Dark King of Kings

Dark King of Kings tome 1 : une fresque où le sang est roi

Après avoir parlé hier d’une série horrifique, on va changer de sujet aujourd’hui. Cette fois, il est question de fresque historique teinté d’un soupçon de fantasy. Pour cela, on va aborder dans cette chronique le premier tome de Dark King of Kings, édité chez Delcourt Tonkam. Lorsque l’on a vu ce titre être annoncé, on a décidé de se pencher dessus pour voir ce qu’il en était. Après avoir découvert le synopsis, notre intérêt pour ce manga s’était éveillé. Maintenant que l’on a pu le lire, on comprend que derrière ce récit se cache de nombreux points intéressants à étudier. Porté par un héros énigmatique et nous plongeant au coeur de cette période de trouble, ce seinen parvient à dessiner un paysage à la fois sanglant et captivant. Il est donc l’heure de vous partager notre analyse de ce début. Il va falloir prendre les armes dans l’espoir de repousser l’envahisseur.

La défense de Lublin

Dark King of Kings-survie

La survie de l’héritier.

Dark King of Kings, imaginée par Miyuki Aramaki, nous propulse en plein milieu du XIIIème siècle. Le royaume de Lublin, situé en Europe de l’Est, se voit sauvagement attaqué par le Grand-duché de Russie. C’est au cours de cet assaut que le roi Auguste 1er et sa femme trouvent la mort. La venue de Sigmund, seigneur de Krafto et frère de la reine, n’aura pas empêché le destin funeste qui attendait la famille royale. Alors qu’il se tient devant le corps inanimé de sa sœur, il aperçoit le fils de celle-ci. Ce dernier a beau être blessé, il est encore vivant. Son oncle décide alors de l’emmener et de l’adopter jusqu’à ce qu’il soit en âge de régner. En attendant ce jour, son père adoptif assurera la régence du royaume. C’est ainsi que l’on retrouve, douze ans plus tard, le jeune Stéphane qui a bien grandit. Il passe toutes ses journées à s’entraîner et à passer du temps avec sa sœur Emilia. C’est un quotidien paisible qu’il savoure à chaque instant. Malgré tout, il n’a qu’une hâte c’est de pouvoir aller sur le front pour aider son oncle et le remercier de tout ce qu’il a fait pour lui.

Il faut dire que la Russie ne ménage pas ses efforts pour conquérir ses voisins. Heureusement, les efforts de l’armée de Krafto et de Lublin permettent d’assurer une certaine stabilité pour la population. Le camp adverse décide alors de changer de stratégie et de s’attaquer aux villages frontaliers. Ce plan permet de persécuter l’ennemi et de préserver leurs forces. La mort de ces innocents ne peut rester impunie aux yeux de Sigmund. C’est donc suite aux conseils de son fils adoptif qu’il décide d’envoyer une expédition afin de rendre la monnaie de leur pièce à ces envahisseurs. A la tête de ce groupe se trouve Stéphane qui va enfin pouvoir faire ses preuves. Aimé de ses hommes, intelligent et possédant un flair infaillible pour détecter l’ennemi, notre héros est bien décidé à accomplir la tâche qu’on lui a confié. Cependant, il se pourrait bien que cette mission lève le voile sur de terribles secrets concernant ce soi-disant preux chevalier. Voici le périple d’un homme qui risque fort de graver son nom en lettre de sang.

Le premier point qui nous interpelle dans Dark King of Kings vient de son personnage central. Stéphane a beau être un jeune garçon bien sous tout rapport, il se dégage de lui quelque chose de sinistre. L’héritier au trône de Lublin semble cacher de lourds secrets qui apportent un nouveau regard sur celui-ci. Qui est-il réellement ?

Un héros mystérieux

Bien évidemment, on ne va pas répondre à cette question pour vous laisser le plaisir de la découverte. Cependant, il est nécessaire de voir le soin qui est apporté à sa construction tout au long de ces pages. Au moment où l’on fait la connaissance de Stéphane, il n’était encore qu’un bambin. Il était le seul survivant du massacre de sa famille et on était attristé de voir ce pauvre enfant être privé de tous ceux qui l’entouraient. Heureusement, l’arrivée de son oncle va lui permettre de retrouver une seconde vie. On le voit alors devenir un jeune homme noble et courageux. Même s’il peut sembler un peu maladroit par moment, il nous apparaît comme un futur roi prometteur aimé de tous. D’ailleurs, il n’a nullement peur d’aller au combat et ne rêve que de pouvoir apporter son aide à son peuple ainsi qu’à celui qui l’a adopté. On a donc une image très positive de ce garçon qui fait que l’on s’attache aisément à lui et que l’on a envie de voir jusqu’où il pourrait aller. Cependant, derrière ce visage d’ange se dissimule une part d’ombre qui ne souhaite que d’être libéré et d’exprimer toute sa rage.

Celle-ci s’exprime à maintes occasions durant notre lecture. C’est souvent au cours de situations périlleuses que notre guerrier laisse échapper ou ne peut contenir cette rage qui l’anime. Il est alors capable de laisser traîner une montagne de cadavres dans son sillage. La vision presque parfaite que l’on avait de lui s’effrite alors pour laisser place à un doute constant. On sent qu’il ne désire pas se lancer dans de tels massacres et qu’il cherche à tout prix à se contenir. Ce chevalier blanc devient alors un être ayant une facette bien plus ténébreuse. Cela est intelligent et bien amené, car on découvre un protagoniste bien plus complexe et qui s’éloigne des standards du prince héroïque. Cette opposition entre son attitude gentille et le monstre qui le dévore de l’intérieur est traitée habilement et saupoudre le récit de scènes surprenantes et marquantes. On se retrouve devant un personnage qui vacille constamment entre le bien et le mal et dont l’évolution à venir ajoute un second intérêt à la licence.

