La Danse du Soleil et de la Lune tome 1 : la renaissance du guerrier
Il arrive qu’il y ait des artistes qui arrivent à nous toucher profondément à travers leurs œuvres. De ce fait, on a toujours une envie d’en voir plus et le monde du manga ne déroge pas à la règle. L’envie de lire de nouvelles séries de nos auteurs préférés est bien présente et se renforce à chaque découverte. Ce fut exactement le cas pour le titre que l’on va aborder aujourd’hui et que l’on attendait énormément suite à son annonce. Il s’agit de La Danse du Soleil et de la Lune dont le premier volume est arrivé il y a seulement quelques jours. Rejoignant le catalogue de Ki-oon, cette nouvelle licence a vu le jour sous la plume de Daruma Matsuura, la mangaka qui a aussi fait Kasane. Cette dernière nous avait totalement conquis et l’on était curieux d’assister à la venue de cette épopée inédite. Après s’être plongé dans cette introduction, on peut dire que l’on retrouve le style si particulier de l’auteure dans un contexte qui peut donner lieu à de très belles choses par la suite. Un récit plus que prometteur et qui prend le temps de construire son intrigue pour mieux nous surprendre. L’heure est donc venue d’accompagner un homme brisé vers sa renaissance.
La déchéance d’un combattant
La Danse du Soleil et de la Lune, imaginée par Daruma Matsuura, nous emmène au Japon. On y fait la connaissance de Konosuke. Cet homme a toujours désiré suivre les préceptes de sa famille en devenant un samouraï dont l’honneur serait la priorité. Un guerrier de talent qui respecte les codes de la loyauté et doit être respectable. Ce doux rêve qu’il avait enfant n’est plus qu’un lointain souvenir maintenant. Marqué par le temps, se laissant aller et ne pouvant même pas décrocher un travail, il se contente de rester enfermé chez lui en compagnie de son homme à tout faire. Passant le plus clair de son temps à broyer du noir et à s’entraîner, il souhaite juste maintenant connaître une fin honorable comme il aurait aimé vivre. S’il n’a pas pu suivre la voie qu’il aurait aimé, c’est parce qu’il cache un lourd secret. Le métal ne peut s’empêcher de se tordre à proximité de sa peau. Impossible d’être un épéiste digne de ce nom s’il ne peut même pas tenir une arme. Alors que tout le monde croit qu’il est juste effrayé par les lames, c’est un tout autre calvaire qu’il vit au quotidien. Le seul outil qu’il se permet d’avoir est ce sabre de bois qui pend toujours à sa taille. Ce handicap joue aussi énormément sur ses possibilités d’embauche. C’est encore pire quand on l’accuse d’être un lâche ayant trop peur de se battre. Lui qui a toujours désiré être un vrai samouraï ne peut que retenir ses larmes face à toutes ces insultes. La mort est de plus en plus tentante pour cet adulte qui ne voit plus la moindre lumière dans son existence.
Il va alors provoquer des pairs en combat afin que leur katana accomplisse sa dernière volonté. Malheureusement, sa malédiction frappe de nouveau et il est impossible pour ses agresseurs de l’achever. Ils se contentent alors de le rouer de coups avant de le jeter dans le canal. Ne voulant plus résister, Konosuke se laisse emporter par le silence de cette eau qui l’entoure. C’est à ce moment précis qu’il va sentir une présence féminine à ses côtés. Sans comprendre pourquoi, il se réveille chez lui totalement déboussolé. Persuadé qu’il aurait dû périr pendant cette nuit, il n’est ramené à la réalité que par la venue d’un étrange vieil homme. Ce dernier lui présente une offre de mariage. La situation est encore plus incompréhensible pour ce guerrier déchu qui va être encore plus surpris en voyant celle qui doit devenir son épouse. Une jeune femme d’une beauté ensorcelante débarque dans sa vie et risque fort de changer à jamais son quotidien triste et morne. Il va tenter de faire la lumière sur cette inconnue qui partage maintenant sa demeure et la raison de sa présence à ses côtés. Les réponses qu’ils risquent de trouver vont l’amener dans un monde qu’il n’aurait jamais pu imaginer. Ainsi commence le récit d’un homme désemparé qui va tout faire pour remonter la pente en compagnie de son épouse aussi mystérieuse qu’envoûtante. Le samouraï raté va avoir fort à faire pour répondre aux attentes de sa moitié et surtout devenir celui qu’il aurait dû être depuis fort longtemps.
En s’attardant quelques instants sur le synopsis de La Danse du Soleil et de la Lune, on se rend compte que derrière le contexte historique proposé se cache un récit aux multiples facettes. Quand on ouvre ce premier volume on se rend à quel point on nage vers un horizon affichant de nombreuses nuances qui vont constituer l’âme de ce manga. Ce qui pouvait sembler être une tranche de vie dramatique sur fond de Japon féodal va se transformer petit à petit pour dévoiler tout son potentiel. L’étonnement est alors bien présent tandis que l’on prend conscience de ce que l’on est réellement en train de vivre.
