Terrarium tome 1 : vivre parmi les machines
Parfois, il arrive que l’on tombe sur des œuvres qui s’avèrent être des petites pépites. Des séries qui recèlent des montagnes de richesse et parviennent à raconter de formidables aventures à travers quelques cases. On tombe alors devant des ouvrages qui nous parlent profondément et qui n’ont pas besoin de plus pour capter toute notre attention. On a connu ça très récemment avec la dernière licence en date de chez Glénat. C’est en effet au sein de leur catalogue que l’on a pu découvrir Terrarium, un manga ayant fait ses débuts il y a seulement quelques jours. On a été très rapidement interpellé par cette saga grâce à la qualité de ses couvertures. Rien qu’en posant nos yeux dessus, on avait la sensation de voyager et elles donnaient aussi un bon aperçu de ce qui allait nous attendre. Pourtant, en nous plongeant dans ce prologue du voyage de nos deux nouveaux amis, on a été bluffé par la qualité de l’écriture. Une lecture qui nous aura mis une belle petite claque dans ce domaine et où les émotions furent plus que palpables à chaque nouvelle page. Il est donc grand temps d’accompagner un duo hors du commun dans son périple pour sauver leur monde.
Un monde en perdition
Terrarium, imaginée par Yuna Hirasawa, nous plonge dans un monde en ruine où l’humanité est sur le déclin. C’est suite à une terrible guerre qu’une bonne partie de la civilisation fut réduite en cendres. Les rares humains qui subsistent se sont réfugiés dans un lieu étrange qui est censé pouvoir offrir tout ce qui est nécessaire en matière de ressources de manière automatique et continue. C’est dans ce contexte que l’on fait la connaissance de la jeune Chico. Cette demoiselle est une technologue d’investigation qui est partie pour une longue expédition en compagnie de son petit frère Pino. Ces deux individus se mettent alors à arpenter des colonies délabrées où des robots poursuivent leurs tâches comme si de rien n’était. Chargé d’une mission de la plus haute importance, ce tandem doit absolument récupérer tout ce qui est nécessaire afin de permettre à leur foyer de survivre ne serait-ce que quelques jours de plus. Cependant, pour pouvoir accomplir leur devoir, ils vont devoir se confronter à ces créations de l’Homme qui continuent de vaquer inexorablement à leurs occupations. De simples machines qui pourraient se briser facilement si Chico le souhaitait et ainsi accélérer son voyage. Malheureusement pour ses supérieurs, elle n’est pas du genre à suivre le chemin de facilité. Même si la faim l’assaille et que le danger est présent partout, la jeune fille reste inflexible concernant ces principes au grand dam de son petit frère.
Une fois qu’elle a quelque chose en tête, il est très difficile, voire impossible, de lui faire changer d’avis. C’est ainsi que les deux explorateurs vont tenter d’accompagner tous ces robots dans leurs derniers souhaits. Même si celui-ci peut sembler irréalisable ou tout simplement en contradiction avec leur tâche, Chico et Pino vont tout faire pour trouver un moyen de les soulager. Malgré tout, leurs efforts sont-ils vraiment utiles quand la fin de toute vie se rapproche d’heure en heure ? Et si la véritable menace de ce monde ne venait pas de cet environnement dangereux, mais de ceux qui essayent de s’en emparer. L’être humain est un loup pour toutes les autres espèces et sa vraie nature peut aisément reprendre le dessus. Le monstre n’est pas forcément celui que l’on croit et la frontière entre machines et êtres humains s’estompe de plus en plus. Ces amas d’aciers et de câbles pourraient bien faire preuve de plus d’humanité que n’importe quel homme. Un constat que va découvrir Chico qui risque fort de porter un autre regard sur ce monde et ce qui a provoqué tous ces malheurs. Voici donc le périple de deux âmes qui s’égarent dans les méandres de cet endroit gigantesque à la recherche de ce maigre espoir pouvant préserver leur futur. C’est au cours de leur voyage et de chaque rencontre qu’ils vont faire que leur expédition va trouver tout son sens. Le temps est compté, mais il faut aussi savoir profiter de l’instant présent.
