Kingdom tome 55 et 56 : Le dernier acte de cette guerre
Vous le savez maintenant depuis un certain temps, mais il y a un rendez-vous que l’on ne rate sous aucun prétexte. Une chronique mensuelle concernant une grande saga qui n’a eu de cesse de nous faire frissonner à chaque tome. On parle bien sûr de Kingdom, le fer de lance de Meian, qui nous a accompagnés pendant ces nombreux mois. Alors que l’on s’apprête très bientôt à rattraper la parution japonaise, il nous reste encore quelques tomes sous le coude à étudier. Vous l’aurez donc compris, aujourd’hui on va s’arrêter quelques minutes sur le tome 55 et 56 de cette saga mythique. Alors que l’on a l’impression que le conflit entre Qin et Zhao dure depuis très longtemps, on s’apprête à attaquer le dernier pan de cet arc narratif palpitant. Après nous avoir fait vibrer au cours de nombreux affrontements et duels, il est grand temps pour tous ces hommes de mettre un terme à ce conflit. Une conclusion qui commence à se dessiner et qui va nous réserver bon nombre de surprises et surtout un autre visage de cette guerre sanglante. Le temps est donc venu de s’équiper une nouvelle fois avant de se jeter une fois de plus dans la mêlée !
Devoir se surpasser
Kingdom, imaginé par Yasuhisa Hara, nous avait laissé au cœur de cette terrible guerre opposant Zhao à Qin. Si les forces présentes semblaient équilibrées, un détail de taille venait jouer en défaveur des assaillants. En effet, les vivres n’avaient fait que se réduire et ce manque de nourritures faisait partie intégrante de la stratégie de Riboku. Le stratège adverse savait pertinemment que la précipitation pouvait causer la perte des siens. Il leur fallait juste être patient pour pouvoir asséner le coup fatal à l’ennemi dès lors que la faim les empêcherait d’avancer. Malheureusement pour lui, il ne s’attendait pas à ce que la résistance des envahisseurs soit aussi tenace. Malgré les pertes des deux conseillers proches d’Ousen, les initiatives des trois jeunes officiers avaient permis d’empêcher la débâcle de leurs hommes. Mouten sur l’aile gauche parvenait à contenir les attaques de son opposant et à créer un statut quo. C’était donc du côté droit de l’armée de Qin que se jouait le destin de toute cette bataille. Si les premiers échanges furent plutôt équilibrés, le rapport de force bascula très vite. Après la défaite du commandant de cette aile, tout semblait indiquer que plus rien n’allait pouvoir empêcher Zhao de renverser la situation. C’est finalement Shin et Ouhon qui réussirent à motiver les troupes restantes pour faire front commun. Les deux jeunes officiers parvinrent même à éveiller leur unité respective afin de semer la confusion et l’effroi chez l’ennemi.
Le futur de ce conflit était redevenu incertain aux yeux des deux grands généraux qui se toisaient du regard. D’un côté comme de l’autre, tout n’était plus qu’une question d’adaptation, de patience, mais aussi de rapidité. Malheureusement, tout peut rapidement changer sur un champ de bataille et ce fut les terribles blessures subies par Ouhon qui allaient provoquer une terrible inquiétude dans les rangs de ses hommes et de ceux de Shin. Ce dernier se retrouvait donc à porter sur ses épaules le destin de tous ces soldats qui comptaient sur lui pour s’en sortir. Parvenant à se rapprocher de son rêve, le jeune homme ne pouvait tout de même se permettre de sourire au vu de la situation catastrophique. Tout allait à présent reposer sur une stratégie aussi basique que dangereuse. Le seul moyen d’espérer s’en sortir est de prendre la tête de l’officier se trouvant derrière ces milliers de guerriers. Il n’y a que l’unité Hi Shin pour réussir à concrétiser un plan aussi bancal en une possible réussite. Malgré tout, chacun des membres de cette armée sait parfaitement qu’un tel pari ne pourra être possible qu’au prix de nombreuses vies. La mort s’apprête à se délecter de cet assaut meurtrier sur lequel repose l’avenir de toute cette guerre. Shin est-il suffisamment déterminé et solide pour porter ses troupes jusqu’à la victoire ? Le temps est à présent compté tandis que débute le quatorzième jour de lutte sur les plaines de Shukai. Au coucher du soleil, il ne pourra rester qu’un camp encore debout.
