Angolmois

Angolmois tome 1 & 2 : Une invasion difficile à arrêter

Vous le savez maintenant, on adore découvrir de nouveaux univers littéraires. Le manga est une source infinie de monde à explorer et se montre d’une richesse inouïe. Tous les genres peuvent être traités à travers ce média, qu’il s’agisse de comédie, de thriller, de drame ou même d’Histoire. D’ailleurs, ce dernier style a toujours su nous séduire de par les fresques qui nous sont dépeintes. On avait donc envie aujourd’hui de revenir sur un titre parvenant à nous conter à sa manière une époque de trouble tout en conservant un aspect divertissant. Il s’agit d’Angolmois, la toute dernière licence des éditions Meian, dont les deux premiers volumes sont arrivés ce mois-ci dans nos librairies. Prenant le parti de nous conter les invasions mongoles à travers un point de vue bien spécifique, ce récit a su nous tenir en haleine rapidement. Deux tomes permettant autant d’introduire le contexte, mais aussi de nous plonger très vite dans l’action omniprésente de cette licence. Une oeuvre qui maîtrise la tension insufflée chez le lecteur et qui affiche de sublimes qualités. Le temps est donc venu de prendre les armes afin de ralentir au mieux ce gigantesque assaut.

Tous aux armes

Angolmois-invasion

Comment vaincre une telle armada ?

Angolmois, imaginé par Nanahiko Takagi, nous fait voyager dans le temps à l’époque des invasions mongoles ayant secoué le Japon du Moyen-Age. Tout commence en pleine mer alors qu’une tempête fait rage. Un petit bateau transporte des condamnés que le gouvernement exile sur l’île de Tsushima. Alors que la plupart des gens se trouvant sur ce navire auraient dû subir la peine de mort, il est étrange qu’ils soient envoyés dans un lieu comme celui-ci. Malheureusement pour les gardiens, les intempéries vont causer leur perte étant donné que ces prisonniers en profitent pour se rebeller afin de prendre le contrôle de ce rafiot. Si la plupart souhaitent profiter de ce revirement de situation pour s’enfuir, d’autres décident de continuer le chemin qui était prévu malgré le sort qui pourrait leur être réservé. Parmi ces gens se trouve Jinzaburô Kuchii, un ancien samouraï de Kamakura, qui semble bien curieux de voir la raison qui se cache derrière ce fameux voyage. Alors qu’ils voient les contours de cette île, ils vont recevoir la visite d’un comité d’accueil fort surprenant.

Celui-ci est dirigé par Teruhi, la fille du gouverneur, qui leur offre une hospitalité surprenante. Profitant d’un repas de rêve, ces exilés sentent tout de même que derrière toutes ces bonnes choses se dissimulent quelque chose de bien sombre. C’est à ce moment que leur hôte décide de briser le silence et de leur avouer la raison de leur présence ici. Ils ont été choisis pour défendre ces terres face aux Mongols qui semblent préparer une invasion de grande ampleur du Japon. Ils ne sont en réalité que des pions pouvant être sacrifiés afin de préserver la vie de la population. Une vérité qui est loin d’être aux goûts de la plupart de ces tueurs, voleurs et autres criminels. Malheureusement, ne pouvant nullement s’échapper de cette zone, ils sont bien obligés de devoir accepter cette mission. Ils ne s’attendaient pas à ce que l’armée adverse soit composée de milliers de soldats prêts à ravager chaque village sur leur passage. Jinzaburô a beau savoir que la situation est désespérée, il ne peut s’empêcher de sentir l’excitation du combat le gagner. Avec les quelques soldats qui protègent les lieux, il va falloir à nos prisonniers tout faire pour contrecarrer les plans de ces envahisseurs jusqu’à l’arrivée de potentiels renforts. Une tâche ardue, mais qui pourrait bien révéler un grand leader.

Angolmois nous conte avant tout le combat éreintant de quelques hommes et femmes essayant tant bien que mal de lutter face à une armée gigantesque. Si cet écart de force semble bien trop grand à rattraper, cela permet de mettre l’accent sur l’urgence de la situation et le danger planant sur nos protagonistes. Un récit qui prend le contre-pied de ne pas nous offrir des batailles grandioses impliquant des milliers de soldats et préférant jouer sur la ruse et les techniques de guérilla. Un affrontement haletant et qui change de ce que l’on a l’habitude de voir.

