Silver Wolf, Blood, Bone T1 & 2 : la chasse aux monstres est ouverte !
Il est des œuvres qui nous enchantent de par leur ambiance, l’univers mis en place et surtout par leurs thématiques captivantes. Le manga dont on va vous parler aujourd’hui fait partie de cette catégorie. Il s’agit de Silver Wolf, Blood, Bone dont le deuxième tome est sorti récemment. Ce seinen édité chez Kurokawa a su construire un récit solide en seulement deux volumes traitant de nombreux points importants. On est face à une lecture qui, en plus de divertir, cherche aussi à nous faire comprendre et à nous donner matière à réflexion sur une multitude de sujets. En plus de proposer un monde immersif et fascinant, ce titre possède bien d’autres qualités. Nous allons donc nous attarder sur toutes les facettes de ce nouveau voyage afin de vous partager notre ressenti tout en transmettant tout le charme de celui-ci. On s’équipe et on part à la chasse aux créatures surnaturelles !
L’affaire du désosseur
Silver Wolf, écrit par Konda Tatsukazu et dessiné par Yukiyama Shimeji, nous plonge dans un monde à la fois réaliste et fantastique. On y suit Hans Vahpet, ancien chasseur de vampires s’étant retiré depuis longtemps. Alors qu’il vit de paisibles jours au sein de sa demeure, les forces de l’ordre viennent requérir son aide. Depuis quelque temps maintenant, de mystérieux et effroyables meurtres sont commis un peu partout en ville. La particularité de ses crimes est que toutes les victimes ont été retrouvées sans leurs os. La piste d’un tueur en série est la plus probable, mais une telle cruauté ne peut être que l’œuvre d’une créature surnaturelle. Malgré son âge avancé, notre vieil homme n’hésite pas une seule seconde à sortir de sa torpeur pour rejoindre l’enquête. Il est bien déterminé à protéger sa ville natale et ses habitants d’un tel monstre.
L’ancien chef des Silver Wolves reprend alors du service pour une toute dernière mission. Malheureusement, l’être qu’il doit traquer est loin des habituels vampires dont il a passé sa vie à supprimer l’existence. Portant le nom de Grim, cet homme très friand du squelette humain ne semble aucunement perturbé par l’arrivée du chasseur. En effet, il semble avoir des plans bien particuliers pour son nouvel ennemi. Qui est vraiment la proie et qui est le prédateur ? À peine vingt-cinq ans après la guerre ayant opposé les hommes aux suceurs de sang, une menace bien plus grande vient se répandre dans la cité. Au centre de ce conflit se trouve un guerrier qui entame son baroud d’honneur pour éliminer sa dernière cible. Cette traque ultime viendra-t-elle à bout de Hans ? Un voile d’ombre s’étend sur l’ensemble de la ville qui s’apprête à vivre un nouvel enfer.
Ce qui retient notre attention, dans un premier temps, est le héros de cette histoire. Si on l’habitude de voir les hommes âgés comme des mentors pour les personnages principaux, il est bien plus rare qu’ils endossent le premier rôle.
Les derniers pas d’un vieux guerrier
Si Hans marque autant notre esprit c’est, dans un premier temps, de par son ancienneté. Sa carrière est maintenant derrière lui et on a du mal à l’imaginer combattre à présent. Malgré tout, son sens du devoir et son envie de protéger sa ville l’obligent à reprendre les armes. On comprend alors très vite que peu importe les années, il fait toujours preuve d’une force hors du commun couplé à une très longue expérience. En très peu de temps, on affiche un grand respect pour cet homme qui a déjà fait ses preuves et qui reste fidèle à ses convictions. De plus, son écriture est si maîtrisée que l’on est abasourdi par tout ce que ce chasseur a vécu et toutes les épreuves qu’il a dû surmonter. On ressent un attachement grandissant envers lui et l’on a sans cesse envie d’en apprendre plus sur son passé. D’ailleurs, même si la situation s’avère tendue, il est toujours là pour détendre l’atmosphère et apporte autant un sentiment de sécurité aux autres personnages qu’à nous-même.
