La nostalgie
Voilà un mot qui évoque bien des discussions et ça dans tous les domaines. Et aujourd’hui, j’avais envie de m’attaquer à ce sujet qui prend une place de plus en plus grande dans la vie de chacun. Mais surtout, c’est un sentiment qui dicte aussi énormément de choses pour la culture pop et l’industrie du divertissement tels que le manga, l’animation ou le jeu vidéo. Présent depuis un long moment dans certains secteurs, je me suis dit qu’il serait intéressant de voir pourquoi cela est aussi ancré de nos jours dans notre manière de consommer, mais aussi de comprendre que derrière tout ça va se confronter deux choses étroitement liées pour les entreprises de ce domaine. Il y a beaucoup à dire et le terme de nostalgie est souvent l’occasion pour beaucoup de se battre verbalement sur cette facilité de partir dans cette direction plutôt que de chercher à innover. Mais pourquoi cela ne pourrait pas exister ? Il est tout à fait possible, à mes yeux, de proposer ces deux choix sans que cela n’impacte l’une ou l’autre. Un article qui sera peut-être un peu décousu, mais qui se veut aussi très personnel sur la question au vu de mon propre sentiment sur ce qui peut me faire vibrer actuellement. Je vous invite donc à discuter entre actualités et souvenirs.
Un marché en constante expansion
Pour commencer, il ne faut pas croire que la nostalgie dans le monde de la culture pop et du divertissement est récente. Au contraire, cela fait déjà bien longtemps qu’elle est présente dans certains milieux comme le cinéma ou même la musique. La raison à ça est que l’on est face à des “arts” qui existent depuis déjà bien longtemps et qu’ils ont forcément accompagné plusieurs générations de leur jeunesse à leur vie de senior. Car oui, la nostalgie c’est avant tout une façon pour chacun de nous de replonger, parfois avec une certaine mélancolie, dans notre passé et d’avoir le sentiment de retrouver un petit instant de bonheur ou juste éveiller de tendres souvenirs. Et c’est quelque chose qui est propice, pour bon nombre de studios, artistes et entreprises afin de créer des choses autour de ça. La raison est simple : cela touche à l’affect de chaque personne. En plus de voir des références qu’il peut déjà connaître, il est aussi question de l’inviter sur un terrain qui lui est familier et ainsi le tenter aisément à franchir le pas. Et cela peut souvent se traduire par une reprise musicale, un reboot de films, un nouvel anime, un remake ou remaster vidéoludique ou bien une réédition d’un manga. Les exemples sont légion et c’est finalement assez normal de voir ce marché s’étendre de plus en plus au fil du temps. Car on capitalise ici sur ce qui a déjà pu fonctionner par le passé et que l’on cherche à raviver, d’une façon ou d’une autre, pour ensuite attirer les gens déjà ciblés par la première version à retrouver ce qu’ils ont pu aimer.
Et si on peut souvent entendre que c’est quelque chose qui peut détruire certaines formes d’art, je pense surtout que c’est une proposition qui peut tout à fait exister en parallèle d’œuvres beaucoup plus originales. La raison à ça est que cette approche nostalgique de la création d’une œuvre n’est pas là pour empiéter sur une créativité beaucoup plus inédite. Si je vais aborder un peu plus bas la raison pour laquelle jouer sur la nostalgie est devenue un outil impossible à zapper pour beaucoup, je tiens à dire que cette démarche n’est pas aussi néfaste qu’on pourrait le croire. Si l’on voit autant de titres qui jouent sur cette corde, c’est aussi parce qu’il y a une demande de la part de chacun de nous de faire perdurer des émotions fortes que l’on a pu vivre par le passé. Et je suis l’un des premiers à apprécier retrouver une aventure que j’ai adoré il y a bien des années dans une forme beaucoup plus actuelle, même si parfois il s’agit juste d’un lissage de ce que l’on a connu. Car en réalité, ce thème est sûrement l’un des plus complexes à décortiquer, mais aussi l’un des plus efficaces, car il fait avant tout appel à un sentiment très humain que tout le monde peut ou va connaître à un moment ou à un autre de sa vie. Il y a toujours un instant où l’on va se poser et repenser à ce que l’on a vécu auparavant et surtout à ce qui a pu nous marquer durant notre existence. Et il ne faut pas croire que seules les personnes les plus âgées ou ayant déjà un vécu peuvent ressentir de la nostalgie. C’est une émotion que l’on peut connaître même à l’adolescence ou quand on est un jeune adulte. Et c’est quelque chose de tout à fait normal et cela ne signifie pas pour autant que l’on est prisonnier d’un passé que l’on apprécie plus que le présent. Il s’agit avant tout de retrouver ou d’éveiller, ne serait-ce que quelques minutes, des souvenirs qui nous sont chers même si ceux-ci peuvent avoir été déformés avec le temps. Et ça, c’est un formidable moyen pour l’art de capitaliser dessus afin de nous parler directement.
