Bota Bota

Bota Bota : une recherche ensanglantée

Dans le monde du manga, il y a énormément d’artistes qui ont su se créer un style qui leur est propre. A chaque fois que l’on se lance dans une de leurs œuvres, on se dit tout de suite que l’on va vivre quelque chose d’hors du commun. Cela peut-être à travers un trait unique ou bien des idées particulièrement originales et parfois même les deux. Dans ce domaine, il y a une mangaka qui représente très bien tout ça et qui a séduit bon nombre de lecteurs à travers sa série la plus connue. Je parle bien sûr de Paru Itagaki, l’autrice de Beastars, qui retrouve une fois de plus les éditions Ki-oon à travers l’un de ses one shot. C’est bien celui-ci qui va être notre sujet du jour et qui répond au nom de Bota Bota. Et il n’y a pas à dire, il suffit de se pencher sur le résumé de cette histoire pour comprendre que l’on va être face à une histoire pour la moins originale. J’étais très curieux de découvrir ce qui pouvait se cacher derrière ce fameux ouvrage et après lecture, je dois dire qu’il y a beaucoup de choses à analyser par rapport au récit de cette jeune femme. Préparez-vous à faire sa connaissance et surtout à découvrir un problème bien gênant dans son quotidien.

Un problème de saleté

En fait, sans même savoir que Paru Itagaki est derrière ce one shot, le synopsis nous laisse facilement le deviner. En effet, elle a vraiment ce don de réussir à proposer des récits originaux, déroutants et captivants qui vont aussi nous amener à réfléchir sur des thèmes bien sérieux. Avec Bota Bota, c’est exactement ça surtout que l’on va ici se retrouver face à des sujets pouvant paraître crus, mais qui sont traités via un prisme assez inédit. On voit alors une histoire qui parle de relations humaines, de traumas de jeunesse, de rapports intimes, mais aussi de liens familiaux.

Une réflexion sur notre perception des autres

Autant le dire tout de suite, Bota Bota est une œuvre qui peut vraiment être déroutante au départ. Après tout, on nous raconte l’histoire de cette femme qui se met à saigner abondamment du nez dès l’instant où elle touche quelque chose de sale ou bien qui lui semble sale. Une peur de la saleté qui atteint un niveau particulièrement violent, mais qui ne se limite pas à ça étant donné que le contact physique et surtout charnel se présente à elle comme quelque chose de malpropre. Ce qui fait que malgré son envie de trouver l’âme-soeur, elle terrifie ses partenaires dès l’instant où ils passent à l’acte et que le rouge se met à couler de son nez. C’est une idée initiale qui peut sembler étrange à première vue, mais qui est finalement beaucoup plus pertinente qu’on ne pourrait le croire. En effet, comme dans beaucoup de ses œuvres, Paru Itagaki aime proposer des sujets qui sont souvent difficiles à exprimer et qui font partie intégrante de l’originalité et de l’impact que vont avoir ses histoires. C’est totalement le cas ici, car ce one shot va réussir en peu de temps à aborder des thèmes pour le moins compliqués. On nous parle avec brio des traumas que l’on peut avoir enfant par rapport à ce que l’on voit chez nos parents, de l’effet que ça peut avoir sur notre vie future et aussi de la complexité à construire une véritable relation. Dans un sens, la mangaka dépeint ici un tableau assez cynique, et même sombre de la nature humaine.

Après tout, tous ceux qui vont s’intéresser à notre protagoniste le font avant tout pour des raisons charnelles ou alors en totale opposition avec ce qu’elle souhaite. Se concentrant énormément sur les rapports intimes, on nous montre aussi la complexité que ça peut être de s’unir dans un tel acte surtout quand on voit un rapprochement physique comme quelque chose de sale malgré l’envie qui est présente. Et clairement, ça peut troubler quand on lit ces pages de se focaliser autant sur ça et aussi sur le côté très exagéré de cette perte de sang qui survient à chaque fois du nez de Mako. Mais tout ça est une très bonne métaphore je trouve de la complexité des rapports humains et à quel point la confiance en quelqu’un peut être fragile et difficile à donner. On nous parle avant tout de blessures ici qui peuvent détruire une existence, mais aussi notre propre confiance en nous. Si Mako peut sembler étrange au premier abord, on se rend surtout compte que ce sont les autres qui ne font que la repousser ou vont lui laisser des stigmates à cause de cette souffrance qui est la sienne. Personne ne cherche réellement à comprendre qui elle est et même la dernière partie du one shot va rester dans cette direction, mais pour mieux lui permettre d’avancer. Une œuvre qui, par le prisme de la crasse que voit notre héroïne, traite en réalité de confiance et de la méfiance que l’on peut avoir les uns envers les autres. Une recherche difficile d’un partenaire de vie avec qui on peut totalement s’ouvrir, car même quand on pense avoir trouvé la bonne personne, il suffit parfois d’un rien pour que tout vole en éclats et que les masques tombent.

