L’homme qui tua Nobunaga tome 1 et 2 : Un voyage dans le temps
On le dit très souvent, mais on apprécie énormément tout ce qui touche à l’Histoire. Peu importe la période, le pays ou même le sujet traité, on trouve toujours fascinant de pouvoir poser un regard sur le passé ayant permis de construire le monde actuel. En plus de ça, il est intéressant de se pencher aussi sur la vie des individus ayant su graver leur nom afin qu’il perdure à travers les âges. Le manga est un formidable moyen d’expression sur ce domaine et ce n’est pas le titre que l’on va traiter aujourd’hui qui dira le contraire. Nos pas nous conduisent donc au sein du catalogue de Delcourt Tonkam pour évoquer l’une de leurs dernières licences en date. On en a parlé très souvent, car on avait hâte de le découvrir. Il s’agit des deux premiers tomes de L’homme qui tua Nobunaga qui ont fait leur entrée sur le marché il y a quelques jours. En souhaitant nous immerger dans cette ère où se sont dressés de grands guerriers et seigneurs, cette première escapade refléta de nombreuses qualités propres à ce récit. Une virée surprenante affichant de multiples atouts qui ont largement su nous interpeller. L’heure est donc venue de se poser afin de profiter pleinement d’un autre regard sur l’une des plus grandes trahisons de l’époque.
La vérité derrière ce passé
L’homme qui tua Nobunaga, scénarisé par Kenzaburo Akechi et dessiné par Yutaka Todo, est un récit souhaitant mettre en avant une nouvelle thèse concernant un grand personnage historique Japonais. Il s’agit de Mitsuhide Akechi, celui qui fut surnommé le félon suite à son acte de trahison envers son seigneur. Ce qui donna l’incident du Honnôji et créa un véritable bouleversement à l’époque pourrait bien cacher un autre secret. En effet, à la suite de diverses informations recueillies, la vérité pourrait être tout autre concernant cet homme qui mettait l’honneur avant toute chose. Cela voudrait-il dire que l’histoire que l’on connaissait jusqu’ici serait un mensonge ? C’est donc une virée au sein de cette époque de troubles que nous propose ce récit en apportant une autre approche des faits relatés. Oda Nobunaga, éminent seigneur de guerre s’étant distingué rapidement sur le champ de bataille, était bien loin de l’image que l’on pouvait avoir de lui. Celui que l’on traitait au début d’idiot ou de fou a finalement réussi à conquérir et unifié une grande partie du Japon au XVIe siècle. Le résultat de ses nombreuses campagnes qui l’amena autant à combattre d’anciens camarades qu’à bouleverser les fondements de cette société. A une ère où tous étaient concentrés sur leurs querelles de voisinage et leur désir de conquérir de nouveaux territoires, le daimyo originaire d’Owari avait bien d’autres ambitions. Un homme dont la mainmise sur le pays n’était que la première étape vers son rêve.
Le récit de ce seigneur est connu de tous et a servi à construire la légende de celui que l’on appelle aujourd’hui le Roi Démon. Cependant, il pourrait bien s’avérer que la réalité soit bien différente de ce que les gens ont pu croire toutes ces années. Le monstre décrit dans les livres d’Histoire n’était peut-être pas aussi maléfique qu’on le pense. Pareil pour Mitsuhide. Celui qui fut pendant longtemps un officier de confiance du maître d’Owari a toujours été présenté comme le félon ayant trahi son maître. Et si cette vérité n’avait été conçue qu’à partir d’un mensonge dicté par ceux qui sont restés. Finalement, les gagnants sont les seuls à pouvoir transmettre le récit de leurs exploits. Ainsi, des événements et propos peuvent se retrouver déformés par ceux qui convoitent le pouvoir. Voici donc le résultat de nombreuses recherches et récolte d’informations permettant d’entrevoir une lueur de vérité dans ce tissu de mensonges qui a pu être confectionné par ceux qui souhaitaient unifier le pays. C’est donc un nouveau départ pour la légende de Nobunaga et ses fidèles qui va les amener jusqu’au moment où tout a basculé. Un périple à travers le temps qui s’apprête à décortiquer tout ce qui a constitué la vie de ces individus de renoms.
