Dead Company-Vol.-1

Dead Company tome 1 : une société de jeux mortels

On le sait, le genre du survival-game a été particulièrement utilisé dans l’univers du manga. Un style ayant connu une période très riche il y a à peine quelques années. Parmi tous ces titres qui ont ponctué notre expérience en tant que lecteur, il y a une succession de sagas qui s’est démarqué. Si l’on vous dit jeux de survie où l’on peut observer des gens portant des masques d’animaux, vous savez de quoi on parle. Effectivement, Doubt, Judge ou bien Secret sont des mangas ayant marqué une grande génération de lecteurs dont nous faisons partie. Ils furent l’une de nos premières portes ouvertes vers ce style d’œuvre où le sang coule à flots. On était donc très curieux de voir ce qu’allait bien pouvoir donner la nouvelle oeuvre de l’auteur qui revient chez Ki-oon avec le premier volume de Dead Company. Ce qui est important ici, c’est que l’on n’est plus centré sur ces jeux sanglants, mais sur ceux qui organisent ces derniers. Une nouvelle virée qui affiche bon nombre de qualités et permet de retrouver cette ambiance qui nous rappelle ces précédentes séries. On espère donc que vous êtes prêts pour rejoindre une société aux moeurs bien flippantes.

Un entretien bien singulier

Dead Company - entretien

Un entretien de rêve.

Dead Company, imaginé par Yoshiki Tonogai, nous fait aller à la rencontre de Ryosuke. Ce dernier s’avère être le dernier survivant d’un terrible massacre où il a aussi perdu celle qu’il aimait. Il ne sait absolument pas les raisons qui ont fait qu’il s’est retrouvé impliqué dans cette tuerie orchestré par un étrange individu dont le visage était dissimulé sous un masque de lapin. Ayant finalement repris le cours de sa vie, celle-ci s’avère particulièrement difficile. En effet, le traumatisme de tout ce qu’il s’était passé et les images de tous ces gens morts reviennent sans cesse le hanter. Sans oublier le fait que lui et ses proches se sont retrouvés harcelé par les médias souhaitant une entrevue afin de glaner quelques informations. Ce n’est que trois ans plus tard qu’il va avoir une occasion en or de retrouver un quotidien lambda. En effet, la firme mondialement connue Dead Company, spécialisée dans la conception de jeux vidéo de survie, ont trouvé en lui une personne digne de rejoindre leur rang. Un job rêvé au vu de tout ce qu’il propose, mais qui se concentre avant tout sur son passé de victime que sur ses véritables capacités. Si le fait d’être simplement engagé sur son histoire le rebute au départ, c’est finalement après une visite dans les locaux et une discussion avec une des supérieures de l’entreprise qu’il va finalement accepter.

Tout semble aller pour le mieux et Ryosuke profite pleinement du cadre décontracté de son nouveau poste. Son travail est de peaufiner les jeux qu’on lui montre afin que le taux de survie puisse être équitable tout en conservant toujours une bonne dose de suspens. Un rôle qu’il finit par prendre très au sérieux et qui lui vaut les félicitations d’une bonne partie de l’équipe. Finalement, son expérience morbide se transforme en un atout et lui permet de corser la difficulté que rencontreront les futurs joueurs. Malheureusement, il est bien loin de se douter de la terrible vérité qui se cache derrière ce cadre idyllique. Sans le savoir, toutes ses propositions sont utilisées pour peaufiner des jeux de mort identiques à celui auquel il a participé auparavant. Les mignons personnages à l’écran ne sont qu’un reflet de ce qu’endurent réellement certaines personnes au moment même où il travaille. Des expériences réelles afin de peaufiner au mieux ces aventures virtuelles qui permettent à la société d’étendre son influence. La victime devient alors le bourreau et Ryosuke risque fort de devoir faire attention sous peine de se transformer en ce qu’il craint le plus. Tout est à présent entre ses mains alors qu’il est invité à rejoindre le gratin de cette entreprise que rien ne semble pouvoir arrêter.

Ce qui forme le coeur de cette introduction à Dead Company est bien évidemment sa mise en place dans l’immense univers propre au mangaka. En traitant de cette société de divertissement, celui-ci cherche à nous amener de l’autre côté de la barrière afin que l’on puisse autant voir le sadisme de ces gens que de poser un autre regard sur ces jeux morbides. Un ajout intéressant et pertinent qui permet d’accentuer l’effroi ressenti et surtout de se demander comment il serait possible d’arrêter tout cela. On entre alors dans une entreprise où les sourires des employés nous donnent des frissons d’angoisse.

Une parfaite inscription dans cet univers

Comme on a pu le dire un peu plus haut, il est très intéressant d’être projeté derrière les écrans de ceux qui sont derrière ces situations effroyables. Tout d’abord, il faut savoir que Dead Company peut tout à fait s’apprécier sans même avoir lu les précédentes séries. Les références à celle-ci sont bien cachées et ne sont donc pas nécessaires pour comprendre l’intrigue de ce manga. Il est donc pertinent de se pencher sur le rythme que nous propose ce premier volume et qui va totalement à contrario de ce que l’on avait pu voir dans ces survival-game. En effet, ici il n’est pas question de participer à l’une de ces tueries, mais bel et bien de servir de maître du jeu pour ceux qui ont eu la malchance d’avoir été choisi. L’oppression que l’on ressent va alors s’installer de manière plus lente tandis que l’on va peu à peu en apprendre plus sur les secrets de cette boîte spécialisée dans le jeu vidéo. D’ailleurs, le fait de camoufler cela derrière une société basant son marché sur le divertissement vidéoludique est aussi intelligent, car cela va avoir un double impact. Le premier est de nous faire croire qu’il ne s’agit ici que de tests n’ayant rien d’étranges et qui sont prévus pour amuser de nombreuses personnes à travers le monde. Le deuxième va recouvrir le premier tout au long de notre virée.

