Karakuri Circus tome 1 à 4 : le cirque ouvre ses portes
Il y a des titres qui sont grandement attendus depuis des années par de nombreux lecteurs. Des séries qui ne s’inscrivent pas dans une vague de nouveauté, mais dans un retour qui peut faire vibrer les cœurs. C’est exactement le cas pour le manga que l’on va aborder aujourd’hui et qui aura mis du temps avant de pouvoir enfin faire son apparition chez nos libraires. Il s’agit ni plus ni moins de Karakuri Circus qui débarque dans le catalogue de Meian à travers ses quatre premiers volumes. Une entrée fracassante pour ce nom qui a su mettre des étoiles dans les yeux de multiples fans de Kazuhiro Fujita. Un artiste remarquable dont on avait déjà énormément apprécié le travail par le passé et dont il nous tardait de découvrir cette œuvre. Après avoir bien pris le temps de découvrir ce que pouvaient donner ces quatre tomes, on a très vite compris à quel point cette licence affichait un charme qui lui était propre. Une histoire comme on en a rarement connu et qui nous délivre autant une fantastique dose d’action que de très fortes émotions. Il est donc grand temps de se rendre sous ce grand chapiteau pour une représentation extraordinaire.
L’homme qui devait absolument faire rire
Karakuri Circus, imaginé par Kazuhiro Fujita, nous emmène au Japon où l’on fait la connaissance de Narumi Katô. Cet ancien pratiquant aux arts martiaux a finalement tout laissé tomber après avoir découvert qu’il était atteint d’une maladie rare et incurable. Il doit absolument faire rire les gens autour de lui sous peine de voir son cœur le lâcher. Un fardeau qui pèse sur ses épaules chaque jour alors qu’il se demande s’il parviendra à tenir ne serait-ce qu’un matin de plus. Ayant fini par prendre un boulot de mascotte, il se dit que cette couverture est idéale pour illuminer le visage des gens sans qu’il ne soit obligé de montrer son visage bourru. Mais son quotidien déjà difficile va devenir infernal lors de sa rencontre avec Masaru Saiga. Ce gamin attire l’attention de Narumi du fait qu’il est poursuivi par d’étranges et menaçants individus. Ne voulant pas se mêler d’une telle affaire, son sens de la justice finit pourtant par l’emporter. Il se jette alors à la poursuite de cet enfant et vole à sa rescousse. Il découvre à cet instant que Masaru est un jeune orphelin milliardaire âgé de dix ans et qu’il se trimballe avec une mystérieuse valise. D’ailleurs, plus que cette cible de rêve, c’est le contenu de cette dernière qui semble attirer ces gens peu recommandables. Alors que Narumi ne met pas longtemps à se défaire de ces adversaires, il se rend compte avec stupeur qu’ils n’ont absolument rien d’humain.
Il s’agit en réalité de pantins de bois contrôlés à distance et qui continueront de poursuivre inlassablement leur proie. Malgré ses compétences de kenpoïste, le nouveau protecteur de Masaru comprend rapidement qu’il ne pourra pas en venir à bout comme ça. C’est à cet instant que la solution va sortir tout droit de la bouche de l’enfant. Ce dernier lui demande de l’aider à rejoindre le cirque pour aller prévenir une dénomée “Shirogane”. Elle seule peut leur permettre d’échapper aux griffes de leurs opposants. Si les questions fusent dans l’esprit du combattant, il sait pertinemment qu’il ne peut perdre plus de temps. C’est en faisant face à la fameuse jeune femme qu’il va plonger dans un monde qui lui était alors totalement inconnu. Armée de la poupée qui se trouvait dans la mallette, cette acrobate de talent s’apprête à entrer en scène. Totalement stupéfait par le spectacle qui se présente à lui, Narumi reste figé en voyant l’aisance de cette demoiselle qui contrôle du bout de ses doigts cette gigantesque marionnette. Il se demande dans quel guêpier il s’est fourré, mais il est déjà trop tard pour lui. Le voilà impliqué dans une affaire qui le dépasse et qui va le conduire à faire la lumière sur une terrible menace. Son esprit ne demande qu’à fuir, mais le regard de ce gamin l’empêche de montrer son aspect le plus lâche. Peut-être est-ce l’occasion qu’il a toujours attendue pour redevenir une personne de confiance. Il va lui falloir en tout cas renouer avec son ancien art martial pour faire face aux défis qui se dresseront sur la route de ce trio.