Terrarium est tout d’abord une œuvre qui se savoure juste en contemplant ce qui nous est proposé. Porté par un trait soigné, le manga va alors retenir notre intérêt par cet environnement fait d’acier qui pourtant arrive à présenter une certaine beauté. C’est par la suite que l’on va être happé par la profondeur qui se cache derrière cette formidable épopée. Explorer ces lieux en compagnie de ces deux personnages va alors nous faire réfléchir à de nombreux sujets qui vont autant porter sur la robotique que sur le monde en général, et même la notion de vie. Une introduction qui va bien plus loin que le simple divertissement.
Un périple à la fois beau et déchirant
Autant le dire tout de suite, il y a énormément de choses à dire sur ce premier volume de Terrarium. Tout d’abord, le duo que l’on suit est fantastique, car il parvient autant à apporter une dose d’humour qu’à appuyer les moments où l’émotion est palpable. Dans un monde où l’espoir n’est quasiment plus permis et la destruction presque inévitable, ils arrivent pourtant à nous donner le sourire. Ils ont beau être diamétralement opposés dans leur comportement, on sent ce côté fratrie où l’on se chamaille gentiment. On a donc des protagonistes attachants et qui vont montrer toute leur puissance dès l’instant qu’ils vont croiser tous ces robots lâchés dans la nature. Étant donné qu’ils doivent s’occuper de ces derniers afin de récupérer certaines ressources, ils se confrontent souvent à de nombreux problèmes. Alors que Pino est plus dans l’optique d’accélérer les choses pour remplir leur mission au plus vite, Chico ne peut rester indifférente devant ces machines. On aborde alors l’un des plus gros atouts de cette série qui concerne toutes ces petites péripéties que l’on va vivre à travers le regard de ces deux individus. Les échanges qu’il peut y avoir avec les divers robots que l’on croise nous mettent une place en matière d’écriture et surtout d’humanisation. A chaque fois, on n’a nullement l’impression d’avoir devant nous un être artificiel, mais bel et bien une personne à part entière qui essaye tant bien que mal d’accomplir son devoir. Tous les problèmes que vont devoir résoudre nos deux amis vont alors mettre en évidence cette empathie que l’on peut avoir pour ces créatures qui errent dans ces zones.
Comme souvent, on souhaite montrer qu’un automate peut transcender son statut pour se rapprocher de l’homme. Cependant, ce premier volume va aussi avoir l’effet inverse en nous montrant que l’être humain peut aussi être une machine froide faisant des ravages considérables. En fait, on a même presque plus envie de rester en compagnie de ces robots que de faire la connaissance de ces gens qui restent cloîtrés chez eux. Au même titre que Chico, on a cette envie de suivre les pas de ces derniers vestiges qui continuent de s’animer jusqu’à ce qu’ils n’aient plus la moindre énergie. On pourrait même considérer ce premier volume comme une succession de cas où chacun va nous émouvoir profondément. De même, il y a cette volonté de montrer tout ce que l’être humain a perdu par sa stupidité. Ce que l’on connaît et nous semble normal en tant que lecteur semble irréel pour ces deux jeunes qui découvrent aussi cet univers au fur et à mesure de leur avancée. A la fois poétique et dramatique, Terrarium propose un premier acte tout simplement magistral dans sa manière d’exposer les faiblesses de l’Humanité tout en effaçant la ligne séparant les machines et leurs maîtres. On passe alors par tout un tas de sentiments que cela soit la joie, l’amusement, la tristesse ou même le deuil. Un véritable florilège d’émotions qui trouve parfaitement son sens au sein de ces pages.
Quand on y pense, Terrarium a parfaitement su combiner des éléments vus dans de nombreuses autres œuvres et à en extraire une identité qui lui est propre. Il n’y a pas un seul instant où l’on n’est pas emporté par les péripéties de ce tandem qui s’avère encore plein de mystères. A la fois dense et bien rythmé, ce premier volume nous comble donc sur beaucoup d’éléments et va même nous faire verser une petite larme à de multiples reprises. Une saga qui met en avant des êtres artificiels, mais qui pourtant déborde d’une très grande humanité. Chaque rencontre devient alors un souvenir ancré à jamais dans notre esprit.
