Yû Ishigami : un personnage si humain
Cela faisait longtemps que je n’avais pas abordé le cas précis d’un personnage. Un rendez-vous qui m’avait manqué et que j’ai décidé de ramener sur le devant de la scène après avoir bien réfléchi sur l’individu que je mettrais en avant. Finalement, le choix s’est fait assez vite, car il y un individu que je voulais traiter depuis un long moment et dont la série fut bien présente cette saison. Vous aurez compris, il s’agit de Yû Ishigami de Kaguya-sama Love is War. La dernière saison en date de l’anime est actuellement en cours sur Crunchyroll et Wakanim tandis que le manga est disponible chez Pika. Mais pourquoi parler de cet étudiant alors que l’on aurait très bien pu s’attarder sur Shirogane ou Kaguya ? En fait, je me suis rendu compte que si j’aime énormément la petite bataille qui oppose ces deux protagonistes, Ishigami est sans doute le personnage qui a été, pour l’instant, le mieux traité en aussi peu de temps. Que ce soit dans le manga ou son adaptation en anime, ce jeune homme nous fait rire, mais va aussi être la source de nombreuses émotions au vu de tout ce qu’il nous raconte. Il est donc grand temps de retrouver le trésorier du bureau des élèves.
Un membre du BDE qui brille par sa normalité
Ce qui nous saute rapidement aux yeux quand on découvre pour la première fois Ishigami est son caractère. Véritable pessimiste dans l’âme, il passe le plus clair de son temps à jouer et surtout ne vient que très rarement au BDE malgré sa fonction. Un personnage qui se fait énormément de films à chacune de ses apparitions et qui, en plus de ça, est loin d’être un exemple de réussite au niveau de ses notes. Et c’est là que son développement s’avère déjà intéressant par rapport à son environnement. Quand on le voit, on se demande ce qu’il fait dans un lycée aussi prestigieux au vu de son attitude qui, en réalité, résonne bien plus comme un élève lambda. Il a beau être très doué concernant tout ce qui touche à l’informatique et la trésorerie, il ne cherche jamais à mettre en avant ses talents. C’est encore plus flagrant lorsqu’il est entouré des autres membres du conseil des élèves. Il évolue en compagnie d’élèves remarquables avec Shirogane et Kaguya qui trônent aux premières places du classement. Même Chika arrive à se démarquer aussi derrière son attitude désinvolte par sa prouesse au piano. Tout ceci fait que lorsque l’on pose les yeux sur Ishigami, on ne voit pas un autre étudiant exceptionnel, mais un lycéen banal qui se retrouve entouré de personnages charismatiques. Cependant, si l’on pourrait croire qu’il fait tâche au sein de cet établissement, c’est justement sa normalité qui le rend aussi sympathique aux yeux du public. En effet, il nous fait bien rire au vu de son caractère surprenant, mais surtout il parle directement à toutes ces personnes qui sont comme lui. Des gens tout à fait ordinaires et qui peuvent facilement se transposer à la place de ce garçon. C’est en tout cas comme ça que nous est présenté cet étudiant qui a beau faire partie du groupe est quand même à part dans tout ce qu’il présente.
