Blue Giant tome 1 et 2 : un combat pour ses rêves

Le monde de la musique a souvent su inspirer bon nombre de mangakas. Souvent basé sur l’émotion, les œuvres utilisant ce milieu ont toujours réussi à créer des histoires bouleversantes. Alors que cela faisait un moment que l’on n’avait pas lu un titre abordant ce thème, voilà que Glénat nous propose Blue Giant. Décidant de mettre en avant un style peu utilisé, à savoir le jazz, on était déjà très curieux de voir ce que cela allait donner. En observant les pages des deux tomes sortis, on a compris que l’on avait face à nous une petite pépite. Rarement une lecture nous avait autant scotché de par la pertinence et la force du message qu’elle mettait en avant. La lutte constante de ce jeune joueur de saxophone nous a émus et l’on vous dit pourquoi dès maintenant. Laissez-vous bercer par la mélodie de cet homme qui vit pour son rêve.

Une vie dictée par le jazz

Blue Giant-entraînement

Une détermination sans faille.

Blue Giant, imaginé par Shinichi Ishizuka, nous conte la vie du jeune Dai Miyamoto. Ce lycéen semble, à première vue, tout à fait ordinaire. Il traîne et s’amuse avec ses copains, joue dans l’équipe de basket et a un petit boulot. Cependant, cet adolescent possède aussi une passion peu commune. Il est un vrai féru de jazz et ne rêve que de devenir le plus grand saxophoniste qui soit. Cet amour pour cette musique est né suite à un échange qu’il a eu avec l’un de ses amis. Celui-ci lui a fait écouter un morceau et ce fut alors le déclic. Il comprit, dès cet instant, qu’il voulait se lancer en tant que musicien. Depuis ce jour, il s’est mis à s’entraîner sans relâche sur les berges de la rivière. Qu’il pleut, qu’il vente ou qu’il neige, rien ne peut l’empêcher de s’exercer. Cela est devenu une routine nécessaire à ses yeux afin de pouvoir atteindre le but qu’il s’était fixé. Dai veut pouvoir exprimer autant de puissance et d’émotion à travers son instrument que les plus grands noms du jazz. Pourtant, son souhait va se heurter à une multitude d’obstacles.

Tout d’abord, il y a le regard des autres. Aux yeux de ses camarades, il ne fait que pratiquer une musique bien étrange. Pour eux, ils ne comprennent pas un tel intérêt et vont même jusqu’à se moquer de lui. Le jeune Miyamoto va aussi devoir faire face à une dure réalité. Peu de gens peuvent vraiment percer et subsister en suivant cette voie. Il n’a jamais étudié les bases et va découvrir ce que c’est qu’une représentation chaotique. Son saxo a beau retranscrire toute la force de son âme, elle n’est, pour le moment, qu’un bruit sourd qui vrille les tympans de son auditoire. Malgré toutes ces difficultés, le regard de Dai ne change pas. Sa détermination a beau être mise à rude épreuve, celle-ci ne semble aucunement faiblir. Son ambition le fait voir bien au-delà de tous ces soucis. Dans son esprit, rien ne pourra venir entraver sa route. Voici le récit d’un homme qui donnera tout pour concrétiser son vœu le plus cher. Une lutte permanente pour ce garçon qui désire être sur le devant de la scène.

Blue Giant parvient, à travers le jazz, à raconter une histoire portant un message fort et important. De par son protagoniste, la série parvient à montrer l’importance de s’accrocher à ses rêves et de se battre pour ce que l’on aime.

Une détermination à toute épreuve

Voilà peut-être tout ce qui fait le coeur et la qualité de Blue Giant. Tout l’intérêt de ce titre vient de cette simple question. Jusqu’où la volonté de notre artiste musicale le mènera ? On pourrait presque considérer ce manga comme une biographie de Dai en s’attardant sur chaque événement marquant de son ascension. Ici, tout est question de ténacité et chaque épreuve est l’occasion d’admirer un peu plus tout le courage de notre amoureux du jazz. Les obstacles ont beau se multiplier à chaque chapitre, on reste stupéfait devant la joie et la détermination de Miyamoto. Il a beau nous paraître souvent simplet, on ne peut qu’être admiratif et heureux de le voir se tourner constamment vers le futur. Il est quasiment impossible d’avoir la moindre pensée négative à l’égard de cet étudiant. En réalité, les revers qu’il essuie ont beau le mettre à terre, il finit toujours par se relever plus résolu que jamais. Un parcours éprouvant et complexe qui n’en reste pas moins fabuleux. Celui-ci nous donne envie d’espérer et de croire en la musique que joue cette âme le long de cette berge.

D’ailleurs, un autre point positif de cette lecture vient de la conclusion de chaque tome. On n’en dévoilera pas plus, mais chaque fin permet de se projeter un peu plus dans le futur et d’imaginer le talent de Dai. Une très belle maîtrise du rythme et de la narration qui donne vie à une aventure inoubliable et profondément humaine. Une splendide leçon qui marque et nous donne de la force pour nos propres projets. L’insouciance de ce jeune homme finit par déteindre sur le lecteur qui ouvre les yeux sur l’importance de rester fidèle à ses rêves. La série va donc plus loin que le simple divertissement en transmettant un principe essentiel et pouvant déboucher sur un bonheur sans nom. Ce qui fait la grande qualité de ce slice of life ainsi que sa pertinence vient de son habileté à nous identifier à son personnage central. Il pourrait très bien s’agir de n’importe qui d’autre à la place de ce passionné. N’importe quelle personne lambda pourrait embrasser le même destin que lui si l’on croit un tant soit peu en ses propres capacités.

