Une si belle couleur tome 1 et 2 : une romance aux nombreuses nuances
Cela faisait bien longtemps que l’on ne s’était pas penché sur une œuvre mettant à l’honneur une romance. Un genre qui a toujours été bien présent dans les étagères de nos librairies et qui a su donner vie à de nombreuses séries émouvantes. A nos yeux, il s’agit sûrement d’un type de manga qui peut autant nous faire vibrer sur le long terme que nous proposer des expériences courtes et pourtant très fortes. C’est ce deuxième cas de figure que l’on va aborder aujourd’hui avec un titre sorti il y a quelques semaines chez Pika. Il s’agit d’Une si belle couleur, un récit composé de seulement deux tomes qui sont arrivés simultanément. Ainsi, il nous était directement possible de donner un avis complet sur cette histoire qui avait la lourde tâche de nous séduire en très peu de pages. Après lecture de ces quelques chapitres, on a pu déceler plusieurs éléments importants faisant de cette expérience littéraire un bon moment à savourer au-delà d’un certain classicisme. En nous présentant une relation naissante entre deux étudiants, la mangaka va nous délivrer un conte portant de belles valeurs. Il est donc grand temps d’observer le rapprochement entre ces deux êtres diamétralement différents.
Une rencontre qui va tout changer
Une si belle couleur, imaginée par Keiko Iwashita, nous emmène au Japon où l’on fait la connaissance de la jeune Aya. Cette lycéenne tout à fait ordinaire est passionnée par le dessin. Toute sa vie elle n’a voulu qu’une chose, pouvoir faire de cet art son futur et ainsi exprimer tout son talent à travers son coup de crayon. Elle s’est même mise à rêver d’aller en France pour étudier là-bas et peaufiner son style pour ensuite faire carrière dans ce domaine. Malheureusement, un terrible incident va brusquement détruire tout ça. En effet, elle est soupçonnée d’avoir eu une aventure avec son professeur d’arts plastiques. Dès cet instant, les rumeurs n’ont eu de cesse d’enfler jusqu’à devenir la vérité pour bon nombre d’élèves et même certains professeurs. Ne pouvant rien faire face à cette avalanche de remarques cinglantes et de regards désapprobateurs, Aya a préféré se renfermer sur elle-même. Ne faisant plus du tout attention à ce qui l’entoure, elle en arrive même à délaisser le dessin. Cette activité qui lui donnait autrefois le sourire n’est plus qu’une source de souffrance et de mépris. Cela va aussi inquiéter son petit frère et sa mère qui ont constaté le changement d’attitude de cette dernière. Le sourire laisse place à la solitude et aux larmes sans que rien ne puisse arrêter tout ça. Il arrive pourtant qu’un événement arrive et chamboule à jamais l’existence d’une personne. C’est ce que s’apprête à vivre cette demoiselle avec la venue d’un nouvel élève au sein de sa classe.
Celui-ci répond au nom d’Aimu et vécut très longtemps en France avant de revenir dans son pays natal. Ce garçon fait rapidement grand bruit dès son arrivée au vu de son physique d’ange. Le stéréotype parfait de la coqueluche du lycée et qui va attirer le regard de tout le monde. Il est au centre de l’attention de par sa beauté, son humour, mais aussi son intelligence. Au contraire, Aya veut rester dans son coin et fait de son mieux pour n’avoir aucun contact avec cet énergumène. Malheureusement, il ne met pas longtemps à voir cette jeune fille qui fait tout pour que l’attention ne se porte pas sur elle. Interloqué et ressentant quelque chose d’unique chez Aya, il décide de l’aborder sans la moindre hésitation. Ignorant totalement ce soi-disant passif qui existe entre elle et son ancien professeur, il va lui ouvrir son cœur sans la moindre appréhension. Déterminé à se rapprocher d’elle, le beau métisse, blond aux yeux bleus, va se confronter à un véritable mur. Ce n’est pas qu’elle ne désire pas le laisser entrer dans sa vie. La peur guide surtout ses pas de voir l’avenir de cet adolescent être détruit en côtoyant une pestiférée comme elle. Il ne faut d’ailleurs pas très longtemps pour que les messes-basses commencent concernant cet élève qui ne cesse de tourner autour de l’étudiante la plus détestée de l’école. Mais peut être que cette présence est ce dont a besoin Aya pour remonter la pente. Sans même s’en rendre compte, le sourire chaleureux de son nouveau camarade de classe fissure petit à petit cette barrière qu’elle avait mise entre elle et les autres êtres humains. Le temps du changement est arrivé !