Encore une fois, c’est ce qui rend en premier lieu cette figure intéressante à suivre. On se demande comment sa vision du monde va pouvoir influencer ses camarades, mais aussi la manière dont il peut changer à leur contact. Alors que l’on est dans une histoire où l’on suit avant tout le combat de deux personnages pour savoir qui se déclare en premier, Ishigami est celui qui fait le plus preuve de sincérité. Il ne va jamais par quatre chemins même si cela lui joue des tours et cela va en totale opposition avec ce duo qui trône le devant de la scène. C’est pour ça que dès qu’il débarque, on se dit qu’il peut tout chambouler d’une simple phrase sans vraiment prendre en considération ce que cela peut entraîner. Une spontanéité qui va même s’exprimer dans les derniers épisodes en date et qui fait une partie du charme de ce personnage. Il est ce camarade avec qui on peut passer du bon temps sans se soucier pleinement de ce qui nous entoure et vivre des délires inconcevables. Tout ça est ce que l’on peut ressentir au tout début du récit. Une présentation réussie de la part de l’auteur qui réussit à briser cette impressionnante supériorité qui se dégage de ces élèves en y introduisant un individu qui va en totale opposition à tout ce que met en valeur cet établissement. Pourtant, si cette intégration d’Ishigami est plus qu’efficace, ce n’était pas suffisant pour le mangaka. Il va petit à petit développer son personnage afin de nous faire comprendre l’envers du décor et la raison qui le pousse à détester les couples et qui a éveillé sa vision sombre du monde. Si l’on a le droit à un focus conséquent sur les deux stars du manga et que l’on a un comic relief en la personne de Chiaki, on va se retrouver d’un coup devant un lycéen qui va totalement se saisir de notre attention.
Le garçon ayant connu la solitude
On entre ici dans une toute autre facette d’Ishigami. Elle va pleinement s’exprimer dès lors que l’on entame le moment où il rejoint les supporters et que son passé refait surface. Le joyeux clown que l’on avait vu jusqu’ici et qui nous faisait bien rire dévoile alors des souvenirs qui le rongent encore aujourd’hui. Quand on est face à ce retour en arrière, on est à la fois dégoûté pour lui, triste et profondément affecté par ce qu’il a subi. Un garçon qui pensait faire de son mieux pour aider une amie et qui se retrouve à être chassé par tout le monde et ignoré par les enseignants. On comprend alors pourquoi il a une haine envers les couples, mais aussi de manière générale pourquoi il a du mal à voir le bon autour de lui. Un jeune homme qui fut mis à l’écart, considéré comme un pestiféré et surtout une brute alors qu’il a simplement voulu bien faire. Il devient alors une figure bien plus forte qu’on pourrait le croire représentant tristement à quel point le milieu scolaire peut être impitoyable. Il suffit de ne pas être apprécié par certains pour qu’un quotidien se transforme en un véritable calvaire. C’est encore plus tragique que l’on voit que personne ne l’a soutenu alors qu’il sombrait de plus en plus dans une terrible dépression. Ce n’est que grâce à Shirogane qu’il a pu retrouver un semblant de vie et reconstruire ce qui fut détruit. Ainsi, ce personnage qui pouvait sembler secondaire au premier abord a fini par devenir un individu qui attire tout autant le regard que notre tandem principal. C’est là que l’on va aborder quelque chose de fort concernant l’écriture d’Ishigami. Il est le seul à avoir eu le droit à un développement aussi poussé concernant son passé et ce qui a bien pu le façonner comme le lycéen que l’on connaît actuellement.
Il est vrai que le président et Kaguya sont au cœur de l’intrigue, mais le mangaka a su créer un camarade de classe que l’on a envie de suivre. S’il continue de nous faire rire et sourire, il est aussi devenu un personnage que l’on a envie de voir grandir et d’enfin être pleinement heureux. Que son regard assombri par l’hostilité des autres s’efface pour laisser place à un visage radieux. C’est exactement ce qui se passe de manière progressive dans l’anime et arrive aussi dans le manga. On le voit petit à petit s’ouvrir aux autres et faire des efforts incroyables à ses yeux pour faire face à ses anciens traumatismes. Il ouvre les yeux sur le fait que tout le monde n’est pas aussi mauvais que ceux qu’il a pu rencontrer au collège et on entrevoit une détermination inédite en lui qui nous comble de joie. Ainsi, il est captivant de voir à quel point Ishigami est devenu un personnage que les gens adorent suivre par rapport à tout ce qu’il est. On peut autant l’apprécier pour son côté loufoque et décalé dans ses interactions avec les autres que profondément touché par la sincérité qui se dégage de ce dernier. Une fois de plus, Aka Akasaka a su renforcer l’aspect humain de cet élève qui brille d’une aura totalement différente de ses amis. Il a le droit à un traitement spécifique qui nous parle grandement, car il est le reflet de tous ceux qui ont été opprimés par un système qui joue avant tout sur le succès et la réputation plutôt que sur l’écoute. Un mal-être profond qui peut résonner en beaucoup de spectateurs et où l’on fait directement face à cette terrible injustice. C’est pour ça que sans même s’attarder totalement sur Ishigami, Kaguya-sama est une oeuvre qui va bien plus loin que la simple comédie romantique. Beaucoup de sujets sont traités, de manière plus ou moins subtile, tout au long de cette aventure et notre trésorier ne déroge pas à la règle. Il est l’une des plus belles réussites de cette série et parvient à se hisser au même niveau que tous les protagonistes importants de la licence.
