Love Agency T1

Love Agency T1 : apprendre réellement à se connaître

On retrouve souvent des mangakas qui arrivent à se distinguer par des thèmes ou des genres de prédilection. Certains peuvent se tourner totalement vers la comédie tandis que d’autres seront plus dans du thriller ou bien dans de la tranche de vie. C’est toujours très intéressant de suivre cela, car ça permet de voir comment ils parviennent à perfectionner leur propre style tout en réussissant à se créer des récits diversifiés. Cela permet aussi d’entrevoir tout le potentiel derrière la palette que forme l’imaginaire de ces artistes. Si j’évoque ça, c’est parce que aujourd’hui je m’attaque à une nouvelle série de chez Pika dont le scénario est imaginé par Aka Akasaka. C’est notamment à cet auteur que l’on doit Kaguya-sama ou bien Oshi no Ko. Il s’agit donc de Love Agency, une série en 4 tomes dont le premier volume vient juste de sortir. Rien qu’en sachant qu’il était au scénario, j’étais très curieux de voir ce que pouvait proposer cette histoire. Mais en me lançant dans cette tranche de vie, je ne m’attendais pas du tout à ce que je sois autant pris de court par la capacité de cet auteur à jouer avec les codes du genre pour délivrer une œuvre bien plus profonde qu’il n’y paraît. Soyez donc prêts pour découvrir les services d’une agence pas comme les autres.

Une histoire de faux-semblant

Dès le départ, ce résumé de Love Agency nous laisse présager d’une aventure assez unique en matière de tranche de vie et de romance. Mais en plus d’avoir une idée de base prometteuse, le titre va brillamment jouer sur sa première impression pour nous tromper afin de mieux nous surprendre par la suite. Si l’on peut s’attendre au début à quelque chose d’assez léger et même drôle, c’est un récit bien plus sombre qui nous attend. A l’image de ces deux personnages qui cachent leur véritable personnalité, ce manga joue sur les apparences pour ensuite faire tomber le masque.

Des masques de toutes sortes

A la base, je me demandais comment la série allait s’axer autour de cette idée de faire appel à une agence pour aider au rapprochement de nos deux protagonistes. Et j’ai alors pu me rendre compte que Love Agency va vraiment avoir deux visages bien distincts. En premier lieu, on a l’impression d’être face à un school life assez classique en matière de romance avec deux personnages qui n’arrivent pas à dire ce qu’ils éprouvent l’un pour l’autre. C’est là que débarque cette société et on va alors voir la partie un peu comique de la série. Celle-ci vient notamment du contraste qu’il y a entre l’attitude de ces deux personnages et les conseils qui leurs sont donnés. Entre Mari, jeune fille populaire, mais qui est totalement incapable de parler avec le sexe opposé et Seki, jeune homme introverti qui est en réalité un vrai dragueur, tout les oppose. Et si ce parallèle peut donner à sourire tant il joue sur le fait que chacun est l’exact opposé de ce qu’ils reflètent, cela va aussi permettre d’aborder quelque chose de très intéressant. En réalité, ce premier volume réussit brillamment, à mon sens, à mettre en lumière cette volonté que l’on a de paraître différente aux yeux des autres. Que ce soit pour être accepté, pour des raisons personnelles ou même par amour, les raisons sont multiples de cacher son vrai visage derrière un masque. Mais cela entraîne fatalement quelque chose d’assez tragique dans ce titre et qui est voulu par l’auteur.

Il veut montrer deux personnages qui font semblant, car ils ont trop peur de se montrer l’un à l’autre sous leur vrai jour. De même, le fait de passer par une agence pour les aider dans leur rapprochement appuie aussi cet aspect d’eux qu’ils craignent. Ils préfèrent laisser à d’autres le soin de combler le fossé qui les sépare que d’aller de l’avant par eux-mêmes en jouant cartes sur table. Et c’est ce qui fait, dans un premier temps, que j’ai trouvé captivant cette première partie. Au-delà du comique, la série utilise ce levier pour mettre en lumière des problématiques bien réelles qui sont ancrées dans la société. On peut même faire un parallèle très intéressant avec Kaguya-sama qui jouait aussi sur cette peur de se montrer comme on est à l’être aimé. Plus on avance dans le récit et plus les sourires que l’on pouvait avoir au début s’estompent pour laisser place à une certaine tristesse. Une émotion en lien avec ce que l’on découvre sur ces protagonistes qui n’arrivent pas finalement à s’accepter comme ils sont. Mais encore pire, on se rend aussi compte à quel point Mari est une adolescente beaucoup plus tourmentée et blessée qu’on pourrait le croire. Il suffit de voir la seconde moitié de cette œuvre pour ressentir ça. Même les coachs de nos deux étudiants ont aussi leurs cicatrices personnelles et cela donne un tout autre niveau de lecture à ce premier volume. La comédie romantique du début s’estompe pour laisser place à une tranche de vie beaucoup plus tragique où l’on entre en contact avec des gens qui ne se sentent pas forcément bien dans leur peau ou qui ont vécu des expériences blessantes par leur passé et qui leur ont fait changer leur regard sur les rapports humains.

