Kengan Ashura tome 17 à 20 : l’art du combat
On a déjà eu l’occasion d’en parler à de multiples reprises, mais Kengan Ashura fait partie de ces licences que l’on aime analyser dès la sortie d’un nouveau tome. Comme à son habitude, Meian nous a comblé sur ce point avec l’arrivée des volumes 17 à 20 récemment. Si l’on a pu, par le passé, évoquer l’habileté du mangaka à écrire une histoire reposant uniquement sur l’action, il est crucial de s’attarder aussi sur d’autres points. La suite du célèbre tournoi va ainsi être l’occasion de voir comment les combats évoluent. Il n’est pas uniquement question de victoire, mais aussi de développement autour des combattants. Nos chers participants restants vont ainsi avoir la lourde tâche de monter le niveau d’un cran. Après lecture, on peut dire qu’ils ont réussi leur pari et à travers des aspects qui méritent que l’on s’attarde dessus en détails. Encore une fois, ce n’est pas parce que l’action domine une bonne partie d’un manga que celui-ci n’en est pas moins captivant. Cette approche peut devenir une épine dorsale servant à créer un squelette incroyablement robuste. L’heure est donc venue de se lancer dans un nouveau chapitre de cette épopée pleine de testostérone.
Toujours plus haut
Kengan Ashura, scénarisé par Sandrovich Yabako et dessiné par Daromeon, s’était arrêté alors que le second tour avait enfin débuté. Ce tournoi, qui faisait vibrer tant de cœurs et déchaînait l’intérêt de ces riches spectateurs, venait d’entrer dans une nouvelle phase. Après un premier combat d’une rare intensité, c’est au tour d’Ohma de revenir au centre de l’arène. Celui que l’on surnomme l’Ashura semble bien sûr de lui et est déterminé à faire face à son opposant. Malgré l’assurance qu’il montre, un conflit en lui n’a eu de cesse de grandir. Les souvenirs de son entraînement en compagnie de son mentor refont surface et le font hésiter sur la voie qu’il doit prendre. Voulant au départ s’affranchir des chaînes du passé, il semblerait que la solution se trouve ailleurs. En continuant sur ce chemin de destruction, le danger sera autant présent pour son adversaire que pour son propre corps. En effet, les conséquences de ses techniques épuisent énormément son organisme et cela pourrait bien avoir déjà amputé une partie de ses signes vitaux. Alors que le doute s’installe en lui, l’autre combattant fait son apparition. Celui qui se présente comme un véritable démon sur cette planète, Raian, est bien décidé à réveiller le monstre qui sommeille en Ohma. Pour cette bête assoiffée de sang, rien n’est plus palpitant qu’un duel où la vie peut s’éteindre à tout instant. C’est ainsi que l’affrontement entre ces deux champions débute et il suffit de quelques instants pour que le sang commence à gicler.
Les échanges sont d’une grande violence et peu importe tout ce que fait Ohma, son opposant prend un malin plaisir à se redresser. Il n’est pas face à un adversaire comme il en a eu jusqu’ici. Devant lui se tient un être qui se repaît du chaos et de la souffrance des autres. Une montagne de muscles au talent inouï et dont l’héritage sanglant de son clan coule dans ses veines. Celui qui a tant de fois déjoué les pronostics se retrouve en mauvaise posture tandis que tous les regards sont braqués sur lui. Certains espèrent revoir ce guerrier implacable dont la rage lui permet d’écraser tous ceux qui se tiennent devant lui. D’autres préfèrent qu’ils évitent d’utiliser une telle capacité connaissant ce que cela implique pour l’organisme. Un terrible silence s’empare de l’assemblée qui ne peut que rester bouche bée devant la tournure des événements. Le choc des titans est loin d’être fini et il se pourrait bien que cette lutte éveille un tout autre talent. Après tout, c’est dans l’adversité que ces maîtres du combat peuvent développer des atouts insoupçonnés. Les autres participants reprennent leur préparation, car ils savent pertinemment que leur tour arrive bientôt. Cette seconde étape du tournoi Kengan n’aura plus rien avoir avec ce qu’il y a eu précédemment. Chacun va devoir faire preuve d’une résistance hors norme et d’une capacité d’adaptation extraordinaire pour espérer l’emporter. Rien n’est encore joué et les paris sont de nouveau ouverts !
