Dragon & Caméléon

Dragon & Caméléon T1 : qui l’emportera ?

Depuis bien longtemps, on a des mangas qui prennent pour thème principal les mangakas. C’est très souvent l’occasion de briser les barrières autour de ce métier afin de partager ce qu’ils peuvent vivre ou bien créer des histoires autour de leur quotidien. Un sujet passionnant, mais qui peut aussi amener à des récits beaucoup plus axés sur le divertissement. C’est exactement ce que l’on va voir aujourd’hui avec notre sujet du jour qui nous provient tout droit de chez Mana Books. Il s’agit du premier volume de Dragon & Caméléon qui avait éveillé ma curiosité lors de son annonce. Cependant, je ne m’étais pas trop attardé sur le synopsis afin de garder au maximum la surprise. Voilà pourquoi j’ai été étonné en lisant ce premier volume de la tournure que prenait cette histoire, mais aussi de ce que cela pouvait entraîner pour son développement futur. Une œuvre qui va s’axer autour d’une confrontation entre deux auteurs et qui va nous amener pas mal d’ingrédients prometteurs autour de cette bataille artistique. Soyez donc prêts à faire la connaissance d’un vétéran ayant atteint les cieux et d’un jeune mangaka connu pour son don très particulier.

Un accident qui va tout inverser

Ce synopsis particulièrement complet de Dragon & Caméléon nous donne un assez bon aperçu de ce qui nous attend. Cependant, ce qui va vraiment faire tout l’attrait de ce récit va venir de cette opposition entre nos deux protagonistes qui ont échangé de corps. Cela amène un changement de situation important pour chacun d’entre eux et c’est alors autant fascinant de voir comment l’un va de nouveau se faire un nom tandis que l’autre doit réussir à le conserver. Une sorte de jeu du chat et de la souris qui va laisser transparaître quelque chose de bien plus profond et triste autour de ces artistes.

Atteindre de nouveau les sommets

Alors oui, la première chose qui va frapper dans Dragon & Caméléon concerne ce fameux échange de corps entre nos deux protagonistes. Mais il faut, selon moi, se concentrer sur ce qui se passe avant tout ça. Car c’est avant cet événement que le titre va déjà distiller certaines de ses qualités. Dès le départ, on nous présente Garyo comme quelqu’un qui a atteint le sommet du métier grâce à sa dernière série. Mais loin de le présenter comme un génie dès le départ, on nous présente surtout un homme qui a une passion dévorante pour le manga et qui, même dans l’échec, n’a jamais cessé de dessiner pour aller de l’avant. Un bosseur qui a obtenu la célébrité, mais dont l’importance à ses yeux repose dans le plaisir que les gens ont à suivre son histoire. De l’autre, on nous présente Shinobu, son nouvel assistant, qui se montre aussi arrogant qu’agaçant de par son comportement peu respectueux. Pourtant, il possède l’incroyable capacité de s’adapter au style des auteurs pour parfaitement coller à celui-ci, ce qui lui a valu le surnom de caméléon. Mais si cela peut paraître spectaculaire, à ses yeux cela n’a fait qu’appuyer ce malaise qu’il n’est qu’un copieur sans avoir réellement sa propre originalité. C’est en comprenant ça et en ayant subi tant d’échecs qu’il est devenu ce personnage à la langue de vipère. Cette dualité entre les deux est mise en place dès les premières pages du tome et de façon claire et concise.

On comprend tout de suite le contraste entre ces deux figures qui sont au centre de l’histoire. Et c’est justement en suivant tout ça que cet échange de corps va redistribuer les cartes. D’un côté, l’assistant devenu d’un coup un maître et qui doit tout faire pour conserver la qualité d’une série qui n’est pas la sienne. De l’autre, un maître redevenu un jeune auteur et qui doit remonter les échelons pour redevenir le meilleur. Et c’est là que se joue une vraie bataille entre les deux, car Shinobu n’a clairement aucune raison de vouloir récupérer son ancienne vie. Cela le rend d’autant plus énervant, car il s’accapare une gloire qui n’est pas la sienne tandis que Garyo, lui, va nous montrer, en recommençant de zéro, toute sa détermination. A travers cette introduction, le mangaka nous fait clairement comprendre son envie d’utiliser ce décor propre à son travail pour nous raconter en réalité le duel qui se joue entre les deux. Et cela fonctionne très bien, car on a envie de voir notre protagoniste mettre une raclée à son adversaire tout en voyant de quoi il est capable. Mais de l’autre côté, Shinobu n’est pas en reste étant donné que malgré son caractère horrible, il va tout de même nous délivrer des passages épiques où tout son talent pour l’imitation va prendre son sens. Mais au-delà de ce spectacle qui s’offre à nous, je trouve que ce manga aborde aussi des thèmes intéressants et surtout des sentiments que l’on peut tous connaître. En réalité, il est question ici de la peur de l’échec, de ne pas avoir l’impression de trouver sa place, de se comparer aux autres en se sentant inférieur et aussi qu’une passion dévorante peut aussi créer de profondes blessures. Des sujets que l’on pourrait appliquer à toute forme de hobby, métier ou activités et qui font que l’on ne peut s’empêcher d’avoir une certaine tristesse pour ce jeune garçon qui a toujours eu l’impression de n’être qu’une copie sans réellement se démarquer. Une lecture intense et qui cache très bien son jeu !

