Escale à Yokohama tome 1 et 2 : Apprendre à se poser
Il existe de nombreuses œuvres en tout genre. Que cela soit dans le domaine de l’action, l’aventure, la romance, le thriller et bien d’autres. Cependant, il y a un type de manga qui s’avère tout aussi plaisant et qui pourtant n’est pas le premier auquel on pense forcément. On parle des séries où rien de spectaculaire ne se passe. Ces récits prennent la forme d’une immense pause pour le lecteur qui va se confronter à la beauté d’un monde résonnant sur notre propre existence. Dans ce domaine-là, il y a une licence qui se démarque tout particulièrement et qui vient de faire ses débuts chez Meian. On parle bien évidemment de Escale à Yokohama dont les deux premiers volumes viennent tout juste de sortir. On avait entendu beaucoup de bien de cette série et l’on était donc curieux de voir ce qu’allait pouvoir donner cette aventure spéciale. On a littéralement été subjugué par le contenu de ces deux ouvrages qui mettent en avant un aspect contemplatif d’une redoutable efficacité. Un récit où l’importance est de simplement profiter de l’instant présent. L’heure est donc venue de prendre un petit café et de savourer le paysage.
Un café où il fait bon vivre
Escale à Yokohama, imaginé par Hitoshi Ashinano, met en scène Alpha. Cette jeune femme tout à fait ordinaire passe le plus clair de son temps à profiter de la vie comme elle se présente. Propriétaire d’un café éloigné de la ville, on ne peut pas dire que les clients se bousculent à sa porte. Malgré tout, cela ne la dérange absolument pas. Bien au contraire, elle apprécie cette quiétude qui rythme son quotidien et qui transforme chaque jour en une expérience unique. Un sentiment qu’elle partage avec ses quelques visiteurs qui se prélassent dans ce lieu propice à l’observation du monde. La seule chose parvenant à la tirer de son lieu de travail est de refaire le plein de provisions. Pour cela, elle se rend à la ville de Yokohama qui est un lieu propice aux rencontres, mais aussi à l’émerveillement. Tout semble marcher au ralenti au sein de ces rues où la population ne semble que peu soucieuse. Tel le courant d’une rivière qui s’écoule paisiblement, la vie des gens suit son cours sans le moindre problème. Un spectacle qui réchauffe toujours le cœur d’Alpha qui aime bien ces petites escapades. Enfin, quand on parle de cœur c’est un peu différent quand on connaît mieux la demoiselle. En effet, elle n’a nullement un organe aussi vital en elle étant donné que son corps est avant tout fait d’acier et d’électronique. Cette dernière est un robot qui a parfaitement trouver sa place au sein de cet environnement qui n’est que peu surpris de son statut. Il faut dire que cette technologie est loin d’être méconnue du grand public et il existe de nombreux services permettant à ces êtres artificiels d’effectuer leur maintenance.
Mais que fait un robot à l’écart des gens à tenir un café où il n’y a quasiment personne ? Une question qui peut facilement venir à l’esprit de ceux qui connaissent cette jeune femme. Personne ne connaît véritablement son passé, mais il paraît qu’elle resterait là afin d’attendre le retour de son maître. N’étant pas concernée par le temps qui défile inexorablement pour l’être humain, elle est prête à attendre autant d’années qu’il faudra pour enfin retrouver cet individu mystérieux. C’est ainsi que ses journées défilent au gré des saisons. Malgré toute cette attente, Alpha ne ressent aucune lassitude. Bien au contraire, elle est heureuse de pouvoir être le témoin de toutes ces scènes que la vie peut offrir à ceux qui s’arrêtent pour contempler le monde qui les entoure. A ses yeux, il n’y a pas de plus beau cadeau que cette paix où un simple paysage peut se transformer en véritable toile de maître. Ce sont avant tout les souvenirs qu’elle se forge chaque jour qui lui donne la force d’attendre, car elle sait pertinemment que rien ne peut prédire ce qu’il se passera demain. Le monde peut bien s’écrouler ou les gens disparaître sans même qu’elle puisse y faire quoi que ce soit. L’important est donc de profiter de ce présent qui est la seule valeur sûre que tout être humain peut avoir. Voici donc le récit d’une tenancière dont son chiffre d’affaires est le cadet de ses soucis. Elle désire avant tout pouvoir continuer d’observer ce magnifique théâtre qu’est la nature.