Un récit à la frontière de plusieurs genres
Il est très important de s’attarder sur ce qui fait l’attrait de La Danse du Soleil et de la Lune. Tout repose, en grande partie, sur la narration qui nous est proposée. Au départ, on a le sentiment que l’on va suivre avant tout le parcours d’un homme détruit par la vie. Étant dans l’ignorance concernant son rapport avec le métal, on réfléchit à tout un tas de raisons l’ayant amené à un tel niveau de souffrance. C’est là qu’on se rend compte que notre esprit imagine avant tout des possibilités réalistes au vu du tableau qui nous est offert. C’est ainsi que la surprise est totale quand on voit apparaître les premiers éléments surnaturels. On est donc à la croisée des chemins où la mangaka nous délivre un formidable travail d’écriture au niveau de ses protagonistes tout en bousculant leur quotidien par un aspect plus fantastique. Il est donc très important de dissocier les deux afin de mieux comprendre pourquoi ce mélange fonctionne aussi bien. La première chose à prendre en considération est le travail réalisé autour des deux principaux protagonistes. Konosuke est un individu pour qui on a rapidement de l’empathie. Dans une époque où le statut est primordial et le devoir vital, il finit au fond du gouffre à cause de ce “mal” qui le ronge. Il vit en paria par rapport à cette société centrée sur ses vieilles traditions et ne peut espérer un seul instant avoir le droit à une existence honorable. On ressent pleinement cette détresse qui l’assaille et qui va déteindre sur nous. Ses intentions sont louables et la seule rédemption qu’il a trouvée est celle de mettre fin à ses jours comme le ferait n’importe quel samouraï respectable.
L’empathie est à son paroxysme et montre la faculté de l’artiste de donner vie à des êtres débordant d’une profonde sincérité. On a envie qu’il puisse enfin être heureux et c’est là qu’intervient sa compagne. Débarquant de nulle part, on se pose tout un tas de questions sur elle au même titre que notre ami. On s’interroge sur ses véritables intentions et l’on s’inquiète en imaginant qu’elle pourrait être là pour de mauvaises raisons. Après tout ce qu’il a vécu, on veut un peu de bonheur pour cet homme. Une lueur qui va finalement s’exprimer à travers cette demoiselle. Totalement à l’opposé l’un de l’autre, ils arrivent justement à se compléter par cette différence. Tout comme le surnaturel vient envahir cette réalité, cette inconnue s’invite dans la vie de Konosuke provoquant à la fois surprise et nouvelles possibilités. C’est cette faculté à alterner entre cette relation humaine très touchante et le mystère autour des nombreux autres éléments du manga qui rend cette lecture aussi savoureuse. On est tiraillé entre ce bonheur immédiat et l’envie d’en savoir plus sur ce don, cette femme et ce qui se dissimule dans l’ombre. Cette série soigne donc son entrée qui peut déboussoler au premier abord, mais qui finalement va prendre tout son sens au fur et à mesure de notre avancée. Si l’on ne peut trop s’attarder sur le fantastique qui s’intègre peu à peu, on tient tout de même à souligner son importance grandissante et surtout tout ce qu’il permet d’imaginer pour le futur de cette épopée. Un récit aux multiples visages tout comme ces gens qui ne se montrent pas encore sous leur véritable apparence.
La Danse du Soleil et de la Lune est un très bon reflet de ce que la mangaka est capable de faire. Elle a cette faculté de nous donner ce sentiment d’avoir un récit qui part dans une certaine direction avant d’emprunter une route annexe surprenante, mais encore plus captivante. C’est exactement ce que l’on a pu éprouver tout au long de cette lecture qui nous laisse sur une envie irrépressible de connaître la suite de cette aventure. On s’attache finalement rapidement à ces deux personnages qui vont se confronter à des obstacles de taille et où il est avant tout question de dépassement de soi.
La Danse du Soleil et de la Lune se met en garde
On était impatient de voir ce que pouvait nous réserver cette nouvelle série de Daruma Matsuura et l’on peut dire qu’on est loin d’être déçu. La Danse du Soleil et de la Lune nous délivre ici une introduction à la fois efficace et lente cherchant à nous faire adhérer à cette histoire et surtout aux personnages. Un pari réussi tant on peut ressentir une profonde empathie pour ce cher Konosuke et tous les malheurs qui se sont abattus sur lui. De plus, la narration est aussi un atout remarquable de cette saga qui est là pour nous emporter dans le quotidien de cet homme tout en nous préparant à ce qu’il pourrait arriver par la suite. Avec le surnaturel qui débarque progressivement dans la vie de ces acteurs et actrices, le champ des possibilités est immense pour les prochains actes. Voilà un manga qui a parfaitement su combiner des genres différents et surtout camoufler ça pour que le lecteur soit pleinement étonné quand cette intrusion s’effectue. Comme dans son œuvre la plus connue, la mangaka aime s’étaler afin que chaque élément soit à sa place et puisse contribuer à enrichir l’intrigue au fil des chapitres. Il y a un charme qui se dégage alors de cet ouvrage où l’on est à la fois happé par ce qui nous est présenté et intrigué de la direction que va prendre la série par la suite. Le mystère est total et joue sur notre désir d’en savoir plus. Avec ses personnages très touchants et humains dans leur comportement, l’auteure nous invite au sein d’une aventure qui affiche déjà une identité qui lui est propre.