Kingdom se prépare à entamer la dernière partie de son arc narratif. Un conflit qui n’aura eu de cesse de nous épater pour au final nous emmener sur un chemin nous ayant fait vivre tellement de choses. Alors que l’on pensait avoir déjà tout vu, ces deux lectures vont encore réussir à nous surprendre en faisant presque oublier l’aspect épique de cette guerre afin de nous remémorer ce que la défaite peut induire. Le chemin choisi par Shin est loin d’être simple et va même requérir des pertes tragiques. Un violent rappel de ce que cela implique que de fouler ce champ de bataille où les rêves peuvent se réaliser, mais aussi s’effondrer.
Les sacrifices sont nécessaires
On le sait très bien, Kingdom peut se montrer impitoyable à l’égard de la majorité des personnages. Que cela soit par les pertes subies ou même la disparition de certains, cette longue quête pour unifier la Chine est loin d’être pacifique. Le lecteur sait pertinemment que chaque nouveau conflit est donc susceptible de nous offrir notre lot de larmes et de tristesse à côté des moments plus épiques. Cependant, ce dernier acte va symboliser quelque chose de bien plus fort concernant cette réalité du champ de bataille. Jusqu’à présent, tous nos amis et grands noms de Qin ont toujours su s’en sortir même si cela n’était pas sans dégâts. De nombreuses blessures et même certains que l’on pensait être aux portes de l’au-delà. Même dans le camp adverse on avait le droit à une résistance farouche qui nous donnait presque l’impression que l’on allait voir chacun de ses hommes revenir dans la mêlée. C’est justement au moment où l’on ne s’y attend pas forcément que le couperet tombe. Le pire, c’est que l’on pouvait voir la scène à l’avance dans notre esprit, mais quelque chose en nous résonnait afin que l’on ne croit pas que la faucheuse touche sa cible. Cela va alors créer une émotion supplémentaire dès l’instant où la vie d’une personne quitte ces terres. L’incrédulité nous fait espérer de voir ces individus rouvrir les yeux et finir par se rétablir en chevauchant en compagnie de leurs alliés. Une lumière qui ne peut finalement rien face à la réalité sur le terrain.
Cependant, le mangaka va bien plus loin en nous remémorant ce fait indéniable. Il tient à nous dire que personne n’est à l’abri. Le bouclier du héros n’a que peu d’emprise sur certains qui doivent faire face à un funeste destin. L’épique laisse donc place à une amertume et une douleur qui va impacter notre ressenti tout au long de cette lecture. La colère, l’ambition, mais aussi l’héritage laissé par certains vont pousser l’ensemble de l’œuvre à un tout autre niveau. L’accomplissement du rêve de Shin n’est plus propre à lui. C’est un objectif qu’il partage avec toute son unité. A travers la mort, que cela soit ami ou ennemi, on prend conscience à quel point cette quête a pris une ampleur sans précédent. Au milieu de tous ces monstres de puissance qui rythment ces journées d’affrontements se cache un récit empreint d’une grande humanité. Les liens tissés, mais aussi l’énergie qui en découle sont parfaitement retranscrites dans ces quelques pages qui ne peuvent que nous faire un petit pincement au cœur. Au même titre que la nouvelle génération qui hérite de la mémoire des anciens, cela nous pousse à vouloir aller jusqu’au bout de cette histoire afin de voir si ce désir va rester un simple rêve ou bien se concrétiser. Un formidable retour à cette part d’être humain qui réside en chacun de ces guerriers et qui fait qu’ils ne sont pas uniquement des combattants cherchant la gloire.