Escale à Yokohama peut sembler ne pas proposer une aventure grandiose et c’est justement ce qui fait toute la beauté de ce titre. Voilà une œuvre qui s’adresse avant tout au lecteur pour lui proposer une leçon de vie importante. A travers ces deux premiers volumes, on se retrouve plongé dans un périple aussi calme que doux et qui met en avant l’instant présent. En accompagnant Alpha dans son quotidien, on va alors ouvrir les yeux sur quelque chose de crucial et qui pourtant est oublié de nos jours. Une ode à la nature, aux relations humaines, mais aussi au fait de savoir se poser pour observer la beauté du monde.
L’importance du moment présent
Escale à Yokohama fait partie de ses œuvres qui mettent avant tout l’accent sur l’aspect contemplatif. S’il y a déjà de belles perles dans le lot, il faut reconnaître que ce titre réussit à se hisser très haut rien qu’à travers ces deux premiers volumes. La plus grande force de cette lecture aura été sa faculté à nous plonger totalement dans cet environnement absolument magique. Quand on utilise ce dernier terme, on ne veut pas parler de sorts, de créatures surnaturelles et autres éléments imaginaires. On est avant tout ici pour simplement se poser quelques secondes et admirer la vue qui s’offre à nous. C’est ça qui est formidable avec ce manga. On a réellement l’impression de faire partie des quelques privilégiés pouvant entrer dans ce café et dont le spectacle est bien plus incroyable que ce que l’on aurait pu imaginer. Cela se sent pleinement que le mangaka souhaite avant tout que le lecteur se sente apaisé et heureux en s’aventurant dans sa création. Que cela soit par le comportement touchant d’Alpha, son vécu, mais aussi toutes les expériences qui se mettent sur son chemin, tout est pensé pour que l’instant le plus anodin se transforme en un spectacle étonnant. Cette expérience littéraire est captivante, car elle a une très grande influence sur le lecteur que l’on est. En effet, le fait de s’arrêter à de nombreuses reprises pour simplement observer le monde à travers les yeux de ce robot a un effet particulier. Il nous permet de renouer avec notre propre vision de la réalité et surtout d’entrevoir les formidables décors qui nous entourent.
Dans un monde où l’on ne prend plus le temps de rien, cette série souhaite nous dire stop de courir dans tous les sens. Cette aventure nous présente alors tout cet environnement grandiose qui entoure notre héroïne et qui est tout à fait semblable au nôtre. L’important ici n’est pas de se concentrer sur le lendemain et de courir après des choses qui ne viendront peut-être jamais. Le titre revient sur cette notion de présent qui est la seule chose sûre pour l’être humain. Ce n’est qu’à l’instant T que l’on est pleinement conscient de ce que l’on fait, de ce que l’on souhaite, mais aussi de ce qui nous entoure. On renoue donc avec ce message important qui devrait être au cœur de nos préoccupations et qui nous permet surtout d’admirer toutes les richesses pouvant rythmer notre quotidien et que l’on a trop souvent zappées. En réalité, on pourrait aisément se transposer à Alpha tant elle est empreinte d’une humanité qui nous fait oublier son statut de création artificielle. L’emphase est telle que l’on s’émerveille au même titre qu’elle dès lors qu’elle s’arrête pour contempler le spectacle de la nature. Que cela soit la brise matinale, les paysages qui défilent ou tout simplement le bienfait de se prélasser, toutes ces petites émotions se partagent aisément avec le lecteur. Ce sentiment d’assister à quelque chose de grandiose alors qu’il ne s’agit tout simplement que de la vie en elle-même est ce qui fait toute la force de cette œuvre qui s’adresse directement à nous. Une ode à ce temps qu’il faut parfois perdre pour simplement apprécier ce qui nous entoure.
