Carnet de voyage d’un otaku spécial Noeve Grafx chapitre 1
Au vu des nombreux tomes qui peuvent sortir d’un coup chez un éditeur, on s’est dit qu’il serait grand temps d’ouvrir de nouveau notre carnet de voyage. Une manière pour nous de pouvoir traiter de toutes ces œuvres intéressantes à travers des analyses concises sur ce qui fait la force de tous ces volumes. Pour ce nouveau chapitre, on s’est dit que l’on allait traiter des nombreuses œuvres d’un récent éditeur. Vous l’aurez compris, on va parler aujourd’hui des titres de chez Noeve Grafx qui nous a plutôt bien gâté avec pas moins de cinq tomes sortis il y a quelques jours. Que cela soit une tranche de vie, des petites taquineries de la science-fiction ou même un récit d’anticipation, le catalogue de ce nouvel acteur du marché s’étoffe grandement et avec des séries variées. C’est en s’attardant sur ces volumes que l’on a pu se rendre compte à quel point il ne faut pas juger un livre à sa couverture. De nombreuses choses à dire et il est donc grand temps d’explorer tous ces mondes inédits !
Arrête de me chauffer, Nagatoro tome 1
Arrête de me chauffer, Nagatoro, imaginé par Nanashi, nous présente un jeune homme en première qui s’avère particulièrement renfermé sur lui-même. Ayant beaucoup de mal à se rapprocher des gens et encore plus de la gente féminine, il préfère passer son temps seul à dessiner. Souhaitant ardemment percer dans ce domaine, il fait de son mieux pour s’améliorer, mais doit aussi supporter les nombreux propos moqueurs à son égard. Un beau jour, suite à un événement qu’il aurait préféré éviter, cet étudiant va faire la connaissance de Nagatoro. Cette demoiselle est en seconde et va surnommer son nouvel ami “Senpai” par rapport à son ancienneté. Se disant qu’il ne la reverrait plus par la suite, ce dernier souhaite oublier ce face-à-face et se concentrer sur ses œuvres. Cependant, il était loin de se douter que cette rencontre allait totalement bouleverser son quotidien. La lycéenne ne va plus jamais le lâcher et va profiter de chaque instant passé en sa compagnie pour le taquiner. Que cela soit par des allusions grivoises, des quiproquos ou tout simplement par de petites moqueries, rien ne l’arrête. Aux yeux du Senpai, son quotidien paisible et loin des autres a volé en éclats et il doit maintenant s’acclimater à cette camarade qui ne cesse de l’asticoter. Pourtant, se pourrait-il qu’un tel comportement puisse cacher autre chose ? Derrière l’assurance de Nagatoro pourrait bien se cacher une véritable affection à l’égard de cet homme qu’elle a rencontré il y a peu. Même si cela semble absolument improbable pour le concerné, il se demande quand même ce qui a poussé cette jeune fille à poser son dévolu sur lui. Il est encore loin de se douter de ce que pourrait bien apporter une telle relation à sa propre vision du monde et surtout à son caractère. Cela pourrait être une chance de pouvoir s’affirmer au lieu de laisser les autres lui marcher sur les pieds.
Il est vrai qu’au nom de ce manga, on peut se poser pas mal de questions sur le contenu. Cependant, ce premier volume va être intéressant dans ce qu’il souhaite nous présenter. En effet, le fait de voir un garçon introverti se faire taquiner par cette jeune demoiselle ne va pas uniquement chercher à nous faire rire. On va sans cesse être dans l’interrogation afin de savoir si oui ou non il se passe réellement quelque chose entre ces deux personnages. En réalité, Nagatoro ne cherche jamais à être purement méchante dans ce qu’elle fait à l’égard de son Senpai qui ne sait jamais où se mettre. Il n’est pas question ici d’être méchant dans de violents propos ou un harcèlement, mais bel et bien d’essayer de faire ressortir autre chose chez cet étudiant. Alors qu’il a toujours fait de son mieux pour rester éloigné des autres et ainsi éviter toute confrontation, le voilà qui doit faire face à une personne qui revient constamment à la charge. On a presque le sentiment que tout cela est pensé autant pour semer la confusion chez ce lycéen et le lecteur que pour lui permettre d’avancer et de ne plus baisser la tête face à l’adversité. De même, le personnage de Nagatoro est fort intéressant à analyser, car comme dit un peu plus haut, on ne sait jamais réellement ce qu’elle pense. Pourtant, il arrive par moments que l’on entrevoit ce qui se cache derrière ce sourire et ces petites farces. Une étudiante qui semble aussi avoir ses propres épreuves à surmonter et qui cherche à trouver du réconfort en allant embêter son nouveau camarade de jeu. Il y a donc une étrange et captivante alchimie qui se forge entre ces deux individus et qui transforme cette lecture divertissante en une virée bien plus saisissante. Une complicité inattendue qui va permettre à l’un de redresser la tête afin de s’exprimer et à l’autre de pouvoir laisser sa vraie nature prendre les devants.