Ce qui est incroyable lorsque l’on se penche sur L’homme qui tua Nobunaga, c’est à quel point on sent le travail de recherche qui est fait. Coutumier des récits sur cette ère, les diverses légendes, propos et histoires envers toutes ces figures importantes, on a été ébahi de voir cette volonté de briser ce que l’on sait. Une œuvre qui se veut autant instructive concernant les faits historiques, mais qui souhaite aussi rétablir une certaine vérité concernant un personnage en particulier. On fait alors table rase de nos connaissances pour entrevoir une autre fenêtre nous amenant sur un tout autre déroulement de ce fameux incendie.
Une nouvelle approche de l’Histoire
On doit le reconnaître, on attendait énormément de L’homme qui tua Nobunaga par rapport justement à son approche historique. A travers de nombreuses œuvres en tout genre, on a pu construire nos connaissances sur les événements relatés et on était donc curieux de voir ce qu’allait pouvoir apporter cette lecture en plus. On ne peut alors que reconnaître le formidable travail d’information qui fut réalisé pour justement mettre en scène cette nouvelle thèse. Chaque grand acte que l’on aborde concernant l’existence de Mitsuhide, Nobunaga et tous les autres est constamment ponctué de nombreux éléments venant apporter du crédit à ce qui est énoncé. Il y a donc un côté très instructif qui entoure cette saga qui souhaite justement jouer sur deux tableaux bien précis. Le premier est de nous faire pleinement vivre ce voyage dans le temps en compagnie de tous ces grands noms et donc d’être le témoin privilégié de leurs actes et de la manière dont ils ont écrit l’Histoire. De ce fait, on ressent rapidement une profonde excitation à observer le déroulement de chaque bataille, mais aussi toutes les décisions politiques et jeux de pouvoir. Il ne s’agit pas ici uniquement d’action, mais d’être aussi présent pour assister à tous ces dialogues qui ont forgé le futur du pays. Ce n’est donc pas une simple représentation romancée et épique de cette époque qui nous est montrée, mais bel et bien une approche se voulant réaliste et désireuse de faire la lumière sur de nombreuses zones d’ombre. On s’en d’ailleurs pleinement cette volonté de nous forcer à modifier notre regard sur ce que l’on sait déjà.
Ainsi, le passionné d’Histoire va apprécier d’avoir un autre aperçu de ces moments tout en voyant que tout cela est argumenté. De plus, celui qui ne sait pas forcément tout le récit de ces hommes va ainsi pouvoir découvrir une vision d’ensemble de cette période qui a vu naître de multiples légendes. C’est ça qui est formidable avec L’homme qui tua Nobunaga. Le divertissement est bien présent tout en étant couplé à une rétrospective de tout ce passé captivant. Voir les codes et autres idées que l’on avait de ces gens voler en éclats pour montrer des visages plus humains est fort plaisant. Cela permet de se rapprocher d’eux et ainsi de voir l’homme derrière le mythe. Après tout, tous ces individus, dont l’héritage fut transmis jusqu’à maintenant, n’étaient au final que des êtres humains ayant juste tout fait pour accomplir leurs ambitions. Un récit sincère, parfois dur et qui va aussi être représentatif de quelque chose de très pertinent s’appliquant à toute l’Histoire de l’humanité de manière générale. En effet, à travers ces pages, on se rend compte que seuls les vainqueurs écrivent ce qui sera transmis aux générations futures. Cela veut autant dire la vérité comme certains mensonges devenant au final normaux pour ceux qui n’étaient pas là. Un constat qui va être parfaitement traité dans ces deux volumes qui vont tenter de remettre certaines choses en ordre. Ainsi, on a un réel plaisir qui naît en nous alors que l’on suit les pérégrinations de Nobunaga et ses hommes dans leur rêve de conquête, mais aussi tout ce qu’ils ont légué pour le futur.
