Act-age

Act-age tome 1 et 2 : Hollywood nous ouvre ses portes

Pour bien finir cette semaine, on ne pouvait pas ne pas évoquer la sortie qui a fait beaucoup parler d’elle la semaine dernière. Comme on le dit assez souvent, le manga n’a de cesse de nous surprendre en parvenant à traiter de nombreux univers que l’on n’imaginait pas forcément voir un jour débarquer dans une oeuvre. Cela permet autant de plonger dans des mondes qui nous sont inconnus que de nous faire vivre des expériences inédites. C’est donc chez Ki-oon que nos pas nous ont conduits pour découvrir la dernière pépite de leur catalogue. Attendu par beaucoup, Act-age a fait ses débuts chez l’éditeur la semaine dernière à travers ses deux premiers volumes. On a donc pu pleinement profiter de cette virée dans le domaine du cinéma et plus particulièrement dans la vie de tous ces jeunes acteurs en herbes. Reprenant admirablement bien les codes du shônen, cette série nous délivre des premiers pas captivants au travers du quotidien de cette jeune demoiselle souhaitant faire son entrée dans la sphère du spectacle. L’heure est donc venue de réviser notre script et de se préparer pour les répétitions à venir !

Un casting pour trouver la perle rare

Act-age-Kei

Un diamant brut.

Act-age, scénarisé par Tatsuya Matsuki et dessiné par Shiro Usazaki, nous plonge au Japon en plein milieu d’un casting de grande envergure. En effet, c’est l’agence Stars qui est derrière celle-ci. Celle-ci est connue pour la sévérité de sa sélection et aussi pour réussir à façonner les diamants bruts qui viendront illuminer l’écran dans un futur proche. Un groupe élitiste qui ne laisse aucune chance à ceux qui oseraient faire la moindre petite erreur. Pourtant, un homme ne voit pas les choses de la même manière. Son nom est Sumiji Kuroyama, réalisateur de génie, mais dont le talent n’est pas reconnu du grand public. Avec son attitude désinvolte et son excentricité, il est rarement le bienvenu au sein des agences. Malgré tout, son talent fait qu’il a été choisi pour faire partie du jury qui allait auditionner un bon nombre de participants. Il ne le sait pas encore, mais c’est durant cet événement l’ennuyant à mourir qu’il pourrait bien trouver la perle rare. En effet, parmi les candidats se trouve une demoiselle qui va faire forte impression. Kei Yonagi, une lycéenne tout à fait lambda, a décidé de participer à ce casting dans le but de trouver un gagne-pain lui permettant de nourrir ses frères et soeurs.

Malheureusement, il est difficile d’imaginer que cette jeune fille, semblant inexpressive, puisse réussir à passer les différentes épreuves concoctées par l’agence. Pourtant, c’est au cours d’une interprétation concernant le chagrin qu’elle va éblouir tous ceux présents dans la salle y compris Sumiji. Pour lui plus aucun doute, il vient de tomber sur une étoile qui n’attend que d’être propulsé le plus haut possible. Elle ne joue nullement cette émotion étant donné qu’elle devient le personnage. La tristesse qui se lit sur son visage est sincère et va prouver qu’elle possède un véritable don pour le cinéma. Cependant, ce talent peut s’avérer à double tranchant pour celui qui l’utilise. Pouvant autant conduire à la célébrité qu’à la folie, il est déjà arrivé de terribles accidents aux personnes ayant fait usage de cette capacité. Un terrible coût psychologique, mais qui ne réfrène nullement le réalisateur qu’est Sumiji. Il est prêt à faire ce pari et va tout faire pour révéler l’éclat qui se cache derrière cette demoiselle. Ainsi va débuter un tout nouveau quotidien pour Kei qui va se retrouver à devoir aller de plateaux en auditions tout en redoublant d’efforts pour assimiler tout ce qui constitue le métier d’actrice. Un travail bien loin d’être aussi facile qu’elle pouvait l’imaginer et qui va la pousser à se remettre en question constamment.

La première chose qui a retenu notre attention lors de notre périple dans Act-age est l’importance du jeu d’acteur. Bien évidemment, cela fait partie intégrante du coeur du récit. Cependant, on ne s’attendait pas à ce que ce sujet soit traité de cette manière et surtout qu’il puisse autant nous captiver. Tout cela vient en grande partie de l’écriture de notre chère héroïne qui va autant tout nous interpeller que nous éblouir à travers chacune de ses prestations. Une jeune pousse dont le potentiel incroyable se heurte à un mur des plus imposant représentant la fiction se mêlant à la réalité.

