Berserk of Gluttony tome 1 : une faim insatiable
Il y a un genre de lecture que l’on n’a malheureusement trop peu l’occasion de lire. Il s’agit des light novel qui peuvent être de formidables invitations à voyager et surtout à créer des univers incroyables. C’est aussi souvent un formidable matériau de base qui va ensuite donner naissance à de nombreuses adaptations. On s’est donc dit qu’il serait pertinent de se pencher sur l’un d’entre eux et c’est Mahô Editions qui nous a permis de le faire récemment. En effet, la jeune maison d’édition vient tout juste de sortir sa toute nouvelle licence répondant au nom de Berserk of Gluttony. Rien que par sa couverture, ce titre nous proposait déjà une ambiance qui nous donnait de l’espoir pour la suite. On a donc pris le temps de savourer cette épopée avant de mettre à l’écrit ce que l’on a pu observer tout au long de notre périple. Force est de constater que l’on a le droit à un premier volume qui présente autant très bien l’univers que l’on va parcourir un certain moment. Un récit présentant de nombreux atouts et qui joue habilement sur cette frontière entre le bien et le mal. L’heure est donc venue d’assister au combat d’un jeune homme particulièrement affamé.
Les malheurs d’un jeune homme
Berserk of Gluttony, imaginé par Ichika Isshiki et illustré par Fame, nous plonge dans un monde de dark-fantasy. Sur ces terres pouvant se montrer inhospitalières existent deux types de personnes. Celles ayant été dotées de compétences puissantes et les autres qui n’ont rien. Fate, modeste garde en poste à l’une des portes de la ville, a toujours fait partie de cette seconde catégorie. Chassé de son propre village et contraint à devoir se débrouiller seul depuis sa plus tendre enfance, le voilà devenu un simple gardien qui se fait martyriser par ceux se trouvant au-dessus de lui. Il faut dire qu’il n’a pas eu de chance depuis sa naissance. En effet, il ne possède qu’un seul pouvoir qui agit comme une malédiction. A cause de cette dernière, il affiche toujours une faim insatiable. Peu importe la quantité de nourritures qu’il ingurgite, son ventre finit toujours par le tirailler de nouveau. Cela fait maintenant des années qu’il doit subir cette situation qui rend son quotidien tout simplement insoutenable. Pourtant, il est loin d’imaginer le potentiel qui se cache derrière cette compétence qui ressemble plus à un fardeau. Ce n’est que par le plus grand des hasards qu’il va finir par découvrir toute la force dont il peut faire preuve. Un soir, alors qu’il est de service, une ombre apparaît devant lui. Un voleur cherchant à fuir et qui se trouvait maintenant nez à nez avec ce soldat peu aguerri. Malgré tout, son sens du devoir lui intime l’ordre d’arrêter cet individu suspect.
Suite à une brève altercation, l’inconnu périt alors de la main de Fate. Tremblant de tout son être après avoir ôté pour la première fois une vie, sa peur va alors être remplacée par une immense surprise. En effet, sa compétence va s’activer d’un coup et dévorer l’âme du malheureux dont le corps est encore chaud. Ne comprenant pas ce qu’il se passe, il entend alors une étrange voix inorganique résonner dans sa tête. Il a assimilé les compétences de son adversaire pour qu’elles s’ajoutent aux siennes. Voilà donc la vérité se cachant derrière ce pouvoir qu’il a tant maudit pendant toutes ces années. Pour la première fois de sa vie, le sentiment de faim qui le rongeait s’était atténué. De nouvelles perspectives s’offrent alors à lui tandis qu’il imagine déjà la puissance qu’il pourrait obtenir. Ainsi débute son très long périple afin de se renforcer et de protéger celle qu’il aime. Malheureusement, chaque capacité a un coût et il pourrait bien se rendre compte trop tard du prix qu’il devra payer si jamais la faim reprend le contrôle. Au plus profond de son être, un tout nouveau combat débute entre Fate, le garçon innocent et pétri de bonnes intentions, et cette silhouette macabre qui désire le plonger dans la folie. Il y a des secrets qu’il vaut mieux parfois ne pas dévoiler sous peine de voir sa vie être changée à tout jamais. Plus de retour en arrière possible et la question est maintenant de savoir combien de temps il pourra tenir.