Une défense haletante

Le premier point que l’on doit absolument traiter concerne cette fameuse mission de défense que l’on peut observer. Tout d’abord, il est assez rare qu’une oeuvre se concentre uniquement sur ce type de stratégie. On avance donc sur un terrain à la fois original et propice à nous raconter de multiples scénarios possibles. Si cela est aussi palpitant à suivre, c’est avant tout par le déséquilibre qui se fait ressentir en voyant l’immense flotte Mongole. Si l’on sait qu’il n’y a pas forcément besoin d’avoir des troupes conséquentes pour protéger une place-forte, la puissance se trouvant devant nous est largement suffisante pour balayer cette vérité. On se dit même qu’il est impossible de rivaliser avec ces guerriers hors-pairs et aux tactiques peu orthodoxes. Outre cela, il n’est pas question de défendre un seul point bien précis. Après tout, l’action se déroule sur une île pouvant presque être représenté comme un petit pays. Les failles sont donc multiples et l’assaut peut venir de n’importe où. Cependant, c’est aussi vrai dans l’autre sens. On entre alors dans ce qui fait tout l’attrait de cette lutte pour la suprématie de Tsushima.

Si ce constat nous fait avoir un fort intérêt pour savoir comment nos troupes vont réussir à s’en sortir, cela ne va faire que grandir au fur et à mesure que l’on progresse dans cette lecture. Afin de contrer les manoeuvres spéciales adverses, nos nouveaux compagnons vont alors jouer l’effet de surprise en faisant des paris pouvant semblés insensés et qui sont pourtant le seul moyen de remporter des victoires. De plus, il y a un long raisonnement qui se cache derrière toutes ces décisions. Pratiquant des techniques de guérilla, on est conquis de voir à quel point ces dernières peuvent être redoutables et faire légèrement pencher la balance. Bien évidemment, ces quelques plans ne sont pas là pour l’emporter car ce n’est pas le but. On se retrouve plongé dans une guerre de position où tout est une question de gain de temps et surtout d’économie des ressources humaines et matérielles. Ce n’est donc plus tant une confrontation physique qui a lieu devant nos yeux, mais un duel psychologique finement orchestré et qui nous prend aux tripes. Tout est une question de mental et cela est parfaitement représenté au travers de tous ces dessins. Un parti-pris efficace, et même redoutable qui fonctionne à merveille et s’empare du lecteur.

Outre la solide défense que l’on peut observer, Angolmois se démarque aussi par un autre point important. A travers ces deux excursions, on va rentrer en contact avec des personnages à la fois charismatiques et puissants dont l’aura va jouer un grand rôle dans notre appréciation de cette lutte. C’est à travers leurs paroles et surtout leurs actions que l’on va avoir une certaine admiration pour ces individus parfois peu recommandables, mais qui se jettent à corps perdu dans la mêlée.

Une équipe redoutable

Angolmois-Samouraï

Un guerrier sans égale.

Une défense digne de ce nom ainsi que n’importe quelle bataille ne rentrerait pas dans les annales sans des figures charismatiques pour y participer. Sur cet aspect-là, Angolmois parvient encore à nous combler à travers une galerie de personnages aussi atypique que formidable. Les premiers qui nous viennent à l’esprit sont bien sûrs les exilés qui servent amplement à contrer les assauts ennemis. En effet, leur façon de combattre est aussi surprenante pour leur opposant que pour leurs geôliers. Un atout de taille qui a beau ne pas être au goût des soldats ordinaires qui voient en leurs agissements une honte du rôle d’un guerrier. C’est cependant ce qui fait toute la différence entre ces prisonniers qui arrivent à s’adapter et à survivre et les hommes du gouverneur qui se cantonnent à l’art de la guerre basique. Alors que l’on pouvait trouver ces condamnés peu fréquentables et aussi agaçants de par leur propension à ne penser qu’à leur petite personne, notre avis change rapidement en voyant à quel point ils ont aussi leur raison de combattre.