Il est vrai que si l’on s’attarde un tant soit peu sur le synopsis d’Une si belle couleur, on remarque très vite de nombreux éléments répandus dans le genre de la romance. Cependant, il est toujours bon de voir ce qu’il peut se cacher derrière ces stéréotypes pour peut-être voir des qualités surprenantes. C’est le cas ici avec une approche classique, mais diablement efficace de cette histoire d’amour capable de donner des ailes. Une relation qui va être porteuse d’espoir et d’un message bien plus complexe qu’un simple souvenir de jeunesse. Un manga où l’artiste donne vie à un fabuleux symbole.
Une histoire d’amour aussi classique qu’efficace
Quand on parle de romance, il est vrai qu’il y a une multitude d’histoires qui nous viennent en tête. Ce genre a toujours été présent dans notre vie de lecteur et cela a pu donner lieu à de formidables épopées ou à des récits plus simples, mais touchants. Une si belle couleur n’innove pas vraiment par rapport à ses aînés, mais cela ne signifie pas pour autant qu’il est dénué d’intérêt. C’est justement la manière dont la mangaka va s’approprier ces codes bien connus des lecteurs qui rendent l’ensemble de cette aventure intéressante. Par rapport à ça, on se rend compte, dès les premiers chapitres, qu’il y a quelque chose de fort qui se dégage de la relation entre nos deux protagonistes. En nous mettant au contact d’une jeune fille détruite par les dires des autres élèves, on nous présente une vie brisée qui ne sait plus vraiment quel chemin prendre. C’est finalement l’arrivée d’un électron libre qui va changer la donne et permettre à cette adolescente d’entrevoir de nouvelles possibilités. L’amour qui nous est décrit est autant l’âme de ce manga qu’un levier pour servir à traiter d’autres sujets. On va ainsi aborder le regard des autres et l’impact que cela peut avoir sur une existence avant de comprendre que le plus important est ce que l’on pense personnellement de nous. L’étincelle qu’il va y avoir entre Aya et Aimu va contribuer à sortir la première des ténèbres qui l’accablent, mais aussi venir en aide au second au vu de son parcours et de sa vision du futur.
Quand on s’attarde en détail sur le contenu de ces deux tomes, on voit très vite que les sentiments qui sont exprimés sont d’une telle sincérité que l’on parvient aisément à y croire tout en observant ce que cela peut entraîner. C’est pour ça que l’on parlait de levier, car c’est par cette rencontre que nos deux protagonistes vont finir par prendre leur destin en main. Une poussée nécessaire qui va leur apporter de la joie, mais aussi leur permettre de s’épanouir. On est ainsi appelé autant par les phases d’échanges entre eux deux que par ces instants où ils vont se ressaisir et se construire une place au sein de ce monde. La mangaka utilise à merveille cette notion d’aimer pour montrer à quel point ce sentiment peut donner des ailes. Même si certains pourront voir ça comme un peu utopique de changer du jour au lendemain, il y a dans ce lien une réalité qui nous touche énormément. Il suffit parfois d’une seule personne pour nous faire prendre conscience de ce qui est le mieux à faire. C’est exactement ce qui est raconté dans cette série et qui va aussi créer un couple pour qui on a énormément d’affection. La tendresse qui s’exprime entre eux, mais aussi les petites émotions que l’on peut lire directement sur leur visage suffisent largement à nous donner le sourire. En se lançant dans cette lecture, on découvre un ouvrage qui veut nous donner de l’espoir et aussi montrer que chacun, à sa façon, a une couleur qui lui permet de briller d’un éclat unique. Une excellente utilisation du monde de l’art pour mettre des mots à des sentiments qui peuvent dépasser l’entendement.