Il n’y a pas à dire, Bota Bota est vraiment un manga qui peut totalement passer pour un ovni. C’est le grand talent de la mangaka que de réussir à amener des sujets sérieux via un angle de vue ou même un univers que l’on n’avait pas forcément vu venir. Ici, je trouve que c’est justement dans ce qu’elle arrive à retranscrire au travers de son héroïne qui rend cette lecture vraiment intéressante. Abordant des sujets pouvant être délicats ou souvent difficiles à amener sur le devant de la scène, on ressort autant troublé de cette lecture qu’interpellé par les réflexions apportées.

Bota Bota est pour le moins original

Dire que ce one shot est spécial est tout à fait vrai, mais c’est aussi ce qui fait son charme. On est face à une lecture qui veut justement nous bousculer à travers une mise en scène, une proposition et des thèmes que l’on n’a pas forcément l’habitude de voir en manga. Mais je trouve encore une fois que Paru Itagaki reste totalement fidèle à cette écriture qui est la sienne. Derrière ses traits souvent chaleureux, la mangaka réussit toujours à instiller une réflexion profonde sur l’humanité et ce qui se cache derrière certaines personnes. Bota Bota en est un très bon exemple et j’ai été décontenancé au début avant de réellement prendre conscience de ce que le titre cherchait à me raconter. C’est justement en allant au bout de ce récit que l’on ouvre les yeux sur le véritable combat mené par Mako et la symbolique de ce saignement de nez. Plus que la saleté à proprement parler, c’est surtout la tromperie et les mauvaises intentions qui la rendent malade. Une situation qui découle de son passé et qui montre autant les blessures laissées par de profonds traumatismes que cette complexité à faire confiance à l’autre. Car donner cette dernière, c’est justement se mettre à nu et se sentir parfois impuissant face à la personne qui se trouve devant nous. Une excellente métaphore qui est ici poussée à l’extrême par ce saignement de nez abondant, mais qui traite finalement de quelque chose qui peut toucher beaucoup de monde. Le genre de lecture où l’on ne cesse de cogiter après avoir tourné la dernière page.

Je peux totalement comprendre que Bota Bota puisse être une lecture qui divise sur certains points. Pour ma part, j’ai vraiment apprécié le parti-pris de la mangaka tout au long de cette histoire afin de surprendre et de justement bousculer ce que l’on peut connaître habituellement. Une courte tranche de vie, mais qui arrive à résonner fortement pour certains au-delà du côté simplement charnel. C’est justement dans cette capacité à toujours proposer une lecture plus profonde qu’elle parvient à exprimer tout son talent. J’ai donc beaucoup apprécié ma découverte et surtout que cela complète très bien toutes les autres séries de l’artiste. Une occasion d’observer un peu plus toute la créativité de cette autrice qui affiche une originalité tellement marquante. Et en plus de ça, je trouve que cet ouvrage se suffit amplement à lui-même tant la conclusion vient apporter un point final réussi à la quête de notre protagoniste. Et il n’y a vraiment pas de questions qui sont laissées en suspens à la toute fin. On est juste heureux de voir cette demoiselle trouver enfin ce qu’elle a tant souhaité, mais d’une façon qu’elle ne l’aurait pas cru. Si vous appréciez le style de la mangaka ou que vous souhaitez un one shot aussi déroutant que captivant alors vous pouvez foncer. Cela me donne aussi envie d’en voir plus sur les prochains projets de Paru Itagaki.

N’hésitez pas à partager dans les commentaires votre propre avis ainsi que votre ressenti sur Bota Bota. Trouvez-vous que le titre est aussi singulier que déroutant ? Est-ce que ce one shot réussi, selon vous, à traiter de sujets pertinents à travers son idée de base originale ? Pour vous, le titre parvient-il à conserver ce style qui est si propre à la mangaka notamment dans sa manière de traiter l’être humain ? Pensez-vous que cette lecture peut amener à réfléchir sur les relations humaines et surtout sur les traumas que l’on peut avoir au contact des autres ? Je reste à votre disposition pour échanger, discuter et débattre autour de ce sujet.

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