent divertissement. L’auteur a fait un remarquable travail pour réussir à conserver une atmosphère bienveillante et réconfortante tout en traitant de sujets qui sont loin d’être faciles à aborder. Il suffit de voir l’histoire supplémentaire ajoutée à la fin du tome et qui entre en totale résonance avec les propos du récit pour être bluffé par la portée de cette œuvre. Je suis aussi profondément touché par tout ce qui est transmis au sein de cet ouvrage. Des thématiques qui me parlent et qui sont, à mes yeux, essentielles et pas uniquement dans l’envie de devenir mangaka. On a tous besoin d’apprécier, de rêver et d’avoir une passion qui nous anime. Cela nourrit notre imaginaire, notre créativité et notre envie de partager autour de ce qui nous fascine. C’est exactement ce qui se passe ici avec ces étudiantes et leur enseignante. Des personnages qui vont se réunir autour d’une même activité et qui vont chacun apporter leur pierre à l’édifice. Et même ceux qui ne sont pas forcément doués en dessin réussissent à amener leur propre rôle et vision. D’ailleurs, je trouve que le contraste entre Ai et sa professeure est très intéressant, car elle symbolise tout ce que l’auteur nous raconte. En fait, tout au long de cette lecture, on va voir l’opposition que souhaite mettre en scène notre artiste à plusieurs niveaux. Cela se joue autant entre certains protagonistes que Ai elle-même dans sa vision du travail de mangaka, mais aussi dans le décor proposé.

C’est donc avec une joie immense que je déclare que ce premier volume de Kore Kaite Shine est un énorme coup de cœur. J’ai adoré de bout en bout cette lecture qui a su me donner le sourire et me faire rire tout en me donnant envie d’encourager ces passionnées de manga. Une œuvre qui parle avec le cœur et qui le fait très bien afin que l’on comprenne que même s’il y a énormément d’efforts à fournir et d’échecs à braver, l’important est de conserver sa détermination et le plaisir de dessiner. Et même en dehors de ça, cette nouvelle série est aussi une très belle forme d’évasion où l’on savoure le moment présent sur cette île où trois adolescentes vivent chaque jour au rythme de leurs œuvres préférées. Un petit bonbon que je recommande et qui affiche bien des saveurs différentes. Si vous souhaitez une lecture qui vous parle du monde du manga avec bienveillance et sérieux alors vous serez largement convaincu par cette nouveauté. A présent, j’ai tout de même quelques questions qui me viennent à l’esprit. Est-ce que l’on va assister à la naissance d’une potentielle artiste professionnelle ? Nos héroïnes vont-elles rester au stade de l’ébauche et de l’entraînement ? Vont-elles conserver leur passion ou bien se confronter à la dure réalité de ce milieu ? Est-ce que leur enseignante va continuer à leur transmettre son savoir et son avis sur leur projet ? Il me tarde de me replonger dans cette aventure humaine de haute volée et qui peut parler à tout le monde.

N’hésitez pas à partager dans les commentaires votre propre avis ainsi que votre ressenti concernant ce premier volume de Kore Kaite Shine. Trouvez-vous que le titre parvient à parler avec brio et bienveillance du métier de mangaka et du manga de manière générale ? Avez-vous ressenti de la sympathie pour ce groupe d’adolescentes qui se forme autour de cette passion commune ? Est-ce que, selon vous, le titre parvient à trouver le juste équilibre entre travail et amusement ? Pour vous, le message véhiculé par l’œuvre est-il particulièrement important, encore plus aujourd’hui ? Qu’attendez-vous pour la suite de la licence ? Je reste à votre disposition pour échanger, discuter et débattre autour de ce sujet.

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