Soten no Ken

Soten no Ken tome 1 : Le roi des enfers fait des siennes

On le sait, les rééditions sont devenues assez fréquentes notamment ces dernières années. Il s’agit toujours d’un excellent moyen pour remettre en avant un titre qui date ou simplement de le faire découvrir aux nouvelles générations de lecteurs. Il est alors toujours savoureux de voir comment peut être perçu un tel manga après tant d’années. C’est ce que l’on va voir aujourd’hui étant donné que le sujet de cette chronique porte sur Soten no Ken. Ce prequel à la légendaire série Hokuto no Ken refait surface chez Mangetsu qui renforce ainsi sa collection Tetsuo Hara. N’ayant pas eu l’occasion de découvrir ce titre lors de sa première parution, cette annonce était l’occasion rêvée de combler ce manque. C’est pour ça que l’on s’est jeté sur ce premier volume assez imposant où l’on renoue avec ce style si spécifique à l’auteur. Si l’on retrouve beaucoup d’éléments qui nous rappellent forcément la première œuvre du mangaka, celle-ci va tout de même réussir à se dissocier de son aîné pour proposer une aventure aussi brutale que captivante. Il est donc grand temps de voir le périple d’un autre héritier du Hokuto Shinken.

Retour au bercail

Soten no KenSoten no Ken, dessiné par Tetsuo Hara et supervisé par Buronson, nous plonge à Shanghai en 1932. A cette période, la ville est aux mains de la pègre locale. Deux groupes parviennent à tirer leur épingle du jeu et entrent forcément en collision l’une contre l’autre. Le premier est le Syndicat de Jade, un rassemblement d’hommes et de femmes qui semblent avoir une forme d’éthique et de code honneur malgré leurs activités criminelles. De l’autre côté se trouve L’union du Pavot Sanglant qui cherche à tout prix à s’emparer des territoires de leur opposant. Contrairement à leur rival, les membres de cette organisation n’ont absolument aucun scrupule et n’hésitent pas à manipuler, torturer et tuer tous ceux qui se dressent sur leur route. Cependant, il est dit qu’un être hors du commun a fait son apparition au milieu de ce conflit. Il fut surnommé Yanwang, “le roi des enfers”, et eut un impact considérable sur l’ascension du Syndicat allant même jusqu’à terrasser les principaux chefs de leur concurrent. Après toute cette affaire, il aurait disparu sans laisser la moindre trace, confiant la ville à ses frères d’armes et partenaires. Trois ans plus tard, il semblerait que la paix durement acquise s’apprête à voler en éclats. La ville est en proie à un chaos sans précédent tandis que les anciennes rivalités renaissent. Plus personne n’ose alors s’approcher de cet endroit où la mort est présente à chaque coin de rue. Les habitants font de leur mieux pour survivre en espérant qu’un jour le roi des enfers refasse son apparition.

Loin de là, au Japon, un homme s’apprête à voir sa vie totalement chamboulée. Répondant au nom de Kenshirô Kasumi, ce colosse s’avère être professeur dans un lycée très prisé pour filles. Ce géant coule des jours paisibles jusqu’à ce que l’une de ses vieilles connaissances fasse son apparition. La visite de cet ancien membre du Syndicat de Jade va provoquer une véritable tempête dans le cœur de Kenshirô qui ne peut plus rester de marbre face à ce qui se passe sur son ancien terrain de chasse. Porteur d’une terrible nouvelle, son ami va réveiller celui qui autrefois faisait trembler tous les gangsters de Shanghai. Yanwang, le roi des enfers, s’apprête à faire son retour au sein de ce pays qu’il pensait avoir définitivement quitté. Il se rend compte qu’il est très difficile d’oublier son passé et ceux qui se déclarent souverain de la ville vont devoir faire face au pire des prédateurs. L’héritier du Hokuto Shinken, un art martial aussi précis que mortel, entame alors son voyage de retour au sein de cette contrée qu’il n’a plus vu depuis des années. Il se pourrait bien que la situation là-bas soit encore plus grave qu’il ne le pensait. Malheureusement pour ceux qui ont éveillé l’intérêt du monstre, ils vont devoir faire face à un sort encore plus terrible que la mort. Personne ne pourra venir entraver le démon dans sa quête de vengeance et de justice. Alors que Shanghai se profile à l’horizon, le professeur aimé de ses élèves se transforme en un guerrier implacable qui s’apprête à commettre un carnage.