Outre son principal protagoniste, Dark King of Kings se distingue de par son contexte historique particulièrement bien mis en scène. C’est une plongée en plein coeur d’une époque difficile et violente qui attend le lecteur. On ressent vraiment comment pouvait être la vie à cette période où la peur tiraillait chaque habitant.

Un récit historique prometteur

Dark King of Kings-guerre

Le conflit fait rage.

Outre la pertinence et l’efficacité de son personnage principal, ce premier volume de Dark King of Kings est aussi une belle immersion au sein du XIIIème siècle. Tout d’abord, les dessins retranscrivent très bien l’image que l’on peut avoir de chaque élément propre à cette époque. Que ce soit dans les décors, les habits, mais aussi les us et coutumes des pays, tout est bien pensé pour accentuer le plaisir que l’on a devant ce voyage dans le temps. Il y a même un aspect très géopolitique dans cette histoire qui nous fait suivre le combat entre le Grand-duché de Russie et ses royaumes frontaliers. Il est donc question de stratégie, de défenses, de pillages et de manœuvres militaires. Tout est là pour nous faire voir qu’il n’y a pas que la vie de quelques hommes et femmes en jeu, mais bien le destin de plusieurs pays. De plus, on sent qu’il se trame divers évènements en coulisse qui pourraient bien jouer un rôle crucial quant à la survie de Lublin et Krafto.

Il faut d’ailleurs comprendre que la narration du titre peut sembler assez calme. En effet, à part vers la fin, l’ensemble de ce premier voyage affiche un rythme régulier qui sert avant tout à introduire le contexte. Les grandes batailles ne sont pas l’élément central de ce volume qui se concentre avant tout sur la présentation et l’évolution de ses protagonistes et de son monde. Ces quelques lenteurs permettent au lecteur de profiter pleinement de chaque élément que l’on peut observer. Rien n’est laissé de côté afin que l’on soit totalement emporté dans ce que le manga souhaite nous conter. Outre cela, la mise en place de cette scène est amené de manière à nous projeter bien plus loin que ce premier acte. On se met à rassembler les différents indices que l’on a et à réfléchir aux futurs obstacles qui se dresseront sur la route de Stéphane et surtout la manière dont il va réagir. Le contour de cette peinture est à présent délimité pour que l’on puisse se concentrer sur l’être qui se tiendra au centre de cette oeuvre.

En conclusion, Dark King of Kings parvient à disséminer plusieurs éléments et indices révélant que la suite pourrait bien nous surprendre. Le fait de croiser la réalité avec une dose de fantastique ajoute un côté surnaturel très plaisant qui sert le récit. Une oeuvre qui prend son temps pour nous conter une épopée qui pourrait bien être grandiose.

Dark King of Kings débute son règne

Si l’on avait une petite idée de ce qui pouvait nous attendre en lisant Dark King of Kings, il faut reconnaître que l’on a été agréablement surpris. On a réellement été séduit par le traitement apporté aux différents acteurs de cette épopée ainsi que la construction de cet univers. Le rythme a beau être lent par moment, cela n’est nullement péjoratif car cela permet à l’œuvre de poser des fondations solides pour la suite. On se sent dépaysé lorsque l’on se lance dans la lecture de ce premier acte qui nous fait voir de nombreux décors somptueux. De plus, l’intrigue commence peu à peu à prendre forme et laisse présager de multiples possibilités au cours des prochains tomes. Miyuki Aramaki parvient à donner vie à un univers et surtout à des personnages que l’on a envie de connaître plus en détail. Derrière ce conflit sanguinaire pourraient bien se cacher de sombres vérités. Voici le périple d’un prince pas comme les autres qui pourrait bien bouleverser l’équilibre précaire de cette guerre.

On a donc été conquis par cette première excursion que l’on vous recommande avec la plus grande joie. Si vous désirez une aventure littéraire historique prenante où se mêle un soupçon de fantaisie alors Dark King of Kings saura vous combler. Il faut aussi dire que la conclusion de ce prologue ne fait que redoubler notre curiosité concernant Stéphane et son avenir en tant que prince. Comme tout bon premier volume, celui-ci offre un excellent divertissement tout en nous faisant nous interroger sur de nombreux points. Quelle est cette part d’ombre qui habite notre chevalier ? Comment se conclura le face-à-face entre les différentes forces ? Quelle voie va prendre le royaume de Lublin ? Tant de questions qui nourrissent notre intérêt pour ce conte médiéval. Il est clair que l’on sera là pour découvrir le second tome qui pourrait bien amener la série sur un tout nouveau chemin palpitant. Quoi qu’il arrive, le sang continuera de couler à flots sur ces terres.

Avez-vous été conquis par ce que proposait ce premier tome de Dark King of Kings ? Qu’espérez-vous pour la suite de la série ? Les commentaires sont là afin que vous puissiez partager votre avis et votre opinion sur ce titre. 🙂

© Aramaki Miyuki / Shogakukan