La question du jeu d’acteur

Parler du cinéma et plus principalement de ceux qui se montrent à l’écran est très intéressant à suivre. Cela permet de se plonger dans un univers qui nous fascine en nous permettant d’aller de l’autre côté de la caméra. Rien qu’avec ce contexte de base, on ne peut qu’être interpellé par ce qui va se passer au sein de ces pages. Cependant, s’il y a bien un élément qui va illuminer notre périple, c’est bel et bien la présence de Kei. Elle, qui a beaucoup de mal à dissocier le rôle de sa vraie vie, ne peut que jouer avec une profonde sincérité. Un état de fait que l’on arrive à ressentir à chaque fois qu’elle est conviée pour montrer ses talents. Cela pose alors un problème de taille pour elle. Si l’on a vraiment cette sensation que son jeu d’acteur est criant de vérité, c’est parce qu’elle essaye toujours de faire appel à ses souvenirs. Son personnage se teinte alors d’une sincérité qui touche autant l’équipe que le spectateur, mais qui peut aussi avoir un effet néfaste sur cette demoiselle. Ne pouvant dissocier les deux parties, elle peut tout à fait être submergée par ce qu’elle doit présenter et ainsi éprouver un violent choc psychologique. Ainsi, son talent s’avère à double tranchant et cela s’exprime à merveille au sein de toutes ces cases où elle apparaît. Le script s’efface totalement pour laisser place par moment à une improvisation aussi surprenante que bluffante.

C’est d’ailleurs ce qui pousse le lecteur à vouloir la soutenir dans son objectif. En plus de nous faire rire et de nous attendrir, cette lycéenne est empreinte d’une humanité qui va aussi s’opposer à une recherche constante de sa part de ce que cela signifie d’être normal. On a alors vraiment envie de la voir s’épanouir et aussi qu’elle délivre sa plus grande prestation dans un monde où tout est conditionné. On touche alors à un autre point qui rend cette histoire aussi prenante. Il s’agit de la confrontation entre Kei et les autres membres du milieu. Alors que tout doit être droit et carré, elle apporte une fraîcheur, mais aussi un réalisme qui dénote totalement des autres. Si elle a bien sûr beaucoup de choses à apprendre, on sait qu’elle peut amener un renouveau là où tous sont dictés par un planning serré et qui ne font plus que jouer sur commande. C’est ce fossé qui sépare Kei des autres qui attirent aussi notre regard et l’on est donc obligé de sourire lorsqu’on la voit tirer toute la couverture à elle-même alors qu’elle n’est qu’une simple figurante. On est donc constamment ballotté entre l’apprentissage de cette dernière et notre envie qu’elle conserve cette particularité qui rend chaque scène plus mémorable que la précédente.

Outre cela, Act-age va aussi se démarquer par un autre aspect tout aussi important. Reprenant les codes de la plupart des shônens, ce manga réussi à nous délivrer des sortes de confrontations où l’on se sent impliqué. Des affrontements qui ont lieu à travers des costumes, des dialogues et surtout des répétitions afin de préparer au mieux le véritable champ de bataille. Notre esprit est alors titillé constamment de par cette effervescence qui prend possession de chaque plateau de tournage alors que nos jeunes amis savent pertinemment qu’il s’agit là d’une occasion en or pour se démarquer. Un combat de tous les instants pour écrire sa légende.

Un récit qui tient en haleine

Act-age-potentiel

Kei commence à briller.

Il est très complexe de se dire que le cinéma peut être un terrain jeu idéal pour mettre en scène un shônen correspondant à ce que l’on peut avoir l’habitude de lire. Pourtant, l’auteur va y arriver à merveille en réussissant à s’approprier tout ce qui fait cet environnement et à le modeler à sa convenance. Ainsi, les auditions que l’on peut observer deviennent presque des champs de bataille où chaque protagoniste se doit de briller. Les séances d’entraînements sont aussi de la partie et ont ici un rôle crucial à jouer étant donné qu’elles permettent de mieux cerner les capacités de Kei et surtout d’admirer chacune de ses prouesses. C’est à travers tout ce qui se passe en coulisses que l’on voit naître un attachement de la part du lecteur à l’égard de cette jeune actrice qui a encore tant de choses à prouver. De ce fait, on a beau suivre une perle rare dans le domaine, sa méconnaissance des règles de base fait qu’elle doit tout apprendre depuis le début. On a ainsi vraiment l’impression d’être présent dès le départ pour assister à son ascension et que son redoutable don n’est pas l’unique raison pouvant lui permettre de gravir les échelons. Le travail et la rigueur sont les maîtres-mots de cette profession et Kei va donc suivre ce chemin tout en essayant de transformer sa particularité pour en faire un atout lors de ses interventions.

