Distopiary tome 1-2 : quand les exterminateurs jouent les héros
Ce mois d’avril a vu arriver de nombreux mangas très attendus. Parmi toute cette flopée de nouveautés, il y a un titre qui a su attirer mon attention. Il s’agit de Distopiary, édité chez Pika, un seinen très sombre qui nous dépeint un monde où la vie de chacun est régie dès la naissance. Cette série de cinq tomes arrive, dès les deux premiers volumes, à captiver de par son rythme haletant et son monde très sombre. Il est temps de voir plus en détails ce qui se cache derrière cette série prometteuse. Il est temps d’observer le combat des exterminateurs pour la sauvegarde du monde.
Le 23ème roi du Mal arrive
Distopiary, scénarisé par Senga Fumitaka et dessiné par Tellmin, nous plonge dans un univers fantasy. Le monde qui nous est conté est régi par un système de castes qui est défini dès la naissance. Allant de la classe supérieure et rare à celles qualifiées d’inférieurs, chaque personne doit vivre selon cette dernière. Parmi tous ces rangs se trouve celui des exterminateurs. Il s’agit de la caste la plus élevée et dont le devoir est de protéger les différentes strates d’une grande menace. Cette dernière est représentée par le roi du Mal qui revient tous les quatre ans pour semer la destruction. C’est afin d’empêcher un carnage que les exterminateurs entrent en action.
On suit donc l’histoire de Tolza, membre de cette classe supérieure. Afin d’espérer vaincre cet adversaire à la puissance incommensurable, notre héros devra rallier à lui bon nombre de compagnons. En effet, le véritable pouvoir de sa caste ne se dévoile qu’en présence d’alliés et plus ses camarades sont nombreux et plus son pouvoir est efficace. C’est donc un périple initiatique pour Tolza qui va tenter de recruter le plus de camarades sur le chemin le conduisant au combat final. Si le scénario semble assez classique au premier abord, l’histoire prend une toute autre tournure dès les premières pages. On se rend vite compte que l’on est loin du traditionnel manga de fantasy. C’est justement ce qui pourrait caractériser Distopiary, sa manière de briser les codes habituels de ce style d’œuvre en nous dévoilant un monde obscur où le bonheur n’est pas permis.
Le premier point qui revient très souvent est dans l’organisation de la société qui peuple cet univers. Cet aspect est très prononcé tout au long de la lecture et nous fait comprendre à la dure réalité de ce monde.
Un monde régi par les castes
Comme dit précédemment, chaque personne du monde de Distopiary est reliée à une classe dès sa naissance. C’est cette dernière qui va définir la vie des gens et la gouverner chaque jour. De plus, le rang reçu ne fait nullement attention au physique de la personne ce qui veut dire qu’il est tout à fait possible de faire partie des guerriers alors que la physiologie de “l’heureux élu” est plus que fragile. Il n’existe aucun moyen de lutter contre cette destinée qui attend chaque nouveau-né. Il faut espérer avoir de la chance pour obtenir un grade permettant de monter les échelons et espérer vivre convenablement. C’est donc une population totalement soumise au destin qu’on lui impose qui se dresse devant nous.
A cela s’ajoute une certaine ségrégation entre les différentes classes. Les castes supérieures dénigrant les plus petites qui ne peuvent espérer trouver une place convenable dans ce monde. Le gouffre qui sépare ces différents groupes ne fait que s’agrandir au cours de la lecture. On ressent tout le malaise que peuvent ressentir les malheureux ayant hérité de ridicules capacités. Cependant, la classe la plus à plaindre est sans conteste celle des exterminateurs. Leur avenir a beau les conduire à sauver l’humanité, le sentier qu’ils doivent traverser est pourtant empli d’une grande tristesse.
Distopiary arrive, en quelques minutes, à donner tout le sens caché derrière son titre. Le monde et la société qui régit la population est tout ce qui contraire à l’idée que l’on se fait d’une utopie.
Une parfaite dystopie
Comme le dit son nom, Distopiary nous raconte une dystopie. Les récits traitant ce sujet mettent en place une société imaginaire qui empêche le peuple d’accéder au bonheur. Il s’agit donc du total opposé d’une utopie, et ce seinen nous raconte à merveille ce type de fiction. D’ailleurs, le style graphique du titre parvient parfaitement à retranscrire l’ambiance oppressante et souvent malsaine qui entoure le périple de notre héros. Le premier point vient de la séparation de la population à travers les différentes castes. Les gens n’étant pas maître de leur avenir, il est impossible pour eux de souhaiter faire ce qui leur apporterait de la joie. Ils sont donc voués à vivre et mourir sans jamais s’écarter du chemin qui leur est tracé.
L’autre élément qui caractérise cette dystopie est le retour constant du roi du Mal. Celui-ci effectue sa résurrection tous les quatre ans. A chacun de ses passages, de nombreux innocents perdent la vie et le peu de temps qu’offre la disparition de cette menace n’est qu’éphémère. Au final, c’est un cercle sans fin de mort et de souffrance qui attend les habitants de ce monde. A peine le temps de faire le deuil des victimes que déjà, le malheur s’abat de nouveau. Pour finir, l’autre grande facette de cette société défaitiste repose sur le rôle des exterminateurs. Il est difficile d’en parler sans spoiler et je vous laisse donc le plaisir de découvrir ce que cache cette caste si particulière. Ce n’est pas pour rien qu’on les surnomme “les plus puissants et les pires des héros”.
Ce seinen offre un récit des plus captivants. Soutenu par un rythme effréné et des dessins reflétant parfaitement la douleur des personnages, Distopiary est un manga aussi surprenant qu’attirant.
Distopiary, un futur hit ?
Une fois la lecture terminée des deux premiers tomes, une pensée me vient tout de suite à l’esprit. A quand la suite ? En effet, Distopiary est un seinen totalement prenant qui ne laisse aucun répit au lecteur. On dévore les pages sans se rendre compte du temps qui passe. C’est avec une certaine impatience que l’on souhaite voir la suite des aventures de Tolza et du chemin tortueux que sa caste lui trace. Cette oeuvre à de quoi retenir l’attention que ce soit par sa patte graphique, son univers torturé et ses personnages émouvants et charismatiques. Une histoire magistrale qui saura toucher de nombreux lecteurs. Il est très difficile de parler en détail de l’œuvre sans dévoiler la majorité de l’intrigue.
Esprit Otaku vous conseille fortement de vous lancer dans l’aventure Distopiary. L’œuvre n’est cependant pas à mettre entre toutes les mains de par certaines scènes de violence. Regorgeant de très bonnes idées, cette série saura vous faire passer un merveilleux moment et aussi à vous surprendre dès les premiers chapitres. Il pourra trouver aisément sa place au sein de votre bibliothèque. Le combat contre le 23ème roi du mal est encore loin d’être terminé ! Le chemin tortueux que prend Tolza en tant qu’exterminateur est-il la bonne solution pour venir à bout de cette menace ? En tout cas, c’est avec un certain empressement que j’attends la suite. Et vous, êtes-vous prêt à accompagner les exterminateurs dans leur périple ?
N’hésitez pas à partager votre avis sur Distopiary et à faire part de vos attentes concernant la suite 🙂