A travers ce synopsis, Berserk of Gluttony va jouer sur la particularité propre à son jeune héros. Pourtant, là où on a l’habitude de voir un individu se surpasser et faire de sa différence une redoutable force, ici c’est un tout autre chemin que l’on va prendre. Déjà, cela va introduire un système propre à ce monde particulièrement fascinant et qui laisse présager d’un énorme potentiel pour l’avenir. Que cela soit par rapport à tous les personnages présentés, les monstres qui grouillent sur ces terres ou simplement les objets, il y a beaucoup de choses à dire.
Un concept intéressant
Tout d’abord, il est important de noter que les univers de fantasy ou dark-fantasy ont déjà été traités à de maintes reprises. Ce terreau a toujours été idéal pour le combiner aux codes du jeu vidéo à travers une montée de niveau, l’acquisition de nouvelles compétences et autres éléments correspondant à ce média. On peut donc avoir l’impression que ce premier volume de Berserk of Gluttony nous emmène en terrain connu. Pourtant, le titre va se permettre d’utiliser ces outils réguliers pour façonner sa propre idée. C’est ainsi que naît cette opposition entre les deux types de gens qui arpentent ce monde inédit. Si l’on se concentre avant tout sur Fate et sa capacité si particulière, il faut aussi prendre en compte ce que cela implique concernant le reste des gens. Si les dangers sont nombreux à l’extérieur, on souhaite avant tout nous dépeindre à quel point l’être humain peut être cruel avec ses semblables. On a donc une profonde empathie qui va apparaître à l’égard de ce jeune homme qui n’a jamais voulu être brimé à ce point. Il a juste eu la malchance de naître avec cette compétence effroyable et de ce fait, de ne même pas pouvoir monter de niveau. Un constat terrible sur ces contrées où le pouvoir fait tout. On souhaite alors créer réellement un environnement peu propice à l’épanouissement tout au long de ce premier volume au départ. Une manière de montrer la cruauté de ces individus qui prennent les autres de haut et d’avoir envie d’assister à la rébellion de Fate à l’égard de ses détracteurs.
En fait, on pourrait aisément diviser ce récit en deux grandes parties à ce niveau-là. La première est justement pour nous faire imaginer une ville où l’on se moque des plus faibles. Cela nourrit notre amertume et notre désir que tout ça cesse. Sur cet aspect, l’auteur fait fort étant donné que l’on partage rapidement toute la peine et la souffrance de notre héros. C’est alors qu’arrive ce rayon de lumière qui va le sauver des ténèbres qui l’emportait. Symbolisé par l’autre personnage central du récit, son entrée va bousculer les fondements de cette société. Notre obsession en tant que lecteur n’est donc plus uniquement de contempler Fate se libérer de ses chaînes, mais d’assister à son combat pour préserver cet espoir qui réchauffe le cœur dans cette terrifiante obscurité. On va donc sans cesse être tiraillé tout au long de notre lecture entre cette bonté bienvenue et la noirceur qui s’étend tout autour. En plus de véhiculer un message fort concernant l’acceptation au sein des différentes classes sociales, l’auteur va aussi utiliser à merveille cette notion de bien et de mal, mais qui n’est pas forcément propre à ce que l’on a l’habitude d’entendre. Après tout, ce premier tome ne nous plonge pas tellement en dehors de la protection de cette cité. C’est donc avant tout une opposition entre ce que l’homme est capable de faire, que cela soit positif ou négatif. Notre boussole morale est donc sans cesse perturbée par tout ce que les gens sont capables de faire et ce qui ronge Fate au plus profond de lui. Une représentation très péjorative due à cette société basée directement sur la différence et non le rapprochement.