De ce fait, on ne se contente pas de les suivre au coeur de la mêlée. On va aussi en apprendre plus sur leur passé, leur famille, mais aussi les erreurs qu’ils ont pu commettre pour en arriver là. Si l’on est donc interpellé par eux, il y en a un qui sort bien plus du lot. On parle évidemment de Jinzaburô. Rien qu’au premier regard, on peut sentir qu’il est au-delà des autres. On éprouve autant une certaine admiration qu’une certaine frayeur en le voyant se jeter à corps perdu dans le combat. Il y a toujours cette étincelle dans son regard qui s’allume lorsque les armes s’apprêtent à s’entrechoquer. Comme si cet homme se complaisait dans la violence et la mort. Une aura qui renforce la prestance de ce guerrier dont la ruse et le sens de l’observation vont s’avérer être cruciaux pour changer le cours de choses. Pourtant, l’intérêt que l’on a pour ce protagoniste ne s’arrête pas là. En effet, ces deux lectures vont aussi nous permettre de mieux cerner son caractère et surtout ses origines. On ouvre alors les yeux sur les raisons qui le poussent à aimer le champ de bataille. Un homme né, qui vit et qui mourra par l’épée. Le type d’anti-héros nécessaire à ce récit et qui sait parfaitement comment sublimer ces affrontements.

Angolmois est clairement une épopée qui parvient à sortir du lot en arrivant à conserver l’aspect épique de cette confrontation tout en nous la racontant sous un angle différent de ce que l’on peut voir d’habitude. Tout ce qui gravite autour de cette île est finement pensé pour nourrir la lutte déchirant ces terres. Le rapport de puissance a beau être bien trop grand, ces quelques pages suffisent à nourrir un petit espoir en notre for intérieur. Si le doute et l’inquiétude sont toujours là, la confiance qui commence à se tisser entre nous et les exilés permettent d’entrevoir une petite lueur qui apporte la cerise sur ce gâteau qu’est cette licence.

Angolmois prépare ses pièges

En lisant Angolmois, on s’imaginait bien que l’on pourrait avoir une histoire qui puisse nous plaire. Même sans avoir vu au préalable l’anime disponible sur Crunchyroll, notre curiosité était bien suffisante pour s’attarder sur ce manga. Une très bonne décision au vu de la qualité de cette introduction. On a tous les éléments nécessaires pour mettre en place un récit haletant et surtout pesant que ce soit pour les soldats qui combattent que le lecteur qui observe cela en silence. L’auteur a fait un incroyable travail au niveau de l’écriture de cette guerre, mais surtout concernant la psychologie des personnages. Le fait de suivre des exilés qui apportent leur propre savoir à des hommes peu habitués à guerroyer est aussi une excellente idée. Cela permet de confronter deux manières de faire diamétralement opposés. Une façon de montrer que l’honneur et la recherche de gloire ne sont pas forcément ce qui permettent de survivre. On est alors rapidement propulsé au coeur même de cette quête désespérée afin de retarder la mort et son courroux inévitable. Une peinture qui commence tout juste à se dessiner et qui fait déjà forte impression.

On ne peut que recommander chaudement cette toute nouvelle licence qui a su donner naissance à un début prometteur et formidable. Il n’aura fallu que quelques minutes pour se sentir impliqué dans la défense de cette île et de s’inquiéter pour le sort de tous ces gens. Une maîtrise du rythme, de la narration et surtout des confrontations qui constituent le coeur de ce récit. Outre tout cela, il y a tout un tas d’éléments qui gravitent autour de nos héros et qui sèment le doute quant à leur avenir et les dangers qu’ils vont rencontrer. Si vous aimez les récits s’inscrivant dans un contexte historique et parvenant à amener de la tension à chaque face-à-face, alors vous serez totalement comblé par cette expérience littéraire. En plus de tout cela, il est tout à fait normal qu’après avoir lu ces deux tomes, notre esprit ne puisse s’empêcher de vagabonder entre plusieurs questions. Nos nouveaux amis pourront-ils repousser les futurs assauts adverses ? Le plan de notre ancien samouraï sera-t-il suffisant pour gagner le temps nécessaire à l’arrivée de renforts ? Parviendront-ils à tous s’unir face à l’adversité ? Quoi qu’il en soit, il est sûr que les représailles de leurs assauts risquent d’être violents.

N’hésitez pas à partager dans les commentaires votre propre avis ainsi que votre ressenti concernant les deux premiers volumes d’Angolmois. Avez-vous apprécié ce que vous avez pu découvrir entre ces pages ? Ces condamnés ont-ils trouvé grâce à vos yeux ? Pensez-vous qu’ils auront une chance de s’en sortir malgré l’armée se trouvant en face d’eux ? Avez-vous été impressionné par les tactiques de notre ancien samouraï ? Quelle sera, selon vous, leur prochaine manoeuvre ? Qu’attendez-vous pour la suite du manga ? On reste à votre disposition pour pouvoir échanger et discuter autour de cette série prometteuse. 🙂

© Takagi Nanahiko / Kadokawa Shoten

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