En plus de véhiculer de puissantes valeurs, Blue Giant est aussi un manga sur la musique. De ce côté, c’est encore une fois une grande réussite. Une oeuvre qui parvient à retranscrire des mélodies à travers l’ensemble de ses pages.

Une puissante musique

Blue Giant-musique

On peut sentir toute la puissance de ce son.

Ce qui est aussi incroyable au sein de ces deux volumes de Blue Giant est la musique de notre artiste. On pourrait croire qu’il serait compliqué de retransmettre l’émotion portée par chaque partition dans ce style d’œuvre. Après tout, il est assez difficile d’exprimer le moindre son à travers un livre. Pourtant, ce seinen nous fait comprendre à quel point cela est possible. En plus de réussir à nous donner la sensation d’entendre les notes du saxophone, la série va bien plus loin. Elle parvient à nous partager pleinement tout ce qui habite son principal protagoniste. À chaque fois qu’il porte ses lèvres vers son instrument, c’est toute son âme et sa passion qu’il projette à l’ensemble de son auditoire. Ce coup de maître est dû en grande partie à la qualité des planches qui rendent honneur à la beauté de ces moments. Une simple case sans le moindre texte peut alors retenir notre attention pendant plusieurs secondes. L’espace d’un instant, on se laisse emporter par ce récital fictif qui prend pourtant vie à nos yeux et surtout à nos oreilles.

Voilà aussi l’un des gros atouts de cette histoire qui donne une portée considérable au talent de ce lycéen. L’auteur a réussi un tour de force en parvenant à atteindre un tel résultat. Une très belle prouesse qui ne fait qu’embellir ce récit déjà somptueux. D’ailleurs, cela ajoute un contraste très intéressant à ce rêveur. S’il a toujours été autodidacte et n’a jamais étudié la moindre partition, cela semble tellement anodin devant l’impact du son qu’il produit. Le novice qu’il est parvient à nous transporter dans ce qu’il souhaite nous raconter avec une aisance déconcertante. Il y a donc cette lutte qui se joue entre son manque de connaissances et l’amour qu’il porte à son art. Même si la première est nécessaire pour qu’il puisse se hisser parmi les meilleurs, son enthousiasme et l’ardeur qu’il met dans chaque note est ce qui nous conforte dans l’idée qu’il deviendra une légende. Réussir à jouer est la base de ce métier, mais touché son public est l’essence même de ce qu’est un grand musicien.

Ces deux premiers tomes de Blue Giant furent une claque monumentale. Tant de par le message que la puissance que l’on ressent à chaque case, tout est là pour proposer une expérience inédite et enchanteresse.

Blue Giant compose une partition mélodieuse

On est ici face à une pépite qui brille de par la charge émotionnelle qu’elle véhicule, mais surtout par la beauté de ce combat. Shinichi Ishizuka signe ici un merveilleux slice of life qui ne se contente pas de conter le quotidien et les déboires d’un étudiant. Ce manga s’adresse avant tout à chacun de ses lecteurs en lui faisant comprendre la nécessité de se battre pour ses rêves. Que ce soit par les splendides dessins ou les sentiments que l’on éprouve en abordant cet ouvrage, il est presque impossible de rester de marbre. Le courage, la hargne et l’acharnement du jeune Miyamoto conquièrent avec facilité notre coeur. La sympathie que l’on éprouve à son égard ne fait qu’accroître notre désir de le voir aller le plus loin possible. Il y a beau y avoir de nombreux obstacles, à aucun moment on éprouve la moindre terreur ou détresse dans le comportement de notre soliste. C’est une histoire qui donne le sourire et nous gonfle de bravoure pour entreprendre nos propres projets.

En conclusion, Blue Giant est un seinen à découvrir absolument. De par les valeurs qu’il transmet, l’importance de son message et le charisme de son acteur principal, il s’agit d’une lecture qui peut parler à tout le monde. Que vous aimiez le jazz ou le milieu de la musique en général et que vous désirez suivre un destin remarquable alors cette licence est faite pour vous. Même si l’on peut s’imaginer de la conclusion qu’aura la voie prise par Dai, cela n’enlève rien à la qualité de son parcours. Comment parviendra-t-il à se hisser au sommet de cet art ? Sa façon de jouer touchera-t-elle des foules entières ? Quelles autres épreuves l’attendent ? Ce qui est sûr, c’est que peu importe l’adversité et les nombreuses chutes, cet adolescent continuera inlassablement de se relever et de se tenir fièrement avec son saxo à la main. Un petit bijou du monde otaku qui mérite amplement de trôner dans n’importe quelle bibliothèque. Quoi qu’il en soit, on est impatient et curieux de voir la suite de cette poignante aventure humaine.

N’hésitez pas à partager dans les commentaires votre opinion et votre ressenti concernant Blue Giant. Avez-vous été emporté par la mélodie jouée par Dai ? Avez-vous été séduit par sa motivation sans faille ? 🙂

©  Ishizuka Shinichi / Shogakukan