Kaijin Fugeki T1 : un monde en proie au chaos
J’ai déjà pu évoquer plusieurs fois sur le site à quel point certains auteurs avaient su se démarquer par leur style d’écriture ou bien leur trait. Ce qui fait qu’au-delà de se lancer dans une nouvelle histoire de leur cru, on est surtout curieux de voir comment l’auteur a su utiliser ses talents pour donner vie à un scénario inédit. Ce qui fait qu’en plus de l’intrigue, on se lance dans ces récits par rapport à la personne qui se trouve derrière tant on a déjà pu être témoin de la maîtrise de son art dans d’autres écrits. Si j’évoque ça, c’est parce que c’est le cas pour le titre du jour qui n’est autre que le nouveau manga de Oh Great : Kaijin Fugeki. Ce mangaka a su se faire un nom depuis maintenant bien des années et s’il y a une chose qui ressort à chaque fois, c’est son talent pour le dessin. Il est à l’origine de planches remarquables et j’étais autant intrigué par le pitch de ce nouveau titre de chez Pika que de voir à l’œuvre le trait de cet auteur. C’est maintenant chose faite et je dois dire qu’il y a pas mal de choses à évoquer autour de cette épopée qui arrive à frapper fort. En plus de ça, je rappelle que le mangaka est présent à Japan Expo. C’est donc l’heure de voir ce qu’il a imaginé cette fois-ci !
Une rencontre choc

Synopsis
Dans un futur lointain, des catastrophes surnaturelles nommées “Nocturnes” menacent la Terre sous la forme de créatures monstrueuses. Seul rempart face à elles : les “fugeki”, des chamans dansant pour puiser l’énergie des dieux et contrecarrer les Nocturnes. Parmi eux, deux jeunes hommes. L’un se nomme Jin et habite une bourgade de la campagne japonaise. L’autre s’appelle Gao et a fui son pays natal, l’empire britannique, en proie à la Nocturne des Typhons. Liés par le destin, tous deux vont s’allier pour empêcher la fin du monde…
Mangaka : Oh!Great
Dès ce synopsis, on comprend que Kaijin Fugeki est un titre qui veut nous emmener dans un contexte difficile. Et il ne faut pas longtemps pour comprendre le danger qui pèse sur la planète. Mais là où le titre va vraiment bien se jouer de nous, c’est dans sa manière de nous amener à cette réalité. Jouant admirablement bien la carte de la désorientation, on se questionne d’abord sur ce qui se passe avant d’être finalement témoin de la gravité de la situation. C’est alors que le récit prend vraiment son envol et va amener beaucoup de sujets sur le devant de la scène.
Un combat contre les dieux
J’ai eu une expérience très particulière avec ce premier volume de Kaijin Fugeki. En effet, ne sachant pas vraiment ce qui m’attendait, je me suis lancé un peu à l’aveugle dans cette histoire. Et les premières pages m’ont troublé, car je ne comprenais pas vraiment où l’auteur voulait nous amener. Avec sa scène d’ouverture impressionnante, je me demandais si nous n’allions pas partir dans un récit très tourné vers la science-fiction. Mais au fur et à mesure que j’enchaînais les pages, je commençais à ouvrir les yeux sur ce qui se profilait au loin. C’est là que l’on sent le talent de cet artiste pour nous désorienter initialement sans pour autant que l’on ait envie de s’arrêter. Au contraire, emporté par son trait soigné, ses planches détaillées et l’envie de comprendre ce qu’il se passe, on continue. Notre curiosité est titillée et cela prouve que le récit arrive à capter notre attention, malgré toutes les zones d’ombre que l’on a au départ. Dès l’instant où l’on va enfin découvrir les tenants et aboutissants de ce scénario, mais aussi et surtout la menace qui plane sur la Terre, on se retrouve totalement immergé dans le conflit en cours. En plus de nous offrir des plans somptueux dont seul Oh! Great a le secret, le récit en lui-même est aussi très intéressant. Car même si on nous présente cette histoire comme se passant dans un futur lointain, il y a une volonté de mettre au centre de l’intrigue des traditions ancestrales.
C’est justement à travers les “fugeki” que l’humanité a une chance de faire face à ses ennemis. En parlant d’eux, je trouve aussi vraiment bien pensé l’idée de personnifier les catastrophes naturelles en les montrant comme des entités divines qui déversent leur colère sans faire la moindre distinction. Cela n’est pas anodin, car ça représente plutôt bien ces phénomènes naturels que personne ne peut retenir et qui apparaissent et disparaissent en laissant juste derrière eux d’impressionnants dégâts. Finalement, il y a une certaine critique de l’homme face à la nature dans ce premier volume que j’ai trouvé pertinente tout en y insufflant un côté épique qui permet d’en mettre plein les yeux aux lecteurs. De plus, on va aussi aborder ici une part importante de la culture et surtout du folklore japonais en distillant aussi divers contes, mythes et légendes qui se transmettent depuis longtemps ou même de simples fables urbaines. Tout ça amène une dimension surnaturel et aussi mystique qui se mélange parfaitement avec tout ce que j’ai évoqué avant. Et si l’univers est donc accrocheur, les personnages ne sont pas en reste, car on voit ici des individus qui ont tous, d’une façon ou d’une autre, des stigmates. C’est notamment le cas pour notre binôme où chacun a un passé bien lourd et surtout un événement qui a bouleversé sa vie. Ce qui fait qu’on a autant envie de voir comment ils vont surmonter cette crise face aux “nocturnes” que d’en apprendre plus sur eux et leur possible évolution.
