Kengan Ashura tome 9 à 12 : un tournoi toujours plus brutal
Comme on aime souvent à le dire, il arrive que des mangas réussissent à transformer des scènes d’actions dantesques en un excellent moyen de communication pour transmettre une histoire. Voir des affrontements épiques n’est donc plus une simple question de spectacle, mais aussi une incroyable manière d’exposer et de développer les personnages. Plusieurs titres y parviennent habilement et dans le lot il y a cette série que l’on va aborder aujourd’hui. Provenant tout droit de chez Meian, cette licence s’est rapidement imposée comme un fabuleux défouloir, mais aussi une œuvre parvenant habilement à utiliser son action pour constituer le cœur de son sujet. On parle bien sûr de Kengan Ashura et plus particulièrement de la partie se déroulant entre le tome 9 et 12. Après avoir déjà évoqué à deux reprises cette saga, on avait envie d’analyser une fois de plus cette aventure brutale et sanglante. C’est une nouvelle fournée de duels dantesques qui nous est proposée au sein de ces pages et qui va parvenir à nous immerger totalement au sein de cet impressionnant tournoi. Il est donc grand temps de reprendre notre place dans les tribunes pour assister à la suite du show.
De nouvelles affiches
Kengan Ashura, scénarisé par Sandrovich Yabako et dessiné par Daromeon, nous avait laissés alors que le tournoi avait ouvert ses portes. Après des éliminatoires qui furent couronnées de succès pour Ohma et ses camarades, les voici prêts à entrer dans la cour des grands. Les plus puissantes entreprises du pays se réunissent au même endroit pour savoir qui sera digne de prendre la place du chef de l’organisation Kengan. A peine le premier combat lancé que l’excitation gagne l’assemblée. Les paris coulent à flots et chacun y va de son petit pronostic pour deviner qui ressortira vainqueur de la fosse aux lions. Cependant, les simples spectateurs ignorent totalement tout ce qui se passe en coulisses. C’est un véritable jeu de pouvoir qui a lieu et où chacun suit son propre chemin pour atteindre ses objectifs. Entre les coups bas, les tentatives de corruption, mais aussi les “accidents” malheureux, le danger est omniprésent pour les guerriers. Malgré tout, ces derniers ne peuvent qu’avoir le sourire dans une telle situation. Ils sont tous là pour des raisons différentes, mais ils ont aussi cette rage qui les anime de montrer qu’ils sont les meilleurs dans leur domaine. Tous y vont de leur style respectif pour espérer empocher la victoire, mais les surprises sont nombreuses dans cette compétition qui ne réunit que les meilleurs. Rien que dans les 16e de finale, la violence se déchaîne entre les duellistes qui teintent ce sol du sang de leur adversaire.
Pour Ohma, tout ceci n’est qu’un moyen de prouver sa force et il parvient à sortir vainqueur de son combat. Malheureusement, quelque chose ne semble pas tourner rond chez lui. Laissant parfois sa fureur prendre le dessus, l’assistance ignore totalement le prix qu’il doit payer pour recourir à cette force inhumaine. Pendant qu’il s’occupe de ce qui le ronge, tous les invités ont maintenant les yeux tournés vers les autres blocs. Cette partie du tournoi touche bientôt à sa fin, mais les derniers affrontements qui restent pourraient bien étonner tous ceux qui sont dans les gradins. Il existe bien des manières de gagner et il se pourrait que le gagnant ne soit pas celui que tout le monde pensait. Cet événement va faire s’élever des guerriers de l’ombre qui n’ont pas besoin d’une notoriété pour prouver de quoi ils sont capables. Une fois que l’on entre sur ce champ de bataille, seule la force et la technique comptent pour s’en sortir. Une leçon que les perdants vont comprendre s’ils parviennent à rester en vie face aux assauts brutaux de leur opposant. Combattre est l’unique moyen de survivre et d’exprimer toute l’histoire de ces gens qui sont prêts à encaisser les pires attaques pour graver leur nom dans la légende de ce tournoi. Alors que tout le monde est concentré sur l’issue de ce spectacle brutal, une autre force semble se mouvoir sur l’île. Est-ce que cet événement pourrait être entaché par une force externe ? Ce qui est sûr, c’est que les coups n’ont pas fini de pleuvoir.
