Wild Strawberry T1 : une nature vorace
Dans le monde du manga, on a déjà eu bon nombre de séries cultes qui se sont axées autour d’une épidémie ou bien d’un parasite venant contaminer une bonne partie de la population. Un type de récit qui fonctionne toujours bien car même si cela est une fiction, c’est aussi une forme d’avertissement de ce qui pourrait arriver comme on a déjà pu le voir par le passé. Ainsi, c’est ce très bon mélange entre imaginaire et réalisme qui rend ces histoires aussi marquantes. Et cela peut prendre bien des formes comme nous le montre très bien la nouveauté dont je vais vous parler aujourd’hui et qui nous provient du catalogue de Crunchyroll. Il s’agit de Wild Strawberry qui a fait ses débuts il y a quelques semaines. La première chose qui m’a donné envie de découvrir cette histoire est la cover du premier tome que je trouvais magnifique tout en donnant le ton de ce qui nous attend au sein de ces pages. Mais une fois plongée dans cette lecture, j’ai pu déceler pas mal d’éléments inattendus et surprenants amenant un contraste prometteur entre nos protagonistes et le reste du monde. Préparez-vous à vous aventurer dans un Tokyo qui est maintenant sous l’emprise d’une flore particulièrement virulente.
Une fratrie cherchant à survivre

Synopsis
ll y a 36 ans, une épaisse végétation a brusquement envahi Tokyo, donnant naissance à des fleurs-parasites mortelles appelées “jinka”. Ces plantes monstrueuses contaminent les êtres humains grâce à leur pollen, puis se nourrissent d’eux avant de fleurir, condamnant alors leur hôte.
Au cœur de la capitale nippone devenue un enfer végétal, deux orphelins, Kingo et Kayano, tentent de survivre jour après jour… Mais leur quotidien bascule lorsque la Force Funéraire Florale, dont la mission est d’éradiquer les jinka, découvre que Kayano est porteuse d’un de ces redoutables parasites… Pour Kingo, qui a juré de remuer ciel et terre pour que sa sœur adoptive redevienne humaine, un terrible combat commence !
Mangaka : Ire Yonemoto
Quand j’ai lu le synopsis de Wild Strawberry, j’ai immédiatement ressenti des inspirations ou éléments qui m’ont fait penser à d’autres œuvres. Cependant, j’étais aussi très curieux de voir comment cet aspect “épidémie” allait être traité par le biais de cette nature qui semble avoir repris ses droits. Et c’est là que l’on va commencer à voir ce qui va faire l’âme de cette série et surtout le gros potentiel qui se dégage de cette intrigue. Une œuvre qui va se créer sa propre identité dans son traitement de ces “infectés” et de la manière dont va être perçue cette menace par le reste du monde.
Un intense désherbage
Ce qui m’a rapidement marqué dans ma lecture de Wild Strawberry est le soin apporté à ce Tokyo sous l’emprise de cette nature sauvage. En fait, les premières pages ne nous laissent pas imaginer l’ampleur du problème et ce n’est qu’une fois que l’on est témoin de la première attaque que l’on fait face à la réalité. Et c’est la première chose à souligner, car cela joue un rôle primordial dans notre perception de ce qui se passe étant donné que l’on est plongé immédiatement dans un environnement qui se montre particulièrement hostile. Mais ce qui est encore plus intéressant, c’est que l’on n’est pas dans une épidémie qui frappe totalement le monde ou même l’ensemble du Japon. Au contraire, s’il y a des symptômes qui peuvent exister ailleurs, on nous dépeint un contexte où les gens ont pris conscience du danger et font au mieux pour éviter les problèmes ou mettre fin à une contamination dans les plus brefs délais. Et le contraste va alors être très fort entre ce monde extérieur et Tokyo qui nous sert de scène principale. Alors que l’on voit l’étendue de cette propagation de cette flore, on pourrait s’imaginer que tout le monde aurait fui. Mais au contraire, on nous indique que ce lieu sert de dernier refuge pour ceux qui n’ont pas les moyens de subsister ailleurs. Ainsi, le contexte horrifique et catastrophique dépeint n’empêche pas l’auteur de nous parler d’inégalité sociale.
C’est même l’inverse, car il appuie sur cette situation de crise pour souligner l’effroi d’un tel écart qui pousse les plus démunis à côtoyer une mort constante pour simplement avoir de quoi vivre. Si le décor installé est déjà fantastique, il est maintenant important de se focaliser sur l’histoire et nos protagonistes. Et je commence avec notre fratrie qui va capter notre attention dès les premières pages. Car là où on voit un monde qui laisse tomber ceux qui sont contaminés ou qui préfère couper le mal à racine, on voit ici un frère et une sœur profondément liés. Ils amènent une petite dose d’espoir dans cette ville déchirée et ce malgré l’état dans laquelle se trouve la jeune femme. Justement, on nous montre un monde où l’entraide ne semble plus exister et cela donne un peu de joie de voir ce lien qui unit ces deux personnages et qui fait fi de l’état de chacun surtout quand on voit comment évolue le récit. Cette œuvre se présente ainsi comme une quête pour préserver ce lien au sein de cette fratrie qui symbolise une flamme chaleureuse au milieu de cette jungle où règne la loi du plus fort. D’ailleurs, le titre va aussi se démarquer par un rythme effréné notamment dans sa seconde partie avec pas mal d’action. Cela donne aussi une dimension beaucoup plus spectaculaire au récit où l’on assiste à une confrontation intense entre nos protagonistes et un autre camp qui va avoir un rôle important pour la suite. Des éléments qui, une fois réunis, donnent un ensemble efficace et prenant.