Terrarium touche la corde sensible
C’est donc un véritable coup de cœur que l’on a eu pour ce premier tome de Terrarium. A la fois intelligent dans ses propos et ses personnages, poétique dans ses décors et bouleversant dans ce qu’il raconte, ce manga fait une entrée fracassante. Il y a une justesse incroyable qui se dégage de chaque élément et qui nous donne l’impression de croire à tout ce qui nous est raconté. Pendant quelques minutes, on quitte notre salon pour être aux côtés de ce binôme qui essaye tant bien que mal de ralentir l’inévitable. Chaque situation, chaque moment passé en compagnie d’un des personnages ou simplement chaque instant où l’on pose le regard sur ce monde suffisent à nous convaincre de la grandeur de ce titre. Particulièrement sincère dans ce qui est véhiculé au sein de ces pages, la mangaka a su insuffler une âme unique en son genre à son œuvre. On a beau être immergé dans un environnement en perdition, la fin qui semble planer sur tous ces gens n’est pas la plus importante. C’est avant tout une histoire qui nous parle de l’instant présent, de l’amusement, mais aussi de ce qui fait réellement que quelqu’un est humain ou non. Si la conclusion de ce scénario nous intrigue, on est dans l’exemple type d’aventure où le voyage est plus beau que la destination. Une virée presque onirique qui flirte avec le récit humaniste et qui utilise à merveille la science-fiction pour appuyer tous ces sujets amenés sur la table.
On est heureux de voir que derrière cette couverture qui nous avait interpellés se trouve un conte encore plus magique qu’on pouvait le penser. En donnant naissance à Chico, la mangaka a vraiment voulu que l’on puisse s’identifier à elle. Une jeune fille qui a beau avoir un lourd fardeau sur ses épaules, continue inlassablement de rester fidèle à ses principes. On partage alors tout ce qu’elle ressent et l’on a les mêmes réflexions qu’elle au fil de ses expériences. Si vous êtes fan de récit futuriste se rapprochant même du titre d’anticipation et que vous désirez un manga à la fois bienveillant et bouleversant, alors Terrarium est fait pour vous. On pourrait même dire que cette série peut s’adresser au plus grand nombre tant les thématiques abordées peuvent parler à un large public. Il faut maintenant espérer que la qualité sera toujours au rendez-vous par la suite. Bien évidemment, on ne peut se quitter sans aborder les multiples questions qui nous restent en tête. Est-ce qu’il est vraiment possible de sauvegarder ce monde en perdition ? Chico va-t-elle continuer à suivre ses idéaux malgré l’urgence de la situation ? Que leur réserve la suite de leur périple ? Est-ce qu’ils vont continuer à tomber sur des robots aussi émouvants ? Il nous tarde de reprendre ce périple qui nous offre bien des frissons. Une invitation à rêver, mais aussi à réfléchir sur ce qui nous entoure. Il faut parfois prendre le temps de savourer l’instant présent, car le futur peut réserver bien des surprises.
N’hésitez pas à partager dans les commentaires votre propre avis ainsi que votre ressenti concernant ce premier volume de Terrarium. Avez-vous eu une certaine attache pour cette fratrie particulièrement singulière ? Croyez-vous qu’ils pourront venir à bout de leur mission au vu de l’état de ce monde ? Pensez-vous que l’on va continuer à aller de réflexion en réflexion au fil de la série ? Avez-vous trouvé qu’il y avait une très belle justesse dans ce qui nous était raconté au sein de ce tome ? Est-ce que, selon vous, la frontière entre humains et robots s’est effacée au sein de ces pages ? Qu’attendez-vous pour la suite de la licence ? On reste à votre disposition pour échanger, discuter et débattre autour de ce sujet.