On rembobine : Naruto tome 1
Pour ce jeudi, on continue de ressasser le passé en voyageant dans le temps. Cette fois, on va encore revenir sur un grand classique de la culture manga avec le premier volume de Naruto. Edité chez Kana, cette licence n’a eu de cesse de faire rêver de nombreux lecteurs pendant de longues années. Beaucoup ont grandi avec le plus célèbre des ninjas et ont savouré chaque arc proposé par le mangaka. Cependant, est-ce que le premier tome de cette saga était déjà suffisamment étoffé pour que l’on sente l’aventure inoubliable qui nous a été offerte ? On va donc mettre de côté ce que l’on sait de ce récit pour repartir à la découverte de cette introduction. Un premier contact qui était bien loin de démarrer de la même manière que les autres shônens du genre. Ce manga, s’il reprenait des codes classiques, parvenait à proposer un début assez sombre par moment. La légende du grand Uzumaki allait débuter sous de multiples visages pour notre plus grand plaisir. L’heure est donc venue de se pencher sur les fondements de ce monument littéraire.
Le cancre devenu ninja
Naruto, imaginé par Masashi Kishimoto, nous plonge dans un monde fictif où les ninjas sont légions. En effet, c’est au sein de villages cachés que ces shinobis s’exercent et veillent sur la population qu’ils doivent protéger. Parmi eux se trouve le village de Konoha ayant connu il y a douze ans une effroyable catastrophe. Kyûbi, le démon-renard à neuf queues, avait laissé exprimer toute sa rage et failli détruire toute la région. C’est grâce aux sacrifices de bon nombre de guerriers et surtout à l’intervention du quatrième Hokage. Malheureusement, il était impossible de détruire cette entité démoniaque et afin de stopper ses ravages, il fut décidé qu’il serait scellé dans le corps d’un nouveau-né. Un choix bien cruel pour cet enfant qui venait de naître et qui porte le nom de Naruto Uzumaki. Cependant, le temps étant compté et la situation désespérée, le quatrième Hokage finit par utiliser sa technique pour accomplir le rituel. Cela lui coûta la vie, mais permis ainsi à la paix de revenir sur cet endroit tout en protégeant de nombreuses vies. Aujourd’hui encore, cette figure légendaire est respecté de par sa décision et son visage figurer à côté des anciens chefs. Pourtant, les blessures infligées par Kyûbi sont bien loin de pouvoir cicatriser et la perte d’êtres chers pousse les gens à vouloir un bouc-émissaire. Une haine qui allait se tourner vers celui qui symbolisait ce monstre alors qu’il venait juste de venir au monde.
Aujourd’hui, Naruto entame tout juste son adolescence et est bien décidé à devenir un ninja de renom. Malgré toute sa bonne volonté, son attitude revêche, ses pitreries et surtout son manque de talent pour ne serait-ce que créer un simple clone font de lui le cancre de la classe. Il ne cesse alors de se réfugier dans ses bêtises et n’hésite même pas à taguer les visages de pierre des Hokage comme pour leur indiquer qu’il fera bien mieux qu’eux. Si cela lui attire les foudres de l’ensemble des habitants de Konoha, il n’est pas idiot au point de croire que cette colère est dû uniquement à ses facéties. Au fond de lui, il se demande bien pourquoi tout le monde l’évite et qu’il finit par se retrouver seul dans son coin. C’est donc pour cela qu’il s’est lancé dans le rêve complètement fou de devenir lui aussi Hokage afin de montrer aux autres de quoi il est capable. Pour cela, il lui faut d’abord devenir un genin pour enfin débuter son ascension en tant que shinobi. Il ne sait pas encore que cette quête va le pousser à découvrir ses origines, mais aussi le confronter à bon nombre d’obstacles. C’est un long et périlleux voyage qui l’attend où il devra sans cesse redoubler d’efforts pour convaincre les autres et surtout se hisser au sommet. Un premier pas sur la voie qu’il a choisi et qui sera sans cesse dicté par son nindô.
Ce qui est remarquable avec ce premier tome de Naruto, c’est que l’on plonge rapidement au coeur d’un sujet très sérieux et pertinent. Si l’univers des ninjas nous captive, c’est surtout toute l’histoire autour de la mise à l’écart du jeune orphelin qui attire une bonne partie de notre attention. L’humour et l’action présents dans cette lecture accompagnent habilement une quête qui nous parle fortement. On se retrouve donc rapidement impliqué dans cette volonté de faire de ce cancre et paria un homme allant à l’encontre de tous les pronostics.
Un shônen avec une thématique forte
Ce qui retient avant tout notre attention lorsque l’on se relance dans la lecture du premier tome de Naruto, c’est bel et bien le sujet de base qui y est traité. On a beau rire et se moquer des erreurs et échecs de ce garnement qui passe son temps à faire des bêtises, on finit par comprendre ce qui le motive vraiment. Tout ce qu’il souhaite est d’attirer l’attention, car sans le savoir tout le monde l’ignore comme la peste. Ce n’est qu’un peu après que l’on apprend la triste vérité à son sujet, mais cela ne fait que renforcer l’empathie que l’on a pour ce jeune garçon qui souhaite juste être comme les autres. Si l’on évolue constamment dans un environnement surnaturel où les techniques de ninjutsu sont légions, le fond de l’oeuvre offre une thématique bien réelle. Ici, on entre directement en contact avec un héros de shônen qui a été détruit par la vie et où personne n’était vraiment là pour le guider. Détenant un pouvoir qu’il ne désirait absolument pas et dont il n’était même pas au courant, il est malgré lui mis en retrait par l’ensemble des habitants de Konoha. Un tragique état de fait qui transforme ses facéties énervantes en un cri de détresse pour que quelqu’un se décide enfin à le regarder. Un message qui est parfaitement retranscrit dans ce premier volume et qui alterne donc les passages drôles, puissants et touchants notamment avec la présence d’Iruka qui va être la première véritable lueur d’espoir sur le chemin de Naruto.