La romance qui s’installe tout au long de ces pages sert de noyau à Une si belle couleur. Une intrigue qui va se créer autour de nos deux protagonistes qui vont alors être les principaux acteurs de ce récit ne se contentant pas de nous émouvoir à travers leurs rapports. La beauté de ce titre vient aussi de l’écriture de ce binôme qui va sans cesse parvenir à nous toucher par leur volonté d’aller de l’avant et surtout l’impact que l’un à sur l’autre et inversement. Cette série nous délivre une peinture dont le résultat est magnifique, mais qui ne serait rien sans ceux qui tiennent le pinceau.
Un duo qui nous fait fondre
Si l’on a parlé dans la partie précédente toute l’importance que revêt cette relation, il faut aussi s’attarder sur ceux qui permettent à celle-ci d’exister. Nos deux protagonistes contribuent énormément au charme de cette série et surtout à notre intérêt tout au long de ces deux volumes. En effet, Une si belle couleur ne vise pas la passion de notre héroïne, mais bel et bien ce qui irradie de chaque être dans ce monde. On nous présente une adolescente calomniée et détestée par une grande partie de ses camarades de classe. Victime des pires ragots, on partage rapidement sa tristesse et son envie de solitude. Un sentiment renforcé dès l’instant où l’on comprend la vérité. L’arrivée de notre nouvel élève va alors avoir l’effet d’une bourrasque dans sa vie, mais aussi sur son entourage. En une fraction de secondes, on voit à quel point il cerne la détresse de cette adolescente et va rapidement lui tendre une main salvatrice. Cependant, ce n’est pas uniquement parce qu’il la sort de cet isolement que ces deux individus vont autant être marquants. A travers ses actes et ses mots, il lui fait comprendre, ainsi qu’au spectateur, ce qui fait vraiment la force d’un être humain. Chacun a sa propre couleur qui le caractérise et qui lui permet de s’épanouir dès lors qu’il accepte ce qu’il souhaite vraiment. Même si cela peut être compliqué, il nous montre qu’il faut toujours avancer et ne jamais abandonner ce qui fait battre notre cœur. Quelques paroles qui vont être tellement bien pensées que l’on ne peut qu’acquiescer devant cette vérité.
On pourrait alors comparer nos deux nouveaux amis à deux teintes qui peuvent tout à fait briller l’une et l’autre, mais qui irradient dès lors qu’elles se mélangent. Finalement, le discours de notre héros est fort, mais il l’est encore plus quand on entrevoit toute la beauté de ce couple qui s’est parfaitement trouvé. Un récit qui repose énormément sur ses deux personnages principaux et sur ce qu’ils expriment à travers les quelques défis qu’ils relèvent. En fait, ces deux âmes sont parfaitement complémentaires à tel point que l’on ne pense jamais à les voir séparer. Une alchimie unique et remarquable permettant à chacun de faire grandir l’autre. De même, les quelques figures secondaires que l’on croise vont aussi appuyer le thème principal du récit qui est que l’on a tous nos doutes, nos inquiétudes et peurs. Malgré tout, il faut avancer pas à pas en restant fidèle à la personne que l’on est. Derrière cette romance aux codes classiques, mais réussie se cache avant tout une fresque humaine d’une redoutable efficacité. Tout au long de la lecture, on s’implique dans le développement de ce binôme, mais aussi du changement qui s’opère chez tous ceux qui gravitent autour d’eux. Cette aventure offre une lumière salvatrice et bienveillante à tous ceux qui peuvent se perdre dans l’ombre. Un très bel exemple de ce que l’être humain peut apporter à ses semblables sans la moindre once de haine ou de rage. Voilà un duo qui sait comment nous donner de la joie à travers de simples gestes et un amour sincère.