En plus de réussir à nous émouvoir profondément à travers des instants plus calmes synonyme de souffrances, Kingdom va aussi lancer un nouvel acte dans le duel opposant nos deux grands généraux. Un face-à-face presque mythique qui va enfin atteindre son point culminant. Une dualité qui va autant s’exprimer dans la manière de combattre des deux chefs que dans leur divergence d’opinions. Le bien et le mal sont des notions superflues sur ces terres où seule l’ambition et la force comptent. On se met alors à trembler en voyant tous ces soldats partirent pour ce qui sera sûrement leur dernière charge.
Le choc des deux stratèges
Voilà un point particulièrement important qui n’a au final jamais été autant traité que ça. En effet, Ousen et Riboku sont réputés pour être sûrement deux des plus grands stratèges de leur époque. On a pu donc découvrir à quel point chacun pouvait se montrer d’une redoutable efficacité à travers leurs plans. Là où un officier peut changer le cours d’une bataille par sa puissance et son charisme, un tacticien hors pair peut aisément modifier le futur d’une guerre en apportant juste la bonne solution. Il est vrai que l’on a eu le droit à de nombreuses situations permettant de mettre en avant les capacités de ces deux hommes. Cependant, ces deux tomes vont être ceux qui vont directement opposer ces généraux. Il n’est alors plus question de jouer sur une aile ou bien de contourner tel adversaire pour prendre sa tête. Cette fois, il est avant tout question de réussir à survivre face aux ruses de son opposant tout en espérant qu’une tactique puisse venir à bout de ce dernier. Encore une fois, l’auteur nous montre qu’il maîtrise parfaitement son sujet, car on a beau être captivé par la mêlée qui se joue devant nous, le lecteur ne peut s’empêcher de garder un œil sur ces deux individus. Comme si un simple geste de leur part pouvait clore définitivement cette journée funeste. Le face-à-face est donc total au sein de ces cases et va ainsi souligner deux approches bien différentes et permettant d’entrevoir deux visions diamétralement opposées.
Alors que l’on était persuadé jusqu’à cet instant que les deux étaient aussi rusés l’un que l’autre. Chacun va finalement se démarquer non pas par son intelligence, mais par sa propre vision du monde. On a ainsi pu entrevoir un autre point qui peut sembler anodin dans ce pays en guerre, mais qui a tout de même son importance. Il s’agit de la grandeur d’âme. Ce petit quelque chose qui anime le cœur de chaque homme et les pousse à vouloir suivre une route plutôt qu’une autre. Si l’on a déjà pu voir des gens préférant tuer, asservir et piller que de suivre un idéal plus grand, la confrontation qui se présente ici atteint des sommets bien plus grands. A travers ces deux grands généraux se confrontent la loyauté, mais aussi l’ambition. Là ou l’un souhaite ardemment défendre son pays, l’autre ne pense qu’à prouver son talent et surtout acquérir plus de pouvoir. On pourrait même dire que l’on ressent presque une certaine compassion pour celui qui se bat réellement pour son foyer alors que l’autre nous inspire un certain dégoût à l’idée qu’il puisse d’abord penser à ses propres intérêts. Une manière intelligente et subtile de montrer que même au sein d’une armée que l’on encourage, il peut exister aussi des êtres méprisables qui n’ont que faire de l’honneur. A leurs yeux, se battre pour une cause perdue n’a absolument aucune valeur. La bataille qui résonne dans ces plaines est donc aussi l’affrontement entre ces deux modes de vie.
Kingdom semble apprécier d’être au sommet tant il continue de nous montrer à quel point il est un manga à part. Parvenant à nous offrir notre lot de combats dantesques tout en nous rappelant la fragilité de la vie humaine, le mangaka ne nous épargne rien dans ces deux volumes. L’affrontement entre les deux royaumes atteint son climax final et l’on est toujours autant captivé par ce qui se passe devant nous. Jusqu’à la dernière minute, on ignore totalement qui l’emportera à la fin de ces intenses journées d’affrontement. Une tension unique en son genre et qui est le fruit de tous ceux qui ont vaillamment combattu auparavant. Deux lectures qui souhaitent nous rappeler de ne jamais oublier ceux qui ont permis d’en arriver jusque-là.
