Mieruko-chan – Slice of Horror tome 1 : savoir rester de marbre
Nous ne sommes plus très loin d’Halloween et force est de reconnaître que l’ambiance de cette fête nous donne envie de frissonner un peu. On peut alors compter sur les éditeurs pour nous proposer des sagas horrifiques palpitantes ou des titres collant parfaitement à cette période de l’année. Cette fois, on va se faire peur en allant dans le catalogue d’Ototo pour découvrir leur toute dernière licence en date. Vous l’aurez donc compris, on va traiter aujourd’hui de Mieruko-chan – Slice of Horror dont le premier tome est arrivé la semaine dernière. On a déjà eu le droit à des contes sinistres qui cherchaient avant tout à faire sourire le lectorat. Cependant, ce manga est bien différent même s’il donne l’impression de suivre cette route. Une aventure angoissante qui va afficher deux niveaux de lecture se complétant à merveille. C’est en s’aventurant toujours plus profondément dans cet ouvrage que l’on s’est alors rendu compte de ses nombreux atouts. Le temps est donc venu de suivre une étudiante qui aurait préféré ne jamais porter les yeux sur ces repoussantes créatures.
Un quotidien cauchemardesque
Mieruko-chan – Slice of Horror, imaginé par Izumi Tomoki, nous plonge dans un Japon contemporain où l’on fait la connaissance de la jeune Miko. Cette adolescente tout à fait ordinaire aime passer son temps avec sa meilleure amie, aller à l’école et profiter de ce que la vie peut lui offrir chaque jour. Enfin ça c’était avant qu’elle se réveille un beau matin et qu’elle se retrouve plongé dans un véritable enfer. En effet, elle va découvrir qu’il existe en ce monde des créatures malsaines et difformes qui hantent la population. Totalement invisible au commun des mortels, elle semble être la seule à pouvoir observer ces êtres qui lui donnent la chair de poule. Mais comment peut-elle échapper à ces monstres qui se rapprochent inéluctablement d’elle ? Dans les mangas qu’elle lit, la plupart des héros tenteraient de les exorciser ou bien de les faire disparaître pour toujours. Cependant, cela n’est que de la fiction contrairement à ce qu’elle est en train de vivre. Elle n’est qu’une adolescente tout à fait banale et c’est donc ainsi qu’elle souhaite continuer d’être. Une solution va alors germer dans son esprit pour continuer sa routine malgré ces envahisseurs. Il suffit tout simplement de faire comme s’il n’existait pas. Une façon à ses yeux de faire abstraction de leur présence, mais aussi de ne pas sombrer dans la folie. Une voie bien spéciale qui pourrait être considérée comme un refus de sa part d’accepter la réalité.
Pourtant, cette solution s’avère de plus en plus difficile à réaliser au vu de l’insistance de ces âmes perdues. Devant prendre sur elle pour ne rien dévoiler de son pouvoir, la peur est maintenant ce qui guide son futur. Miko ne peut alors s’empêcher de penser pour quelle raison cela est tombée sur elle. Son refus de croiser le regard de ces apparitions montre aussi la détermination dont elle fait preuve. Il faut dire qu’il va lui en falloir du courage pour ne serait-ce qu’aller en cours. Chaque sortie devient alors une effroyable épreuve pour cette demoiselle qui est constamment entourée par cette obscurité étouffante. Même la présence de sa meilleure amie n’arrange pas les choses et va ainsi provoquer des situations où le surnaturel va prendre le pas sur la réalité. Un quotidien infernal qui va aussi être source de moments totalement délirants pour Miko qui va devoir redoubler d’ingéniosité pour faire comme si de rien n’était. Voici donc le récit d’une adolescente qui aurait tellement rêvé être comme tout le monde. Des péripéties aussi absurdes que terrifiantes qui pourraient la conduire jusqu’au point de non-retour.