En dehors de toutes les mécaniques qui tournent autour de ce monde, Berserk of Gluttony va surtout briller dans ce premier volume par rapport à son protagoniste. Notre jeune Fate ne va avoir de cesse d’être au cœur de nos préoccupations au vu de ce qui le ronge. Une très bonne utilisation d’un des 7 péchés capitaux qui ne va avoir de cesse de jouer en sa défaveur. Même s’il découvre ce que cette compétence peut lui apporter, c’est aussi ce qu’elle contraint de faire qui va le hanter chaque jour durant. Un combat quotidien où tout peut basculer si jamais il affiche un seul moment de faiblesse.
Un héros pouvant basculer à tout moment
Voici sûrement ce qui forme la principale force de cette introduction à Berserk of Gluttony. Tout repose sur le personnage de Fate qui va rapidement montrer qu’il n’est pas comme le commun des mortels. Si sa compétence unique l’a fait beaucoup souffrir par rapport à ses échanges avec son entourage, on ouvre rapidement les yeux sur ce qu’elle peut aussi lui apporter. C’est alors que l’on entre dans le cœur du récit, mais aussi l’intrigue la plus captivante qui soit dans cette lecture. Le fait d’utiliser le péché de la gloutonnerie comme compétence va ainsi autant apporter une dimension intéressante à la construction du personnage que nous amener sur une approche plus symbolique. Tout d’abord, cette faculté est présentée comme une véritable malédiction qui assaille constamment son porteur qui ne cherche qu’à se nourrir sans jamais être comblé. En plus de ça, cela vaut à Fate la mise à l’écart par l’ensemble de la société. Mais c’est finalement dans ce malheur que l’on nous présente l’unique porte de sortie pour le jeune homme. Notre regard change alors un tant soit peu où l’on prend conscience de la puissance qui se cache derrière cette faim intenable. Dès cet instant, notre héros devient une toile blanche d’une grandeur inimaginable symbolisant tout ce qu’il peut devenir. Grâce à son don, le voilà capable, à force d’âmes et de combats, de devenir l’être le plus puissant de ce monde corrompu. L’auteur joue donc avec les extrémités à travers son personnage et pas uniquement sur son potentiel qui passe de zéro à l’infini.
On va alors attaquer directement le cœur du sujet qui n’est autre que le prix à payer. Tout au long de la lecture, on nous fait comprendre que chaque compétence peut avoir des conséquences. C’est pareil pour la gloutonnerie de Fate qui va nous le présenter comme un funambule devant constamment garder l’équilibre. En fait, plus on avance dans le récit et plus cette compétence qui nous paraissait presque géniale pendant un temps dévoile toute sa noirceur. Au même titre que notre héros, on prend conscience bien trop tard du poids que cela signifie d’éveiller cette compétence. Il suffit alors d’un rien pour qu’il bascule à nouveau dans cette souffrance qui peut le conduire jusqu’à la folie et lui faire commettre l’irréparable. Berserk of Gluttony nous tient donc en haleine par ce concept qui ne cesse de prendre de l’ampleur au fil des chapitres. En plus, on est à la fois captivé et effrayé de voir que tout semble s’assombrir et conduire à un cheminement parsemé de tristesse. Tout devient ainsi à double tranchant. Se rassasier est nécessaire, mais cela renforce l’appétit de la gourmandise. Une faculté qui ne peut se contenter éternellement du menu fretin et cette menace constante va renforcer cette atmosphère qui nous accompagne tout au long de cette première escapade. Même quand tout semble calme et joyeux, on ne peut sortir de notre esprit le fait que cela n’est qu’éphémère. Une épée de Damoclès plane au-dessus de la tête de ce jeune guerrier et l’on reste sans voix en la voyant se rapprocher petit à petit. Une tension qui transforme cette lecture en une virée infernale qui nous prend aux tripes.