Pourtant, il existe un adversaire que même Hans ne peut pas vaincre. Il s’agit du temps qui s’écoule et l’amène inexorablement à sa fin. Encore une fois, cela est bien amené tout au long de l’histoire. Cet élément apporte toujours plus de profondeur ainsi qu’une fébrilité concernant notre chasseur de vampire. Tout au long de ses deux tomes, on sent le poids des années pesés sur ses épaules. Malgré la puissance dont il fait preuve, on comprend à quel point il est loin du niveau qu’il avait dans sa jeunesse. On va jusqu’à penser que cette mission pourrait bien être sa dernière avant que sa vie ne s’éteigne définitivement. C’est donc avec crainte et une certaine tristesse que l’on assiste à chaque affrontement, inquiet du destin de ce vieux guerrier. Hans est conscient de son état et sait que la mort peut l’emporter à tout moment. Cependant, il continue de lutter pour sauver les gens qu’il aime. Un héros pour qui l’on a un profond respect et qui nous donne une magnifique leçon de vie.
Silver Wolf traite de nombreuses thématiques intéressantes derrière ses affrontements. Elles apportent une véritable force à ce récit qui porte des messages à la fois fort et touchant. La première concerne la véritable nature de l’espèce humaine.
Qui est le monstre ?
Tout au long du premier tome, on nous décrit l’horreur perpétré par les vampires il y a des années de cela. La guerre ayant opposé ces créatures aux humains, vingt-cinq ans auparavant, aurait permis de mettre un terme à leur règne de terreur. En nous s’installe alors une image très négative de ces suceurs de sang. Cela est accentué par tous les mythes et autres récits les décrivant. Pourtant, cette vision se voit bouleversée au cours du second volume. Suite à une déclaration officielle de Grim à la populace, le doute vient s’installer dans notre esprit ainsi que dans celui des protagonistes. Les vampires n’auraient pas attaqué l’homme sous prétexte de se nourrir, mais bel et bien de se venger. On apprend alors tout ce que le gouvernement, certains scientifiques et nobles auraient fait subir à ces êtres de la nuit. Le lecteur se rend compte que le véritable monstre n’était pas forcément celui qu’on imaginait au départ. Ce retournement de situation arrive au parfait moment et instaure un climat de méfiance et de tension rendant le scénario encore plus prenant.
Outre cela, il y a une autre facette de ce conflit qui est abordé à travers ces deux volumes. Une notion qui fait partie intégrante de la guerre et qui découle des vies détruites par celle-ci. Nous parlons bien sûr du cycle éternel de la vengeance qui est parfaitement retranscrit à travers ces pages. C’est tout d’abord à travers Hans que l’on découvre cet aspect qui l’a rongé pendant longtemps. Il s’agissait de l’une de ses principales motivations pour exterminer les créatures qui avaient tué ses camarades. Maintenant, il comprend que cette haine viscérale n’a fait qu’obscurcir son jugement. Malgré tout, il ne peut se permettre de faire la morale à la future génération. Il sait que l’envie de punir est propre à la nature de chaque être vivant. C’est donc à chacun de décider s’il y succombera ou non. Malgré tout, les représailles appellent d’autres représailles et cela ne concerne pas uniquement l’être humain. On assiste alors impuissant à cette colère qui s’empare de certains personnages. Cela nous force à réfléchir sur ce thème tout en accentuant l’atmosphère de terreur qui se dégage de Silver Wolf.
Si le sujet de l’atrocité humaine était déjà bien présente, il y a une autre thématique finement traité dans Silver Wolf. Celle-ci concerne la fatalité derrière la mort rendant la vie toujours plus belle. Deux visions s’affrontent alors entre ses pages.
