Rosen Blood tome 1 : un entretien qui tourne mal
Il n’y a pas à dire, on a le droit cette année à une montagne de nouvelles licences chez tous les éditeurs. Un aspect fantastique, car il permet d’avoir une diversité grandissante dans ce milieu déjà conséquent. Cependant, cela signifie aussi que bon nombre de séries peuvent se noyer au sein de ce raz-de-marée qui frappe nos librairies. C’est pour ça que l’on a envie de se pencher aussi sur des œuvres qui ne sont pas forcément les plus connues, mais qui méritent pourtant que l’on s’attarde dessus. Voilà pourquoi aujourd’hui on va évoquer une nouveauté venant tout droit du catalogue de Pika répondant au nom de Rosen Blood. Rien que par sa couverture, ce premier volume avait attiré notre attention même si le résumé nous laissait présager d’une épopée assez convenue au vu des codes utilités. Pourtant, cette lecture aura révélé bon nombre de choses pertinentes notamment au niveau de l’écriture de certains pans du récit. Un univers en apparence sinistre, mais qui va surtout être propice à une cohabitation mouvementée où la plupart des personnages ont du mordant. L’heure est donc venue d’assister aux déboires d’une jeune femme dans son nouveau travail.
Un voyage qui finit mal
Rosen Blood, imaginée par Kachiru Ishizue, nous plonge dans un monde imaginaire où l’on fait la rencontre de Stella. Cette jeune femme recherche activement un travail et a une opportunité qui se profile à l’horizon. Alors qu’elle est en route pour se diriger vers ce lieu, son fiacre subit un terrible accident. Perdant connaissance, elle ne se réveille que bien plus tard dans une chambre qui lui est totalement inconnue. Stella semble avoir atterri dans un manoir splendide et luxueux qui est loin d’être abandonné. En effet, il ne lui faut pas longtemps pour faire la connaissance des quatre habitants des lieux. Quatre éphèbes qui semblent très intéressés par leur jeune invitée. Voulant à présent reprendre la route, la demoiselle s’apprête à partir pour ne pas louper l’occasion qui lui était offerte. Malheureusement, ses sauveurs lui affirment qu’il vaut mieux ne pas quitter l’enceinte de la demeure et lui font miroiter un poste de domestique parmi eux. Cette simple nouvelle suffit à la combler de joie et elle finit par accepter sans se poser la moindre question sur les raisons d’une telle insistance. C’est ainsi que débute son nouveau quotidien parmi ce petit groupe dont les membres ne semblent pourtant pas liés par le sang. Malgré ses craintes de départ, elle met un point d’honneur à accomplir son devoir et semble apporter un peu de douceur au sein de ces murs luxueux, mais pourtant empreints d’une grande tristesse. Les jours défilent et rien ne semble pouvoir entacher cette nouvelle existence.
Mais tout n’est pas aussi idyllique qu’elle pourrait l’imaginer. Au fur et à mesure de son travail en ce lieu, elle se met à avoir pas mal de questions qui lui trottent dans la tête. Par exemple, pourquoi certaines pièces sont interdites d’accès ? De plus, il lui arrive d’entendre d’étranges bruits certaines nuits comme si une bête semblait rôder dans les couloirs de ce foyer. Elle ignore totalement qu’elle vient d’entrer dans une cage dorée cernée de ronces où le plus grand danger ne vient pas de l’extérieur, mais bel et bien de l’intérieur. Il est sûr que de nombreux secrets se cachent au sein de ces sombres couloirs et Stella comprend très bien qu’elle doit se méfier de ses quatre nouveaux camarades. Après tout, leur doux regard se teinte parfois d’une faim étrange dès qu’ils posent les yeux sur elle. Aucune échappatoire ne semble être possible et la jeune femme va se retrouver au beau milieu d’un charme funeste dont la seule planche de salut risque de la surprendre. Sa curiosité pourrait bien la conduire à lever le voile sur la réelle identité de ses hôtes, mais aussi de la condamner à un sort funeste. Une nouvelle vie qui pouvait sembler paradisiaque, mais qui pourrait bien la conduire finalement à un enfer sans nom. La vigilance est maintenant de mise pour espérer ne pas être surpris au détour d’un couloir par ce danger qui rôde dans l’ombre et qui semble avoir jeté son dévolu sur la nouvelle occupante des lieux. Voici donc le récit de cette cohabitation sanglante.