Quand on parle de Kengan Ashura, il est impossible de ne pas évoquer l’action frénétique qui nous est proposée. Même si on a déjà pu évoquer cela par le passé, ces nouveaux volumes vont permettre à cet élément d’exprimer tout son potentiel. Une façon comme une autre de construire des personnages qui expriment tout leur talent, mais aussi leur écriture une fois dans l’arène. A la fois très visuel et explosif, ces instants vont combiner une volonté de divertir le spectateur et l’envie de montrer ce qu’il peut y avoir derrière ces montagnes de muscles. Ainsi, les poings en disent bien plus que le plus long des dialogues.
Le spectacle avant tout
Ce qui fait tout d’abord la force de Kengan Ashura, c’est bel et bien son sens du spectacle. Quand on parle de cet élément, il s’agit de cette faculté à nous happer dans ces confrontations impressionnantes en ayant l’impression d’être un simple spectateur. On se retrouve propulsé dans les tribunes à admirer le combat en se demandant inlassablement ce que la prochaine affiche va pouvoir nous réserver comme surprises. L’immersion était déjà bien présente dans les précédents tomes, mais elle atteint ici un nouveau cap par rapport aux gens que l’on observe, mais aussi à ce qui se passe en coulisses. On a beau être constamment rappelé à ce qui se déroule au cœur de cette arène, notre regard va aussi être amené à croiser celui des gens qui manigancent en dehors de cette compétition. L’attention du spectateur se divise pour mieux cerner tous les enjeux qui se cachent derrière cette organisation. S’il y a une course au sommet pour les duellistes qui participent à ce tournoi, il en est de même pour leurs employés. Chacun y va de sa petite stratégie et des camps commencent déjà à prendre de l’ampleur sur cette scène de l’ombre. Un développement de l’intrigue qui se fait sur deux fronts bien distincts et qui ne rend l’ensemble que beaucoup plus palpitant. On se demande ainsi quelles seront les conséquences des agissements en dehors du cercle de combat, mais aussi jusqu’où certains sont prêts à aller pour espérer aller le plus loin possible ici.
Il existe aussi un autre élément que l’on trouve toujours aussi pertinent et bien pensé, mais qui est encore plus appuyé ici. Dans ces quatre volumes, Ohma n’est pas du tout au centre de l’attention mise à part un moment bien précis et important. En dehors de ça, il n’est qu’un homme parmi tant d’autres et l’on en vient presque à oublier sa présence tant notre regard se porte sur ce champ de bataille. Kengan Ashura n’est pas le récit d’un seul homme et c’est l’une des grandes forces de la série. On ne sait plus où donner de la tête tant on prend un immense plaisir à voir des affiches dont on n’attendait rien et qui finalement nous délivrent un moment épique. Cela ne cesse de se multiplier au fur et à mesure que l’on progresse dans le récit et sans que cela ne perde son charme. Au contraire, on va même être heureux de contempler de nouveaux combattants qui, le temps de quelques cases, vont réussir à tirer la couverture sur eux. Qu’il soit perdant ou gagnant, chaque acteur de cette œuvre va avoir son instant sur scène et il doit simplement faire de son mieux pour marquer les esprits ou espérer rester afin de multiplier ses chances d’entrer dans les annales. On est alors témoin d’un véritable ballet martial où chaque prestation est unique et où des styles totalement différents entrent en collision afin de nous en mettre plein la vue. Un résultat plus que convaincant et qui nous implique dans ce tournoi où la brutalité devient une forme d’art dont le corps de son adversaire en est la toile.