Il s’agit du fait de cacher des événements aussi graves et tordus derrière l’amusement général. Pour ceux qui connaissent la vérité au sein de l’entreprise, tout semble normal et cela va aller de pair avec un autre détail qui a son importance. Il s’agit du fait que tous ceux qui organisent ces survival-games sont d’anciennes victimes de cette même entreprise infernale. Il y a donc une boucle macabre et dérangeante qui se forme en montrant que les participants d’hier deviennent les bourreaux d’aujourd’hui. Un cycle éternel de vengeance et de perversion qui anime chacun de ces membres qui ont été détruits et convertit dès lors qu’on les a enrôlés de force dans une de ces parties. Dead Company devient alors une lecture importante dans ce qu’elle montre comme conséquences pour tous ces individus qui décident d’enfiler les célèbres masques. On est totalement emporté par cela et surtout cette dégringolade au plus profonde des abysses où il est presque impossible de retrouver une vie normale. La seule main tendue revient alors à replonger dans ce monde impitoyable et sanglant qu’ils ont constamment cherché à quitter. Cette introduction, en plus d’être dynamique, va ainsi montrer une bonne partie de sa richesse et surtout de l’aspect destructeur qu’ont ces tests grandeur nature qui enlèvent des vies et en détruit bien d’autres. Un conte sombre, pesant et qui pose des bases solides pour la suite.

Dead Company est, pour l’instant, une lecture captivante dans sa manière de faire grandir un univers littéraire déjà très grand. On est sans cesse interpellé par tous les petits détails introduits par l’auteur et qui rappelle ses anciens travaux. Une sorte de voyage dans le temps qui finit par nous ramener à la dure réalité et à l’horreur qui se dissimule derrière cette société censée divertir les gens. D’ailleurs, ce premier contact va aussi amener de nombreuses questions pertinentes sur l’avenir du personnage principal et surtout sur l’effet pervers qu’un tel travail et une expérience aussi traumatisante puisse avoir sur lui.

Dead Company effectue ses premiers tests

Dead Company - souvenir

Un souvenir funeste.

Dead Company accomplit à merveille son rôle premier qui est de nous dépeindre un univers malsain où une boucle sans fin semble avoir lieu. La transformation et le recrutement des survivants sont amenés de manière magistrale et l’on ressent autant une certaine empathie pour eux qu’une crainte de les voir devenir de vrais bouchers. C’est aussi là que l’auteur joue avec nous en la personne de son protagoniste. A chaque fois on se demande s’il va franchir la ligne rouge et rien que les dernières pages nous laissent sur un immense suspens. On aimerait alors se jeter sur la suite afin de voir qui prendra le dessus entre l’adolescent souhaitant retrouver une vie lambda et le monstre qui peut sommeiller en lui. Outre cela, l’ambiance est minutieusement travaillée afin que l’on se rende compte bien trop tard que l’on a embarqué pour une aventure sinistre et glauque. Un rythme qui s’accélère nettement dès lors que l’on découvre la terrible vérité et qui donne l’impression de se retrouver coincé dans un autre de ces jeux de survie ayant pris la forme de cette société. Le but ici n’est pas d’être le dernier survivant, mais bel et bien de pouvoir échapper aux geôliers et briser cette machine infernale. Un récit haletant et qui nous laisse imaginer tout un tas de scénarios pour le futur de nos amis.

C’est donc un grand oui pour ce premier tome de Dead Company qui maîtrise habilement son sujet et parvient surtout à se démarquer de ses prédécesseurs tout en conservant ce qui faisait la force de ces derniers. On recommande donc chaudement ce prélude à tous ceux qui ont aimé Doubt, Judge ou Secret, et même ceux qui ne connaissent pas ces sagas peuvent y trouver leur compte. Une aventure qui s’empare totalement de nous et qui manipule avec précaution chacune des pièces sur l’échiquier afin d’en dégager une multitude de combinaisons possible. On est alors à la fois impatient et angoissé de se jeter sur la suite étant donné que tout est probable au sein de ces sombres couloirs. Derrière les moniteurs se trouve un jeune homme qui va avoir le destin de nombreuses vies entre les mains. Il va maintenant falloir qu’il choisisse où la balance va pencher. Un boulot qui pourrait bien le dévorer sans même qu’il s’en rende compte et qui apporte un conflit interne fascinant. Maintenant, on ne peut évidemment pas partir sans évoquer les multiples questions qui nous trottent dans la tête. Quel va être la décision de ce jeune homme ? Finira-t-il par retourner dans cet enfer sans nom ? Existe-il un moyen pour dévoiler les pratiques de cette entreprise ? Est-il encore possible de stopper tout ça ? Le monstre et l’homme ne font à présent plus qu’un et l’équilibre est précaire entre ces deux facettes.

N’hésitez pas à partager dans les commentaires votre propre avis ainsi que votre ressenti concernant ce premier volume de Dead Company. Trouvez-vous que le raccord fait avec les autres oeuvres du même auteur est bien amené ? Pensez-vous que l’on aura le droit à une autre partie sanglante ou bien à la fin de cet enfer ? Croyez-vous que notre héros va finir par succomber à la part obscure de cette société ? Existe-t-il réellement, à votre avis, une échappatoire à cette boucle qui semble sans fin ? Qu’attendez-vous pour la suite de cette licence ? On reste à votre disposition pour pouvoir échanger, discuter et débattre autour de ce sujet. 🙂

© TONOGAI YOSHIKI / GENTOSHA COMICS INC.