Une valeur sûre
Quand je parle de valeur sûre, je reviens surtout sur le fait que l’on parle ici avant tout d’une émotion très humaine et qui va donc directement nous parler. Et pour ceux qui sont derrière une œuvre, il est vrai que c’est beaucoup plus simple de partir d’un matériau existant que de créer quelque chose de zéro. Pour prendre un exemple dans le domaine du jeu vidéo, on peut avoir des jeux qui sont intitulés de remasters et qui reçoivent, pour une grande partie, un lissage pour rendre le tout plus agréable à l’œil aujourd’hui. Cela peut s’accompagner aussi de quelques changements ou ajustements au niveau du gameplay ou bien l’ajout de petites fonctions pour faciliter et corriger certaines lourdeurs. Mais on peut aussi avoir le droit à des remakes qui sont une refonte complète du matériau de base pour sublimer l’aventure avec toutes les évolutions qui ont pu naître entretemps. Nouveau moteur graphique, changement du gameplay, et même ajouts scénaristiques sont autant de facettes qui peuvent totalement changer et remettre au goût du jour une vieille épopée. Et si j’ai évoqué le jeu vidéo, c’est aussi le cas pour le manga avec des éditions plus complètes apportant des éléments supplémentaires de la part de l’artiste. L’animation aussi y a le droit à travers de nouvelles versions qui peuvent apporter des parties de l’histoire qui n’ont pas forcément été traitées auparavant ou bien proposer une toute nouvelle DA qui correspond à ce que l’on peut connaître aujourd’hui.
Quand j’évoque donc le fait que l’on est sur une valeur sûre, c’est surtout d’un point de vue travail, car même s’il y a énormément d’efforts qui sont fournis, on part toujours d’une base existante qui a déjà pu être testée par le passé. De même, d’un point de vue commercial ou marketing, c’est aussi une direction intéressante, car la communauté autour d’une telle œuvre est déjà installée et permet donc de directement les toucher là où une production originale doit vraiment convaincre le plus grand nombre. Et ça, c’est vrai autant si ce retour est réussi ou non, car la curiosité de revoir quelque chose qui nous a marqués est souvent plus forte. On a envie de savoir nous-même si l’on retrouve ce qui a pu nous charmer auparavant ou bien si c’est juste une forme d’exploitation de ce que l’on a pu apprécier autrefois. Et c’est humain que l’affect joue une grande part sur nos décisions ce qui fait que, quoi qu’il arrive, il y aura toujours cette base de fans qui seront déjà de la partie peu importe la direction que prendra cette nouvelle proposition. C’est donc tout à fait normal de voir de plus en plus de projets se développer autour de cette “nostalgie” qui crée ainsi une autre forme de marché en parallèle des nouvelles épopées qui peuvent voir le jour. Mais évidemment, le fait de voir un tel phénomène prendre de plus en plus d’ampleur au fil des années, avec parfois des doutes concernant l’intérêt de certains projets, amène évidemment plusieurs questions pour les consommateurs que l’on est. Des interrogations qui sonnent juste, mais où il est aussi important de nuancer et de voir que tout est une question aussi de choix personnels.
Un chemin de facilité ?
Cette question est sûrement celle qui revient le plus souvent sur les réseaux en plus de pas mal de critiques à l’égard de cette fameuse “nostalgie” utilisée par les acteurs du marché. En effet, on constate à quel point le fait de surfer sur une licence déjà existante pour la faire revenir est devenue quelque chose de commun aujourd’hui et cela peut autant concerner des suites de film, des remakes ou autres rééditions. En restant dans des univers déjà ancrés dans la culture pop, les gens ont l’impression que l’originalité se meurt et que l’on part bien plus sur des choix “faciles” pour engranger de l’argent. Evidemment, je vais parler ici juste en mon nom et surtout mon ressenti personnel sur tout ça. Il ne faut pas se le cacher, l’art est une industrie où chaque entreprise cherche à engranger des bénéfices. S’il y a évidemment une importante part de créativité qui doit être sauvegardée, la réalité du marché est que chacun cherche à pérenniser ses activités. Et pour ça, la nostalgie est devenue un vrai moyen d’assurer des ventes. Si l’on peut penser que la prise de risque est moindre, cette “assurance” d’attirer les gens est aussi un moyen de permettre par la suite de tenter de nouvelles choses. Là où autrefois, nous avions de véritables locomotives qui attiraient les gens dès leur lancement, aujourd’hui le retour de valeurs sûres est aussi un moyen d’assurer les arrières au cas où.
