Kingdom tome 45 et 46 : l’heure des règlements de compte
Quoi de mieux pour finir une semaine particulièrement chargée en retournant observer les grands bouleversements pouvant avoir lieu dans un pays. Rare sont les mangas à pouvoir retranscrire de tels enjeux à travers leur récit tout en maintenant un excellent niveau sur le long terme. C’est pourtant le cas du titre dont on va parler aujourd’hui et que l’on ne présente plus. Véritable fer de lance des éditions Meian, on parle bien sûr de Kingdom et plus particulièrement du tome 45 et 46. Rien qu’en voyant ces chiffres, on se rend compte du chemin parcouru. Les souvenirs ressurgissent tandis que l’on visionne de nouveau le parcours de ces deux jeunes garçons qui sont partis de bien loin pour arriver jusqu’ici. Alors que l’on venait d’assister à la conclusion d’un arc brillant et particulièrement violent, on était en droit de se demander quelle serait la prochaine étape pour nous diriger vers la conquête de l’ensemble des royaumes. C’est finalement dans ces deux lectures que l’on a pu découvrir la réponse à la question. On assiste alors à la préparation d’un assaut sans précédent qui nous fait déjà vibrer avant même que la bataille ne commence. Il est donc grand temps d’assister à l’un des moments clé de l’Histoire de ce pays.
Écarter son premier ennemi
Kingdom, imaginé par Yasuhisa Hara, s’était arrêté alors que le champ de bataille de Kokuyou résonnait du cri d’agonie des nombreux soldats qui périssaient. Alors que l’armée de Zhao venait de perdre son général en chef suite aux exploits de Shin, Kisui et les autres officiers encore sur place avaient décidé de cacher cette terrible vérité. Une manière pour eux de continuer à combattre pour ne pas laisser Qin prendre le contrôle de ce point stratégique. Cependant, tout cela était sans compter la perfidie et la tactique de Kanki qui savait pertinemment comment faire réagir ses ennemis. Il organisa une oeuvre macabre constitué des corps des nombreux habitants des villages environnants et en fit cadeau à l’adversaire. Tout ceci était accompagné d’un petit mot qui allait semer le trouble dans les rangs adverses. A présent, Kisui devait faire un choix qui allait décider de la conclusion de cette bataille. L’affrontement pour cette région allait bientôt atteindre son grand final tandis qu’une ombre semblait observer avec attention tout le déroulement de celui-ci. Un individu qui se préparait déjà à la tempête qui allait venir prochainement s’abattre sur l’ensemble du pays et dont les premiers signes proviendraient du jeune seigneur Ei Sei. Ce dernier était plus que déterminé à unifier la Chine et avait donc entrepris les manoeuvres pour faire de ce rêve utopique une réalité.
Pourtant, il n’allait pas s’attendre à recevoir très bientôt de la visite. Un cortège se rapprochait lentement de la capitale et ceux qui étaient escortés avaient fait un long voyage pour s’entretenir avec ce souverain ambitieux. Kanyou allait bientôt entrer dans une effervescence comme jamais elle n’a connu et il est fort probable que l’un des plus âpres combats qui soient n’aient pas lieu sur un champ de bataille, mais bel et bien autour d’un bon repas. Tandis que le fracas des armes résonne encore au loin, les mots allaient très bientôt devenir l’épée la plus tranchante qui soit. Ei Sei et Shin sont bien conscients que la campagne qui se prépare risque fort d’être la plus dangereuse et la plus dramatique de toutes. Les armées se réunissent et les préparations s’organisent en vu d’un assaut qui pourrait bien durer quelques années. Un constat qui fait trembler de peur et de rage les hauts dignitaires de Qin qui ne peuvent se permettre de perdre autant de temps. L’heure est donc venue à des préparatifs qui dépasseront de loin la simple invasion. Tout est maintenant une question de ruse et de maîtrise de l’information. Un domaine où leur opposant est devenu un véritable artiste et dont il sera difficile de tromper sa vigilance.
Comme à chaque fois que l’on aborde deux tomes de Kingdom, notre esprit voit mille et une choses à traiter. Cependant, force est de reconnaître que ce passage important du récit va briller à travers deux éléments bien distincts. Le premier d’entre eux n’est autre que le roi de Qin en personne qui va nous prouver, une fois de plus, qu’il n’est pas qu’un jeune garçon un peu trop rêveur. Le lecteur va alors devenir le témoin privilégié d’une rencontre au sommet qui pourrait bien avoir une incidence bien plus importante que l’on n’aurait pu l’imaginer. Les mots peuvent ainsi devenir des armes redoutables dans la bouche de celui qui les maîtrise.