Kingdom resserre son étau
Quand on y pense, Kingdom a vraiment pris beaucoup de temps pour pouvoir transformer cet arc en un moment aussi épique qu’enrichissant. En réalité, on pourrait même croire que le conflit opposant Zhao et Qin est la représentation de tout ce qui a été construit auparavant. Des combats dantesques, de la stratégie, de l’émotion et aussi du rêve agrémentent notre parcours tout au long de ces deux lectures. Sans jamais réellement faiblir, cette fresque titanesque ne s’arrête jamais de construire de nouvelles choses sans que l’on ait l’impression d’avoir deux fois le même ressenti. Chaque coup d’épée, chaque cri de ralliement et tout ce sang versé parviennent à raconter une aventure unique qui semble impossible à égaler. On sait pertinemment que l’on approche de la conclusion de cette bataille fatidique. Notre esprit ne peut alors s’empêcher de se demander quelles seront les conséquences de tout ça. Toutes ces vies fauchées vont-elles réellement permettre d’unifier pour de bon la Chine ? Au même titre qu’Ei Sei qui doit rester simple spectateur de ce qu’il se passe au loin, nous sommes les témoins privilégiés d’un moment historique, et cela, peu importe la conclusion. Une bataille qui changera à tout jamais la face de ce monde et qui a déjà provoqué de terribles bouleversements chez certains. On observe alors silencieusement toutes ces âmes lutter pour leurs idéaux, leur patrie et leurs rêves en ayant un petit pincement au cœur étant donné que l’on sait pertinemment que l’échec est synonyme de fin.
Le fait de suivre une licence aussi longue que Kingdom n’a pas du tout le même impact que quand on s’attarde sur des séries plus courtes. On a un réel vécu qui se forge entre le lecteur et les personnages qui prennent vie devant lui. Après tant d’obstacles traversés, on n’a qu’une seule envie qui est de voir le résultat de toutes ces batailles. Shin et son unité ne sont plus de simples figures fictives. Ceux sont des camarades que l’on apprécie retrouver et qui écrivent leur légende autant dans l’esprit des gens qui les entourent que dans le cœur du spectateur. Un tour de force magistral de la part du mangaka qui rend alors chaque seconde de son travail encore plus émouvant et déchirant. Alors que les forces s’amenuisent des deux côtés, on reste scotché à chaque attaque perpétuée par ces guerriers en se demandant qui faiblira le premier. Une guerre qui nous aura tenu en haleine jusqu’au bout et qui est encore loin de nous avoir tout dévoilé. Alors que la victoire semble être à portée de main, il n’est pas rare qu’une erreur d’inattention ou un facteur inconnu puisse tout détruire. C’est en contemplant la charge de Shin et de ses hommes que l’on se pose de nombreuses questions pour la suite. Pourquoi Riboku semble encore si confiant ? Est-ce que l’approche d’Ousen est vraiment la bonne ? Shin est-il encore capable de franchir les lignes ennemies dans son état ? Qu’est-ce qui pourrait bien se mettre en travers de sa route ? On ne va pas se faire prier pour se lancer dans les prochains volumes et vous en reparler très bientôt !
N’hésitez pas à nous partager dans les commentaires votre propre avis ainsi que votre ressenti concernant ces deux volumes de Kingdom. Appréciez-vous toujours autant cet arc riche en rebondissements et scènes d’actions dantesques ? Trouvez-vous que l’on a une subtile écriture de ce que la guerre peut faire comme ravages ? Avez-vous été touché par la manière dont l’auteur nous ramène à l’effroyable vérité se cachant derrière toutes ces quêtes de gloire et de conquête ? Pensez-vous que Riboku aura encore un atout dans sa manche pour contrer les plans d’Ousen ? Qu’attendez-vous pour la suite de la licence ? On reste à votre disposition pour pouvoir échanger, discuter et débattre autour de ce sujet 🙂