Nous plongeant dans un contexte historique bien précis, Soten no Ken va ainsi utiliser habilement ce décor comme levier pour lancer son intrigue. Le post-apocalypse laisse place à des guerres de gang. C’est au centre de ce chaos que l’on peut contempler l’arrivée de cet homme que rien ne semble pouvoir arrêter. Un combattant aguerri et imposant qui va tout de suite attirer notre attention et nous plonger dans une quête de vengeance sanglante. On peut alors admirer tout le talent du mangaka pour que la violence se transforme en art provoquant un sentiment grisant chez le lecteur.

L’art de la brutalité

Il peut sembler difficile de se lancer dans une série se basant sur l’univers d’Hokuto no Ken sans voir l’aura de cette dernière. Bien sûr, il ne faut pas longtemps à Soten no Ken pour nous attirer par rapport à tout ce que Tetsuo Hara aime incorporer dans ses œuvres que cela soit en matière de personnages que de techniques grandioses. Cependant, ce prequel a su se démarquer à nos yeux de multiples façons. On ne voyait alors plus l’ombre de son aîné, mais une toute nouvelle épopée en compagnie d’un autre héritier du Hokuto Shinken. Cela s’exprime tout d’abord par rapport au contexte dans lequel on évolue. Ici, on est dans une société encore solide et les adversaires font partie d’une organisation criminelle redoutable. De ce fait, l’aura que dégage ce premier volume est assez particulière car on oscille entre le récit d’arts martiaux et le polar gangster. Un mélange étonnant, mais qui fonctionne à merveille grâce au trait unique de l’auteur qui parvient à donner de l’impact dans n’importe quelle scène. Rien que le fait de poser les yeux sur Kasumi nous donne l’impression de faire face à un homme au-dessus des autres. D’ailleurs, ce protagoniste va être l’une des principales qualités de cette introduction. Combattant aguerri montrant deux visages bien distincts, Kenshirô parvient autant à être sympathique que terrifiant. On sent qu’il est un homme avec des principes n’hésitant pas à venir en aide à ceux qu’il considère comme ses amis. Un individu pouvant se montrer bon au quotidien jusqu’à ce qu’il décide de prendre les choses en main.

On bascule alors dans l’aspect génie des arts martiaux. Le géant souriant et un peu gaffeur laisse place à un seigneur démoniaque qui semble imbattable. On peut constater ça à de nombreuses reprises dans ce premier acte. Il est écrit pour que l’on ait cette sensation que seul un monstre comme lui puisse le mettre en danger. Un surhomme qui va ainsi nous éblouir par son charisme, sa puissance, mais aussi sa fameuse punchline. Il est d’ailleurs très drôle à quel point ces quelques mots réveillent bon nombre de souvenirs en nous. C’est ça qui est formidable à travers cette introduction. On n’est pas uniquement projeté dans un manga qui se veut tourné entièrement vers l’action. Le mangaka n’arrête pas de parsemer son récit de drames, de moments touchants et déchirants, d’interactions fortes entre son héros et ceux qui l’entourent. Il y a ainsi un contraste entre cette brutalité si grisante propre à au style du Hokuto Shinken et ces instants où l’humain prend le pas sur le combattant. Il est vrai que Soten no Ken peut se présenter comme un immense défouloir où une armoire à glace parvient à terrasser des dizaines d’adversaires avec une aisance déconcertante. Cependant, cela serait passé à côté de tout ce que peut offrir le reste de cette série qui joue sur plusieurs tableaux. Un spin-off qui a su créer sa propre atmosphère et surtout une intrigue qui nous happe et nous donne envie de voir jusqu’où le roi des enfers ira pour punir ceux qui ont causé tant de tristesse.