Si l’on se rend rapidement compte de la volonté de L’homme qui tua Nobunaga de lever le voile sur ces événements du passé, il y a autre chose qu’il ne faut pas louper. Il s’agit de la capacité de ce manga à retranscrire avec précision cette ère de conflits. On est pleinement plongé dans le récit de ces grands hommes qui ont façonné l’Histoire du Japon et surtout sur un quotidien qui ne fut pas uniquement constitué de batailles. Celui que l’on appelait l’idiot ou bien plus tard le Roi Démon était bien plus qu’un seigneur en quête de gloire ou de richesses. Rien qu’en posant notre regard sur ce daimyo, c’est presque une vision du présent que l’on a. Un individu qui portait son attention bien plus loin que les terres qui l’entourent.
Une véritable mine d’informations
Outre le fait que l’on a le droit à une autre manière de nous conter les événements s’étant déroulés pendant cette ère de conflits, L’homme qui tua Nobunaga va aussi se démarquer par sa richesse intellectuelle et ce qu’elle peut encore apporter aujourd’hui. En s’attardant sur le destin de ces hommes ayant façonné le Japon, on ouvre les yeux sur des problématiques qui étaient encore actuelles il y a peu. En fait, tout ce que Oda et ceux qui l’ont suivi ont vu et cherché à réaliser tournait autour de cette ouverture vers le reste du globe. On ressent pleinement dans ces deux lectures le désir de ce général de porter son regard vers l’horizon. A ses yeux, le véritable danger, mais aussi le moyen de faire évoluer le pays venait d’au-delà des mers. Alors que cette époque était connue pour l’agrandissement des territoires pour beaucoup de royaumes, on nous décrit à merveille ce retard qu’il pouvait y avoir sur le sol nippon. En fait, lorsque l’on se penche plus en détail sur ce qui est proposé dans ce manga, on entrevoit de nombreux niveaux de lecture. C’est autant une volonté de rétablir certaines vérités sur Mitsuhide que de montrer à quel point les problématiques de cette période se sont transmises au fil des années. Un héritage autant culturel que philosophique qui permet de mieux comprendre le fonctionnement du pays à l’ère de ces guerriers qu’aujourd’hui. Un regard vers le passé permettant de mieux cerner le présent et c’est aussi en cela que cette série est aussi formidable que prometteuse.
On est quasiment toujours en train d’apprendre quelque chose, que cela soit par quelques anecdotes ou bien des tirades ayant fait la renommée de ces combattants. En plus de ça, l’auteur essaye vraiment d’alterner constamment la manière de narrer son récit. Par moments, on a la sensation de suivre un documentaire où l’on nous cite de nombreuses sources et où l’on s’attarde sur des éléments précis de l’existence de ces figures emblématiques. A d’autres moments, on oublie le présent pour ne faire qu’un avec la période Sengoku. On est donc totalement captivé par tous ces faits historiques que l’on suit comme si l’on faisait partie de l’entourage proche d’Oda, Akechi ou même Hideyoshi. Un rythme qui fait donc exprès d’alterner ces étapes pour bien dissocier l’action de l’instruction. Même en connaissant le destin de tous ces personnages que l’on suit, on a ainsi constamment une impression de découverte, mais aussi une expérience qui change de l’ordinaire. Un point de vue pertinent qui va sans cesse s’amuser à disséminer tout plein de détails construisant une vision du Japon de cette ère tumultueuse et aussi renverser les idées préconçues sur de nombreux sujets. Voilà une saga qui souhaite non pas dénaturer le statut de ces légendes, mais plutôt de nous les présenter sans forcément l’aura que l’on a pu créer autour d’eux. Des soldats et dirigeants remarquables, mais qui sont avant tout des humains ayant contribué à écrire une partie des pages de cet immense livre qu’est l’Humanité.
L’homme qui tua Nobunaga a su nous faire forte impression à travers ces deux premiers volumes. Bien sûr, le fait que l’on soit passionné de ces récits historiques joue grandement. Mais il faut aussi reconnaître toutes les grandes qualités de cette œuvre qui est là pour nous faire réfléchir. On remet en question un moment crucial du passé pour envisager de nouvelles pistes et surtout en apprendre bien plus sur la vie de tous ces gens. On passe alors autant par l’admiration du courage de ces derniers que par une vive émotion quand le temps des sanglots arrive. Une virée dans le temps absolument savoureuse et importante.