Il est vrai que le synopsis de Karakuri Circus a de quoi décontenancer au vu de ce qu’il annonce. Mais c’est à l’image de son auteur qui n’a eu de cesse de proposer sa propre vision du divertissement en laissant libre cours à son imagination. On découvre alors une histoire à la fois originale dans l’univers qui se dessine devant nous que captivante par tout ce qu’elle arrive à mettre en place. A la frontière de nombreux genres, cette série va montrer sa capacité à nous étonner et aussi à nous émouvoir au contact de ce trio qui est sur le point de se former. Un spectacle qui commence tout juste et qui pourtant a déjà su s’emparer de son auditoire.
Un récit unique en son genre
La première chose qui nous frappe quand on se lance dans Karakuri Circus, c’est la manière dont ce récit parvient à nous amener vers des terrains dont on a peu l’habitude. Tout l’imaginaire qui se forme autour du cirque ou bien de ces marionnettes nous captive. On se retrouve face à tous ces éléments rarement exploités et qui donnent lieu ici à une intrigue au départ mystérieuse, mais qui va rapidement exposer toutes ses qualités. En fait, l’auteur a su créer un univers démontrant toute l’étendue de son imagination. Un terreau fertile où il cultive ses idées pour donner vie à des scènes qui retiennent toute notre attention et surtout construisent tout un lore qui éveille notre curiosité. Quand on y pense, le mangaka a su faire de Narumi une figure à laquelle on peut s’identifier par son ignorance de tout ce qui gravite autour de cet enfant et de sa gardienne. Nous sommes aussi perdus que lui et c’est ce qui fait que l’on s’attache autant à ce grand gaillard qui essaie tant bien que mal de trouver sa voie au sein de ce chaos. Il y a une telle ingéniosité qui se dégage de cette histoire que l’on peut tout de suite identifier le style si particulier de l’auteur. Il ne s’agit pas uniquement de son trait spécifique, mais bel et bien sa manière de narrer une histoire et d’aller à contre-courant de ce que l’on peut avoir l’habitude de connaître ailleurs. On peut ressentir pleinement cela dès les premières pages du manga.
On se demande où veut nous amener l’auteur et c’est une fois que l’on a pris conscience de tout ce qui se passe que l’on découvre un imaginaire fourmillant de fabuleuses idées. Ce qui est aussi très intéressant à noter, c’est que cette histoire ne s’arrête pas uniquement à ce combat incessant face à ces malfrats utilisant des marionnettes. Tout ça est une première étape pour nous séduire avant que l’on soit ébloui par tout ce qui se passe autour de nos héros. Cela peut même largement dépasser le cadre de cette première intrigue. De même, il suffit de poser les yeux sur ces armes si étranges pour déceler toute la créativité de cet artiste qui ne fait jamais un pantin identique à un autre. Ils ont tous des spécialités et caractéristiques qui vont rendre chaque affrontement unique. D’ailleurs, il est aussi très important de s’attarder sur la notion de combat dans Karakuri Circus. Si celle-ci arrive à nous délivrer des moments spectaculaires, ce qui retient avant tout notre attention, c’est l’aspect stratégique qui en découle. On peut tout à fait avoir des épreuves de force où c’est le plus puissant qui l’emporte. Mais dans la majorité des cas, il faut apprendre à cerner son opposant et surtout savoir s’adapter rapidement sur le champ de bataille. Une petite partie d’un tout immense et qui n’est qu’une graine parmi tant d’autres que cultive cet homme à travers son travail. Voilà une expérience littéraire hors du commun qui peut être sujet à de nombreuses analyses et interprétations.