Rent-a-Girlfriend tome 1 et 2
Rent-a-Girlfriend, imaginé par Reiji Miyajima, nous présente Kazuya Kinoshita. Cet étudiant de Tokyo âgé de 20 ans vient tout juste de se faire larguer par sa petite amie. Un revers qui est très mal vécu par ce garçon qui se voyait déjà vivre une existence paisible à ses côtés. Malheureusement, il se rend compte que son caractère, un peu trop tourné vers des considérations charnelles, n’a fait que rebuter cette dernière. Se demandant s’il va finir par être seul le restant de ses jours, il se met à broyer du noir. Même ses amis ne peuvent lui redonner le sourire. Se considérant comme maladroit et malchanceux, Kazuya est persuadé que plus jamais il ne pourra trouver une copine comme son ex. Pourtant, le destin peut parfois se montrer étonnant et farceur. En effet, désespéré par cette situation, il décide d’installer l’application Diamond. Cette dernière propose de louer une petite amie. Même s’il n’est pas convaincu par un tel service, il finit par céder. A ses yeux, cela pourrait être une chance de voir la lumière au bout du tunnel après tant de déboires amoureux. C’est alors qu’il va faire la rencontre de Chizuru Mizuhara, la demoiselle qu’il a choisie pour l’accompagner quelques heures. Très vite, il est ébahi par sa beauté, mais aussi par cette inaccessibilité qui l’entoure. Ayant l’impression de vivre un rêve éveillé, Kazuya se demande s’il est vraiment juste de tromper son monde au bras d’une fausse petite amie. A partir du moment où il fait la connaissance de Chizuru, son quotidien va totalement se transformer. A force de mensonges, il est parfois compliqué de retrouver le chemin de la vérité. Quand la tristesse et le désespoir acculent une personne, cette dernière cherche absolument n’importe quel réconfort. Un constat que va rapidement comprendre ce jeune homme qui n’est pas au bout de ses peines.
Rent-a-Girlfriend a déjà fait parler de lui à travers son adaptation en anime qui est disponible sur Crunchyroll ainsi que sur ADN. On avait donc ainsi déjà pu porter un regard sur ce qu’allait pouvoir proposer ce récit dans son format d’origine. Si cela peut sembler étrange, et même parfois malsain d’observer un jeune homme loué une fausse petite amie, il faut comprendre que ceci fait partie de la culture nippone. Il n’est pas rare dans le pays d’avoir accès à ce service et cela montre ainsi une réalité qui semble bien différente de la nôtre. En plus de ça, il y a aussi quelque chose de très intéressant concernant les personnages que l’on suit. On a beau voir leur relation comme étant fictive, on ne peut s’empêcher d’avoir une certaine pitié et empathie à leur égard. Ils ont beau vouloir que cette histoire coupe court, ils semblent inéluctablement attirés l’un à l’autre. On a envie que quelque chose se passe, mais en dehors de ce contrat qui lie les deux individus. En fait, Rent-a-Girlfriend parvient avec une certaine ingéniosité dans ses propos à nous dépeindre un tableau très nuancé concernant les sentiments que l’on peut avoir. L’amour peut ainsi entraîner la joie, mais aussi le désespoir, la haine, et même la jalousie. On a presque l’impression que tous les acteurs et actrices de cette œuvre sont là pour représenter une des nombreuses facettes se cachant derrière le cœur humain. On apprend donc à les connaître et surtout à voir au-delà de ce qu’ils nous montrent au départ. Des protagonistes ayant une écriture bien plus subtile qu’il n’y paraît. Outre cela, l’auteur se permet aussi de jouer à fond la carte du quiproquo qui va ainsi montrer à quel point un mensonge peut devenir virulent et entraîner d’autres cachotteries de plus en plus grosses et difficiles à dissimuler. Un cercle vicieux dont il vaut mieux sortir au plus vite sous peine de blesser encore plus de monde. C’est en tout cas une excellente surprise que l’on a eue en nous plongeant dans ces deux actes.