Je suis tout à fait d’accord qu’il y a parfois des abus à ce niveau avec des retours qui ne sont pas forcément pertinents, mais je comprends aussi malheureusement cette importance de se protéger de certaines mauvaises surprises surtout quand le milieu de la culture et du divertissement est de plus en plus fragile. Surtout que la nostalgie n’est pas quelque chose de mauvais quand on voit certains travaux qui sont faits pour sublimer une aventure pourtant déjà connue de tous comme c’est le cas avec FFVII Remake, Ranma ½ ou bien plus récemment Crayon Shin-chan. Il peut autant s’agir d’une volonté des gens derrière de permettre à une série ayant totalement disparue de faire son grand retour ou bien de revisiter totalement un monument pour y amener un véritable travail de réécriture. Il est donc aussi très important de voir aussi que derrière cette “voie facile” peut aussi se cacher une volonté et un travail colossal de dépoussiérer certaines sagas. Surtout que cela n’entachera jamais en rien le produit d’origine, car celui-ci restera intact quoi qu’il arrive dans le cœur des fans. Il s’agit de nouvelles propositions qui peuvent autant être vues d’un point de vue économique comme un moyen de limiter les risques qu’une nouvelle approche créative de ce qui a marqué durablement le cœur des gens. Et on peut vraiment appliquer ça à tous les domaines de l’art. Comme je l’ai dit un peu plus haut, il est évident que c’est humain de succomber à l’appel de la nostalgie, car c’est avant tout notre cœur qui parle à l’égard de titres que l’on adore profondément. Et il n’y a pas de mal à simplement apprécier redécouvrir une histoire que l’on connaît pourtant sur le bout des doigts. Il faut justement réussir à faire la part des choses entre les nouvelles aventures que l’on souhaite découvrir et ce plaisir que l’on a de retrouver un univers auquel on tient. L’un n’empiète pas sur l’autre et les deux peuvent cohabiter. Évidemment, qu’il faut parfois se demander la pertinence de certains projets, mais il y aussi un autre point qui est très important à souligner autour de cette nostalgie et qui, à mes yeux, est très important.
Un lien entre les générations
C’est une chose que beaucoup oublient, mais l’art, la culture pop et le divertissement sont des milieux qui commencent à dater énormément. Que ce soit le cinéma ou par exemple la musique, ces médiums existent depuis fort longtemps et ont accompagné plusieurs générations au fil des années. Pareil pour le manga qui ne date pas d’hier tout comme l’animation. Et pour ce qui est du jeu vidéo, si l’on a l’image d’un médium finalement assez jeune, il faut comprendre que cela fait déjà des dizaines d’années qu’il existe. Alors oui, cela donne un coup de vieux, mais c’est aussi important de comprendre que ce qui a pu nous marquer quand on était par exemple adolescent peut paraître bien lointain pour les nouvelles générations. Il ne faut donc pas juger uniquement par notre propre prisme, mais aussi par rapport à ceux qui nous succèdent ou ceux qui nous ont précédé. Par exemple, il y a pas mal de titres, jeux vidéo, mangas ou animes que je n’ai pas forcément pu découvrir à l’époque et dont j’ai pu avoir accès une fois qu’ils sont revenus sur le devant de la scène. Cela me permet ainsi de toucher à quelque chose d’essentiel pour moi qui est que cette approche de la nostalgie est aussi une occasion pour de nouveaux lecteurs, joueurs ou spectateurs de se plonger dans des œuvres cultes qui ont été remises au goût du jour. Car si on peut avoir l’impression que l’on découvrait un titre il y a peu, la réalité est que cela fait peut-être plus de dix ans qu’il est sorti.
Ainsi, il faut aussi voir ça comme un boucle où l’on permet à la nouvelle génération de découvrir ce qui a rythmé le quotidien de la précédente. Et aussi, c’est un excellent moyen de créer des liens entre eux. On peut prendre l’exemple d’un grand frère ou d’un parent qui a été bercé par la licence Suikoden à sa sortie et qui peut, à la sortie du remaster, partager ça avec son petit frère, sa petite sœur ou bien ses enfants. Il ne faut pas oublier la dimension sociale que peut avoir ce sentiment qui ne se cantonne pas uniquement à un “C’était mieux avant”. Au contraire, il peut y avoir une véritable démarche derrière pour qu’une œuvre puisse subsister dans le temps et ne pas être uniquement à la portée de ceux qui ont eu l’occasion de la découvrir à un moment donné. Et cela peut s’appliquer à tous les médiums en lien avec la pop culture. J’évoque souvent le jeu vidéo, mais le manga et l’animation sont d’excellents exemples. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que l’on voit depuis un moment de nombreuses séries des années 80-90 faire leur grand retour. Je peux citer récemment Lady Oscar, Yaiba, Ghost in the Shell (qui est en cours de préparation), mais même un peu plus loin avec Olive et Tom ou bien La Quête de Dai. Dans toutes les formes de médiums, il y a une volonté de faire perdurer ces univers qui ont tant séduit à leur lancement. Il y a bien sûr, comme je l’ai évoqué plus tôt, une raison économique à ça, mais j’aime à croire aussi une envie d’offrir un second souffle à toutes ces histoires. Un moyen de partager autour d’une passion commune et de lier les générations sans pour autant éclipser l’œuvre initiale.