Autant le dire tout de suite, Rosen Blood ne se démarque pas par son originalité. Il suffit de s’attarder quelques instants sur le synopsis pour retrouver un style déjà bien connu et qui a eu maintes interprétations au fil des années. Cependant, comme on le dit très souvent, ce n’est pas parce que l’on propose un récit classique que celui-ci n’est pas attrayant. C’est exactement le cas ici où il faut s’attarder quelque temps sur le contenu pour déceler plusieurs éléments pouvant laisser présager d’une aventure prometteuse et surtout distrayante. Une virée au sein d’un manoir où les mystères servent très bien d’appât pour nous envoûter.
Un quotidien mouvementé
Dès les premières minutes de lecture, on sent que Rosen Blood réutilise beaucoup de codes des œuvres tournant autour de ces êtres de la nuit. On peut donc aisément retrouver des mécaniques qui étaient très courantes dans ce domaine, mais qui ne vont pas empêcher à ce premier volume de proposer des idées et des traitements d’intéressants. C’est notamment le cas concernant Stella et les quatre habitants du manoir. En fait, il est captivant de voir que l’on aborde le mythe de ces créatures légendaires non pas d’un point de vue tant surnaturel que plutôt comme une malédiction. On sent cette emprise funeste qu’à ce désir qui les ronge et qui les détruit petit à petit, les obligeant à s’enfermer dans ce lieu loin de tout. L’arrivée de Stella permet ainsi de bousculer le calvaire de ces derniers qui devient encore plus difficile à la vue d’une inconnue parmi eux. Ils ont beau nous être présentés comme de splendides jeunes hommes bien sous tout rapport, on entrevoit ce qui se passe derrière leur masque. Un contraste qui va de pair avec cette atmosphère mystique et étrange qui s’intensifie tout au long de notre aventure progressive au sein de cet environnement. Un bon point au niveau des acteurs, mais qui va aussi être sublimé par l’aura qui entoure l’endroit où se déroule l’action. En effet, on est directement transposé dans ce manoir qui nous éblouit autant qu’il nous offre un sentiment de malaise. On a beau voir Stella être assez réceptive à cet environnement.
Plus on en apprend sur cet endroit et plus on ouvre les yeux sur le côté mystérieux de l’œuvre. On a beau savoir assez rapidement ce qui se passe et le statut particulier des pensionnaires de cette résidence, on ne peut s’empêcher d’avoir tout un tas de questions qui nous trottent dans la tête. Une curiosité qui anime notre désir d’en apprendre plus et de vouloir connaître tous les tenants et aboutissants de ce scénario. En fait, ce premier volume joue habilement sur cet aspect découverte et secrets à révéler pour que cela impacte autant le lecteur que notre héroïne. C’est justement en brisant son ignorance qu’elle bascule dans un tout autre monde et cette évolution dans l’écriture est bien amenée. En dehors de ça, on est dans une introduction qui va s’approprier les codes du genre, mais sans pour autant les tordre afin d’en faire quelque chose d’autre. La mangaka les utilise pour ensuite y insuffler sa propre vision et son imaginaire. Cela donne justement cette sensation d’avancer en terrain connu, mais d’avoir quand même de l’attrait pour ces éléments qui viennent ajouter du piment à ce voyage. De plus, on a aussi le droit à certaines révélations qui vont permettre à ce premier jet de nous proposer une expérience à la limite entre l’effroi et la splendeur. Une approche singulière et pertinente qui donne naissance à un premier acte loin d’être inintéressant. Il va être crucial de voir comment l’intrigue va se développer par la suite pour pleinement prendre conscience de ce que la licence peut amener en matière d’écriture et d’évolution.