Yû Ishigami nous fait vibrer
Quand on voit tout ce qui a été fait autour d’Ishigami, on se rend compte à quel point ce personnage a su prendre une place de plus en plus grande au sein de ce récit. Même si l’on se concentre principalement sur Shirogane et Kaguya, le titre est parvenu à étendre cette vision d’origine pour montrer qu’il ne s’agit pas uniquement de ça. Nous sommes dans une tranche de vie efficace, parvenant autant à nous faire sourire qu’à nous offrir des moments beaucoup plus bouleversants. Le trésorier est le meilleur représentant de cet équilibre et surtout de cette humanité qui peut se dégager de cette histoire. Un être humain qui évolue au milieu d’êtres pouvant paraître exceptionnels. Il ramène cette banalité réconfortante et touchante qui nous permet de nous identifier pleinement au sein de cette aventure. Là où le président a le droit à quelques moments de faiblesse, cela est toujours mené d’un point de vue comique là où Ishigami est bien plus sincère dans ses points forts et craintes. On s’attache à ce “mauvais” élève qui a un grand cœur et qui nous dépeint aussi la dure réalité du monde scolaire. Jusqu’à ce que l’on soit au contact de son passé, la série était principalement réjouissante tout en jouant sur les deux mondes opposés de nos protagonistes. En seulement un flash-back, l’auteur a su transformer un personnage comique en un individu ayant vu sa vie détruite par ce système scolaire pouvant être injuste. Le contraste entre celui qu’il était à cette période et ce qu’il est devenu à présent souligne une formidable évolution et l’on est alors heureux de voir ce détachement qu’il a maintenant à l’égard des autres. Même s’il a bien sûr des défauts et qu’il propose des répliques hilarantes, Yû Ishigami nous réjouit par sa faculté à avancer. Il n’est pas seulement question d’amour ici, même si cela en fait partie. Ce garçon grandit et change afin de transformer son existence en un avenir radieux qu’il aura lui-même façonné.
Il est le symbole d’une période de la vie où l’on est constamment en train de changer en fonction des expériences vécues. Ishigami a connu la douleur, la méfiance et la colère, mais aussi la joie et le bonheur de trouver des gens en qui il peut avoir confiance. Des camarades qui le poussent vers l’avant et lui donnent envie de donner le meilleur de lui-même. Finalement, Ishigami nous offre une importante leçon qui peut s’adresser à tout le monde et qui lui permet, à mes yeux, de se hisser parmi les meilleurs personnages de la licence. J’espère que cette chronique vous aura plu et surtout qu’elle vous aura amené un autre regard sur cet adolescent qui a su trouver le chemin jusqu’au cœur des fans. Un second rôle ne signifie pas pour autant qu’il ne peut pas être sur le devant de la scène. Concernant Yû, il est parvenu à éclipser à de nombreux moments ceux qui forment le noyau de cette histoire. Un personnage qui fait maintenant partie intégrante de cette épopée et dont l’avenir nous tient autant à cœur que la conclusion de la bataille qui se joue non loin de lui. N’hésitez pas à me dire dans les commentaires ce que vous pensez d’Ishigami et de cet article que je tenais énormément à faire. Dites moi aussi si vous souhaitez que je m’attarde sur d’autres figures, marquantes ou non, de l’univers manga.