Le discours d’un roi
On le sait à présent, Ei Sei est un excellent orateur. Il a déjà su faire la preuve de son charisme, de son éloquence, mais aussi de sa détermination à bon nombre de reprises. On pense bien sûr à sa confrontation avec Ryo Fui, mais aussi à la bravoure dont il a fait preuve en allant au front. Encore une fois, le jeune seigneur de Qin va prendre une place prépondérante sur la scène pour un échange que l’on n’attendait absolument pas. C’est durant un repas bref et discret qu’il va se retrouver face à un homme qui cherche absolument à savoir s’il a vraiment ce qu’il faut pour unir la Chine. Ce passage n’a absolument rien à envier à ceux que l’on a pu voir auparavant de par la prestance des deux hommes et surtout de par les enjeux qui en découlent. On pourrait d’ailleurs croire qu’il s’agit du même discours qui a été tenu par le jeune garçon envers celui qui fut son plus grand adversaire, mais bien au contraire. Cette fois, il doit réussir à amener du concret à ses dires en expliquant à juste titre comment il compte se débrouiller pour arriver à ses fins. En tant que spectateur privilégié de cette rencontre, on a presque le souffle coupé en attendant les arguments d’Ei Sei, car on sait que la moindre erreur pourrait être fatale et déclencher des événements non-souhaitables pour le pays.
Une fois de plus, l’auteur nous démontre son savoir-faire pour donner vie à un échange qui se trouve être aussi acéré que la plus tranchante des lames. De par la profondeur des mots utilisés, la tournure que prend cette situation, les quelques élus à pouvoir y assister et surtout le chemin qui est en train de se tracer, rien n’est laissé au hasard. On contemple cela comme s’il s’agissait du plus grand des combats et l’intensité n’en est pas moindre que lors des prouesses de Shin. On sent, en tant que simple lecteur, que l’on s’apprête à vivre un tournant majeur autant propre au scénario qu’à l’ensemble de l’oeuvre. Une preuve que ce n’est pas forcément une arme à la main que l’on parvient à retenir l’attention. Parfois, une simple discussion entre des personnes de hauts rangs peut engendrer un changement brutal dans l’Histoire. Une parfaite représentation de ces instants où la tension est à son paroxysme et où tout repose sur la volonté d’un jeune homme de mettre un terme à une ère de guerre. Voilà le genre de passages qui reste à jamais gravé dans la mémoire du spectateur, car cela implique des choses qui semblent dépasser l’entendement. En un discours, Ei Sei parvient à faire son premier pas vers son rêve et surtout à démontrer qu’il est bien conscient des difficultés qui se présenteront à lui dans un futur proche et lointain. En seulement quelques minutes, Kingdom montre qu’il n’est pas simplement un manga sur des faits d’armes, mais un récit mêlant tous les aspects propre à la géopolitique.
Quand on parlait de deux points importants transformant ce passage en un véritable plaisir à lire, il s’agit surtout du résultat pris par les décisions réfléchies en haut lieu. Tout est mis en place pour nous montrer que ce que l’on s’apprête à vivre pourrait bien marquer un tournant dans le futur de l’ensemble du pays. Rien qu’à l’idée de voir tout ce qui est imaginé pour essayer de poser la première pierre de l’unification de la Chine, on ne peut que sentir l’excitation monter en nous. Fini le temps de se battre pour grappiller un petit bout de terre. Il est maintenant question d’en finir une bonne fois pour toutes avec un adversaire des plus retors.
Un pari risqué
On peut clairement dire que le choix tactique qui fut décidé dans ces deux volumes porte plus sur un pari fort dangereux que sur une stratégie sûre. Ce qui est remarquable, c’est déjà l’importance de la campagne qui se prépare. C’est bel et bien la première fois depuis la coalition que l’on assiste à un tel soulèvement de troupes au sein d’une des forces. Rien qu’en observant ces dessins où se présentent des milliers de soldats, on ne peut s’empêcher d’être à la fois excité et inquiet de ce qu’il va advenir par la suite. Outre le fait qu’ils doivent se confronter à un opposant de taille, Qin joue très gros dans cette marche vers l’extérieur. Cependant, si l’on trouve que cela peut sembler très risqué, on comprend les agissements derrière cette manoeuvre. Le chemin menant à la conquête du pays s’avère presque chronométré. Face à une telle épée de Damoclès au-dessus de sa tête, Ei Sei est obligé d’accélérer les choses surtout quand l’opposant sait parfaitement cela et cherche à en profiter. On sent donc parfaitement cette course contre la montre qui est en train de se jouer et qui a beau prendre la forme de plusieurs années semble particulièrement courte. Ce parti-pris est très intéressant, car il apporte un stress supplémentaire qui ne fait que nous impliquer encore plus dans le déroulement des opérations. On a envie de voir ce plan fonctionner, mais l’on sait pertinemment que le garder secret semble presque impossible au vu de cette tâche immense.