Rosen Blood nous délivre un premier tome qui remplit très bien son rôle qui n’est autre que de servir de base pour que l’on puisse ensuite s’étendre plus en détail sur tous ces acteurs. On aime bien la manière dont interagit notre jeune héroïne au sein de ce lieu maudit où la peur se fait grandissante au vu des propriétaires. Maîtrisant bien son aspect énigmatique, la série sait comment attiser notre curiosité et peut donner quelques surprises intéressantes dans les prochains chapitres. Un conte qui est surtout sublimé par son atmosphère et par ces gens qui font vivre ce spectacle.
Rosen Blood plante ses crocs
Comme dit un peu plus haut, Rosen Blood nous dessine une épopée qui semble convenue, mais qui parvient suffisamment à s’affranchir de certains clichés du genre pour que l’on soit attiré par tout ce qu’il peut proposer par la suite. On tient à souligner le formidable travail de la mangaka au niveau du dessin et de l’ambiance qui apportent énormément à l’expérience ressentie. On a été emporté par le mysticisme et le surnaturel qui nous assaillent sans pour autant être omniprésents. Cette série parvient à nous donner ce sentiment d’être enfermé dans un lieu, au même titre que Stella, où tout semble presque onirique. A la fois élégant et inquiétant, le trait de l’artiste exprime à merveille ce fragile équilibre qui semble régner entre ces murs. Avec sa faculté à nourrir notre curiosité et surtout à nous proposer quelques idées pertinentes pour la suite, on peut qualifier ce premier voyage de prometteur et réussissant à remettre en avant un genre qui était très fréquent il n’y a encore pas si longtemps. En plus de ça, on a le droit à des personnages qui ne sont pas uniquement considérés comme des monstres, mais des êtres maudits qui nous partagent aisément leurs souffrances. Des acteurs bien plus humains qu’il n’y paraît et dont la venue de cette nouvelle personne pourrait apporter un changement de taille. C’est donc autant dans l’optique de voir s’ils vont succomber à leur appel de sang ou bien lutter contre elles qui va aussi faire l’intérêt des prochains volumes de la série.
Ce que l’on retient de cette nouvelle découverte littéraire vient de sa qualité graphique, mais aussi de ce qu’il laisse présager pour le futur. On passe donc un bon moment au sein de ce groupe qui reste encore si mystérieux et qui n’attend plus que nous pour se dévoiler. Rosen Blood peut, à travers ce premier volume, parler facilement à ceux qui apprécient le genre propre à ces créatures nocturnes, mais qui peut aussi être une épopée plaisante pour ceux désirant une lecture qui joue avant tout sur le surnaturel, mais avec une approche très humaine. Voilà une série qui, pour l’instant, ne révolutionne pas son concept de base, mais parvient suffisamment à s’affranchir de la plupart des clichés habituels pour que l’on adhère et ainsi mettre en scène un spectacle qui nous divertit pendant toute la durée de notre périple. Il est donc maintenant temps de terminer cette chronique avec nos nombreuses questions suite à la lecture de cet ouvrage. Est-ce que l’on va en apprendre plus sur les origines des maîtres de ce lieu ? Stella va-t-elle réussir à changer la donne ou bien devenir une victime dont personne ne s’inquiétera de la disparition ? Quel est le secret qui se cache derrière les ronces et les salles mystérieuses de cette bâtisse ? Il ne reste plus qu’à attendre pour savoir de quoi il en retourne.
N’hésitez pas à partager dans les commentaires votre propre avis ainsi que votre ressenti concernant ce premier volume de Rosen Blood. Avez-vous apprécié la présentation et le début de construction des divers personnages ? Trouvez-vous que le mystère autour de ce lieu et de ses occupants éveille suffisamment la curiosité ? Pensez-vous que le récit parviendra à se démarquer par la suite à travers une évolution intéressante des relations ? Croyez-vous que l’on aura le droit à quelques surprises au cours de notre exploration de ce domaine ? Qu’attendez-vous pour la suite de cette licence ? On reste à votre disposition pour échanger, discuter et débattre autour de ce sujet.