Le récit est donc construit de manière à ce que la tension monte crescendo et surtout que l’on assiste à des phases de plus en plus grandioses et épiques. Débutant tout en bas de l’échelle, on observe avec attention chacune des épreuves qu’elle doit traverser et l’on entrevoit alors toutes les possibilités qui s’offre à elle. Même ces duels avec d’autres acteurs et actrices nous font retenir notre souffle étant donné que tout est pensé pour que l’on soit aspiré par la scène. Tout comme au cinéma, on reste silencieux en attendant de voir le tournant que va prendre le film et se demander qui arrivera à se démarquer. Le lecteur est donc autant attiré par l’aspect tournage, les répliques qui fusent et la volonté de chacun de se mettre en avant que l’oeuvre qui est en cours de réalisation. Il y a donc presque une mise en abîme qui s’effectue et montre à quel point cette saga à les outils nécessaires pour s’emparer du spectateur que pour lui raconter des histoires d’une très grande richesse. On est donc constamment en train de passer du rôle de membre du staff à celui de simple observateur de l’oeuvre finale. Un show qui ne s’arrête jamais de prendre de l’ampleur et de nous dévoiler tous les petits secrets se cachant derrière un film.

Ce fut une très bonne idée de la part de l’éditeur que de sortir les deux premiers volumes d’Act-age simultanément. Ainsi, on a pleinement pu profiter de tout ce qui pouvait être proposé par ce manga qui parvient à mélanger des éléments narratifs que l’on connaît fort bien à un univers qui nous est inconnu. Il en ressort un périple aussi saisissant de par l’intensité qui s’exprime dans chaque case qu’original de par tout ce qu’il met en lumière. Quoi qu’il en soit, on s’investit grandement dans le futur de Kei et on a autant envie de la voir se hisser parmi les étoiles d’Hollywood que de la voir apporter une sincérité à un monde qui semble en avoir cruellement besoin.

Act-age distribue les rôles

La question que l’on peut se poser au final après avoir lu Act-age est de savoir si ce titre a su combler toutes nos attentes. Après avoir eu le droit à une annonce très forte à son égard, il était clair que l’on espérait beaucoup de cette lecture. Le résultat est sans appel, on a vraiment adoré cette virée dans le monde du cinéma. Que cela soit par les personnages, la petite dose d’humour, les tournages, l’écriture de Kei et aussi la profondeur de certains propos, cette saga a tout pour réussir. On ne s’attendait clairement pas à être autant emporté par ce qui pouvait se passer dans l’objectif de la caméra et pourtant ce fut pleinement le cas. A travers ces deux voyages, l’auteur nous délivre un formidable premier aperçu de tout ce que son titre va pouvoir proposer. Le fait de se dire que l’on est qu’aux balbutiements de la carrière de notre jeune actrice suffit déjà largement à nous projeter vers l’avenir en imaginant tout ce qu’elle devra réaliser. En seulement quelques minutes, on est totalement immergé dans ce quotidien à la fois difficile et envoûtant de cette jeune fille qui souhaite juste nourrir sa famille en transformant son vécu en une source d’inspiration pour son propre jeu. Une très belle prouesse qui nous a offert un excellent divertissement.

C’est donc, vous l’aurez compris, un énorme coup de coeur pour nous. Act-age est autant une ode au cinéma qu’à ce désir de voir une part d’humanité s’emparer de ces personnages fictifs. Que le réel puisse s’inscrire dans l’imaginaire afin que les deux combinés donne un résultat explosif. On finit par partager le rêve de ce réalisateur tout en gardant en tête les inquiétudes à l’égard de l’avenir de Kei. Une épopée qui pourra satisfaire tous ceux souhaitant découvrir une aventure originale, puissante et surtout complète dans tout ce qu’elle aborde. Le lecteur ne s’ennuie à aucun moment et se prend même au jeu d’imaginer la façon dont notre héroïne va décider d’interpréter le rôle qu’on lui donne. Un univers sans pitié, mais qui brille d’un tout nouvel éclat à l’apparition de cette jeune fille qui se bat autant pour ses rêves que sa famille. A présent, on est bien sûr obligé de se poser tout un tas de questions pour la suite. Kei va-t-elle trouver une rivale digne de ce nom ? Réussira-t-elle à suivre la voie qu’elle a choisi ? Se fera-t-elle dévorer par son propre talent ? Il va maintenant falloir être patient pour connaître la prochaine prise.

N’hésitez pas à partager dans les commentaires votre propre avis ainsi que votre ressenti concernant ces deux premiers tomes d’Act-age. Avez-vous apprécié de découvrir le septième art sous cet angle ? Quel est le personnage qui a le plus retenu votre attention ? Pensez-vous que Kei pourra surmonter tous les obstacles qui se dresseront devant elle ? Qui, selon vous, remportera le duel final dans ce film ? Croyez-vous que l’on peut avoir d’autres thématiques qui viendront se greffer à la structure de base de la licence ? Qu’attendez-vous pour la suite ? On reste à votre disposition pour pouvoir échanger, débattre et discuter de ce sujet captivant. 🙂

ACT-AGE © 2018 by Tatsuya Matsuki, Shiro Usazaki / SHUEISHA Inc