Escale à Yokohama, en plus de nous offrir un petit instant de paix et de repos, va briller aussi sur un autre point bien précis. Ce dernier ne concerne nul autre que les personnages que l’on rencontre et qui vont apporter cette dose d’humanité si importante pour ce récit. Les paysages peuvent nous émerveiller ou bien nous apaiser, c’est aussi les quelques échanges ou instants partagés avec tous ces individus qui rendent ces situations encore plus magiques. L’émerveillement que l’on ressent alors est décuplé quand celui est accompagné d’une autre personne, peu importe son âge, son caractère ou même son histoire.
Des personnages profondément humains
Cependant, que serait un titre sans des personnages captivants. Escale à Yokohama ne fait pas exception à la règle et nous propose une galerie d’individus formidable. Ils ont beau ne pas être nombreux, chaque acteur ou actrice présent dans ces deux tomes apportent un élément pertinent. Bien évidemment, Alpha est au cœur du récit et brille par le décalage entre le fait qu’elle soit une androïde et l’humanité dont elle fait preuve. D’ailleurs, le fait qu’elle ne nous soit pas présentée comme telle au départ, nous montre à quel point notre esprit la considère comme une humaine lambda. Tout cela est dû à toutes ces petites émotions, ses mimiques et sa personnalité qui font que l’on a bien plus l’impression d’avoir un être humain devant nous qu’un robot. De ce fait, la notion d’individu artificiel, dès lors qu’on l’apprend, n’a pas de réel impact sur nous tellement on a un attachement pour cette demoiselle qui n’a rien à envier au commun des mortels. De plus, on apprécie énormément sa vision des choses où chaque moment de la journée est propice pour profiter des petits bonheurs qui se présentent à elle. De même, le fait qu’un robot n’étant pas impacté par le temps qui passe permet de souligner justement cette notion de s’arrêter pour simplement apprécier ce que la vie peut proposer. On n’est donc pas dans une confrontation entre la technologie et la nature, mais bel et bien une habile cohabitation qui nous touche profondément.
A cela s’ajoutent aussi les quelques clients qui viennent amener un peu d’animation au quotidien de notre tenancière. Chacun d’entre eux parvient à marquer notre esprit par son caractère, sa bienveillance, mais aussi la complicité qui peut exister entre eux et Alpha. A l’image de l’ensemble de la série, toutes ces âmes semblent voguer paisiblement sur cet océan représentant l’existence et qui peut autant être mouvementé que calme. On touche alors un autre point très important du manga qui n’est autre que son désir d’apporter de la douceur chez ceux qui le lisent. Il n’y a pas de malveillance ou de gens mal intentionnés dans ce que l’on a pu découvrir. Il s’agit juste d’hommes et de femmes, d’êtres spectaculaires ou non, qui cherchent tout simplement à vivre sans avoir à se préoccuper de problèmes qui ne sont même pas encore là. Un quotidien paisible et dont le manque d’action ou de rebondissements n’est clairement pas une mauvaise chose. Bien au contraire, le fait de pouvoir observer ces gens vaquer à leurs occupations permet de créer un lien qui dépasse le fictif. Après tout, l’auteur a su capter ce qui fait la sincérité et le réalisme de ces habitants qui souhaitent juste prendre chaque jour comme il vient. Escale à Yokohama donne naissance à un petit havre de paix où l’on peut se reposer et surtout oublier tous ses soucis afin de se concentrer sur l’essentiel.
Dire que l’on a été bluffé par Escale à Yokohama serait un euphémisme. On comprend tout à fait l’engouement qu’il y a autour de ce titre maintenant au vu de ses nombreuses qualités. Si son esthétique est soignée, c’est avant tout dans ce qu’il nous fait ressentir que le mangaka montre tout son talent. Une invitation à s’arrêter quelques minutes pour contempler ce qui nous entoure. Que cela soit dans une fiction ou la réalité, il est crucial de pouvoir s’arrêter pendant quelques instants pour juste profiter de ce présent qui est le nôtre. Un récit dont la portée est grande et qui n’a pas besoin d’éléments grandioses pour éblouir notre regard.