On ne peut s’empêcher de ressentir une certaine nostalgie en lisant Soten no Ken. Même en n’ayant pas lu la première version parut chez nous, on retrouve cette ambiance qui nous happait quand on a découvert pour la première fois Hokuto no Ken. En plus de nous permettre d’enrichir notre regard sur le lore de cette saga à travers ce prequel, cette lecture est aussi un formidable divertissement. Un titre qui joue à fond sur cet aspect défouloir, mais qui va aussi proposer des cheminements intéressants concernant l’écriture de Kasumi et de sa vision du monde. Un artiste martial qui ne s’exprime jamais aussi bien que quand il est face à un adversaire de taille.

Soten no Ken dévoile sa puissance

Maintenant que l’on a pu découvrir ce que pouvait proposer ce premier volume de Soten no Ken, difficile de ne pas vouloir connaître la suite. Si le style artistique de Tetsuo Hara est toujours aussi redoutable quand il s’agit de scènes d’action, mais aussi d’étalage de puissance, il réussit aussi à faire preuve d’une touchante humanité. Même en nous plongeant dans les bas-fonds de cette ville rongée par la corruption et le crime, il parvient à nous montrer des gens qui restent honorables et avec des valeurs. C’est ça qui fait toute la beauté de cette lecture où l’on ressent totalement cette peine qui peut assaillir le cœur de notre géant en voyant les souffrances de son entourage. Un monstre quand il s’agit de combattre, mais qui le fait toujours pour une bonne raison. On est alors totalement admiratif de ce que cette introduction parvient à nous raconter et surtout l’écriture des divers personnages que l’on rencontre. Cela donne lieu rapidement à des scènes fortes où les plus braves ressortent toujours plus grands que ceux qui préfèrent la lâcheté. Un périple qui se veut intense, touchant et surtout qui offre une vision différente de comment le Hokuto Shinken pouvait être utilisé à travers un autre héritier. Un plaisir pour les fans de cet univers, mais aussi une excellente porte d’entrée à ceux désirant se lancer dans cette saga autour de cet art martial mortel. Même après avoir fini cette lecture, on reste impressionné par ce guerrier à la force incommensurable et au grand cœur.

Il est vraiment génial de pouvoir se lancer dans ce spin-off qui peut totalement être lu sans avoir connu la série d’origine. L’histoire se suffit largement à elle-même sans pour autant léser les fans du Hokuto qui retrouveront de nombreux clins d’œils et références. Un dessin toujours aussi impressionnant quand il s’agit d’action et un récit qui repose grandement sur une galerie de personnages déjà bien construite. On est face à une intrigue qui met en avant des notions fortes telles que l’honneur, l’amitié, la vengeance, mais aussi le courage. Cette édition est soignée et rien qu’en contemplant ce premier acte on est déjà impressionné par la richesse de ce monde qui se dessine au fil des pages. Si vous souhaitez un manga proposant un sacré défouloir, mais sans pour autant délaisser le développement de ses acteurs, alors vous devriez apprécier Soten no Ken. A présent, on se doit d’évoquer les nombreuses questions qui peuvent nous trotter dans la tête. Est-ce que Kenshirô fera face à un adversaire à sa taille ? Parviendra-t-il à accomplir sa quête ? Quel destin l’attend dans cette ville où tout a commencé ? Que lui réserve ce groupe qui a déjà une forte rancune à son égard suite à ses agissements ? Il faudra être patient pour connaître la réponse à tout ça. Quoi qu’il arrive, on répondra présent à l’appel de ce combattant légendaire.

N’hésitez pas à partager dans les commentaires votre propre avis ainsi que votre ressenti concernant ce premier volume de Soten no Ken. Avez-vous apprécié de découvrir une autre partie de l’histoire de cette fameuse école d’arts martiaux ? Trouvez-vous que notre nouvel ami dégage une prestance incroyable ? Retrouvez-vous tout ce qui fait le charme des œuvres de l’auteur, mais aussi de cet univers si brutal ? Trouvez-vous que cette introduction donne suffisamment envie de découvrir le futur de ce redoutable guerrier ? Trouvez-vous que l’on ressent toujours la puissance écrasante de ces personnages ? Qu’attendez-vous pour la suite de la licence ? On reste à votre disposition pour échanger, discuter et débattre autour de ce sujet.

© 2001 Hara Tetsuo / Buronson

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