En se lançant dans Mieruko-chan, on ne s’attendait pas du tout à ce que ce premier volume puisse prendre une tournure aussi inattendue. L’effroi des visions qu’a cette jeune fille va servir à donner naissance à des situations assez hilarantes au final. Pourtant, toute la subtilité du manga est de justement réussir à jongler entre la comédie et l’horreur de manière intelligente et assez inédite. L’auteur va nous montrer qu’il maîtrise bien son sujet afin de nous proposer un conte sortant de l’ordinaire et dont la pertinence s’avère impressionnante. Une tranche de vie macabre qui détruit peu à peu l’esprit de notre héroïne.
Le rire laisse place à la peine
Pour bien comprendre ce qui fait toute la force de ce premier volume de Mieruko-chan, il faut d’abord s’attarder sur l’aspect comique du titre. En effet, la peur va ici servir de moteur pour transformer un quotidien banal en un enfer surprenant. Du fait de la particularité de notre héroïne, elle ne peut s’empêcher de voir les esprits tordus et autres apparitions morbides qui vivent en ce monde. Là où la plupart des personnages d’autres oeuvres prendraient leurs jambes à leur cou ou bien iraient se confronter à ces visions cauchemardesques, cette adolescente va prendre une toute autre voie. Son objectif est de ne rien laisser paraître afin de ne pas attirer l’attention de ces êtres difformes. On est donc à la fois surpris et amusé de la voir faire de son mieux pour continuer d’agir tout naturellement alors qu’elle est entourée d’une noirceur sans nom. Des nerfs d’acier qui vont s’opposer à des créatures toujours plus écoeurantes et flippantes. L’un des intérêts que l’on éprouve alors pendant cette virée est de voir comment elle arrive à s’en sortir et cela s’exprime par des pirouettes divertissantes. Pourtant, il serait dommage de cantonner ce premier contact à ce simple aspect comique. En effet, ce dernier point va peu à peu se transformer sans même que l’on s’en rende compte. Ce n’est qu’en attaquant la dernière partie du récit que l’on va prendre conscience de l’autre facette de ce sinistre conte.
Le déclic va vraiment avoir lieu quand on s’attarde sur le visage de cette adolescente. Miko a beau réussir à échapper à ces fantômes, cela n’est pas sans conséquence pour elle. Tandis que l’on sourit en voyant ses déboires, la jeune fille elle éprouve une véritable peur à chaque mésaventure. On va même alors presque ressentir une honte d’avoir ri de ses malheurs et l’amusement va donc se transformer en une profonde empathie à son égard. La peine que l’on éprouve se renforce et l’on se met alors à partager ce fardeau qui pèse de plus en plus sur ses épaules. Le comique sert ainsi à exprimer et à sublimer la tristesse qui envahit le coeur de notre héroïne. D’ailleurs, on termine cette lecture en ayant un profond respect pour cette dernière. En effet, son combat peut sembler divertissant, mais il s’avère aussi particulièrement compliqué. Le fait d’avoir choisi d’ignorer ces apparitions démontre tout le courage de cette demoiselle qui affiche un courage incroyable. Malgré la peur qui la ronge, elle surmonte chaque épreuve de son mieux. Une véritable leçon de courage qui ne s’exprime pas forcément par l’affrontement direct, mais par cette volonté de vouloir vivre normalement. Ce qui débutait alors comme un quotidien surprenant va basculer en une lutte constante pour que le réel puisse prendre le pas sur le surnaturel. Une maîtrise magistrale de l’écriture de la part du mangaka qui nous livre un premier acte aux deux facettes bien distinctes et pourtant étroitement liées..
Mieruko-chan a pris un très bon départ avec ce premier volume. Idéal pour la période d’Halloween, cette série se veut très intelligente dans sa construction, mais aussi dans son idée de base. Le combat que mène chaque jour Miko face à ces entités funestes afin de les ignorer n’a absolument rien de stupide. Bien au contraire, on va ressentir un profond respect et une certaine peine pour elle qui souhaite juste être comme tout le monde. Les premiers instants comiques laissent ainsi place à une profonde tristesse qui se dessine de plus en plus sur le visage de cette formidable actrice. Un voyage angoissant qui utilise le rire pour mieux souligner cette terreur.