Voilà pourquoi ce premier volume de Dragon & Caméléon est, à mon sens, un très bon divertissement. Car même s’il y a une volonté de coller un tant soit peu au quotidien d’un mangaka et de mettre en place le milieu dans lequel il évolue, tout est ici au service du spectacle. Et celui-ci repose sur cette opposition à la fois palpitante et prometteuse entre ces deux “rivaux” qui se lancent dans une bataille impressionnante. Tout ça en parvenant à traiter par la même occasion de thèmes beaucoup plus profonds et en adéquation avec ce qui se passe entre les deux principales figures de ce récit.

Dragon & Caméléon lance les hostilités

Comme j’ai pu l’évoquer un peu plus haut, Dragon & Caméléon est une œuvre qui prend à contrepied tout ce que l’on peut habituellement voir dans les mangas traitant du métier de mangaka. La majorité du temps, nous sommes face à des histoires cherchant à nous en apprendre plus sur le métier ou bien à nous dresser un portrait réaliste, et parfois tragique, de ce milieu. Cela ne signifie pas que le titre en question n’aborde pas ces éléments. On a le droit à quelques passages qui nous apprennent des petites choses sur ce qui compose le quotidien d’un artiste. Cependant, ce n’est pas le propos premier que l’on peut déceler à travers cette introduction. On cherche avant tout à poser les bases de ce duel qui sera au cœur du scénario. Une dualité forte et encore plus importante quand on apprend à mieux cerner nos deux auteurs. Et ce que je trouve plus que réussi, c’est que l’on est clairement dans un manga qui veut nous happer dans cette bataille entre ces deux plumes. On se laisse facilement happer par ça surtout que l’auteur arrive à créer un “antagoniste” rapidement détestable qui nous encourage à vouloir assister à sa défaite. Mais ce n’est pas tout, car cette série ne se limite pas justement à cette envie de voir notre caméléon descendre de son piédestal. Il y a aussi une volonté de nous faire réfléchir sur ce qui a pu le pousser dans cette voie. Car finalement, entre nos deux personnages principaux, la différence est infime. La seule chose qui les sépare vraiment est que l’un a fini par réussir là où le second a toujours été pointé du doigt et présenté comme un copieur plus que comme un artiste à part entière. La passion des deux est la même sauf que l’un a réussi à l’utiliser pour aller de l’avant tandis que pour l’autre, elle fut un poids qui a pesé sur son cœur depuis ses débuts.

Voilà pourquoi j’ai adoré ma découverte de Dragon & Caméléon. Même si tout s’axe autour de cette confrontation, le titre est loin d’être dénué d’autres qualités. Je peux même dire que ce premier volume transpire la passion de son auteur pour tout ce qui touche à l’imaginaire. Cela se ressent dans son protagoniste qui est totalement dévoué à son art et pour qui la plus belle des récompenses est le sourire des gens en lisant ses histoires. Cela est très bien représenté dans un passage précis et en plus de ça, il se permet aussi de parler de l’autre face de cette pièce qu’est la passion. Si tout ça sert à appuyer l’intensité de cette rivalité naissante, cela permet aussi de porter des messages forts et importants à l’égard du lecteur. Une manière de montrer que rien n’est plus beau que la passion, car elle peut nous donner des ailes, mais que parallèlement, un échec est encore plus dur à encaisser quand c’est autour de quelque chose qu’on aime. Si vous voulez un récit promettant un duel de mangaka d’une grande intensité et qui traite avec brio de passion alors vous devriez être convaincu par cette histoire. Evidemment, j’ai maintenant pas mal de questions qui me viennent à l’esprit suite à tout ça. Est-ce que nos deux artistes vont finalement retrouver leur corps d’origine ? Est-il réellement possible pour le caméléon de faire perdurer la série juste en copiant son ancien mentor ? Et pour ce dernier, va-t-il se heurter à un mur infranchissable face à ce qu’il a lui-même créé ? Il me tarde déjà de me plonger dans les prochains chapitres.

N’hésitez pas à partager dans les commentaires votre propre avis ainsi que votre ressenti concernant ce premier volume de Dragon & Caméléon. Trouvez-vous l’approche de l’auteur intéressante en souhaitant confronter ces deux personnages ? Est-ce que le titre a su, selon vous, aborder des problématiques et questionnements intéressants sur ce métier ? Etes-vous curieux de voir comment va évoluer ce bras de fer entre ces deux artistes ? Pensez-vous que l’on aura le droit à d’importants rebondissements pour la suite ? Je reste à votre disposition pour échanger, discuter et débattre autour de ce sujet.

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