Il est vrai que l’on pourrait croire qu’il n’y aurait plus rien à raconter autour de Kengan Ashura. En effet, le manga repose quasiment uniquement sur ses confrontations, mais c’est encore une fois tout le génie du mangaka. Il sublime chaque combat pour que cela se transforme en un dialogue où les coups remplacent les paroles. Cette nouvelle partie du tournoi ne déroge pas à la règle, mais va aussi s’attarder sur l’importance de s’adapter pour ces combattants aguerris. Il n’est plus question ici d’uniquement utiliser son talent pour gagner, mais de savoir quand il est vital de frapper pour surprendre l’adversaire.
Savoir s’adapter
Ce titre résume assez bien la manière dont évolue Kengan Ashura. Il est vrai que la notion d’adaptation a toujours été assez présente dans le manga. Cependant, elle franchit un nouveau cap au sein de ces quatre volumes. Jusqu’à présent, les concurrents ont fait face à des ennemis dont ils ne savaient rien. Mais ceux qui ont atteint le second tour doivent maintenant se confronter à des combattants ayant déjà montré une partie de leur arsenal. On entre alors dans une toute autre dimension qui avait commencé dans le tome 19 pour prendre pleinement son essor entre ces pages. Chacun sait à peu près à quoi s’attendre et il n’est donc plus seulement question d’observation, mais de savoir comment agir pour contrer la technique adverse. L’aspect stratégique se veut bien plus prononcé et va à chaque fois être représenté d’une manière différente en fonction du duel présenté. Bien évidemment, la brutalité habituelle est toujours de la partie, mais d’une manière bien plus diffuse. Ainsi, il ne s’agit pas uniquement d’une démonstration de force pouvant conclure une confrontation en une fraction de seconde. Il n’y a plus de place pour ces victoires éclairs et tous les participants se confrontent à un véritable mur en face. La douleur a beau être encore bien présente par rapport à leur précédent duel, ils vont justement faire fi de ça. Ils sont tous épuisés ou bien blessés, mais c’est justement ce qui les pousse à redoubler d’intensité dans leurs assauts.
Pour en revenir à cette question de l’adaptation, elle est très importante étant donné qu’il s’agit de ce qui dissocie ceux qui peuvent l’emporter de ceux qui resteront en retrait. Le talent ne fait pas tout et on le voit très bien tout au long de ce second tour qui va réussir à mettre à mal certains lutteurs que l’on pensait quasiment intouchables. Une surprise qui prouve le fait que Kengan Ashura n’est pas qu’un enchaînement de duels à l’intensité presque divine. Il est aussi question de ruse, d’intelligence, mais aussi d’évolution au cœur même de cette mêlée mettant à l’honneur le sang et la sueur. De ce fait, on a beau être face aux mêmes duellistes qu’au premier tour, on n’a jamais une sensation de déjà-vu. Tout est inédit et on va même découvrir de nouvelles facettes de ces individus qui ont dédié leur vie à leur art mortel. En fait, il est intéressant de noter que chaque tour de la compétition est centré autour d’un élément en particulier. La première partie se centrait sur la découverte du talent de chacun. Une vitrine idéale pour souligner ceux dont la technicité est parvenue à surclasser les autres. Dans cette seconde partie, on est justement dans une évolution naturelle de ce qui s’est passée auparavant. Il n’est plus possible de foncer tête baissée et il y a encore une forme d’apprentissage qui s’effectue sur ce champ de bataille. Chaque coup porté et évité devient une occasion en or de connaître les failles de son opposant. Résister se combine ainsi à cet instant fatidique où il faut placer le bon coup pour mettre à mal les chances de son ennemi. Une incroyable leçon d’action que nous offre ce mangaka qui a pleinement cerné toutes les possibilités de ce genre.