Outre tout cela, il est à noter aussi un autre élément qui a son importance. En effet, derrière cette envie d’aborder la peur de l’inconnu et surtout le fait d’accepter les autres tels qu’ils sont, le mangaka souhaite aussi poser les bases d’un univers au potentiel immense. Rien que par tout le système régissant le village, les différents acteurs que l’on rencontre, la constitution des équipes ou même les capacités propres à chacun, on sent à chaque seconde que tout cela n’est qu’un bref aperçu de ce que l’on pourra voir par la suite. Dès les premières cases, la mythologie de cette série commence à voir le jour et à s’insinuer dans notre esprit avec une habileté déconcertante. On se pose alors des tas de questions sans forcément que cela concerne nos nouveaux amis. Notre curiosité va s’étendre à l’ensemble de ce pays, à ses habitants, mais aussi à leur culture et à leur histoire. Plus le temps passe et plus notre désir de partir enquêter sur toutes les facettes de ce monde grandi. En tant que lecteur, on est donc littéralement emporté par ce savant mélange le message important véhiculé et l’environnement dans lequel on progresse. Un parti-pris qui permet en même temps de nous impliquer dans le héros de cette histoire que de nous divertir pleinement avec tout ce qui gravite autour de lui.
En seulement quelques pages, l’auteur nous montre que tout cet univers que l’on observe est encore loin d’avoir dévoilé tout son potentiel. Si l’on reste dans un milieu assez scolaire au départ, on sent que tout cela n’est que pour préparer la série à atteindre un tout autre niveau. De plus, on a déjà rapidement le droit à de très belles scènes d’émotions qui nous touche et font que l’on s’implique dans l’avenir de ces acteurs que l’on suit. Un premier coup de peinture de la part d’un artiste qui s’apprête à se lancer dans une fresque immense et grandiose. Un départ qui remplit à merveille son rôle en allant même bien plus loin qu’on ne pouvait l’imaginer.
Naruto forge son propre ninjutsu
Si l’on sait à quel point la saga a su s’étoffer avec le temps, le fait de se concentrer uniquement sur ce premier volume de Naruto permet de soulever pas mal d’éléments intéressants. Tout d’abord, on avait le droit à un message de fond particulièrement puissant et bien retranscrit tout en s’inscrivant dans le lore de l’univers. En effet, ce sérieux et surtout cette thématique permettait à la série de commencer en apportant une certaine émotion, et cela, en seulement quelques scènes. Même si l’on a aussi grandement le droit à des instants drôles, ce qui marque avant tout ceux sont ces passages où les rires laissent place à une petite larme et un pincement au coeur. Un début qui parvient donc à apporter des petits détails changeant grandement ce que l’on a l’habitude de voir pour le premier volume d’un shônen. On est donc pleinement impliqué dans la quête personnelle de ce jeune garçon qui a beau nous faire rire de par son idiotie parvient aussi à nous donner envie de l’encourager. C’est donc une introduction plus que réussie et qui se termine sur un passage nous invitant à un futur prometteur. En tant que lecteur, on perçoit ce premier contact comme un moyen d’adhérer au personnage de Naruto et surtout de bien souligner son caractère, son rêve, mais aussi sa détermination.
Quand on y pense, ce premier volume est encore aujourd’hui un immense coup de coeur de par tout ce qu’il parvient à raconter. Rien que le fait de nous avoir replongé dans ses pages à fait qu’une fois refermé cet ouvrage, notre esprit à revu l’ensemble du manga sans même que l’on se penche sur la suite. Un petit florilège d’émotions qui donne naissance à une introduction efficace, divertissante et laissant les outils nécessaires à la construction du monde que l’on s’apprêtait à découvrir ensuite. Masashi Kishimoto nous montre ainsi qu’il sait comment capter l’attention du spectateur en reprenant les codes du genre, mais en les remaniant à sa sauce. A ce stade de l’aventure, on ne pouvait s’empêcher d’imaginer tout un tas de questions dont la plupart ont pu trouver leur réponse dans le temps. Est-ce qu’il est vraiment possible pour ce jeune homme d’atteindre ce rang si sacré ? De quelle manière sera-t-il perçu par les autres ninjas ? Allait-il devoir s’adapter à la puissance qui sommeillait en lui ? Quelles épreuves allaient se dresser sur sa route ? A présent, on sait ce qu’il s’est passé, mais cela fait toujours du bien de retourner dans le passé et de revoir comment on a pu réagir lors de notre première lecture.
N’hésitez pas à partager dans les commentaires votre propre avis ainsi que votre ressenti concernant le premier volume de Naruto. Appréciez-vous ce type d’articles ressassant d’anciens souvenirs ? Quelle est votre relation avec cette licence ? Que pensiez-vous qu’il allait se passer concernant notre cher shinobi blondinet par la suite ? Trouviez-vous que le thème de la différence était habilement maîtrisé ? Pensez-vous que l’on avait déjà le droit à des personnages forts dans cette introduction ? Qu’auriez-vous aimé voir dans les volumes qui suivent ? On reste à votre disposition pour pouvoir échanger, discuter et débattre autour de ce sujet. 🙂