Après avoir parlé de ce qui fait l’identité de Karakuri Circus, il est crucial de se pencher sur le développement du scénario. En effet, si cette série nous ensorcèle avec autant d’aisance, c’est parce que le récit ne cesse de se perfectionner au fil des chapitres. Ce qui pouvait sembler n’être qu’une mission de protection de prime abord va se transformer en une quête bien plus personnelle pour ce trio. Trois âmes qui vont radicalement changer au contact des autres et dévoiler une richesse d’écriture à couper le souffle. Avec quatre volumes, on passe des rires à l’admiration en versant aussi bien des larmes.
Une évolution remarquable de l’intrigue
Si l’on doit parler aussi d’un point très important et qui joue énormément sur notre appréciation de Karakuri Circus, c’est le développement de son scénario. Quand on débute cette aventure, on se demande où veut nous conduire l’auteur avec toute cette histoire autour de ce riche orphelin et de cette organisation secrète faisant appel à des maîtres marionnettistes. Un questionnement qui va progressivement se transformer en une adhésion totale à cette quête qui va peu à peu prendre d’incroyables proportions. On sent que le mangaka a tout fait pour que chaque élément résonne avec la diégèse de l’œuvre. L’ignorance que le lecteur avait lors des premiers chapitres se mu rapidement en un désir irrépressible de faire la lumière sur tout ça. La raison à cela est la manière dont cette intrigue va sans cesse dévoiler de nouveaux atouts qui vont métamorphoser une simple mission d’escorte en un combat éprouvant et mémorable. En quatre volumes, l’écriture montre toute son ingéniosité et ce n’est pas uniquement l’apanage de l’histoire principale. Si le récit est aussi saisissant, c’est parce que le trio que l’on accompagne va briller de mille feux. Ces trois individus qui ne semblent n’avoir rien en commun ne vont avoir de cesse de se tirer vers le haut au fur et à mesure des épreuves qui se dressent sur leur route. Shirogane, la gardienne qui ne laisse paraître aucune émotion, va dévoiler une fragilité et une douceur qui va apporter une humanité bienvenue à son personnage.
C’est pareil pour Masaru, notre jeune orphelin. Alors qu’il semblait totalement dépassé par les événements et n’étant avant tout qu’un enfant, on nous le présente comme une figure ayant peur de faire face au danger. C’est au contact de ses deux amis qu’il va devenir un protagoniste qui conserve sa peur, mais qui parvient à s’accommoder d’elle pour continuer à avancer. Mais s’il y a bien un individu qui va rester dans les mémoires, c’est Narumi. Un personnage qui n’avait absolument rien à voir avec cette histoire et qui va constamment nous surprendre par sa progression. Cet homme a abandonné son passé et va peu à peu renouer avec celui-ci suite à sa rencontre avec ce gamin. Une véritable quête d’introspection pour lui et qui va devenir plus qu’un simple personnage pouvant délivrer des confrontations explosives. Au contraire, ce qui fait vraiment la plus belle force de cet individu, c’est cette bonté d’âme qu’il va dévoiler au fil des pages. Un mentor qui va rapidement se présenter comme une figure inoubliable de cette série en véhiculant des valeurs fortes au travers de la lutte qu’il mène. On est donc face à un trio qui fonctionne à merveille et montre tout le savoir-faire du mangaka pour ce qui est de l’écriture. Il ne cherche pas juste à créer des héros charismatiques pouvant connaître des destins étonnants. Ce qu’il souhaite avant tout, c’est créer des personnages que l’on a envie de suivre pour ce qu’ils nous transmettent. Quatre volumes et déjà tant de souvenirs en leur compagnie.