En plus de mettre l’accent sur la capacité d’adaptation de ces gladiateurs des temps modernes, Kengan Ashura va aussi aborder un autre point crucial. La compétition que l’on observe va ainsi devenir le terreau fertile permettant à ces hommes de s’épanouir dans le sang et la douleur. La naissance de véritables génies des arts martiaux et qui vont tout donner pour s’élever un peu plus de la mêlée. Une symbolique forte qui est au cœur de cet événement. On a beau être attiré par ce qui se passe dans l’ombre, le véritable spectacle est celui qui se passe au centre de cette arène.
L’éveil des talents
Si l’on a parlé d’adaptation dans la partie précédente, il est aussi important de traiter de l’éveil. Comme on l’a souvent dit en analysant Kengan Ashura, les combattants n’ont eu de cesse de grandir au fil de leurs affrontements. Si certains ont fini par jeter l’éponge, d’autres sont parvenus à se transcender afin de monter les échelons de la compétition. C’est exactement ce que l’on peut ressentir dans cette partie qui nous montre déjà des participants remarquables. Pourtant, leur art est encore loin d’être totalement maîtrisé. En fait, c’est à travers leur nouvel opposant qu’ils vont comprendre que leur style peut encore s’améliorer. Voilà un autre atout de ce manga qui ne se limite pas uniquement à nous montrer deux individus qui se battent. Il est aussi question d’utiliser ces rencontres comme des tremplins afin de servir à l’élaboration de nouvelles techniques ou une plus grande maîtrise. C’est en se confrontant à un mur imposant que les plus redoutables peuvent aller au-delà de leurs limites pour franchir un nouveau cap. C’est là que l’on parle d’éveil des talents. Ohma en est un très bon exemple à travers son match. Lui qui avait déjà montré un visage si diabolique le faisant passer pour un véritable démon comprend finalement quelle voie il doit entreprendre. Cela ne se limite pas uniquement à lui et chacun finit par ressortir plus fort de son duel peu importe qu’il soit victorieux ou perdant. Voilà un autre point crucial qu’il faut souligner.
On a beau être devant des gens qui luttent pour ne pas perdre et être le dernier debout, on n’a jamais le sentiment d’avoir au cœur de l’arène un résultat aussi impartial. Même celui qui s’écroule peut briller aux yeux du public y compris le lecteur. C’est pour ça que chacun d’entre eux s’inscrit dans notre esprit. On est ébahi par tant de combativité, et même s’ils perdent, ils ont gagné le cœur du spectateur que l’on est. Cela se voit aussi énormément à travers les réactions des gagnants. Ils ne considèrent jamais avoir une victoire écrasante sur l’autre. Il y a une forme de respect qui transforme ces mêlées en une lutte presque honorable entre divers artistes martiaux. Même les plus dangereux finissent par dévoiler un autre visage qui nous fait comprendre qu’entre ces murs, ils sont tous égaux. Leur place ici n’est pas déméritée et c’est ce qui rend chaque affiche aussi palpitante à suivre. On admire et l’on reste attentif à tous ces échanges de coups. D’ailleurs, il est intéressant de voir que le mangaka ne joue jamais la carte de la facilité au sein de son tournoi. Il nous est arrivé à plus d’une reprise de croire qu’une rencontre serait pliée, car semblant coller à ce que l’on imagine pour la suite de cet événement. Pourtant, la surprise est arrivée de nulle part et a totalement chamboulé notre regard sur le futur de la licence. Il est justement captivant de prendre conscience que rien n’est joué d’avance. L’auteur s’amuse avec nos propres pronostics et fait que l’incertitude nous guette à chaque nouveau coup d’envoi. On observe alors en silence en se demandant juste qui dépassera ses limites entre les deux personnes présentes au sein de l’arène.