Une si belle couleur est parvenu à accomplir son but premier qui n’est autre que de nous donner notre dose de tendresse. Rien qu’en posant les yeux sur nos protagonistes, le sourire est là tant il se dégage un sentiment fort entre eux. Il est vrai que l’on peut croire que tout ça rejoint les clichés du genre. Cependant, la mangaka a très bien su y incorporer une dose de sincérité qui fait que l’on est attaché à cette relation. Plus que de simplement nous toucher par la bienveillance qui existe entre eux, ce lien va aussi être porteur d’espoir et nous amener un message d’une grande importance.
Une si belle couleur nous dévoile sa toile
Comme on l’a dit pendant une bonne partie de la chronique, la romance est un genre qui affiche énormément de codes. La question n’est alors pas de savoir si l’on va avoir un sentiment de redondance, mais plutôt de voir si l’artiste derrière le manga peut réussir à y insuffler sa touche personnelle. Ce fut le cas ici avec Une si belle couleur. On a été littéralement sous le charme de ce couple qui ne part jamais dans l’excès et va même nous proposer un moment très poignant. Il est vrai que l’on peut se demander ce que cette histoire aurait pu raconter si la série s’était prolongée au-delà des deux tomes. Cependant, la mangaka a fait un remarquable travail d’écriture et de rythme pour que l’on ait le droit à une conclusion largement satisfaisante. En seulement deux actes, elle est parvenue à nous transmettre ce qu’elle désirait et ce fut juste un pur bonheur que de croiser la route de ces deux âmes. Des êtres qui n’avaient pas vraiment d’espoir en l’avenir et qui ont finalement pu entrevoir une lueur dans le regard de l’autre. Une expérience littéraire qui n’invente rien, mais qui n’en a pas besoin pour proposer un divertissement digne de ce nom. Avec un binôme pour qui on a rapidement un profond attachement et surtout une évolution captivante des deux héros, on ne peut qu’être ébloui par tout ce qui a été accompli en si peu de temps. On a même un petit pincement au cœur en se disant que c’est déjà la dernière fois que l’on verra ces deux personnages. Mais leur relation nous a partagé une partie de sa chaleur et de sa bienveillance.
Vous l’aurez donc compris en lisant ces quelques mots, mais on a été conquis par cette brève épopée qui n’a pas besoin de plus. Un récit qui n’aura duré que quelques minutes, mais qui nous aura tant partagé par le parcours de ces deux adolescents. On est face à un manga qui peut aisément traverser le temps et garder cet impact sur le lecteur tant les propos tenus sont universels. Cela fait du bien d’avoir une série dont le but est de tout bonnement mettre en scène un lien qui semble indestructible. Si vous aimez tout ce qui touche à la romance où que vous souhaitez une lecture courte, mais qui saura vous émouvoir, alors ces deux volumes pourront vous convenir. Au sein de ces pages, on a découvert des individus qui brillent par leur réalisme et surtout le bonheur qu’ils communiquent avec nous. Bien évidemment, on ne peut parler de nos futures questions étant donné que l’on est déjà à la conclusion. Malgré tout, on garde un très bon souvenir d’Aya et Aimu et l’on se met à imaginer ce qu’ils pourraient devenir à l’avenir. Ils sont libres de faire ce qu’ils veulent maintenant et c’est à nous, lecteurs, de rêver au meilleur scénario possible pour cet horizon inatteignable et pourtant si resplendissant.
N’hésitez pas à partager dans les commentaires votre propre avis ainsi que votre ressenti sur ces deux premiers volumes d’Une si belle couleur. Avez-vous été totalement séduit par l’alchimie qui se dégage de ce couple ? Trouvez-vous que ce duo parvient à raconter quelque chose de fort à travers leur parcours commun ? Auriez-vous aimé que l’aventure continue auprès de ces deux êtres ? Est-ce que vous trouvez que le manga parvient à offrir une conclusion convaincante et en adéquation avec son propos ? Pensez-vous qu’il aurait été préférable que la série puisse continuer un peu plus longtemps ? On reste à disposition pour échanger, discuter et débattre autour de ce sujet.