C’est donc avec beaucoup de plaisir que l’on recommande ce premier volume de La Danse du Soleil et de la Lune. On ressent rapidement tout ce qui fait l’attrait du style de la mangaka dans un contexte très différent et surtout avec des éléments inattendus et bien pensés. En plus de ça, son trait souligne très bien toutes ces petites émotions que ses personnages expriment et rendent leur existence encore plus marquante aux yeux du lecteur. Une œuvre qui plaira sûrement à ceux ayant lu la précédente licence de la mangaka ou qui intéressera aussi ceux souhaitant une épopée littéraire parvenant à basculer d’un genre à l’autre avec une aisance déconcertante. Avec un décor historique propice à traiter de sujets graves et sérieux et la part de fantastique qui vient s’ajouter à ça, on tient un premier volume à la fois dense et bien rythmé. On a alors plus qu’une envie, c’est de nous lancer à l’assaut des prochains volumes qui devraient nous réserver encore bien des surprises. On ne peut conclure une chronique sans les traditionnelles questions que l’on se pose pour le futur de cette histoire. Est-ce que Konosuke va réussir à mettre un terme à cette sorte de faculté qu’il a ? Pourra-t-on en apprendre un peu plus sur sa jeune épouse et les mystères qui gravitent autour d’elle ? Qu’est-ce que cet univers peut encore nous cacher ? Sera-t-il possible pour ces deux êtres de profiter pleinement de leur vie de couple ? Il faut maintenant se montrer patient !
N’hésitez pas à partager dans les commentaires votre propre avis ainsi que votre ressenti concernant ce premier volume de La Danse du Soleil et de la Lune. Avez-vous apprécié ce que proposait cette introduction en matière d’histoire et de personnages ? Ces derniers sont-ils parvenus à vous toucher par leurs interactions ? Trouvez-vous qu’il y a une certaine alchimie qui se crée entre nos deux protagonistes ? Est-ce que le mystère autour de l’étrange capacité de notre guerrier vous a interpellé ? Pensez-vous que l’on va avoir le droit à un tournant intéressant de l’intrigue ? Qu’attendez-vous pour la suite de la licence ? On reste à votre disposition pour échanger, discuter et débattre autour de ce sujet.
Je commence très peu (désolé) mais je tenais à te féliciter et remercier pour cet article sur la nouvelle série de Daruuma Matsura (et je me sens moins seule à voir que toi aussi tu as lu Kasane !) Je te rejoins sur tous les points que tu as cités. La relation entre Tsuki et Konosuke brille par ces moments touchants qui les rapprochent, cette volonté presque obsessionnelle de Tsuki à briser les barrières qu’a érigé son mari autour de lui. Si Kasane comportait une touche de fantastique, la Danse du soleil et de la lune semble vouloir nous y immerger complètement. Ce qui n’est pas pour me déplaire. Au vu de la case finale, je suppose que Konosuke va apprendre à maîtriser sa capacité, celle de « manier le métal ». Je me demande si ça aura un lien avec les éléments chinois qui se composent du bois, du feu, de la terre, du métal et de l’eau. Sachant qu’on a déjà des manifestations pour les deux derniers. A voir, en tout cas en un tome l’autrice pose beaucoup d’éléments !
Merci beaucoup pour ton commentaire et aucun problème c’est déjà génial d’avoir posté ta réponse ^^
Je suis tout à fait d’accord avec toi autour de la relation entre nos deux protagonistes, mais aussi sur l’aspect fantastique qui est très prononcé notamment dans le dernier pan du tome.
Ton idée des éléments chinois est très intéressante au vu de ce que l’on a pu entrevoir et peut amener des pistes intéressantes pour la suite 🙂
[…] critiques positives ont fleuri et je ne peux que vous conseiller ceux de L’apprenti Otaku et Esprit Otaku, l’un découvrant l’autrice pour la première fois, le second la connaissant déjà depuis […]
[…] Il faut dire que la beauté de la couverture m’a attirée mais je remercie les articles de Esprit-Otaku, So-chan et de L’apprenti Otaku de m’avoir encore plus envie de le lire (va les lire […]