Une lutte opposant la vie et la mort
Voici l’autre grande bataille qui se joue tout au long du second tome. On va essayer de ne pas en dévoiler trop pour vous laisser la surprise. Malgré tout, il est très important de s’attarder sur ce point. Il permet d’appréhender un peu mieux toute l’envergure de Silver Wolf et la profondeur de l’intrigue. Si le sujet de la vie et de la mort est abordé dans le premier tome, c’est réellement lors de notre seconde excursion qu’on prend conscience de l’ampleur de cet élément. La question qui se pose est à la fois simple et complexe. S’il était possible de ramener une personne à la vie, seriez-vous prêt à aller contre les lois de la nature ? Voilà une interrogation dont il n’est pas aisé de trouver une réponse. Bien sûr que l’on serait tenté d’utiliser un tel pouvoir pour retrouver ceux que l’on aime. Malheureusement, en faisant cela la vie perdrait alors tout son sens.
Cet affrontement est symbolisé dans Silver Wolf par le désosseur et le chasseur. Le premier déclare qu’avec un tel pouvoir, peu importe que les gens meurent car ils pourraient revenir par la suite. Hans fait alors une déclaration pertinente qui pousse, une fois de plus, à la réflexion du lecteur. Il déclare qu’une telle capacité serait un irrespect total envers la vie et la mort. À ses yeux, la disparition d’une personne est définitive et c’est ce qui fait que l’on tente de vivre pleinement son existence. La peur de mourir et le fait qu’il n’y ait aucune seconde chance fait que l’on profite de chaque jour comme si c’était le dernier. Cette thématique a souvent été abordée dans de nombreux ouvrages avec plus ou moins de réussite. Dans ce manga, ce traitement est d’une efficacité déroutante. Cette confrontation des idées ne prend que quelques pages et pourtant son impact est si fort qu’il marque notre esprit. Un très beau message envers ces deux facettes d’une même pièce et qui nous fait comprendre l’importance de vivre l’instant présent.
En conclusion, Silver Wolf est un manga qui, en dehors de ses scènes d’actions et d’humours, porte des valeurs et des messages importants. Une œuvre qui en plus d’être divertissante nous fait réfléchir sur de nombreux points.
Silver Wolf est aussi captivant que bluffant
Vous l’aurez compris en lisant cette chronique que nous avons totalement été emballé par notre lecture de ces deux premiers tomes. Cette série à tout ce qu’il faut pour devenir un incontournable. Entre un humour qui fait mouche, des combats finement orchestrés et un univers qui s’enrichit au fil du temps, Silver Wolf affiche une multitude de qualités. On prend plaisir à suivre Hans et ses amis dans leur traque de ce mystérieux et dangereux criminel. De plus, ce manga dépasse le simple cadre du divertissement pour devenir un voyage émouvant et poignant. Une petite pépite qui force à la réflexion et qui nous ouvre les yeux sur la dure réalité des années qui filent, de l’opposition entre la vie et la mort et le fait d’exister pleinement. Le mangaka a parfaitement su incorporer tous ses éléments sans que cela n’affecte la compréhension et le rythme de l’histoire. Une très belle preuve que le manga peut aussi apporter des valeurs solides.
Esprit Otaku vous recommande donc grandement cette lecture qui saura plaire à une large majorité de lecteurs. Que vous soyez fans d’univers mêlant réalité et surnaturel, que vous souhaitiez un récit qui force à la réflexion ou que vous désiriez simplement une intrigue prenante qui vous fera passer un merveilleux moment, alors ce seinen est fait pour vous. Un début plus que prometteur qui nous fait espérer de grandes choses pour la suite. Cette série mérite amplement de trôner dans n’importe quelle bibliothèque. Hans et ses amis parviendront-ils à venir à bout de la menace qui se dresse devant eux ? Quel est le véritable but de Grim ? On ne connaît pas encore la réponse à ces questions, mais on est impatient de découvrir la vérité au cours des prochains tomes. Un titre qu’on souhaite voir garder la même qualité pour le futur.
Et vous, avez-vous été attiré par la dernière mission que doit accomplir Hans ? Ce seinen a-t-il réussi à vous faire frissonner ? 🙂
© Konda Tatsukazu & Yukiyama Shimeji / Shogakukan