Si l’on vient d’aborder l’importance de ces combats en matière de storytelling, il faut aussi se concentrer sur un autre point découlant directement de ces derniers. Il s’agit tout simplement de cette incertitude constante qui nous prend aux tripes au lancement de chaque rencontre. C’est après avoir vu des dizaines de duels que l’on commence à éveiller une forme d’hésitation concernant l’issue de ceux-ci. Une œuvre qui souhaite nous montrer que rien n’est jamais gagné d’avance et que notre pronostic peut être déjoué en une fraction de seconde. Un spectacle qui nous tient en haleine autant sur le déroulement de l’affrontement que sur son résultat final.
L’incertitude et le dantesque
Un autre élément qui a su être sublimé pendant ces quatre volumes de Kengan Ashura est l’effet de surprise que l’on peut ressentir pendant les confrontations. En effet, les premiers combats dont on avait été témoin avaient déjà réserver quelques excellents retournements de situation. Cependant, on suivait aussi des duellistes dont on pouvait être assez convaincu de leur victoire. C’est là que l’auteur prouve l’intelligence de son écriture, car il a tout fait pour que le doute s’insinue dans l’esprit du lecteur. Plus on avance dans ce récit et plus on se demande si la lutte que l’on suit va finalement être conforme à notre pronostic. On a ce sentiment que ce que l’on croyait sûr vole en éclats pour nous laisser totalement impuissant concernant le résultat à venir. Cela nous met dans une position inattendue qui est celle d’un simple spectateur faisant de son mieux pour deviner l’issue du match, mais qui peut tout à fait être à côté de la plaque. Ainsi, chaque rencontre est un pur moment de bonheur étant donné que l’on n’est jamais à l’abri d’un revirement spectaculaire. En parvenant à accomplir ça, le mangaka montre à la fois l’intensité et la violence de ce tournoi, mais aussi le fait que tout peut arriver au sein de cette arène. On finit alors par apprécier ce spectacle pour ce qu’il est et être ébloui par les coups donnés. D’ailleurs, on se met même à éviter tout jugement hâtif au vu du déroulé des précédentes affiches. Cela permet de souligner aussi la détermination de ces combattants qui peuvent tout à fait réaliser ce que l’on pensait impossible.
Autre point important dans l’attrait que l’on a pour la série, c’est sa faculté à coupler cette incertitude avec son aspect épique. En effet, il n’y a pas une seule confrontation qui ne nous fasse pas frissonner. C’est l’ensemble de ces duels qui construit l’âme de cette saga. On reste juste ébahi devant cette avalanche de coups qui s’abat sur chaque participant et qui pourtant se relève du mieux qu’ils peuvent. En tant que lecteur, on ne peut s’empêcher de voir l’impressionnante exagération du titre, mais c’est ce qui est génial. On a le sentiment d’être devant des surhommes qui ne peuvent trouver le bonheur que dans l’action. C’est ainsi que l’on se prend facilement au jeu et qu’on reste scotché à notre siège en admirant ces rixes d’un niveau hors du commun. D’ailleurs, il est très important de souligner le formidable travail du dessinateur qui ne s’est pas contenté de mettre en scène des êtres musclés qui se cognent constamment. Il y a aussi une excellente utilisation de l’anatomie humaine pour que l’on soit directement impacté par l’étendue des dégâts infligés. De ce fait, on est frappé dès l’instant où l’on voit des muscles être mis à mal ou bien des os fracturés comme si on avait le sentiment d’assister à ça en vrai. Tout est réfléchi pour que ce show, qui nous est proposé, soit l’attraction principale de ce manga tout en allant bien plus loin que ce que l’on peut croire au départ. Des affrontements jouissifs, mais qui sont aussi une fenêtre ouverte sur le passé de ces guerriers.
Kengan Ashura est un manga captivant à lire, mais aussi à analyser. Si l’on plonge dans un monde où tout se règle par la violence, l’auteur est tout de même parvenu à utiliser cette brutalité pour façonner une âme propre à ce récit. C’est au rythme des os qui craquent, des giclées de sang et des mâchoires brisées que cette série écrit petit à petit son histoire. On observe tout ceci en silence, parfois gagné par l’excitation du moment, et en admirant surtout ces combattants qui expriment tout leur art, mais aussi leur histoire personnelle. Un tournoi qui n’est pas uniquement là pour nous divertir.
