Ma collection RPG #19 : Grandia II
On approche du vingtième numéro de “Ma collection RPG” et j’avoue que je n’aurais pas pensé que cela irait déjà aussi loin. Il faut dire que c’est un genre qui me tient tout particulièrement à cœur et dont j’ai pu découvrir bon nombre d’aventures au fil des années. Une occasion parfaite pour vous évoquer ces titres au fil de mes souvenirs et de ce que j’ai pu ressentir manette en main face à ces récits. Et aujourd’hui, je me suis dit que j’allais me pencher sur le second opus d’une licence que j’ai déjà abordé ici. Je parle de Grandia et si j’ai pu crier ma passion pour le premier épisode un nombre incalculable de fois, cette fois j’avais envie d’évoquer Grandia II. Car si je n’ai pas le même attachement à celui-ci par rapport à son aîné, force est de constater que c’est tout de même un excellent jeu et qui va justement changer totalement d’ambiance en comparaison de son prédécesseur. Une épopée vidéoludique beaucoup plus sombre et qui va réserver bon nombre de surprises ainsi que des moments grandioses. Soyez prêts à partir à la chasse aux démons et à lever le voile sur un terrible secret.
Une ambiance oppressante
Ce qui faisait la plus grande force du premier Grandia était cet appel à l’aventure qui nous donnait l’impression de réveiller le gamin en nous rêvant d’une grande épopée. Et si le titre nous emmenait vers une intrigue beaucoup plus complexe qui allait décider du destin du monde, il y avait tout de même ce côté coloré et presque chaleureux propre à ce sentiment d’exploration. Grandia II prend une toute autre approche et même si cela peut décontenancer de prime abord, je trouve finalement que c’est une très bonne idée afin de se démarquer et surtout de proposer une toute autre expérience. C’est justement là que le titre m’a profondément marqué d’entrée de jeu. En seulement quelques heures de jeu, ce récit pouvait prendre une tournure aussi sombre que dramatique avec notre héros Ryudo qui, dès le départ, se présente comme un guerrier hors pair. Impliqué dans une confrontation contre les forces du mal, il va partir à la poursuite des vestiges du corps du dieu maléfique Valmar. Et là, ce fut un vrai choc pour moi, car on plonge vraiment dans un cauchemar tant les entités en lien avec cette sinistre divinité sont monstrueuses. Et c’est surtout le cas pour les boss qui possèdent des morceaux du corps de Valmar comme la langue ou bien les yeux. Un changement drastique qui, aujourd’hui encore, reste ancré dans ma mémoire tant cela dénotait par rapport à ce que j’avais connu par le passé. Véritable bestiaire horrifique, il n’était pas question de faire face à des monstres mignons ou des ennemis rigolos, mais bel et bien des créatures cauchemardesques donnant une impression que l’enfer s’abattait sur ce monde.
Ce n’était clairement pas pour me déplaire, car on avait vraiment le sentiment d’être devant une histoire beaucoup plus mature et tragique là où l’épopée de Justin dans le 1 traitait plus du passage à l’âge adulte tout en soulignant l’importance de garder cette âme d’enfant. Chaque personnage que l’on rencontre a le droit à une écriture soignée et ils vont tous former un groupe aussi génial qu’attachant. Combien de fois j’ai été surpris par la transformation de Elena, prêtresse, en la démone Milenna. Surtout que c’était aussi une première pour moi de voir certaines attaques des protagonistes prendre la forme de scènes d’animes. J’étais totalement fan de ça et de la tension qui pouvait y avoir avec un système de combat toujours aussi efficace et plus tactique qu’on ne le pense. Mais surtout, là où j’avais l’impression dans le 1 de suivre des amis et compagnons remarquables, ici on suit des guerriers charismatiques pouvant avoir un destin tragique. Je repense forcément à Mareg en pensant à ça. Un combattant féroce qui marquait directement l’esprit du joueur et qui, derrière son physique de lion avait un énorme cœur et nous délivre une scène absolument poignante. Tout ça contribue à faire de Grandia II un excellent JRPG qui a su prendre une dimension plus horrifique, mais aussi tournant autour de sujets complexes telle que la religion. Et que dire aussi des méchants notamment concernant Melfice. J’étais tellement sous le choc en voyant son histoire commune avec notre héros, mais aussi par tout ce qui s’organise autour des diverses confrontations contre lui. Une épopée palpitante, pleine de rebondissements et avec un scénario d’une grande profondeur.
Grandia II trace sa propre route
La licence Grandia est une série que j’apprécie autant pour les moments grandioses que j’ai pu vivre dans chaque opus que pour ce pari réussi de changer de ton d’un épisode à l’autre. Il n’est pas question ici de comparer le premier opus au second, car tout les oppose si ce n’est le gameplay. Il faut vraiment prendre ce deuxième épisode comme une expérience unique et quelle aventure. D’ailleurs, un souvenir qui est très ancré en moi et qui est en lien avec cette épopée me revient souvent. Il s’agissait d’un jeu qui n’avait le droit à aucune traduction française et comme il n’y avait pas internet pour traduire à l’époque, je ne cessais de chercher à comprendre l’histoire en traduisant au mieux les mots que je ne comprenais pas. Une manière d’apprendre l’anglais et même si cela pouvait être approximatif, cela ne m’a pas empêché d’apprécier totalement ce récit. A chaque nouvelle session, je parvenais à savourer cette œuvre et à en découvrir plus. Et à chaque fois que je progressais dans la compréhension de cette intrigue, je me prenais une claque. Un jeu qui pouvait se montrer particulièrement difficile par moment, mais où chaque victoire était une véritable satisfaction. Je pourrais parler pendant des heures de ce titre qui m’a profondément touché. Rien que dans le traitement du dieu maléfique Valmar, de la dualité qui s’oppose avec toute la dimension religieuse et l’écriture des personnages. Tant de choses qui rendent cette épopée inoubliable et où l’on termine avec un vide en nous. Et d’ailleurs, je trouvais aussi génial d’avoir une équipe sortant des sentiers battus et qui, finalement, représentait un peu un groupe de parias face à une force présentée comme juste et qui est finalement plus que corrompue. Un contraste fascinant et qui, justement, permet de montrer un autre visage du “héros” pour contrebalancer face à une institution présentée comme pieuse et qui pourtant cache de lourds secrets. Un ton qui m’avait aussi montré que le jeu vidéo pouvait aussi proposer des récits beaucoup plus complexes, profonds et tragiques où la lueur d’espoir naît parfois dans l’obscurité.
Avec ce numéro, je voulais autant parler de Grandia II que montrer que l’on peut parler d’un autre opus d’une franchise sans que cela soit redondant. Au contraire, il y a toujours des choses intéressantes à analyser, qu’il s’agisse d’une suite ou d’un titre n’ayant aucun lien avec ses prédécesseurs. Cela peut démontrer, de la part d’un studio, de proposer une expérience différente à chaque fois et le pari peut être risqué, mais peut valoir la chandelle comme c’est le cas ici. J’espère en tout cas avoir réveillé quelques vieux souvenirs à travers ces quelques lignes. N’hésitez pas d’ailleurs à me dire dans les commentaires si vous avez connu Grandia II ou bien si vous avez déjà été tenté par la licence. Ce sera avec joie que de connaître vos propres souvenirs sur cette histoire et tout ce qui l’englobe. Je vous réserve déjà pas mal d’autres numéros afin de vous parler de tant de jeux qui font partie de ma collection et qui me tiennent à cœur.