Escale à Yokohama offre une pause fantastique
Si vous souhaitez des confrontations grandioses ou des histoires à l’intrigue complexe, mieux vaut passer son chemin ici, car Escale à Yokohama propose une expérience bien différente. En effet, on est avant tout ici dans une volonté de faire prendre conscience au lecteur la beauté du monde dans lequel il évolue. Cela est autant valable pour cette fiction que pour notre propre réalité. En se plongeant dans ce manga, c’est comme si l’on se tenait à la fenêtre menant directement à toutes les richesses de ces paysages qui nous entourent, mais que l’on a si vite fait d’oublier. Une sorte de rappel à l’ordre qui est toujours fait avec beaucoup de bienveillance et de douceur. On pourrait alors se demander comment ce titre parvient à garder notre attention, mais c’est justement le fait qu’il ne se passe pas grand-chose qui rend cette lecture aussi belle. En mettant en avant ces petites pauses que la vie nous tend, le titre se veut comme un cocon où l’on se sent bien. Dès lors que l’on s’aventure dans ce café semblant hors du temps, c’est comme si l’on découvrait un petit havre de paix. On s’arrête quelques minutes pour admirer le paysage et échanger avec ces quelques habitués qui ont tous leur charme. L’auteur nous conte une parfaite représentation de cette Terre sur laquelle on vit, mais dont on a totalement oublié qu’elle pouvait nous offrir des cadeaux inoubliables. Cela peut s’exprimer par le chant des oiseaux, un décor splendide ou juste un petit café en compagnie d’un ami. Un éclat éphémère, mais qui n’en est que plus beau tant il rayonne et rend le présent magnifique.
Vous l’aurez donc aisément compris en lisant ces quelques lignes, mais on a été subjugué par le récit que propose Escale à Yokohama. On oublie aisément tous nos tracas à travers cette œuvre qui nous rappelle ce qui est le plus important. Alpha est une observatrice qui contemple l’évolution de cette contrée qu’elle apprend à aimer et dont les présents sont d’une grande richesse. De même pour les rapports humains, ce manga nous montre l’importance d’une main tendue ou même l’intérêt derrière une discussion tout à fait banale. Sincèrement, voilà un titre que l’on recommande grandement et qui surtout pourra plaire à n’importe qui. Qu’il s’agisse du message important derrière ces dessins ou simplement pour profiter d’une lecture douce et enchanteresse, cette série est parfaite pour chacun d’entre nous. Un petit bonbon que l’on savoure pleinement et qui n’a pas fini de nous émerveiller. C’est en tout cas un réel bonheur que d’avoir pu se jeter dans une œuvre de ce calibre qui cherche juste à nous mettre devant cette beauté que nos yeux ont trop longtemps hésité à regarder. Alors que l’on sirote un doux café en relisant ces quelques pages, on laisse notre esprit vagabonder au rythme des diverses questions que l’on se pose. Quel est le but d’Alpha derrière cette attente ? Que désirait réellement son maître ? Quelles surprises attendent encore ce robot faisant preuve d’une grande humanité ? On a tellement hâte de se jeter sur la suite.
N’hésitez pas à nous partager dans les commentaires votre propre avis ainsi que votre ressenti concernant ces deux premiers volumes d’Escale à Yokohama. Trouvez-vous que l’on a devant nous un petit bijou de douceur ? Avez-vous apprécié cette tranquillité ambiante qui règne dans ce manga et apaise l’esprit ? Les personnages ont-ils obtenu votre sympathie que cela soit Alpha ou ses clients ? Est-ce que ce simple voyage a suffi à vous donner envie de continuer la série ? Qu’attendez-vous pour la suite de la licence ? On reste à votre disposition pour pouvoir échanger, discuter et débattre autour de ce sujet et ce récit chaleureux 🙂