Kengan Ashura montre son arsenal
Le plaisir est donc toujours bien présent dans Kengan Ashura. Si l’on pourrait croire, au premier abord, que le récit risquait de tourner en rond à travers cet enchaînement de combats, c’était sans compter sur le talent du mangaka pour offrir un sentiment de renouveau à chaque fois. Tout cela est couplé aux sublimes planches du dessinateur qui parvient à donner vie à ces brutes sanguinaires qui ont tous quelque chose d’unique. Que ce soit par leur physique, leurs techniques, leur caractère ou même leur histoire, ils finissent toujours par rester ancrés dans notre mémoire. En plus de ça, il y a suffisamment d’éléments en dehors du tournoi pour que l’on soit aussi intrigué par ce qui pourrait advenir pendant cette compétition. Cependant, ce manga est avant tout un exemple remarquable de ce que l’action peut véhiculer comme message, spectacle et émotions. Si l’aspect baston est toujours aussi grisant, on se met à avoir beaucoup d’empathie pour certains de ces guerriers qui donnent tout ce qu’ils ont pour l’emporter. Parfois, ils arrivent à décrocher la victoire en quelques secondes ou bien après un âpre combat, mais ils peuvent aussi tout perdre. On partage alors ce goût amer que ces individus ressentent en constatant la tristesse qui se lit sur leur visage, mais aussi les blessures qui s’incrustent dans leur corps. Une épopée musclée, mais qui n’en demeure pas moins intéressante sur le plan de l’écriture, car même un coup-de-poing peut raconter un récit palpitant.
Kengan Ashura continue donc de nous séduire et d’être un énorme coup de cœur dans sa faculté à transformer des chorégraphies martiales explosives en un scénario qui nous tient en haleine. Ce tournoi, c’est l’occasion parfaite pour tous ces personnages d’exprimer leur art, mais aussi de se dévoiler. Plus qu’une recherche de reconnaissance, c’est avant tout une démonstration de force afin de prouver la supériorité de son style par rapport aux autres. Si vous êtes amateurs de chocs bien bourrins, mais aussi d’une écriture qui se façonne à chaque coup, alors cette série est idéale pour vous. Douze tomes déjà et l’on est encore plus happé par ce déferlement de puissance et de charisme qui se dégage de ces gens qui ne craignent pas la mort. Un défouloir qui n’en oublie pas de développer le principal atout de son récit qui n’est autre que cette galerie de personnages absolument mémorable. On ne peut alors s’empêcher de se projeter sur le futur de ce tournoi en espérant de tout cœur que notre poulain préféré va réussir à passer un tour de plus. A présent, il est grand temps de se poser les questions qui nous trottent dans la tête suite à la lecture de ces quatre ouvrages. Est-ce que Ohma parviendra à se hisser jusqu’en finale ? Que nous réservent les prochaines affiches de cette compétition ? Quel style de combat réussira à surpasser tous les autres ? Qu’est-ce qui se passe en parallèle de ces affrontements ? Allons-nous assister à l’arrivée d’une nouvelle menace ? On a juste très hâte de reprendre notre place au sein de ce sanctuaire sanglant.
N’hésitez pas à partager dans les commentaires votre propre avis ainsi que votre ressenti sur le développement de Kengan Ashura. Appréciez-vous toujours la manière dont le manga traite l’écriture de ses combattants ? Avez-vous encore des frissons en voyant les confrontations qui nous sont offertes ? Quel est le participant qui vous a le plus marqué jusqu’ici ? Qui parviendra, selon vous, à se hisser au sommet de la compétition ? Appréciez-vous la manière dont chaque confrontation est utilisée pour raconter une histoire allant au-delà du simple échange de coups ? Qu’attendez-vous pour la suite de la licence ? On reste à votre disposition pour échanger, discuter et débattre autour de ce sujet.