Mieruko-chan et sa vision de l’effroi
Si l’on était un peu courant du pitch de base de Mieruko-chan, on n’était pas prêt à être autant embarqué dans ce récit. S’il ne semble pas y avoir de fil rouge à proprement parler tout au long de ce premier volume, cela n’empêche nullement de profiter de ce qui nous est raconté. D’ailleurs, c’est même tout le contraire car ce manque d’objectif final colle parfaitement au désir de notre protagoniste à vouloir profiter de sa vie comme n’importe quelle adolescente de son âge. La surprise de voir débarquer ces créatures au pire moment et assister aux réactions silencieuses de Miko ne peut que nous procurer un plaisir malsain à se demander comment elle va éviter de se faire repérer. Le divertissement débute alors avec un grand sourire pour se métamorphoser au fur et à mesure de notre avancée. Les petits rires se font alors moins nombreux et l’on a presque envie de féliciter cette étudiante qui a un courage incroyable. Ce don, qui ressemble bien plus à une malédiction, se fait de plus en plus pesant. On ressent alors toute sa peine et l’on espère alors de voir son rêve se concrétiser. Après tout, il n’y a aucune raison qu’elle souffre autant. Un coup du sort qui va avoir un double effet sur le lecteur et ainsi enrichir grandement une oeuvre déjà fort captivante. L’auteur donne ainsi naissance à une héroïne qui brille par sa normalité et qui agit comme beaucoup pourrait le faire. Encore une fois, le réel s’entremêle à la fiction et donne un résultat d’une puissance remarquable.
On a donc devant nous une licence idéale pour une soirée d’Halloween. C’est donc avec beaucoup de joie que l’on recommande ce titre qui parvient à briser son image de base pour nous surprendre par la profondeur de son contexte de base. Mieruko-chan est un manga qui se joue sur deux plans qui se croisent constamment et qui parvient donc à faire naître en nous deux sentiments diamétralement opposés. D’un côté l’amusement et de l’autre une grande peine pour notre nouvelle camarade. Si vous cherchez une lecture correspondant parfaitement à cette période de l’année ou qui propose une écriture à la fois divertissante et intelligente alors vous devriez grandement apprécier ce prologue. Peu importe la manière dont on entrevoit le périple de Miko, on finit cette épopée en ayant une grande sympathie pour elle et ainsi nous impliquer encore plus dans le calvaire qu’est devenue son existence. Bien sûr, il est maintenant grand temps de se poser de nombreuses questions suite à cette introduction efficace. Existe-t-il un moyen pour que cette jeune fille puisse enfin profiter d’un peu de quiétude ? Va-t-elle rencontrer d’autres personnes dans la même situation qu’elle ? Finira-t-elle par se faire engloutir par les ténèbres environnantes ? L’impatience nous gagne tandis que l’on imagine le futur bien sombre de cette adolescente. Le combat pour profiter d’un quotidien paisible est encore loin d’être terminé.
N’hésitez pas à partager dans les commentaires votre propre avis ainsi que votre ressenti sur ce premier volume de Mieruko-chan. Appréciez-vous la manière dont l’horreur est traité dans ces pages ? Avez-vous ressenti une profonde empathie pour cette jeune fille qui doit vivre avec ce don terrible ? Pensez-vous que l’on va continuer à aller vers cette comédie dramatique ou bien se tourner vers un récit plus sombre ? Croyez-vous que cette adolescente parviendra enfin à profiter d’une vie paisible ? Qu’attendez-vous pour la suite de cette licence ? On reste à votre disposition pour pouvoir échanger, discuter et débattre autour de ce sujet. 🙂