Berserk of Gluttony accomplit ce que tout bon premier tome doit faire à savoir nous dépeindre la scène, le décor, les acteurs et actrices, mais aussi les enjeux à venir. Avec son rythme qui monte en intensité et surtout des idées prometteuses, ce light novel offre un voyage intéressant et surtout affichant un immense potentiel. On prend alors un malin plaisir à suivre le parcours de ce jeune garçon qui se présente comme une véritable bombe à retardement. Cette faim dévorante et insatiable pourrait bien lui coûter très cher et l’inviter à un banquet qu’il aurait largement préféré éviter.
Berserk of Gluttony nous met l’eau à la bouche
En nous lançant dans Berserk of Gluttony, on se demandait bien où allait nous conduire l’histoire. Rien qu’en contemplant sa couverture, on pouvait sentir qu’il allait être question de dualité. Cependant, on ne s’attendait pas à ce que cela soit fait avec autant de pertinence dans les propos tenus. L’utilisation de la gloutonnerie est parfaitement utilisée et transforme même cette compétence en un élément central ne se limitant pas uniquement au combat. Il est même réaliste de dire que cette faculté est autant le meilleur allié de Fate que le véritable antagoniste de cette histoire. En tout cas, cette première partie donne clairement l’élan nécessaire au scénario pour capter notre attention et préparer de grandes choses par la suite. De même, le travail d’écriture concernant notre jeune ami est soigné et permet autant d’avoir une sympathie à son égard qu’une certaine crainte à l’idée de ce qu’il pourrait devenir. Cette notion de bien et de mal est constamment ancrée dans cette œuvre avec un protagoniste qui ne cesse de passer de l’un à l’autre. Un combat qui peut sembler éternel ou bien perdu d’avance, mais qui contribue grandement au suspens que l’on peut avoir ici. En plus de ça, l’auteur se permet aussi quelques petits indices ou éléments nous permettant de travailler notre imagination pour le futur de la série. Un bon compromis entre action, informations et mise en place du décor ainsi que du système régissant la vie de tous ces gens.
Berserk of Gluttony est un très bon divertissement et qui a surtout le potentiel pour devenir encore plus palpitant par la suite. Ce light novel se lit rapidement et l’on ne s’ennuie jamais tant l’équilibre entre quotidien paisible et combats épiques est bien amené. C’est donc avec joie que l’on recommande ce titre qui plaira autant aux amoureux de dark-fantasy qu’à ceux souhaitant découvrir un héros qui peut basculer à tout moment. Un récit où l’on ne sait pas sur quel pied danser concernant le jeune Fate dont l’avenir semble bien incertain. En souhaitant faire le bien, il pourrait bien au final sombrer dans des ténèbres dont il ne pourrait ressortir. La légende d’un héros qui peut autant apporter la lumière qu’amener le chaos tout autour de lui. Un écrit qui sera parvenu à nous faire voyager et vivre un premier acte fort plaisant, mais qui brille surtout par sa faculté à nous faire imaginer tout un tas de scénarios possibles. Bien sûr qui dit fin de lecture dit aussi de nombreuses questions qui nous trottent dans la tête. Est-ce que Fate finira par succomber à la faim ? Deviendra-t-il un apôtre du chaos ou l’exception qui changera le monde ? Qu’en est-il des gens autour de lui ? Est-ce qu’ils finiront par comprendre ce qu’il est vraiment ? Est-il le seul à être dans cette situation ? On a très hâte de voir comment tout ça va évoluer au fur et à mesure des péripéties.
N’hésitez pas à partager dans les commentaires votre propre avis ainsi que votre ressenti concernant ce premier tome de Berserk of Gluttony. Avez-vous apprécié le principe de base qui entoure notre jeune héros ? Trouvez-vous qu’il y a un gros potentiel pour la suite de cette aventure ? L’univers proposé vous a-t-il convaincu ou trouvez-vous qu’il peut rapidement proposer quelque chose d’intéressant ? Avez-vous apprécié la part de mystère qui englobe certaines règles de cet univers et surtout ce qui entoure notre nouvel ami durant sa quête pour se sustenter ? Qu’attendez-vous pour la suite de la licence ? On reste à votre disposition pour pouvoir échanger, discuter et débattre autour de ce sujet 🙂