Dire que Karakuri Circus offre une expérience littéraire hors du commun est un euphémisme. On passe d’un chapitre à l’autre en se demandant bien ce qui va pouvoir arriver. Sans même nous en rendre compte, le manga parvient à resserrer son emprise pour ne plus jamais nous lâcher. C’est encore plus vrai quand on s’attaque à la fin de ce premier arc narratif qui nous laisse avec la gorge nouée et une épopée juste grandiose. Le genre d’histoire qui marque profondément notre esprit.
Karakuri Circus nous délivre un sacré numéro
Nous avons déjà abordé beaucoup de choses concernant ces quatre premiers volumes de Karakuri Circus et pourtant il reste tant d’éléments à analyser. Rien que tout ce qui nous est proposé en matière de rebondissements scénaristiques prouve la faculté de cet auteur à nous tracer une route que l’on n’imaginait pas possible. En plus de ça, il est important de souligner tout le travail accompli par la maison d’édition pour proposer un ouvrage à la hauteur de cette saga. Grand format, pages couleurs et autres bonus sont présents dans ce retour de cette série qui vaut largement le coup d’œil. En effet, on part vers un récit qui n’a rien à voir à ce que l’on peut connaître ailleurs. Un titre qui peut sembler étrange, mais qui va rapidement prouver toute sa richesse au niveau de l’intrigue, mais aussi concernant les marionnettes et leurs détenteurs. Mais ce qui est le plus incroyable dans cette épopée, c’est l’alchimie qui existe entre ces trois protagonistes. Un lien qui n’était pas gagné d’avance au vu de cette situation alarmante. Pourtant, c’est au travers de cette adversité que chacun de nos héros va se révéler et montrer que la victoire n’est pas uniquement synonyme de terrasser son adversaire. Le refus d’abandonner en est une et la volonté de vivre est aussi une formidable victoire face à la violence dont ce monde peut faire preuve. Le cirque vient tout juste d’ouvrir ses portes que l’on a déjà envie d’y retourner au vu de l’émerveillement ressenti.
Vous l’aurez aisément compris en lisant ces quelques lignes, mais Karakuri Circus s’est rapidement hissé comme un immense coup de cœur à nos yeux. Un voyage unique en son genre où l’on fait la connaissance de combattants redoutables, mais qui sont avant tout des hommes et des femmes ayant aussi leurs failles. C’est d’ailleurs remarquable de voir à quel point le mangaka joue justement sur cette fragilité pour rendre ses figures centrales encore plus humaines. Ils doutent, ils échouent et veulent même abandonner, mais finissent constamment par remettre un pied devant l’autre. Une saga qui peut surprendre au vu de ses nombreuses particularités, mais qui est aussi à découvrir au vu du talent de cet artiste pour créer des univers dont seul lui a le secret. A présent, les questions se bousculent dans notre tête à la suite de la conclusion de ce quatrième volume. Cependant, nous ne les dévoilerons pas, car nous préférons vous laisser tout le plaisir de cette découverte. Parfois, les plus beaux bijoux sont ceux qui se différencient des autres par leur éclat original. C’est exactement le cas pour cette série dont on a juste envie de connaître la suite. Un immense oui pour cette épopée qui ne fait que commencer !
N’hésitez pas à partager dans les commentaires votre propre avis ainsi que votre ressenti sur ces quatre premiers volumes de Karakuri Circus. Attendiez-vous avec beaucoup d’impatience l’arrivée de cette série ? Trouvez-vous que l’édition proposée est à la hauteur de vos attentes et sublime le contenu de l’œuvre ? Avez-vous été particulièrement séduit par l’originalité du titre et sa proposition scénaristique ? Est-ce que vous avez été surpris par la direction que prend le récit et surtout l’émotion qui parvient à s’en dégager ? Qu’attendez-vous pour la suite de cette saga ? On reste à votre disposition pour échanger, discuter et débattre autour de ce sujet.