Si l’on sent pas mal d’inspirations à travers Wild Strawberry, le titre arrive aussi à se démarquer notamment par le trait de Ire Yonemoto. Et c’est en trouvant un juste équilibre entre horreur et envoûtement que ce premier volume réussit autant à capter notre attention. Nous sommes impliqués dans le destin de cette fratrie, mais nous sommes aussi poussés par une curiosité insatiable de voir ce qui est à l’origine de ces floraisons mortelles. Un récit qui joue admirablement bien sur plusieurs tableaux tout en parvenant à dessiner sur sa propre toile un spectacle des plus graphiques et palpitants.
Wild Strawberry éclos
En fait, quand on se plonge dans ce premier volume de Wild Strawberry, on a l’impression de voir énormément d’éléments pouvant rappeler d’autres œuvres. On sent en fait l’inspiration qui a permis de construire cette histoire originale et surtout la manière dont l’artiste parvient à faire en sorte d’y apporter sa touche personnelle. En nous proposant un récit où l’horreur se mêle à un parasitage floral, on nous questionne aussi de façon pertinente à notre rapport face à la nature. De plus, on voit à quel point ce titre peut être glacial quand on voit que l’on se retrouve dans une société où l’on ne cherche pas à guérir, mais à supprimer. Cela donne lieu à des scènes terribles qui sont représentatives de ce changement de ton pour ces habitants qui vivent autant dans la peur d’être contaminée que de tomber entre les mains de ceux qui veillent à la sécurité de la population. Un climat sombre et étouffant où la seule petite lueur d’espoir réside dans cette fratrie qui n’a que faire de l’état de l’un d’eux. Des liens humains qui transcendent la contamination et montrent aussi qu’il est possible d’entrevoir un autre avenir. Tout ça se combine à merveille avec la partie action qui se dévoile dans la seconde partie et qui nous laisse envisager de grands affrontements pour la suite du récit. Une œuvre qui joue des codes classiques ou déjà aperçus ailleurs pour y insuffler sa propre approche. Et c’est justement tout ce qui fait l’âme de cette série.
Ce que j’aime avec Wild Strawberry, en dehors de tout ce que j’ai cité plus haut, est que l’on est face à un manga qui nous montre que l’on peut aborder des thèmes déjà vus ailleurs sans pour autant que l’on soit dans une simple copie. Au contraire, il existe une multitude de possibilités autour d’une même idée ainsi qu’une perception différente de l’auteur de ces sujets. Et c’est ce que l’on peut ressentir dans ce premier volume qui arrive autant à nous en mettre plein la vue qu’à nous délivrer de belles promesses pour la suite. Surtout quand on voit les dernières pages qui nous laissent envisager une évolution intéressante de notre protagoniste tout en amenant pas mal de nouveaux éléments pour le lore de cette histoire. Mais surtout, nous voilà face à une lecture saisissante et qui donne envie de prolonger l’expérience pour voir si oui ou non il est possible d’apporter une lueur d’espoir dans un monde qui semble avoir totalement condamné la possibilité d’un retour à la normale. Si vous appréciez le thème de l’épidémie, que vous souhaitez de l’action et une fratrie attachante alors vous serez sûrement séduits par ce nouveau titre. Bien sûr, les questions fusent concernant la suite. Est-ce qu’il sera possible pour ce grand frère de soigner sa sœur ? Comment vont réagir les troupes de défense qui pourchassent les infectés face à un tel spécimen ? Qu’est-ce qui peut bien être à l’origine de l’apparition de ces spores et fleurs mutantes ? Je suis curieux de voir comment évolue la suite du récit.
N’hésitez pas à partager dans les commentaires votre propre avis ainsi que votre ressenti concernant ce premier volume de Wild Strawberry. Trouvez-vous que l’on a ici un potentiel qui se dessine autour de ces plantes qui parasitent les humains ? Est-ce que vous êtes curieux de voir comment va évoluer le destin de ce jeune homme pour sauver sa petite sœur. Est-ce que le titre affiche, pour vous, une esthétique soignée permettant de mêler émerveillement et effroi face à ces créatures ? Cette introduction a-t-elle su vous divertir dans ses scènes d’action grandioses ? Qu’attendez-vous pour la suite de la licence ? Je reste à votre disposition pour échanger, discuter et débattre autour de ce sujet.