Outre le fait que la moindre erreur pourrait faire capoter toute cette tactique, il est aussi important de noter que l’arc qui est introduit dans ses pages ne sera pas comme les autres. En effet, il y avait toujours un certain regard de la part des stratèges et ministres qui restaient sagement à la capitale afin d’avoir une vue d’ensemble du champ de bataille. Cependant, l’incertitude propre au conflit qui s’annonce va aussi obliger les généraux présents à devoir s’adapter aux circonstances. C’est donc un pouvoir bien plus grand qui se trouve entre les mains de ces individus qui vont devoir pousser leur intuition à leur maximum pour éviter les obstacles qui se dresseraient sur leur route. En plus de cela, on a vraiment le sentiment que Shin et ses deux rivaux vont avoir ici leur plus grand rôle à jouer. Une aubaine pour eux, mais qui s’accompagne aussi de responsabilités pesantes et qui vont permettre de vraiment voir s’ils sont capables de franchir le mur qui les sépare des autres officiers. En voyant cet attroupement tout simplement gargantuesque, on se met presque à imaginer sentir le sol trembler en voyant tous ces soldats partir à la guerre. Un spectacle qui nous promet des batailles comme jamais nous n’en avons connu et qui risque aussi de faire un nombre incalculable de victimes. Tandis que l’on observe ces troupes partir, on peut comprendre la volonté de l’auteur de vouloir instaurer le doute dans notre esprit. Dès lors que l’on assiste à cet acte, on sait au fond de nous que tout peut arriver et que les surprises risquent fort de pleuvoir.
Si l’on est loin d’être au coeur de l’action dans ce début d’arc de Kingdom, cela n’enlève rien au plaisir que l’on peut éprouver tout au long de ces cases. L’auteur nous démontre que même sans verser le moindre sang, il est possible de constituer un récit prenant et surtout nous faisant ressentir une tonne d’émotions. Cette ère de chaos n’est pas qu’un terrain propice pour les soldats de se faire un nom. Il s’agit aussi d’une gigantesque toile peinte par les régents et souverains qui font de leur mieux pour que leurs terres grandissent et tenir éloigné les flammes de la guerre. Cependant, cette peinture réalisée à sept royaumes est sur le point de voir l’un d’entre eux tenter d’envahir l’espace de ses voisins.
Kingdom étend son emprise
On a beau s’extasier à chaque fois devant les nouveaux tomes de Kingdom, la surprise ne semble jamais se terminer. Chaque nouvelle immersion apporte son lot d’éléments captivants et permettant de consolider un univers déjà immense. Chaque partie que l’on a pu vivre au cours de cette péripétie nous aura fait vibrer d’une manière ou d’une autre et prouve que le manga peut largement dépasser le simple cadre de la bande dessinée. Ces deux volumes le prouvent en montrant que même sans s’attarder sur de gigantesques affrontements, il est possible de capter l’attention du spectateur. La quintessence de cette oeuvre est surtout de réussir à retranscrire tout ce qui fait la force, la puissance, mais aussi le mythe de ces instants qui ne sont pas forcément cantonner au champ de bataille. Que cela soit la politique, la gestion du pays, l’organisation militaire, le recrutement ou même juste les liens entre les différents acteurs, ces deux excursions auront largement contribué à enrichir notre expérience sur ces terres. On se retrouve tellement plongé au coeur de toutes ces intrigues, conflits et cette quête pour la suprématie que le moindre petit détail supplémentaire brille à nos yeux. Une immense fresque qui dévoile encore des parties insoupçonnées et qui nous hypnotise totalement.
On arrive clairement à l’un de ces tournants majeurs dans Kingdom. En maintenant 46 tomes, la licence n’a eu de cesse de se renouveler et surtout de proposer des batailles aux multiples formes et enjeux. C’est en observant toute cette armée partir au combat que l’on prend conscience de tout le chemin effectué pour qu’enfin on puisse déceler une opportunité pour Ei Sei de frapper un grand coup. C’est donc encore une fois une lecture incroyable que l’on a pu avoir ici et qui montre que le plaisir peut prendre bien des visages. Une simple discussion peut entrer dans la légende, une marche militaire peut soulever bien des questions et un jeune homme peut avoir la possibilité de marquer à jamais les esprits. Un arc qui risque fort de faire trembler les fondements de ces royaumes combattants et qui promet une suite absolument savoureuse et explosive. A présent, il est impossible de quitter cette aventure littéraire sans se poser tout un tas de questions sur l’avenir de nos camarades. Est-ce que Riboku parviendra à mettre encore une fois des bâtons dans les roues à Ei Sei et ses ambitions ? Le plan concocté par les hauts dignitaires de Qin sera-t-il un succès ? Aurons-nous le droit à des victimes importantes au cours de ce conflit ? Arrive-t-on à l’avènement d’une nouvelle ère ? Bien des interrogations qui nous donne envie de nous jeter sur la suite.
N’hésitez pas à partager dans les commentaires votre propre avis ainsi que votre ressenti concernant ces deux volumes de Kingdom. Pensez-vous que Riboku va se faire avoir par le piège mis en place par Qin ? Quel est, selon vous, le véritable potentiel d’Ousen ? Croyez-vous que l’on va vraiment assister à un tournant dans le rêve de conquête d’Ei Sei ? Avez-vous apprécié le petit banquet des rois et les tenus propos pendant celui-ci ? A votre avis, Shin pourra-t-il transformer cette campagne en une victoire éclatante le propulsant au rang de général ? Qu’attendez-vous pour la suite de la licence ? On reste à votre disposition pour pouvoir échanger, discuter et débattre autour de ce sujet. 🙂