L’homme qui tua Nobunaga dévoile son jeu
L’homme qui tua Nobunaga est clairement une œuvre que l’on a adorée au vu de la richesse de son contenu. On a grandement apprécié le fait que cela ne tourne pas uniquement autour des hauts faits militaires de ces héros de guerre. Une lecture qui parvient à montrer tous les combats qu’ont dû mener ces hommes tout au long de leur vie. Que cela soit sur le plan politique, stratégique, et même développement de leur région, tout est présent sans que cela ne soit trop pesant. En effet, on pourrait croire qu’avec tant d’informations à nous donner, le rythme du récit s’en trouve entaché. Mais le fait d’avoir sciemment découpé les parties principalement tournées vers l’apprentissage des scènes plus épiques donnent une cohérence et une narration habile. En outre, il est toujours fort plaisant d’avoir ce genre de récit qui nous replonge dans ces souvenirs du passé, car cela contribue à nourrir l’héritage de tous ces individus ayant donné leur vie pour réaliser leurs rêves. Ils ont légué un combat qui, au final, s’est prolongé dans le temps jusqu’à l’ouverture du Japon au reste du monde. Un manga qui nous a fascinés de bout en bout tout au long de ces deux premiers tomes et qui est en plus porté par des dessins d’une grande qualité. En souhaitant s’attarder et faire la lumière sur le passé de Mitsuhide Akechi, l’auteur va aussi permettre d’apporter énormément d’éléments et d’informations concernant les gens qui l’ont entouré. Que cela soit ses compagnons d’armes, son seigneur ou même ses adversaires, c’est une formidable fresque qui nous est dessinée. Un tableau que l’on connaissait, mais qui a su se démarquer en apportant des corrections changeant totalement la donne.
Notre avis final sur L’homme qui tua Nobunaga est plus que positif. Voilà un titre que l’on attendait avec beaucoup d’impatience et qui ne nous a clairement pas déçus. D’ailleurs, on pourrait même dire qu’il est même meilleur que ce que l’on aurait pu imaginer tant on fut étonné par la précision de chaque élément qui nous est montré. Une aventure littéraire qui propose une expérience prenante et originale servant autant de passerelle entre le présent et le passé et d’exposition de la vérité sur certaines parties ayant pu être déformé par les années. Si vous êtes un passionné d’Histoire ou que vous souhaitez découvrir la période où ont vécu tous ces noms légendaires alors vous devriez largement trouver votre bonheur dans cette saga. Ce qui est aussi remarquable, c’est qu’en changeant ce que l’on pensait savoir, l’auteur s’assure aussi d’éveiller la curiosité du lecteur. On a envie de savoir ce qu’il s’est réellement passé et les raisons qui ont poussé Mitsuhide à commettre son geste. Ainsi, on a beau connaître de nombreux détails sur tous ces événements, cela redistribue les cartes de manière intelligente. On se pose alors de multiples questions pour la suite de cette aventure. Est-ce que Mitsuhide était réellement le félon que l’on dépeint ? Nobunaga a-t-il finalement succombé à son rôle de Roi Démon ? Comment Hideyoshi a pu découvrir aussi rapidement la traîtrise de son compère ? Il nous tarde de pouvoir mettre la main sur les prochains tomes de cette licence qui réunit tout ce que l’on aime.
N’hésitez pas à nous partager dans les commentaires votre propre avis ainsi que votre ressenti concernant ces deux volumes de L’homme qui tua Nobunaga. Avez-vous apprécié la dimension instructive de ce manga ? Est-ce que cela vous a apporté des informations inédites sur ce que vous pensiez croire concernant ces hommes ? Ce récit vous a-t-il donné envie d’en savoir un peu plus sur cette époque tumultueuse où les guerriers se démenaient pour leur seigneur ? Trouvez-vous qu’il y a aussi un aspect stratégique, politique et culturel pertinent au sein de ces cases permettant d’enrichir cette lecture ? Qu’attendez-vous pour la suite de cette licence ? On reste à votre disposition pour pouvoir échanger, discuter et débattre autour de ce sujet 🙂