SPEOPE tome 2
SPEOPE, imaginé par Kia Asamiya, nous avait laissés alors que l’on avait fait la connaissance de l’équipage du “Fragile”. Alors que Opéra Cat Rune vaquait à ses occupations en tant que coursière interplanétaire en compagnie de ses deux acolytes, leur dernière mission leur a réservé bon nombre de surprises. En plus de devoir se frotter à de nombreux dangers, ennemis et menaces en tout genre, le trio va clairement avoir son lot d’aventures pendant ce périple. C’est au détriment de leur vaisseau qu’ils réussissent à accomplir leur objectif et à conduire leur passagère au lieu désirée. Ils ne comprirent alors que sur le tard qu’ils venaient d’entrer en contact avec une très vieille civilisation que tout le monde pensait éteinte depuis fort longtemps. Afin de les remercier et de les récompenser, leur cliente leur offre une réplique de leur ancienne navette avec quelques ajouts qui risquent fort de les surprendre. Après de telles péripéties, le groupe décide de profiter de leur voyage de retour pour faire quelques tests. Une manière pour eux d’inaugurer leur nouveau moyen de transport malgré le fait qu’ils ne sachent pas du tout ce que leur réserve cette carcasse d’acier. C’est durant ce vol d’essai qu’ils vont faire la découverte de nombreux débris disséminés dans l’espace. Tout cela laisse suggérer à un tragique incident ayant provoqué la destruction de cette navette. La question est maintenant de savoir s’il y a encore des survivants parmi tout ce chaos. L’univers peut réserver bien des surprises et Opéra va une fois de plus s’en rendre compte. A la fois surprenante et source d’émerveillement, l’espace peut aussi être un lieu dangereux où le moindre faux peut avoir de terribles conséquences. Le voile se lève sur le second acte de l’épopée de cette jeune fille et de ses deux comparses.
Si l’on avait apprécié le premier tome de SPEOPE, on était surtout très curieux de voir comment le récit allait évoluer. Après avoir posé les bases d’un univers semblant tout simplement énorme, l’auteur devait maintenant nous donner un fil rouge à suivre. Ce second acte va ainsi avoir la lourde tâche de nous proposer un scénario auquel on accroche tout en gardant cette alchimie qu’il avait trouvé au départ dans la conception de son environnement. On peut clairement dire que le pari est réussi, car il ne faut pas longtemps au lecteur que l’on est pour retrouver ce sentiment d’évasion que l’on avait eu précédemment. Accompagner cet équipage dans ses diverses péripéties à quelque chose d’incroyablement grisant et nous donne ce sentiment de vivre une grande aventure. En plus de ça, cette lecture va se diviser en deux grandes parties. La première va surtout chercher à nous émouvoir et aussi à nous montrer à quel point les dangers qui jonchent cette galaxie peuvent aussi dissimuler de véritables trésors. Des moments où l’on se pose juste pour admirer le spectacle et ainsi comprendre que l’on n’est pas uniquement devant un environnement violent. Vient ensuite la seconde partie de cette lecture et cette fois, on a enfin pu dégager une intrigue qui va s’étaler sur le long terme et ainsi nous donner un but auquel nous rattacher. Un objectif qui va nous permettre d’en apprendre bien plus sur le monde que l’on visite ainsi que sur plusieurs personnages que l’on suit. Le simple fait d’avoir imaginé cette quête à réaliser nous permet d’éveiller à nouveau l’explorateur qui sommeillait en nous. SPEOPE n’est pas uniquement un récit de science-fiction où l’on passe d’une planète à l’autre sans rien en tirer. C’est avant tout une épopée spatiale qui souhaite nous immerger totalement au sein de cette équipe dont on a envie de faire partie.