Une nostalgie qui fonctionne toujours
Si je tenais à faire cette chronique tournant autour de la nostalgie, c’est parce que ce sentiment fait partie intégrante de la culture pop aujourd’hui. J’ai déjà pu l’évoquer à maintes reprises plus haut ce qu’il faut décortiquer et voir ce qui est réellement pertinent, mais aussi de ne pas non plus partir dans un rejet total. Il y a une vraie réflexion autour de ce sujet et de ces projets qui, en effet, se multiplient, mais qui sont aussi le symbole d’un cycle qui se répète tout en apportant aussi du renouvellement. D’un point de vue personnel, je suis, je le ressens, quelqu’un de très nostalgique et qui a énormément d’attachement pour toutes les œuvres qui m’ont marqué. De ce fait, oui, je suis heureux quand je vois un titre faire son grand retour même si sous une forme assez simpliste dans son évolution. La raison à ça est que ça ravive de doux souvenirs et c’est quelque chose d’important tant cela montre l’impact que l’on a pu vivre sans être juste dans un aspect de consommation. En outre, encore plus d’être heureux de retrouver ce que j’aime, je suis content de voir de nouvelles personnes avoir l’occasion de découvrir ce que j’apprécie tant. Cela ouvre de nouvelles discussions et échanges qui peuvent être fabuleux. C’est vrai qu’il y a des retours qui sont plus ou moins réussis ou respectés. Mais il faut aussi comprendre que ces médiums ne se limitent pas du tout à ça. Au contraire, il y a toujours de la place pour de l’originalité, des récits inédits et qui vont séduire toute une nouvelle base de fans.
Et il est fort probable que dans plusieurs années, ces titres qui nous ont séduits puissent avoir le droit, à leur tour, à une renaissance sous une forme ou une autre. L’art, peu importe le chemin qu’elle prend, n’est pas quelque chose que l’on peut regarder objectivement. On va tous se forger un avis subjectif sur tel ou tel manga, jeu vidéo, film, anime et autres en fonction de nos goûts personnels, de notre vécu et même de notre état d’esprit à la découverte d’un titre. Et c’est ce qui est beau dans ces médiums, car on peut tous forger notre propre passif avec ces œuvres qui transcendent le simple amusement pour devenir une part importante de notre propre culture. Et c’est ce que je tiens le plus à souligner à travers cette recherche sur la nostalgie. Ressentir ça ne veut pas dire que l’on est uniquement vers le passé, mais que l’on a une tendresse pour tout ce qui a pu nous accompagner auparavant. Et c’est ce qui fait aussi que l’on est humain, car on a tous notre propre vécu avec ces histoires qui ont pu nous émouvoir, nous réconforter quand ça n’allait pas, nous amuser ou nous donner l’impression de vivre quelque chose d’extraordinaire. Si aujourd’hui, on est constamment dans une culture de l’instantané, du day one, de la hype et même de la surconsommation par moment, je trouve qu’il est important de s’arrêter quelques instants et de jeter un oeil en arrière pour comprendre ce qui a vraiment fait battre notre coeur de lecteur, de joueur ou tout bonnement de fans. Et quoi de mieux que d’avoir des souvenirs inoubliables et de les partager avec ceux qui ont maintenant l’occasion de vivre les mêmes aventures que nous même si c’est dans un autre emballage.
Cette chronique, c’est aussi l’occasion pour moi de mettre des mots sur un ressenti que j’ai depuis un moment. Oui, je suis nostalgique de pas mal de choses tout en étant heureux de découvrir tant d’autres épopées. Et plus le temps passe et plus j’ai envie de mettre à l’honneur le simple fait d’apprécier un récit pour ce qu’il est et ce qu’il procure qu’un simple effet de mode. Vous pouvez être fan d’une seule production, d’une multitude, de vieux animes ou bien de séries récentes, de rétro ou bien de jeux actuels, l’important est et sera toujours de vous amuser et de savourer ces instants où l’on oublie tout le reste pour vivre quelque chose d’extraordinaire. N’hésitez pas à partager dans les commentaires votre propre avis sur le sujet et aussi sur les œuvres qui vous tiennent le plus à cœur. On se retrouve très vite pour de nouvelles aventures !