Kaijin Fugeki est un manga qui a su se jouer de moi, car initialement j’avais envie de me garder la surprise concernant l’intrigue à venir. C’est pour ça que dès les premières pages, j’ai pu me sentir décontenancé par ce qui se passait. Mais plus je progressais et plus le charme propre à cette histoire a su fonctionner sur moi. J’ai alors pris conscience de ce qui était en train de se dessiner au fil des pages et de l’imposante fresque que cela pourrait donner à la fin de tout ça. Ce qui fait que l’on termine cette lecture avec l’envie d’y replonger afin d’en voir plus et de cerner toute l’étendue de l’ambition propre à cette histoire.
Kaijin Fugeki entame sa danse
C’est captivant de voir à quel point un manga qui pouvait paraître assez confus au départ finit par totalement nous emporter dans ce récit. C’est exactement ce qu’il s’est passé pour moi avec ce premier volume de Kaijin Fugeki. Comme je l’ai évoqué en introduction, l’une des raisons qui m’a poussé à tenter cette aventure résidait dans le fait de voir de nouveau le trait du mangaka à l’œuvre. Et si j’ai été comblé à ce niveau-là, cette lecture a aussi été l’occasion de voir que cette nouveauté avait aussi beaucoup d’autres choses à offrir. J’ai appris, à travers ces chapitres, à mieux appréhender cet univers et être désireux d’en apprendre plus sur l’origine de ces attaques. De plus, j’adore le parallèle qui est fait entre divinités et catastrophes naturelles surtout quand on voit que l’auteur transforme vraiment n’importe quel incident climatique en une créature céleste qui déverse sa colère sur la Terre. Et je me dis même que l’histoire peut vraiment partir dans une direction philosophique et une critique de la société qui me comblerait totalement. Sans oublier aussi ce savoureux mélange qui est fait entre folklore japonais, éléments surnaturels, légendes urbaines et autres mythes qui peuvent donner énormément de possibilités pour les prochains tomes. Tout ça permet à la série de se démarquer d’entrée de jeu et surtout de poser des bases assez originales. Un ensemble d’éléments qui fonctionne très bien et amène aussi des thèmes plus personnels autour des protagonistes.
C’est donc une bien belle découverte que ce début de Kaijin Fugeki. Un titre qui a de belles promesses sur le long terme et qui peut, surtout, nous amener à vivre une épopée aussi spectaculaire que touchante à bien des égards. Surtout que l’on a dans ce premier volume un bel aperçu de ce que Oh! Great pourrait nous offrir comme confrontations dantesques par la suite. Et au-delà de l’aspect purement spectaculaire, je trouve que l’on est face à un manga qui arrive à lancer des thématiques qui peuvent donner lieu à d’importantes réflexions pour plus tard. J’ai autant envie de voir les prochains “Nocturnes” qui débarqueront que d’assister aussi à ces instants plus intimes entre les protagonistes qui nous rappellent que même s’ils sont des protecteurs de ce monde, ils restent aussi des humains avec leurs failles et faiblesses. Si vous avez déjà apprécié les précédentes séries de l’auteur ou que vous désirez une aventure qui s’annonce grandiose alors vous aurez sûrement de quoi être intrigué par cette nouveauté. Les questions fusent maintenant dans ma tête après cette lecture. Est-ce que l’on va assister à d’autres surprises autour de nos combattants surtout dans leur manière de combattre à travers les divinités ? Va-t-on en apprendre plus sur l’origine des “Nocturnes” ? Est-il seulement possible de les arrêter réellement ? Et va-t-on aussi en apprendre plus sur les facultés et particularités de certains personnages ? Il me tarde de voir comment l’intrigue va évoluer dans les prochains chapitres.
N’hésitez pas à partager dans les commentaires votre propre avis ainsi que votre ressenti concernant ce premier volume de Kaijin Fugeki. Trouvez-vous que le mangaka a su poser les bases d’un récit prometteur et spectaculaire ? Est-ce que le trait de Oh Great parvient, selon vous, à sublimer la lutte qui se joue au sein de ces pages ? Etes-vous curieux d’en apprendre plus sur ces créatures et leur lien avec la nature ? Appréciez-vous le groupe qui se forme autour de nos protagonistes ainsi que le lien qui semble se tisser entre Gao et Jin ? Qu’attendez-vous pour la suite de la licence ? Je reste à votre disposition pour échanger, discuter et débattre autour de ce sujet.