Une brève histoire du Robo-Sapiens tome 1 et 2
Une brève histoire du Robo-Sapiens, imaginé par Toranosuke Shimada, nous plonge dans un avenir très lointain. Un futur où les hommes et les robots cohabitent et s’entraident étroitement afin d’avancer dans la même direction. Pourtant, malgré tous leurs efforts, il semble inéluctable que les deux groupes atteignent une triste conclusion. Un destin pouvant sembler fataliste, mais qui est aussi la représentation de ce monde en perpétuelle évolution ainsi que les conséquences de tous ces individus. C’est dans ce contexte que l’on fait la connaissance d’une “récupératrice” de robots, d’un “robot libre”, et de “timenautes”, des androïdes à la vie quasi-éternelle. Ces trois créations de l’Homme vont alors être les témoins de ce futur incertain qui se rapproche inlassablement. Entre réalisation de leur devoir et questionnement personnel, ces êtres artificiels semblent prendre conscience de quelque chose d’important. La vie peut bien s’éteindre lentement pour ces deux peuples, elle peut aussi être source de nombreux moments de joie, de doutes et d’avancée. Le temps défile et les humains disparaissent pour laisser place à de nouvelles générations accompagnées de ces machines à la longévité spectaculaire. C’est à travers le regard de ces derniers que cette planète évolue, grandit et dépérit finalement. Un cycle tout à fait classique, mais qui engendre aussi de nombreuses questions et peurs. Quel sera le rôle de ces robots dans cette course contre le temps qui ne peut être gagnée ? L’humanité finira-t-elle par péricliter sans la moindre porte de sortie ? Voici donc le récit d’un monde en perdition où les gens tentent bien que mal d’oublier cet état de fait sous le regard neutre de ces protecteurs d’acier. L’humanité peut se trouver là où on l’attend le moins.
Encore une fois, Noeve Grafx nous gratifie d’une œuvre atypique, mais absolument fantastique dans ce qu’elle raconte. Se terminant en deux tomes, on savait déjà que l’on allait avoir la conclusion de ce récit avec cet envoi. On tient à le dire, la science-fiction n’est pas vraiment notre genre de prédilection. Malgré tout, on était curieux de voir ce qu’allait donner cette courte série en matière d’écriture et de thématiques. On n’a clairement pas été déçu à ce niveau-là. Véritable ode à cette cohabitation entre les machines et l’Homme, l’auteur souhaite avant tout nous dépeindre cette fin inéluctable que l’on sent planer tout au long de l’aventure. Pourtant, que cela soit à travers ce qui est conté et le dessin, rien ne laisse supposer qu’un tel drame arrive. C’est là qu’est toute la force de cette licence qui parvient à nous préparer à une conclusion qui ferait peur à n’importe qui, mais sans jamais partir dans la violence ou la douleur. Tout est fait pour sublimer ces derniers instants que l’on passe avec tous ces individus que l’on rencontre. Cela nous donne presque le sentiment d’être le témoin privilégié de ce que vont devenir tous ces gens. Une manière de faire perdurer la mémoire de tout un monde à travers l’esprit du lecteur. Outre tout ça, il est remarquable aussi d’avoir surtout le point de vue des androïdes qui ponctuent la narration et qui sont autant de fils rouges à suivre. En fait, ils ont beau rester cantonnés aux directives qu’ils ont, on ne peut s’empêcher d’avoir un profond attachement pour ces derniers. On a presque la sensation par moment que leur humanité va s’éveiller d’un coup tant ils sont sur le point de franchir cette frontière entre le robot et son créateur. Un manga qui parvient autant à nous donner un sentiment de froideur au départ par son côté très épuré pour au final comprendre que cela sert à nous concentrer sur l’essentiel. Un rappel à l’ordre sur cette nécessité de se poser parfois et de se laisser aller à une certaine mélancolie et nostalgie. La vie a beau sembler longue, elle est en réalité très courte et il faut parfois s’arrêter pour mieux apprécier ce qui nous entoure. Une leçon qui nous est transmise non pas par ces hommes fictifs, mais bel et bien par ces individus fait de câbles et d’aciers. Une petite pépite et une expérience littéraire formidable.