Kengan Ashura est une œuvre totalement décomplexée et qui a su s’affranchir des limites de ce genre de manga pour montrer que l’action peut aussi créer une histoire redoutable. Une épopée qui ne se passe qu’au même endroit et avec les mêmes personnages, mais qui arrive pourtant à nous donner un pur sentiment d’excitation. Un véritable talent dans l’art du combat qui permet à chaque tome de ne jamais tomber dans la redondance. Les duels sont là, mais aucun ne ressemble à un autre. On se laisse emporter par l’effervescence de la compétition en se demandant constamment qui l’emportera finalement.
Kengan Ashura entame un nouveau tour
Comme on a pu le dire à de nombreuses reprises par le passé, Kengan Ashura est fantastique à analyser. S’il est tout à fait vrai que l’on peut apprécier la série pour le spectacle qu’elle propose, il est aussi fascinant de voir comment cette série parvient autant à capter notre attention. Après tout, il est très difficile de rester ancré dans un schéma fait pour se répéter tout en parvenant à ne jamais ennuyer le lecteur. C’est là tout le génie du mangaka qui a parfaitement su transformer un défilé de combats en une succession d’histoires où l’on est emporté par ce qui est raconté à travers chaque coup. En plus de ça, il faut aussi souligner le formidable travail du dessinateur qui nous en met encore plein les yeux au niveau des planches. On ressent cet agglutinement de testostérones qui n’attend plus que d’exploser dans un déferlement de techniques, assauts et autres prises. Encore une fois, on a beau être derrière Ohma qui trône à la place de personnage principal, on est tout autant attiré par les autres participants. Qu’ils soient victorieux ou perdants, ils arrivent à marquer les esprits par leur volonté de ne rien lâcher et surtout leur maîtrise des arts martiaux. Une opposition d’un nombre incroyable de styles et d’écoles qui donnent tout simplement envie que ce tournoi ne s’arrête jamais. Une compétition où chaque nouvelle étape parvient à raconter quelque chose d’inédit et à contribuer au développement de tous ces personnages. Une parfaite maîtrise de l’action qui prend ici un tout autre sens.
On se rapproche petit à petit de la fin de Kengan Ashura et même après 20 tomes, la formule fonctionne toujours autant. Elle est même devenue encore plus efficace, par tous ces petits ajouts qui viennent enrichir la narration. En dehors de ça, la licence reste un pur défouloir qui sait comment nous donner cette impression de n’être qu’un spectateur parmi tant d’autres. Un témoin, présent dans les gradins, dont l’excitation se renforce au fur et à mesure que les duels défilent devant ses yeux. On est pleinement immergé dans cette arène où la subtilité n’a pas vraiment sa place. Un tournoi qui rentre dans la légende et qui pourtant a encore pas mal de choses à nous raconter maintenant que l’on attaque une toute nouvelle phase. On est alors impatient de voir ce que la suite nous réserve même si cette envie est teintée d’une certaine tristesse à l’idée que ses combattants aguerris puissent bientôt faire leurs adieux. Cette série nous montre que l’action peut être un formidable levier sur lequel reposer tout un scénario. Si vous avez apprécié la série jusqu’ici, ces quatre tomes sauront largement vous combler. A présent, les quelques questions que l’on se pose ne sont finalement que peu de choses devant le show proposé. Après tout, même nos pronostics les plus solides peuvent être balayés d’un revers de la main. Tout est possible au sein de cette zone où règne la loi du plus fort. La seule attente que l’on a et qui grandit au fil des actes est de connaître l’identité du champion parmi les champions.
N’hésitez pas à partager dans les commentaires votre propre avis ainsi que votre ressenti concernant ces volumes de Kengan Ashura. Appréciez-vous toujours autant la tournure que prend ce tournoi ainsi que cette escalade dans la violence ? Trouvez-vous que l’auteur a parfaitement su utiliser l’action comme outil pour écrire son histoire ? Pensez-vous que l’on va encore avoir le droit à pas mal de surprises pour la suite de la compétition ? Quel est le combattant qui vous a le plus marqué jusqu’ici ? Quel est l’affrontement qui vous a le plus fait vibrer tout au long de ces tomes ? Qu’attendez-vous pour le futur de la licence ? On reste à votre disposition pour échanger, discuter et débattre autour de ce sujet.