Alors que Love Agency aurait pu partir dans une direction complexe, la série réussit à éviter tous les obstacles pour créer une histoire particulièrement surprenante. Je retrouve totalement l’écriture de Aka Akasaka qui a cette faculté à jouer sur les codes de la romance pour mettre en avant des thèmes bien plus sombres et tragiques. La fin de ce premier volume en est un parfait exemple et plus j’avançais dans les chapitres et plus j’étais ébahi par la richesse de cette écriture. Une œuvre courte, mais qui arrive déjà à retenir notre attention dès son lancement.

Love Agency

Love Agency vise juste

Vous l’aurez donc compris, je trouve que Love Agency est un excellent titre dans la manière que ce premier volume a d’exposer les failles de ses personnages pour mettre en avant d’importants problèmes de société, mais aussi humains. On fait face à des personnages, même en dehors de nos deux protagonistes, qui vivent dans ce monde en portant un masque pour ne pas se sentir en position de faiblesse face aux autres. On nous dit clairement ici que si on expose sa véritable personnalité, c’est se rendre vulnérable à ceux qui pourraient en profiter. Et le fait de pousser ça à un niveau particulièrement élevé avec une héroïne comme Mari qui n’arrive pas du tout à communiquer avec le moindre garçon n’est pas anodin. Cela souligne la difficulté de certaines personnes à simplement échanger ou bien à dire ce qu’elles ont sur le cœur. Dans une société où le paraître est souvent plus important que ce que l’on a réellement au fond de nous, se dévoiler est synonyme de danger. Et l’auteur veut souligner tous ces problèmes qui empêchent des gens comme ses protagonistes de s’épanouir pleinement. Et quand on prend conscience de tout ça en lisant ce premier volume, on voit à quel point l’écriture est maîtrisée de bout en bout. Je l’avoue, j’imaginais au départ une comédie romantique qui allait perdurer un petit moment. Pourtant, tout comme les masques des personnages, cette facette finit par tomber pour nous montrer un récit beaucoup plus triste et déchirant. Tout ça pour un résultat qui fonctionne à merveille et où l’on a envie de connaître la suite.

On sait déjà que la série ne fera que quatre tomes et je pense que c’est largement suffisant pour aller au bout des idées mises en place dans Love Agency. En effet, ce premier volume aborde déjà avec force et pertinence l’écriture de nos deux protagonistes. On a autant pu voir leur objectif initial que découvrir ce qu’ils souhaitent finalement cacher l’un à l’autre. Et on passe alors par énormément d’émotions tandis que l’on apprend à les connaître et que l’on aimerait juste qu’ils puissent trouver le bonheur. Même Seki est un personnage plus complexe qu’il n’y paraît. Un adolescent dont les intentions sont loin d’être louables initialement et qui provoque même la colère à son égard pour finalement montrer que tout ça ne sont que des faux-semblants. C’est donc un énorme coup de cœur que j’ai eu pour cette introduction et si vous avez apprécié les autres œuvres de Aka Akasaka ou que vous souhaitez une romance bien plus émouvante que prévue alors vous serez comblé. J’ai maintenant plusieurs questions qui hantent mon esprit concernant les prochains tomes. Est-ce que Mari va finalement changer d’attitude face à la vraie personnalité de Seki ? Ce dernier va-t-il enfin montrer ses réelles intentions ? Qu’en est-il des deux coachs et de leur histoire respective ? Va-t-on en apprendre plus sur les blessures de chacun de nos protagonistes ? J’ai vraiment hâte de me plonger dans la suite de cette aventure.

N’hésitez pas à partager dans les commentaires votre propre avis ainsi que votre ressenti concernant ce premier volume de Love Agency. Trouvez-vous que l’on a ici un pitch intéressant pour développer le récit sur le long terme ? Est-ce que l’idée de base sur laquelle est construite la série peut donner lieu à des thèmes intéressants à analyser ? Appréciez-vous la tournure que prend cette introduction notamment autour de ses deux protagonistes ? Avez-vous réussi à vous attacher à eux et surtout à avoir une certaine empathie à leur égard ? Qu’attendez-vous pour la suite de la licence ? Je reste à votre disposition pour échanger, discuter et débattre autour de ce sujet.

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